Le 15 novembre, après la publication des résultats provisoires de la présidentielle et l’annonce de sa victoire, Alpha Condé vous a lancé un appel pour que vous travailliez ensemble. Vous ne lui avez pas officiellement répondu. Pourquoi ?
Il ne m’a encore rien proposé, et il m’est, de toute façon, très difficile de travailler avec Alpha Condé. Je ne peux pas travailler avec ceux qui sont à l’origine des violences qui ont eu lieu entre les deux tours et qui ont tenté d’exclure une communauté.
Pourquoi alors avoir reconnu sa victoire ?
Je me suis conformé à la décision de la Cour suprême, comme je m’étais engagé à le faire. Le respect de la parole est une valeur qui m’est chère. Néanmoins, je ne comprends pas que la Cour suprême ait refusé d’examiner mes réclamations, pourtant appuyées de preuves irréfutables. Comme la Ceni [la Commission électorale nationale indépendante, NDLR], elle a subi des pressions pour aller vite.
Des pressions de qui ?
J’ignore de qui précisément, mais quand j’ai voulu le report du scrutin après les événements survenus en Haute-Guinée, j’ai reçu des appels du Quai d’Orsay, de l’Union européenne… Ils ont exprimé leur impatience et m’ont demandé de ne pas demander un report. La communauté internationale a été plus soucieuse de la rapidité de la tenue du scrutin que de sa crédibilité.
Et le général Sékouba Konaté ?
Dans une large mesure, il a réussi sa mission. Mais il n’a pas voulu, ou pas pu garantir la neutralité ni des préfets, ni des gouverneurs, ni même de son Premier ministre.
Donc vous contestez la légitimité d’Alpha Condé ?
Il est un président légal. Je conteste les résultats, mais je suis légaliste.
Selon les observateurs, ce sont les erreurs de stratégie et de communication dans votre camp qui sont la cause de votre défaite…
Je ne nie pas l’existence de faiblesses dans notre organisation et dans la campagne, mais cela n’a pas pu permettre à Alpha Condé de passer de 18 % des suffrages exprimés à plus de 52 %. Sans la fraude et la position partisane du Premier ministre et de son gouvernement, des préfets et des gouverneurs, il ne serait pas passé.
Les reports de voix attendus entre les deux tours n’ont pas non plus eu lieu…
C’est vrai. Nous n’avons pas obtenu ce que nous espérions notamment des militants de l’UFR [l’Union des forces républicaines] et de la NGR [la Nouvelle Génération pour la république]. Sidya Touré et Abé Sylla ne se sont pas suffisamment mouillés. Ils ont commis l’erreur de croire que leurs électeurs suivraient aveuglément leurs consignes de vote. Ils auraient dû aller vers eux et expliquer pourquoi ils m’avaient choisi.
Sidya Touré restera-t-il un partenaire pour les combats politiques à venir ?
Oui. Je le pense. Mais, pour l’instant, nous n’avons pas défini les contours de ce partenariat.
Avez-vous toujours confiance en lui ?
Oui.
Quelles sont vos nouvelles priorités ?
Préparer les législatives [qui doivent se tenir dans un délai de six mois] et remporter le maximum de sièges dans la future Assemblée nationale. La majorité simple est à ma portée si les élections sont transparentes et si la compétition est saine.
Votre parti, l’Union des forces démocratiques de Guinée, ne parle pas toujours d’une seule voix. On dit même qu’il y a des désaccords profonds entre vous et le vice-président, Amadou Oury Bah…
Non. Il n’y a pas de dissensions. Pendant la campagne, il a eu à annoncer des décisions sur lesquelles je n’étais pas d’accord, mais on a réglé ça. Cela a été le cas quand il a lancé un appel à une journée ville morte. En tant que président du parti, j’ai décidé de l’annuler, et ma position a été suivie.
Y a-t-il aujourd’hui un risque de démobilisation de vos militants ?
Mes militants sont plus mobilisés aujourd’hui qu’hier, car ils se sentent lésés. Ils ont été victimes d’une injustice. Cela renforce leur engagement dans le parti. Ils soutiennent leur candidat.
Certains ont cru à un moment que la Guinée sombrerait dans une guerre politico-ethnique, mais vos militants sont finalement restés calmes…
Je leur ai demandé de garder leur calme et ils m’ont écouté. Si je ne l’avais pas fait, la Guinée aurait pu s’enflammer. J’ai estimé qu’il fallait être légaliste et éviter au pays un bain de sang. Il y a déjà eu trop de violences politiques, trop de morts. Je ne voulais pas être responsable d’un nouveau bain de sang.
Que ressent-on quand on part favori et que l’on termine perdant ?
C’est douloureux. Le fait d’espérer, d’avoir une quasi-certitude de l’emporter et, finalement, de perdre l’élection fait mal. Même quand on sait que cette défaite est due à la fraude et à la position partisane du gouvernement.
Vous avez accepté la décision de la Cour suprême quand le président ivoirien, Laurent Gbagbo, a choisi de faire invalider celle de la Commission électorale indépendante. Que vous inspire le cas ivoirien ?
