Cela dit, je voudrais revenir sur la récente déclaration d’un oustaz dont je tairai le nom, animateur d’une grande émission religieuse musulmane dans une radio de la place, que je ne nommerai point, par discrétion. J’ai entendu ce prêcheur pourtant souvent brillant et pertinent, inciter les femmes à voler l’argent de leur mari, car de son point de vue, « l’argent du mari est également l’argent de sa / ses épouses ». Pour justifier un tel acte, il déclare que ce que la femme vole à son mari est destiné à son panier de ménagère ou à la marmite familiale! Malheureusement ce n’est pas toujours le cas. En effet, dans le cadre des besoins de la dépense quotidienne, il est permis à l’épouse de commettre un dépassement budgétaire compte tenu des réalités du marché, mais absolument pas de voler l’argent de son mari.
Le risque de confusion étant énorme, je me suis empressé de saisir ma plume pour rédiger à la quatrième vitesse la présente contribution afin de demander à mes épouses, mes sœurs, mes nièces et mes filles de ne pas écouter ce que dit notre oustaz, car encore une fois, il s’est complètement fourvoyé. L’argent détenu par votre mari ne lui appartient pas forcément, encore moins à vous qui ne connaissez ni le propriétaire légitime, ni la destination qui lui est réservée.
Mesdames nos épouses, prenez garde, car le fait de trouver de l’argent dans les poches de votre mari ou dans son sac ne signifie pas que votre mari bien aimé en est forcément le propriétaire. L’argent détenu par votre époux pour une raison ou une autre pourrait lui avoir été simplement confié par un tiers. Il peut donc appartenir à un mouvement syndical, à la caisse de la mosquée du quartier, au dahira, à la case de santé, à la coopérative, à l’ASC du quartier et j’en passe.
Ainsi, en volant l’argent de votre mari comme vous y invite notre oustaz vous risquez d’envoyer votre homme devant le Procureur qui dans un pays islamique lui ferait appliquer la sentence de la sourate 5 (Al Ma’ idah) verset 38 : « Le voleur et la voleuse, à tous deux coupez la main, en punition de ce qu’ils se sont acquis, et comme châtiment de la part d’Allah. Allah est Puissant et Sage ».
Chez nous, en République non islamique du Sénégal, votre mari, accusé d’avoir détourné l’argent de la communauté, aura de fortes chances de recevoir du Procureur, un ticket de séjour gratuit dans une sombre citadelle du silence.
En nous référant au dictionnaire et aux textes législatifs en vigueur, le vol se définit comme étant l’acte qui consiste à « prendre de façon illicite ce qui appartient à autrui. Les éléments constitutifs du vol étant : la soustraction, la chose soustraite, la propriété d’autrui et le caractère frauduleux ».
En volant l’argent de votre mari, vous courrez également le risque de l’envoyer Ardo. Autrement dit, vous risquez de lui occasionner des coups et blessures qui peuvent le conduire à l’infirmerie ou aux urgences. Je vais vous dire comment. Prenons le cas du mari qui a 5000 F en poche. Entretemps sa femme, appliquant à la lettre les conseils de notre oustaz, fait usage de ses deux doigts et lui soutire son précieux billet vert. Le mari qui ne se doute de rien, sort de chez lui, hèle un taxi et tombe sur un véhicule conduit par un chauffeur qui aurait du se faire enrôler dans les arènes. Il marchande rapidement et s’engouffre dans le taxi. Il cause gentiment avec le chauffeur parlant des grèves, des inondations, des délestages, des viols et autres maux qui gangrènent notre société. Arrivé à destination, le passager sort du taxi et se met à fouiller fébrilement dans ses poches, cherchant désespérément sont fameux billet, ne se doutant point que sa femme, appliquant les conseils de notre oustaz, l’a délesté de son précieux et unique billet vert. Le chauffeur flairant une entourloupe, le saisit alors par le collet et l’abreuve d’injures du genre : « Hé ! Bul dof ! jox ma sama xaalis walla ma…. ! » (Hé ! ne fais pas le fou ! donne moi mon argent ou je te ….!!). Votre gringalet de mari surpris et énervé réagit et se fait envoyer aisément chez Ardo, par notre chauffeur mastodonte !
Cette fois-ci votre pauvre mari ne sera pas envoyé à la citadelle du silence, mais au centre de traumatologie, car notre colosse de chauffeur qui se croyait grugé a fait usage de ses muscles et a démoli le portrait de votre cher époux ! Eh ! Oui ! Madame, en volant les 5000 F de votre mari, vous l’avez exposé à la furie du chauffeur de taxi qui l’a pris pour un truand, adepte de la filouterie en transport.
