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[ CONTRIBUTION] Abdoulaye Wade : vivement les vacances

Au-delà des autocongratulations et, autosatisfactions en termes d’avancées significatives, pour la population, le bilan gouvernemental n’est guère réjouissant, sinon catastrophique. Pas véritablement de solutions pour alléger, réduire ou supprimer les ennuis, et souffrances de la population. Pourtant, il faudra plus de déterminations pour y remédier (pouvoir d’achat en berne, baisse du revenu moyen par personne, aucun plan de relance pour l’activité économique, accroissement sensible du déficit intérieur et extérieur…).


Rédigé par leral.net le Mardi 28 Juillet 2009 à 18:44 | | 0 commentaire(s)|

[ CONTRIBUTION] Abdoulaye Wade : vivement les vacances
Avec les vacances qui se profilent, quels constats et enseignements politiques tirés de ces derniers mois ? Comme nous, vous avez relevé, le Premier Ministre Souleymane Ndéné Ndiaye a attendu, à peu de jours près, le début des vacances pour faire sa déclaration de politique générale, ce qui est très révélateur, d’un besoin de pause pour souffler. Et, symptomatique d’un gouvernement en plein désarroi et, en panne d’idées, en éludant l’immédiateté de tout débat démocratique de fond. Sur le plan politique, aucune avancée significative pour résoudre les difficultés des sénégalais. Sur le plan purement politicien, des projets à profusion, dont, plus de la majorité n’ayant fait, l’objet du moindre commencement d’exécution.

1) Du désenchantement caractérisé

Il n’est pas saugrenu, de se demander si le pays est bien géré et, le gouvernement en posture, de relever les défis actuels et, futurs (improvisation ; absence totale de vision sur le court, moyen ou long terme ; absence de protection pour les plus démunis ; prolifération des enfants des rues ; pour cause de surpopulation, saturation et étouffement de la ville de Dakar ; vivant en survie, l’intérieur du pays se vide…). Situation, entre autres, causée par, un président de la République qui ne préside plus rien, un Premier Ministre très primaire, un Ministre de la Justice pas juste, un Ministre de l’Intérieur pas intègre et, un Ministre de l’Economie pas économe. Ce qui fait, qu’à notre avis, si tous les pays du monde sortaient de la crise, le Sénégal serait encore en récession. Rien de significatif n’est en chantier de façon certaine, avec une attitude très attentiste de l’exécutif, face à cette incertitude du monde (aucun plan de sortie de crise, ni investissement conséquent ; multiplication des dépenses inconsidérées et inutiles ; pas de décisions majeures pour réduire la dépendance à l’extérieur ; absence de projet, ou plan économique cohérent et, novateur…).

Au moment, où une bonne partie du monde s’apprêtait à célébrer, l’anniversaire de Nelson Mandela référence de résistance contre l’oppression, homme de liberté, de paix, de dialogue et démocrate reconnu, avec presque concomitance (la veille), « l’antimandela » du Sénégal (président Wade), qui veut rentrer dans l’histoire par la porte océane, se distingue une fois encore dans la duplicité, en recevant Idrissa Seck. Fidel à lui-même, pour mieux nous faire accepter, en douceur ses idées, volontairement, il nous désinforme en nous informant, pour sonder nos réactions et, nous détourner des vraies questions, nous laissant, débattre et discourir sur l’accessoire.

Deux faits majeurs d’origines, outre atlantique, devraient cependant, le faire réfléchir, pour corriger sa politique, mais nous risquons une fois encore, d’être déçus. Le choix du président Barack Obama, de se rendre au Ghana, pour son premier voyage en Afrique n’est pas neutre. Pour causes, sur le plan du devoir de mémoire, de site historique ou, d’hommages aux anciens esclaves par exemple, le Sénégal n’a rien à envier au Ghana, mais sur le plan politique, nous avons en ce moment, à apprendre de ce pays. Notre pays n’a pas attendu, le discours de la Baule pour s’ouvrir à la démocratie, et faisait parti des précurseurs. Même, loin d’être parfait, nous étions souvent cités, dans ce domaine sur le continent. Aujourd’hui, nous accusons un retard indiscutable, comme, si nous étions restés en l’état de laboratoire. Prenant nos acquis comme une fin en soi, sans avoir pensé à les améliorer, à les adapter, à les perfectionner et/ou à les actualiser. D’autant que, nous sommes bien inspirés, avec un président de la République, qui s’active, à faire ciseler, son nom dans le Guinness des records des antidémocrates.

