De gauche à droite: Philippe Mangou, chef d'Etat-major; Charles Blé Goudé, chef des Jeunes Patriotes; Ahoua Don Mello, porte-parole du gouvernement de Laurent Gbagbo; Alain Toussaint, proche conseiller en poste à Paris.
Ces dernières semaines, les FDS (Forces de défense et de sécurité) fidèles à Laurent Gbagbo comptaient 55 000 hommes. Aujourd'hui, le président sortant peut s'appuyer sur un noyau dur de 5000 hommes, issus de ces FDS, et d'autres troupes d'élites militaires. A sa résidence particulière de Cocody, l'agence AFP avance le chiffre de 200 partisans assurant sa sécurité. En parallèle, plusieurs alliés, autorisés à parler à la presse, diffusent la parole du président retranché dans son bunker.
Alain Toussaint, la "voix de Gbagbo"
Proche conseiller en poste à Paris, Alain Toussaint peut être considéré par les pro-Ouattara comme la "voix de la propagande" du camp Gbagbo. Aucune information sur sa biographie n'est disponible sur la Toile, mais il laisse en revanche son numéro de téléphone à qui veut bien l'entendre. [Il explique ce vendredi qu'il est un ancien journaliste, travaillant avec des universitaires notamment européens, au service de Laurent Gbagbo depuis 2001, et président d'une Fondation de Sciences Politiques à Abidjan.] Car en effet, depuis l'offensive éclair du camp Ouattara, s'il n'est pas en mesure de riposter par les armes, le camp Gbagbo réplique par les mots. La cible est toute trouvée: la France. Le 4 avril, la force française Licorne était considérée comme "une armée d'occupation en dehors de tout mandat" de l'ONU. La rébellion pro-Ouattara, c'est une "coalition de mercenaires et de soldats européens et américains (qui) bénéficient de l'appui logistique, du renseignement de la force Licorne", ajoutait-il. Le même jour, alors qu'il fustigeait ainsi les forces armées françaises, il assurait aux citoyens français sur place une totale sécurité. Le 6 avril, Alain Toussaint condamnait des "actes illégaux", "des actes de guerre". "La finalité de cette action, c'est l'assassinat du président Gbagbo", avait-il déclaré.
Ce jeudi, joint par LEXPRESS.fr, le conseiller de Laurent Gbagbo nie avoir tenté de négocier avec l'ONU et la France la reddition du président sortant: "Tout cela n'est que supputation, il n'y a d'ailleurs aucun général militaire impliqué dans une quelconque tentative de négociation", comme l'avait récemment fait entendre Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères français, indique-t-il. Il ajoute: "Les seules possibilités de dialogue que nous [le camp Gbagbo] accepterons, c'est l'arrêt immédiat et total des hostilités, ainsi qu'une discussion à propos des issues politiques de la crise, par l'intermédiaire de personnalités civiles, en présence d'Alassane Ouattara et sous l'égide de l'ONU. Rien d'autre." Réclamant il y a peu le départ de Côte d'Ivoire des Nations Unies, le camp Gbagbo aurait donc changé d'avis: "L'ONU doit aujourd'hui jouer son vrai rôle de force impartiale, et cela se fera avec le concours de la Russie, de l'Angola, de la Chine et de l'Union africaine." Et si le camp Ouattara refuse? "On avisera".
Ahoua Don Mello, le "technicien"
Originaire de Bongouanou, au nord d'Abidjan, Ahoua Don Mello est un "technicien doublé d'un politique". Selon Jeuneafrique.com, il a obtenu un diplôme d'ingénieur à l'École nationale supérieure des travaux publics (ENSTP) de Yamoussoukro en 1982, avant de poursuivre ses études à Paris, où il a milité au FPI (parti de Laurent Gbagbo). De retour au pays, et après avoir tenté de créer sa propre formation politique- La Renaissance -, il est revenu au FPI, où il a pris le poste de président du comité de contrôle, devenant l'un des promoteurs du nationalisme économique ivoirien. Directeur général du BNETD (Bureau national d'études techniques et de développement), il a entrepris, lors de son passage au sein des institutions ivoiriennes, le transfert des institutions à Yamoussoukro, le prolongement de l'autoroute du nord vers Singrobo, et la construction du quatrième pont d'Abidjan.
