Ce mercredi, un collectif d’étudiantes de Sciences Po ont organisé un «Hijab Day» au sein de leur école, dans le 7e arrondissement de Paris.
Le hijab désigne le voile porté par certaines femmes musulmanes. Il est en ce moment au cœur d’une polémique qui dure depuis plusieurs semaines.
Les organisatrices étudiantes –certaines étant musulmanes voilées, d’autres non-voilées, d’autres encore non-musulmanes– se sont inspirées du «World Hijab Day» pour leur événement.
Au départ, elles pensaient organiser un événement interne à l’école, qui serait commenté mais ne ferait pas de remous, ont-elles expliqué ce mercredi matin.
Mais sur l’événement Facebook, «on a eu des centaines de commentaires islamophobes, racistes», explique Laetitia, une des organisatrices. «Ça a pris des proportions vraiment folles».
Les médias, puis les politiques, se sont ensuite progressivement emparés de l’affaire.
«Quand les journalistes sont arrivés, on ne savait pas trop quoi faire», explique Imen, une organisatrice musulmane qui porte le hijab à l’occasion de l’événement.
«Au début, on voulait se cantonner à la description de l’événement Facebook, dans l’optique de se préserver. Je suis hyper contente, mais j’appréhende un peu de savoir ce qui va en sortir», dit-elle à BuzzFeed News.
Pour les organisatrices, la liberté implique de laisser les femmes porter ce qu’elle veulent, en toutes circonstances. Laetitia, qui porte le voile tous les jours, «trouve ça paradoxal de venir s’en prendre à nous en prétextant qu’on serait soumises.»
«On dit souvent qu’on veut nous libérer mais je ne me sens pas prisonnière», poursuit-elle.
Un contre-événement organisé le même jour à Sciences Po, le «Bikini/jupe/robe/whatever day», accueilli avec bienveillance par les organisatrices du Hijab Day, a finalement été annulé mardi «dans un esprit de dialogue et d’apaisement».
Maxime de Luca, qui se présente comme un des responsables du contre-événement, «[a proposé] aux organisateurs du “Hijab Day” de co-organiser plutôt une conférence/débat».
Dans la «Péniche», surnom du hall d’entrée de Sciences Po, l’ambiance était plutôt bon enfant. Une des organisatrices aidait les participantes (une vingtaine d’étudiantes dans la matinée) à nouer le voile. «On a vidé nos placards», explique Imen à BuzzFeed News.
Interrogées par des chaînes de télévision, des étudiantes non-musulmanes ont aussi expliqué leur démarche. «Dans mon pays, ça ne poserait pas de problèmes», a déclaré Hannah, une étudiante australienne en semestre d’échange.
Certains ont dénoncé une action inutile, voireirrespectueuse envers les femmes voilées par conviction. Mais pour Aminata, étudiante en master finances et stratégie et qui porte le voile tous les jours, une telle journée «permet de dédramatiser le voile».
«On ne peut pas savoir pourquoi une personne porte le voile sans lui parler. Que ce soit un choix par conviction religieuse ou par goût esthétique, cela reste personnel», poursuit-elle. Pour Aminata, le mouvement ne rend pas le port du voile trivial. «Quand on voit ce qui arrive aux femmes voilées, ça peut faire plaisir de voir qu’on n’est pas toutes seules.»
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