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CONTENTIEUX AUTOUR D'UNE FACTURE IMPAYÉE : LES 150 MILLIONS QUI SECOUENT L'ÉGLISE

Le 12 mai prochain, un procès assez spécial va opposer l’Archidiocèse de Dakar à une société de la place. Celle-ci a convoqué l’Eglise au Tribunal pour non-paiement d’une ardoise de 150 millions de francs Cfa.


Rédigé par leral.net le Mercredi 22 Avril 2009 à 19:50 | | 0 commentaire(s)|

CONTENTIEUX AUTOUR D'UNE FACTURE IMPAYÉE : LES 150 MILLIONS QUI SECOUENT L'ÉGLISE
L’Eglise du Sénégal attraite à la barre du Tribunal régional hors classe de Dakar ! L’audience programmée le 14 mars dernier a connu un quatrième renvoi jusqu’au 12 mai prochain, à la demande des conseils de l’Archidiocèse de Dakar. Celle-ci doit une ardoise «de 150 millions de francs Cfa à la société Fermetures Sanchez, dirigée par Charles Sané». Tout est parti d’un marché de fournitures de matériaux concernant la menuiserie aluminium, la menuiserie métallique et la vitrerie dans le cadre de la construction d’un immeuble R+9 sis à la place de l’Indépendance. Ces travaux, à effectuer dans l’immeuble appartenant à l’Archidiocèse de Dakar, ont été évalués à 432 millions de francs Cfa. Un montant sur lequel un acompte de 336 millions de francs Cfa a été payé par le maître d’ouvrage, Jean Baptiste Diouf, économe de l’Archidiocèse, et il reste une ardoise de 140 millions à honorer. Mais, après que «les travaux ont été entièrement exécutés, l’entreprise peine à rentrer dans ses fonds alors que le contrat a été respecté et l’immeuble entièrement loué». Des services qui y occupent des locaux, l’on cite la Banque sahélo-saharienne pour le commerce et l’investissement (Bsic), la Sonatel, Wartsilla, Cresus et un groupe d’investisseurs libyens, entre autres. Les factures, dûment signées par l’architecte du groupe pour le règlement du reliquat, ont été régulièrement transmises à Jean Baptiste Diouf pour règlement, mais ce dernier semble se comporter «comme un délinquant au-dessus de la loi», lit-on dans la citation directe envoyée à l’Archidiocèse de Dakar. Cette position extrême, prise par le patron de la société, s’explique par la mauvaise volonté affichée par M. Diouf, représentant de l’Archidiocèse, à honorer son engagement financier. En effet, malgré «les mises en demeure et les sommations interpellatives qui lui ont été envoyées», il refuse d’exécuter les engagements et «confie son intention d’organiser la faillite de la société requérante sans aucune raison, sinon la malveillance».

«Indifférence du Cardinal»

Face à cette situation, le patron de société, fidèle chrétien, décide alors d’entrer en contact avec le Cardinal Théodore Adrien Sarr pour solliciter son arbitrage et son intervention pour le règlement à l’amiable du problème. Mais, tous les efforts du plaignant ont été vains et les maintes correspondances envoyées au patron de l’Eglise sénégalaise sont restées sans suite. Cette situation n’est pas sans causer un lourd préjudice à la société, car celle-ci paie 7 millions de francs d’Agios à la Sgbs depuis le mois de juillet 2008 et s’expose à des poursuites judiciaires de ses fournisseurs. Ainsi, les avocats du plaignant analysent ces faits en un délit d’abus de confiance prévu et puni par l’article 383 du Code pénal. Mais, les maints renvois de cette affaire n’ont pas l’heur de plaire à la partie civile.

En plus de cette plainte à vider par le Tribunal, une requête aux fins d’hypothèque conservatoire de l’immeuble a été adressée au président du Tribunal régional hors classe de Dakar à la date du 4 février 2009. Cela, après que la créance en question a été reconnue par les conseils de l’Archidiocèse. Ainsi, «la créance ne souffrant d’aucune contestation, son non-paiement est, de l’avis du plaignant, assimilable à un refus manifeste de payer et une volonté évidente de mettre en péril les intérêts de la société».

Du côté de l’Archidiocèse de Dakar, l’on refuse de s’épancher sur une affaire encore pendante devant la Justice. Abbé Parice Coly, le conseiller en communication de l’Archidiocèse, par ailleurs, porte-parole du Cardinal, veut laisser le soin à la Justice de trancher la question. «C’est à la Justice de dire si l’Eglise doit de l’argent, si elle a tort ou si tous les travaux ont été livrés», raisonne-t-il au bout du fil. Il ajoute «qu’il n’y a pas d’hostilité à ce sujet jusque-là», et dit «attendre de discuter avec la personne qui représente l’Eglise dans cette affaire. C’est pourquoi, je ne peux pas parler en dehors de ce cadre».

LETTRE AU CARDINAL

«Je quitte la communauté catholique, car je ne reconnais pas votre leadership»

C’est un homme touché par la situation dans laquelle l’Eglise l’a mis que nous avons trouvé chez lui. Entouré de membres de sa famille, dont son épouse, sa nièce et sa mère, il ne peut cacher son amertume, comme en témoigne sa gorge nouée. D’un ton ferme, le patron de la société Fermeture Sancez, Charles André Marie Sané, livre la teneur de la lettre qu’il a adressée au Cardinal Théodore Adrien Sarr pour lui faire part de sa «décision irrévocable de quitter la communauté catholique».

La correspondance, datée du 16 avril 2009, porte en objet : «Demande de baptisation.» Il motive sa décision par deux raisons fondamentales : «Je déplore la gouvernance locale de la communauté, je ne respecte pas votre (Cardinal) leadership.» Devant ce constat, M. Sané demande que le Cardinal lui «donne, dans les plus brefs délais, acte de la décision de renonciation et d’auto-exclusion de la communauté catholique».

Cette décision de M. Sané est, selon lui, la conséquence «du manque de solidarité et de compassion» à son égard par la communauté catholique. Une communauté dans laquelle il estime n’avoir plus de place. Cela, après qu’il s’est étonné de «l’indifférence du Cardinal devant ce problème qui menace les emplois de plus de 50 pères de famille, dont 30 catholiques». Il ne sera pas seul, car ses filles ont pris la décision de le suivre. D’ailleurs, il confie que «celle qui est à Montréal a déjà adressé sa lettre de renonciation au représentant de l’Eglise dans cette ville canadienne. Et les autres suivront». Pour l’Abbé Patrice Coly, «on est chrétien à vie même si les gens sont libres de changer d’option». Il apprend que «la formule de la débaptisation n’est pas connue de l’Eglise».
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Pape Alé Niang