La décision du président américain serait motivée, par l’état d’avancement de la démocratie et, de la stabilité politique dans ce pays (le Ghana). Et, le lobbying et forcing du président Wade pour au moins le faire, faire escale à Dakar, et le refus poli de celui-ci, est une fin de non recevoir vraiment caractérisée. Et d’autre part, malgré l’intérêt considérable du FESMAN, entre autres, la réticence et le scepticisme de certains afro-américains (intellectuels et autres personnes du monde de la culture et des arts) ont pour beaucoup concouru, au report envisagé des festivités. Sa politique néfaste et, le niveau très discutable de la démocratie dans le pays, les font hésiter voire, limitent considérablement leurs engagements. En grande partie, cet ajournement est intimement lié, à ces prises de position. Par ce renvoi, le Chef de l’Etat cherche, à se donner du temps nécessaire, pour corriger son image.

2) Du choix, au non choix, d’un relai interne pour une succession politique

Le mode de fonctionnement du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), centralisé autour du Secrétaire général, fondateur du parti (président Abdoulaye Wade), le plombe considérablement depuis un certain temps. Ce qui le fait vivre, une situation assez sidérante de novice, pour un groupement politique ayant longtemps vécu, dans l’opposition et, au pouvoir depuis plus de huit ans. Absence de structuration, et incapacité à faire face, à des difficultés internes inhérentes, quelques fois, à tout parti politique en maturation. Et, le projet du grand parti libéral, ne changera pas cette donne, s’il venait à être effectif. Ce mastodonte en carton pâte, ne sera rien d’autre, sinon l’officialisation dans un seul regroupement, de tous les partis d’appui au PDS et ce dernier. La cacophonie qui dure et perdure, risque d’avoir des répercussions, beaucoup plus sérieuses, que celles qui ont causé la débâcle, lors des élections locales du 22 mars 2009. Cela l’impacte considérablement, et ne profite à personne (président Abdoulaye Wade, Idrissa Seck, Karim Wade et le PDS). Pas de leader interne, donc pas de relai entre le Chef de l’Etat et la base, pas de décisions, pas d’orientations, pas d’initiatives, pas de directives et, in fine, doute, désorganisation et, désorientation des militants. Par conséquent, le PDS a besoin, d’une véritable paix des braves, pour son unité, sa reconstruction, ou sa rénovation, pour affronter sereinement les échéances électorales à venir, ce qui nous laisse assez perplexe.

Pour mieux, ouvrir à Karim Wade la voie, et mieux le positionner en unique leader, du parti, le Président Wade, caution morale du triumvirat (Abdoulaye Wade, Viviane Wade et Karim Wade), cultive soigneusement un double langage pour l’endormissement d’Idrissa Seck. Consistant à le rencontrer, et en sourdine susciter des réactions hostiles ou, inciter des personnes à torpiller toute volonté d’accord, pour les faire sermonner timidement et, à regret après. A notre avis, les dés sont pipés et, l’égalité des chances, purement théorique. De plus, avec la multiplication des dons (motopompes, nattes de prières, sommes d’argent…), tout politicien aguerri, serait sur ses gardes face à ce généreux donateur « désintéressé ». Mais, obnubilé par le pouvoir, ou cherchant à se racheter (de quoi et pourquoi ?), Idrissa Seck semble prêt à rejoindre sans condition le PDS. Selon nous, en agissant sans pondération, il perd le sens du recul, de l’approche pour jauger et se projeter. Avec, autant de déférences à l’égard de cet incorrigible roublard (président Abdoulaye Wade) qui distille, presque méthodiquement ses intentions. Et, participe de cette même stratégie, leur dernière rencontre (du 17 juillet 2009), qui est une fois encore dans le prolongement de celle du mois de janvier dernier. Le président Wade ne détient nullement, les clefs de la finalisation de son retour au sein du parti, sinon cela était officialisé depuis. Feignant d’être animé, d’une innocence politique caractérisée, il (Idrissa Seck) risque fort d’être déçu, avant la fin de l’année, une fois les plans en cours d’élaboration dévoilés. Sauf, si Karim Wade renonce avant, à toute visée politique, ce qui est moins sûr, dès lors qu’il s’évertue, à poser méthodiquement, ses pions sur l’échiquier politique.