Il convient de rappeler que quand un vol est commis dans une famille, le doute plane sur tout le monde, surtout les étrangers. Et le seul fait de commettre un acte qui met mal à l’aise des personnes du fait des présomptions de culpabilité qui pèsent sur elles, n’est pas acceptable du point de vue de l’Islam.
Par extension le fait de fouiller la messagerie du téléphone portable de sa femme ou de son mari, expose les familles à des risques d’éclatement imprévisibles. En effet, un message compromettant pourrait être envoyé par une personne mal intentionnée ou un étourdi. Au cas où ce message aboutit à la messagerie du téléphone d’un des conjoints, il peut faire exploser un ménage alors qu’il pourrait s’agir d’une simple erreur d’envoi ou d’un acte délibéré dans le but de nuire !
D’autres exemples existent, mais je m’en limite là en demandant à nos oustaz prêcheurs, de faire très attention à ce qu’ils disent. Je les invite amicalement à faire preuve de circonspection, d’humilité et de mesure dans la traduction et l’interprétation des textes sacrés. Ils doivent distinguer les trois notions islamiques fondamentales suivantes : « aïn-ul-yaqin », « ilm-ul-yaqin » et « haqq-ul-yaqin ».
Le seul cas de figure où il est permis à l’épouse de « prendre » mais pas de « voler » l’argent de son mari, est illustré par l’exemple de Hind bint Utba qui s’était plainte au Prophète Mouhamed (PSL) du fait que son mari Abû Sufiyân était un grand avare, qui ne lui donnait pas assez pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants. Le Prophète (PSL) lui a alors dit : « Prends de son argent juste ce qu’il faut pour vos besoins conformément à la bienséance ».
Je crois fortement que notre oustaz en disant aux femmes « seen xaalisu jëkkër yeen ak moom a ko bokk » (Vous avez les mêmes droits que votre mari sur son argent), s’est trompé et risque d’entrainer certaines épouses dans une erreur qui peut leur valoir une répudiation pure et simple. Je suis personnellement convaincu qu’il n’existe pas de vol coupable et de vol pardonnable. Un vol est un vol et restera toujours un vol au regard de la loi. En conséquence, l’argumentaire de notre oustaz qui tente de légitimer un acte aussi abominable que le vol, quel qu’en soit l’auteur ou la victime, ne trouve sa justification ni dans le Coran ni dans les Hadith !
Toute femme, tout homme qui s’exerce à ce jeu des deux doigts, s’expose à la sanction du juge des humains et tôt ou tard subira le châtiment du Meilleur des juges.
Moumar GUEYE
Écrivain/
E-mail : moumar@orange.sn
Le risque de confusion étant énorme, je me suis empressé de saisir ma plume pour rédiger à la quatrième vitesse la présente contribution afin de demander à mes épouses, mes sœurs, mes nièces et mes filles de ne pas écouter ce que dit notre oustaz, car encore une fois, il s’est complètement fourvoyé. L’argent détenu par votre mari ne lui appartient pas forcément, encore moins à vous qui ne connaissez ni le propriétaire légitime, ni la destination qui lui est réservée.
Mesdames nos épouses, prenez garde, car le fait de trouver de l’argent dans les poches de votre mari ou dans son sac ne signifie pas que votre mari bien aimé en est forcément le propriétaire. L’argent détenu par votre époux pour une raison ou une autre pourrait lui avoir été simplement confié par un tiers. Il peut donc appartenir à un mouvement syndical, à la caisse de la mosquée du quartier, au dahira, à la case de santé, à la coopérative, à l’ASC du quartier et j’en passe.
Ainsi, en volant l’argent de votre mari comme vous y invite notre oustaz vous risquez d’envoyer votre homme devant le Procureur qui dans un pays islamique lui ferait appliquer la sentence de la sourate 5 (Al Ma’ idah) verset 38 : « Le voleur et la voleuse, à tous deux coupez la main, en punition de ce qu’ils se sont acquis, et comme châtiment de la part d’Allah. Allah est Puissant et Sage ».
Chez nous, en République non islamique du Sénégal, votre mari, accusé d’avoir détourné l’argent de la communauté, aura de fortes chances de recevoir du Procureur, un ticket de séjour gratuit dans une sombre citadelle du silence.
En nous référant au dictionnaire et aux textes législatifs en vigueur, le vol se définit comme étant l’acte qui consiste à « prendre de façon illicite ce qui appartient à autrui. Les éléments constitutifs du vol étant : la soustraction, la chose soustraite, la propriété d’autrui et le caractère frauduleux ».
