Une mesure qui installe un grand désordre, c'est véritablement le changement des heures de prière initié par des imams et oulémas de Dakar, au sortir d'un séminaire qu'ils ont tenu le 31 mai dernier. Le manque d'unanimité dans l’application de ces nouvelles heures saute à l'oeil quand on fait le tour des mosquées de la capitale.
A la Grande mosquée de Dakar, on ne s'intéresse pas aux heures qui ont changé. Ce sont les horaires habituels qui sont toujours de vigueur. Trouvé devant le lieu de culte, Diatta Boye, second Bilal, de nous confier sans détour : «Les heures de prière restent inchangées ici. Nous nous conformons toujours aux heures coutumières», continuant à demander de l’aumône aux fidèles qui sont venus s’acquitter de la prière de vendredi. «Nous n’appliquons pas les heures qui ont été retenues à l’issue du séminaire des imams et oulémas organisé à Dakar. Nous ne sommes pas contre ces heures, mais nous nous basons sur les enseignements du prophète pour justifier notre position», renchérit Aliou Diagne, porte-parole de l’imam ratib de la Grande mosquée de Dakar. «Même si les colons avaient choisi les heures de prière pour nous, elles restent conformes à celles prescrites par l’islam» précise-t-il.
Tout en reconnaissant que «le changement d'heures sera une source de divergence entre les musulmans», ce qui «n’honore pas la religion», il note : «Au Sénégal, les gens n’ont jamais prié à la même heure». À en croire, «l’heure à laquelle prient les Layènes est différente de celle des Kaolackois. L’heure qu’on prie à Touba n’est pas la même à Tivaouane». C'est pourquoi il martèle : «Il y a des pratiques de la religion beaucoup plus importantes qui mériteraient des débats que ces heures de prières».
A la mosquée de Mermoz, on se conforme toutefois aux nouvelles heures de prières. Dès 12h30, les fidèles l'ont déjà prise d’assaut. À 13h12, l’imam de la mosquée Mamadou Mbaye Ndiaye arrive et le muezzin fait l’appel. L’imam Ndiaye commence son sermon. Et à 13h44, c’est le début de la prière. Avant 14 heures, au moment où les muezzins de certaines mosquées faisaient l’appel, la prière était déjà terminée à Mermoz. «Les heures proposées sont conformes aux recommandations de l’islam», note l'imam. Justifiant la légitimité de ces changements, il dira : «Cette décision a été prise à l’issue d’une réunion qui a réuni 100 imams représentant différentes mosquées de Dakar».
Pour que tout le monde adopte les nouvelles heures, il préconise la discussion. «Le consensus et l’entente des musulmans habitant une même localité sont deux principes importantes dans la pratique de l’islam», soutient-il. Et l’imam d’ajouter : «En réalité l’heure de prière de tisbar par exemple n’est pas fixe. Elle est comprise entre 13h30 et 16h30. C’est par entente que les musulmans d’une localité choisissent une heure comprise dans cette fourchette».
Rassurant ceux qui craignent des confusions pendant le Ramadan qui se profile à l'horizon, l'imam dit : «Ces dispositions n’auront pas de conséquences négatives sur les heures de rupture».
Même cas de figure au niveau de la mosquée Pikine Gazelle où Imam Massamba Diop dirige les prières de vendredi. A 13 heures 40, commence la prière.
Les fidèles partagés
Ce n'est pas de la même manière que les fidèles réagissent aux changements des heures de prières. Si certains tiennent comme à la prunelle de leurs yeux aux heures habituelles, d'autres trouvent plus que pertinent le changement. Chapelet à la main, arborant un tee-shirt bleu et une chemise Kaki, ce résidant de la Gueule tapée accomplit toujours ces prières de vendredi à la grande mosquée. Il est foncièrement contre les modifications des heures. «Je pense que ces changements d’heures n’ont pas de fondement. Ce sont quelques personnes qui se sont réunis pour effectuer ces modifications. Tout cela c’est des futilités», tonne-t-il. Poursuivant, il ajoute: «les anciens érudits de l’islam comme Mame El Hadji Malick, Serigne Touba entre autres chefs religieux n'ont pas changé. Donc, pourquoi ces gens veulent, du tic au tac, nous imposer des heures nouvelles. Je les ai entendus dire que les heures auxquelles nous prions nous ont été imposées par les colons. Je ne crois pas à ses allégations dépourvues de preuves».
Contrairement, M. Fall, Abdou Aziz Ndiaye rencontré aussi à la grande mosquée est favorable à la modification des horaires de prières. Habillé en caftan blanc, la barbe bien faite, d’un teint clair, d’une taille moyenne, il souligne: «je suis favorable aux modifications apportées sur les indications temporelles. Les heures auxquelles nous prions nous ont été imposées par les colons. Il y aura forcément des discordes pendant le mois du ramadan. Mais on ne peut pas s’en passer. Au Sénégal, même si ce n’est pas le changement des heures, il y a toujours eu des malentendus entre les musulmans. Les heures de rupture pendant le ramadan ont toujours été des problèmes».
Ibrahima Kane, un fidèle qui prie à la mosquée de Mermoz depuis déjà 10 ans abonde dans le même sens. Pour lui, c'est un double avantage qu'il trouve aux changement d'horaires. «Non seulement c’est conforme aux recommandations de l’islam, mais cela arrange les travailleurs qui doivent retourner au bureau». Un avis que partage Cheikh Fall, un autre fidèle assis à ses côtés.