Je suis inquiet pour la Côte d’Ivoire, qui est un pays voisin de la Guinée et qui est aussi la première économie de la sous-région francophone. Je souhaite que les acteurs politiques trouvent une solution pour éviter un nouvel embrasement.
ferloo.com
Il ne m’a encore rien proposé, et il m’est, de toute façon, très difficile de travailler avec Alpha Condé. Je ne peux pas travailler avec ceux qui sont à l’origine des violences qui ont eu lieu entre les deux tours et qui ont tenté d’exclure une communauté.
Pourquoi alors avoir reconnu sa victoire ?
Je me suis conformé à la décision de la Cour suprême, comme je m’étais engagé à le faire. Le respect de la parole est une valeur qui m’est chère. Néanmoins, je ne comprends pas que la Cour suprême ait refusé d’examiner mes réclamations, pourtant appuyées de preuves irréfutables. Comme la Ceni [la Commission électorale nationale indépendante, NDLR], elle a subi des pressions pour aller vite.
Des pressions de qui ?
J’ignore de qui précisément, mais quand j’ai voulu le report du scrutin après les événements survenus en Haute-Guinée, j’ai reçu des appels du Quai d’Orsay, de l’Union européenne… Ils ont exprimé leur impatience et m’ont demandé de ne pas demander un report. La communauté internationale a été plus soucieuse de la rapidité de la tenue du scrutin que de sa crédibilité.
Et le général Sékouba Konaté ?
Dans une large mesure, il a réussi sa mission. Mais il n’a pas voulu, ou pas pu garantir la neutralité ni des préfets, ni des gouverneurs, ni même de son Premier ministre.
Donc vous contestez la légitimité d’Alpha Condé ?
Il est un président légal. Je conteste les résultats, mais je suis légaliste.
Selon les observateurs, ce sont les erreurs de stratégie et de communication dans votre camp qui sont la cause de votre défaite…
Je ne nie pas l’existence de faiblesses dans notre organisation et dans la campagne, mais cela n’a pas pu permettre à Alpha Condé de passer de 18 % des suffrages exprimés à plus de 52 %. Sans la fraude et la position partisane du Premier ministre et de son gouvernement, des préfets et des gouverneurs, il ne serait pas passé.
Les reports de voix attendus entre les deux tours n’ont pas non plus eu lieu…
C’est vrai. Nous n’avons pas obtenu ce que nous espérions notamment des militants de l’UFR [l’Union des forces républicaines] et de la NGR [la Nouvelle Génération pour la république]. Sidya Touré et Abé Sylla ne se sont pas suffisamment mouillés. Ils ont commis l’erreur de croire que leurs électeurs suivraient aveuglément leurs consignes de vote. Ils auraient dû aller vers eux et expliquer pourquoi ils m’avaient choisi.
Sidya Touré restera-t-il un partenaire pour les combats politiques à venir ?
Oui. Je le pense. Mais, pour l’instant, nous n’avons pas défini les contours de ce partenariat.
Avez-vous toujours confiance en lui ?
Oui.
Quelles sont vos nouvelles priorités ?
Préparer les législatives [qui doivent se tenir dans un délai de six mois] et remporter le maximum de sièges dans la future Assemblée nationale. La majorité simple est à ma portée si les élections sont transparentes et si la compétition est saine.
Votre parti, l’Union des forces démocratiques de Guinée, ne parle pas toujours d’une seule voix. On dit même qu’il y a des désaccords profonds entre vous et le vice-président, Amadou Oury Bah…
Non. Il n’y a pas de dissensions. Pendant la campagne, il a eu à annoncer des décisions sur lesquelles je n’étais pas d’accord, mais on a réglé ça. Cela a été le cas quand il a lancé un appel à une journée ville morte. En tant que président du parti, j’ai décidé de l’annuler, et ma position a été suivie.
Y a-t-il aujourd’hui un risque de démobilisation de vos militants ?
Mes militants sont plus mobilisés aujourd’hui qu’hier, car ils se sentent lésés. Ils ont été victimes d’une injustice. Cela renforce leur engagement dans le parti. Ils soutiennent leur candidat.
Certains ont cru à un moment que la Guinée sombrerait dans une guerre politico-ethnique, mais vos militants sont finalement restés calmes…
Je leur ai demandé de garder leur calme et ils m’ont écouté. Si je ne l’avais pas fait, la Guinée aurait pu s’enflammer. J’ai estimé qu’il fallait être légaliste et éviter au pays un bain de sang. Il y a déjà eu trop de violences politiques, trop de morts. Je ne voulais pas être responsable d’un nouveau bain de sang.
Que ressent-on quand on part favori et que l’on termine perdant ?
C’est douloureux. Le fait d’espérer, d’avoir une quasi-certitude de l’emporter et, finalement, de perdre l’élection fait mal. Même quand on sait que cette défaite est due à la fraude et à la position partisane du gouvernement.
Vous avez accepté la décision de la Cour suprême quand le président ivoirien, Laurent Gbagbo, a choisi de faire invalider celle de la Commission électorale indépendante. Que vous inspire le cas ivoirien ?
Je suis inquiet pour la Côte d’Ivoire, qui est un pays voisin de la Guinée et qui est aussi la première économie de la sous-région francophone. Je souhaite que les acteurs politiques trouvent une solution pour éviter un nouvel embrasement.
ferloo.com