En volant l’argent de votre mari, vous courrez également le risque de l’envoyer Ardo. Autrement dit, vous risquez de lui occasionner des coups et blessures qui peuvent le conduire à l’infirmerie ou aux urgences. Je vais vous dire comment. Prenons le cas du mari qui a 5000 F en poche. Entretemps sa femme, appliquant à la lettre les conseils de notre oustaz, fait usage de ses deux doigts et lui soutire son précieux billet vert. Le mari qui ne se doute de rien, sort de chez lui, hèle un taxi et tombe sur un véhicule conduit par un chauffeur qui aurait du se faire enrôler dans les arènes. Il marchande rapidement et s’engouffre dans le taxi. Il cause gentiment avec le chauffeur parlant des grèves, des inondations, des délestages, des viols et autres maux qui gangrènent notre société. Arrivé à destination, le passager sort du taxi et se met à fouiller fébrilement dans ses poches, cherchant désespérément sont fameux billet, ne se doutant point que sa femme, appliquant les conseils de notre oustaz, l’a délesté de son précieux et unique billet vert. Le chauffeur flairant une entourloupe, le saisit alors par le collet et l’abreuve d’injures du genre : « Hé ! Bul dof ! jox ma sama xaalis walla ma…. ! » (Hé ! ne fais pas le fou ! donne moi mon argent ou je te ….!!). Votre gringalet de mari surpris et énervé réagit et se fait envoyer aisément chez Ardo, par notre chauffeur mastodonte !
Cette fois-ci votre pauvre mari ne sera pas envoyé à la citadelle du silence, mais au centre de traumatologie, car notre colosse de chauffeur qui se croyait grugé a fait usage de ses muscles et a démoli le portrait de votre cher époux ! Eh ! Oui ! Madame, en volant les 5000 F de votre mari, vous l’avez exposé à la furie du chauffeur de taxi qui l’a pris pour un truand, adepte de la filouterie en transport.
Il convient de rappeler que quand un vol est commis dans une famille, le doute plane sur tout le monde, surtout les étrangers. Et le seul fait de commettre un acte qui met mal à l’aise des personnes du fait des présomptions de culpabilité qui pèsent sur elles, n’est pas acceptable du point de vue de l’Islam.
Par extension le fait de fouiller la messagerie du téléphone portable de sa femme ou de son mari, expose les familles à des risques d’éclatement imprévisibles. En effet, un message compromettant pourrait être envoyé par une personne mal intentionnée ou un étourdi. Au cas où ce message aboutit à la messagerie du téléphone d’un des conjoints, il peut faire exploser un ménage alors qu’il pourrait s’agir d’une simple erreur d’envoi ou d’un acte délibéré dans le but de nuire !
D’autres exemples existent, mais je m’en limite là en demandant à nos oustaz prêcheurs, de faire très attention à ce qu’ils disent. Je les invite amicalement à faire preuve de circonspection, d’humilité et de mesure dans la traduction et l’interprétation des textes sacrés. Ils doivent distinguer les trois notions islamiques fondamentales suivantes : « aïn-ul-yaqin », « ilm-ul-yaqin » et « haqq-ul-yaqin ».
Le seul cas de figure où il est permis à l’épouse de « prendre » mais pas de « voler » l’argent de son mari, est illustré par l’exemple de Hind bint Utba qui s’était plainte au Prophète Mouhamed (PSL) du fait que son mari Abû Sufiyân était un grand avare, qui ne lui donnait pas assez pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants. Le Prophète (PSL) lui a alors dit : « Prends de son argent juste ce qu’il faut pour vos besoins conformément à la bienséance ».
Je crois fortement que notre oustaz en disant aux femmes « seen xaalisu jëkkër yeen ak moom a ko bokk » (Vous avez les mêmes droits que votre mari sur son argent), s’est trompé et risque d’entrainer certaines épouses dans une erreur qui peut leur valoir une répudiation pure et simple. Je suis personnellement convaincu qu’il n’existe pas de vol coupable et de vol pardonnable. Un vol est un vol et restera toujours un vol au regard de la loi. En conséquence, l’argumentaire de notre oustaz qui tente de légitimer un acte aussi abominable que le vol, quel qu’en soit l’auteur ou la victime, ne trouve sa justification ni dans le Coran ni dans les Hadith !
Toute femme, tout homme qui s’exerce à ce jeu des deux doigts, s’expose à la sanction du juge des humains et tôt ou tard subira le châtiment du Meilleur des juges.
Moumar GUEYE
Écrivain/
E-mail : moumar@orange.sn