Aliou DIOUF ( Stagiaire)
source Le Populaire
A la Grande mosquée de Dakar, on ne s'intéresse pas aux heures qui ont changé. Ce sont les horaires habituels qui sont toujours de vigueur. Trouvé devant le lieu de culte, Diatta Boye, second Bilal, de nous confier sans détour : «Les heures de prière restent inchangées ici. Nous nous conformons toujours aux heures coutumières», continuant à demander de l’aumône aux fidèles qui sont venus s’acquitter de la prière de vendredi. «Nous n’appliquons pas les heures qui ont été retenues à l’issue du séminaire des imams et oulémas organisé à Dakar. Nous ne sommes pas contre ces heures, mais nous nous basons sur les enseignements du prophète pour justifier notre position», renchérit Aliou Diagne, porte-parole de l’imam ratib de la Grande mosquée de Dakar. «Même si les colons avaient choisi les heures de prière pour nous, elles restent conformes à celles prescrites par l’islam» précise-t-il.
Tout en reconnaissant que «le changement d'heures sera une source de divergence entre les musulmans», ce qui «n’honore pas la religion», il note : «Au Sénégal, les gens n’ont jamais prié à la même heure». À en croire, «l’heure à laquelle prient les Layènes est différente de celle des Kaolackois. L’heure qu’on prie à Touba n’est pas la même à Tivaouane». C'est pourquoi il martèle : «Il y a des pratiques de la religion beaucoup plus importantes qui mériteraient des débats que ces heures de prières».
A la mosquée de Mermoz, on se conforme toutefois aux nouvelles heures de prières. Dès 12h30, les fidèles l'ont déjà prise d’assaut. À 13h12, l’imam de la mosquée Mamadou Mbaye Ndiaye arrive et le muezzin fait l’appel. L’imam Ndiaye commence son sermon. Et à 13h44, c’est le début de la prière. Avant 14 heures, au moment où les muezzins de certaines mosquées faisaient l’appel, la prière était déjà terminée à Mermoz. «Les heures proposées sont conformes aux recommandations de l’islam», note l'imam. Justifiant la légitimité de ces changements, il dira : «Cette décision a été prise à l’issue d’une réunion qui a réuni 100 imams représentant différentes mosquées de Dakar».
Pour que tout le monde adopte les nouvelles heures, il préconise la discussion. «Le consensus et l’entente des musulmans habitant une même localité sont deux principes importantes dans la pratique de l’islam», soutient-il. Et l’imam d’ajouter : «En réalité l’heure de prière de tisbar par exemple n’est pas fixe. Elle est comprise entre 13h30 et 16h30. C’est par entente que les musulmans d’une localité choisissent une heure comprise dans cette fourchette».
Rassurant ceux qui craignent des confusions pendant le Ramadan qui se profile à l'horizon, l'imam dit : «Ces dispositions n’auront pas de conséquences négatives sur les heures de rupture».
Même cas de figure au niveau de la mosquée Pikine Gazelle où Imam Massamba Diop dirige les prières de vendredi. A 13 heures 40, commence la prière.
Les fidèles partagés
Ce n'est pas de la même manière que les fidèles réagissent aux changements des heures de prières. Si certains tiennent comme à la prunelle de leurs yeux aux heures habituelles, d'autres trouvent plus que pertinent le changement. Chapelet à la main, arborant un tee-shirt bleu et une chemise Kaki, ce résidant de la Gueule tapée accomplit toujours ces prières de vendredi à la grande mosquée. Il est foncièrement contre les modifications des heures. «Je pense que ces changements d’heures n’ont pas de fondement. Ce sont quelques personnes qui se sont réunis pour effectuer ces modifications. Tout cela c’est des futilités», tonne-t-il. Poursuivant, il ajoute: «les anciens érudits de l’islam comme Mame El Hadji Malick, Serigne Touba entre autres chefs religieux n'ont pas changé. Donc, pourquoi ces gens veulent, du tic au tac, nous imposer des heures nouvelles. Je les ai entendus dire que les heures auxquelles nous prions nous ont été imposées par les colons. Je ne crois pas à ses allégations dépourvues de preuves».
Contrairement, M. Fall, Abdou Aziz Ndiaye rencontré aussi à la grande mosquée est favorable à la modification des horaires de prières. Habillé en caftan blanc, la barbe bien faite, d’un teint clair, d’une taille moyenne, il souligne: «je suis favorable aux modifications apportées sur les indications temporelles. Les heures auxquelles nous prions nous ont été imposées par les colons. Il y aura forcément des discordes pendant le mois du ramadan. Mais on ne peut pas s’en passer. Au Sénégal, même si ce n’est pas le changement des heures, il y a toujours eu des malentendus entre les musulmans. Les heures de rupture pendant le ramadan ont toujours été des problèmes».
Ibrahima Kane, un fidèle qui prie à la mosquée de Mermoz depuis déjà 10 ans abonde dans le même sens. Pour lui, c'est un double avantage qu'il trouve aux changement d'horaires. «Non seulement c’est conforme aux recommandations de l’islam, mais cela arrange les travailleurs qui doivent retourner au bureau». Un avis que partage Cheikh Fall, un autre fidèle assis à ses côtés.
Aliou DIOUF ( Stagiaire)
source Le Populaire