Pour le leadership au sein du PDS, Idrissa Seck ne peut faire, l’économie d’un affrontement avec Karim Wade, pour le contrôle, la direction et la gestion du parti. Mieux vaut tôt que tard, ce qui lui permettrait de se (re)positionner, aux risques de perdre toute crédibilité ou, de se retrouver finalement comme doublure de celui-ci. Son attitude trop conciliante, risque à terme de l’encager et, le pousser au hara-kiri politique, une telle stratégie, est très souvent improductive face à un persifleur. Car, porteur d’espoirs et d’espérances, il va finir par lasser ses sympathisants donc, un peu plus d’affirmation de soi et, d’indocilité ne peuvent nullement le nuire. Si son désir de réintégrer le parti est tout à fait légitime, cela ne l’empêche nullement d’être lucide, pour vouloir brader son capital confiance et, estime, aux moins offrants politiquement. Pourtant, l’avantage pour la conduite du parti serait de son coté, analyse partagée et envisagée par le président Wade. Ses certitudes sur le bien fondé de Karim Wade, à la tête du parti et du pays, tout comme, l’amour du peuple pour lui, se sont transformés, en doute depuis ses résultats obtenus aux élections locales, ce qui a considérablement refroidi ses plans (notre contribution du 20 avril 2009 - Président Abdoulaye Wade : le sacerdoce électoral du mois de mars 2009). Cependant, il (le président Wade) ne peut prendre pour le moment, une telle décision, Viviane Wade veille, et ne saurait en l’état de ses propres convictions, ni l’accepter, ni l’avaliser. C’est pourquoi, le secrétaire général du PDS est dans une position d’expectative, attendant la situation se décanter d’elle-même ou, par les deux protagonistes.

Ainsi, l’un est dedans, en étant dehors (Idrissa Seck), par contrainte, l’autre est dehors, en étant dedans (Karim Wade) par choix tactique et, à ce petit jeu Karim Wade, semble le mieux placé pour en sortir vainqueur. Le président Wade, en ne tranchant pas publiquement, en faveur de l’un ou de l’autre, promeut volontairement ou involontairement Karim Wade et, l’absence de clarification, ou son non positionnement est plus à son avantage. Vu que, le statut quo validerait une certaine compétence politique de celui-ci, en le hissant au niveau d’Idrissa Seck, alors qu’il n’a aucun passé politique avéré. Pareillement, contribue à cette même forme de promotions, d’autopromotions et de légitimations forcées, son bluff avorté (de Karim Wade), avec la complicité bienveillante, du Groupe Walf Fadjri tendant à s’improviser, un pseudo débat avec Ousmane Tanor Dieng.

Pour conclure, nous invitons les partis d’opposition, à travailler sur un projet politique alternatif et crédible. Et, en faisant preuve de pragmatisme, réfléchir à de nouvelles formes d’opposition et d’action plus efficaces, pour préparer les conditions du changement politique. A défaut, le peuple va s’abstenir, d’exprimer ses désirs et, cela ne profitera qu’à l’actuel occupant du Palais, ou la personne qu’il aura choisie. Selon nous, le pays n’a pas seulement besoin de révolte (même si cela est quelque fois nécessaire, pour préparer ou réveiller les consciences), mais de révolution même douce, pour sa restructuration organisationnelle et politique, pour relever les défis. Ensemble faisons sonner le tocsin, pour une véritable résistance à la « wadocratie », entendu que, le PDS est sans doute l’Etat mais, pas la République, ni le peuple.

Le principe de continuité de l’Etat, fait qu’il ne peut y avoir de vacances générales pour l’ensemble du gouvernement, pour expédier les affaires « urgentes » ou courantes. A notre avis, l’équipe du président Wade aurait, bien besoin d’un sérieux break, pour se ressourcer, pour mieux rebondir et apporter les réponses tant attendues par les citoyens. C’est pourquoi, nous implorons Dieu, de nous préserver du Chef de l’Etat, avant que l’irréparable ne se produise, car, non content d’être sénile, il porte des œillères. Donc, bienvenue aux vacances qui portent conseils, dans l’optique d’une rentrée plus entreprenante, avec des ambitions positives plus affirmées.


Daouda N’DIAYE
Juriste/Analyste politique

Alio Informatique