Aujourd'hui, il est le ministre de l'Equipement et porte-parole du gouvernement Gbagbo. Ce mercredi, alors que des négociations entre la France et le camp Gbagbo étaient engagées selon l'ONU, Ahoua Don Mello affirmait que le président sortant n'en était pas "pour le moment" à envisager une reddition. Il a ajouté que Laurent Gbagbo "s'interroge: pourquoi cette attaque alors qu'il attendait le haut représentant de l'Union africaine pour des négociations" qui avaient été proposées du 4 au 6 avril à Addis Abeba. Le lendemain, il annoncait que l'assaut lancé par les combattants pro-Ouattara "est une tentative d'assassinat du président Gbagbo". Il a accusé la force française Licorne d'avoir fourni "un appui aérien et terrestre", ce qu'a démenti Paris.
Charles Blé Goudé, le "ministre de la rue"
Charles Blé Goudé est le chef des des Jeunes Patriotes armés par le camp de Laurent Gbagbo. C'est lui qui est en charge de mobiliser la jeunesse quand le président sortant sent qu'il perd la main sur le terrain. Le 21 mars dernier, il mobilisait une foule de jeunes Ivoiriens, venus s'enroler dans les forces pro-Gbagbo. "Ministre de la rue ", de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l'Emploi, Charles Blé Goudé organise, depuis l'offensive éclair des pro-Ouattara, la résistance dans les rues d'Abidjan. Souvent, c'est à ses forces que sont imputés les tirs isolés que l'on peut entendre en fin de journée, lorsque les tirs à l'arme lourde cessent. Le journal Le Monde soupçonne ces Jeunes Patriotes d'être également à l'origine de pillages.
"Il n'y aura pas de guerre civile", avait-il martelé le 27 mars devant une foule de sympathisants. Voyant que ses paroles sont restées veines, il n'était plus apparu sur la chaîne de la RTI depuis le début de la semaine. Mais ce dimanche, il a redonné de la voix: "Non, je ne suis pas un fuyard. Charles Blé Goudé est bel et bien là où il doit être." Présent, Charles Blé Goudé l'a toujours été, et ce depuis le début de la crise ivoirienne en 2002, année où il rentre en Côte d'Ivoire, après des études en Angleterre. Ancien de la Fesci (syndicat nationaliste étudiant), il organise en 2004 plusieurs actions violentes contre la présence française sur le sol ivoirien. Il est condamné par l'ONU en 2006, interdit de voyager, et ses avoirs sont gelés.
"Devenu depuis quelques années, selon des diplomates américains, un homme d'affaires très prospère, avec des intérêts conséquents dans des hôtels et des boîtes de nuit en Côte d'Ivoire", Charles Blé Goudé faisait profil bas avant novembre 2010. Aujourd'hui, il fait parti des derniers soutiens de Laurent Gbagbo à Abidjan.
Philippe Mangou, "l'hésitant"
Philippe Mangou est, parmi les soutiens de Laurent Gbagbo, le plus fragile de tous. Approché par Guillaume Soro le 25 mars, il a évité de peu le blâme, et a refusé de mettre l'armée à la disposition d'Alassane Ouattara, comme le demandait son Premier ministre. Le 30 mars, sa résidence étant la cible de tirs, il s'est réfugié à l'ambassade d'Afrique du Sud, donnant à penser qu'il faisait défection. Quelques jours plus tard, il réintégrait le commandemant des armées de Laurent Gabgbo. Donnant l'image d'un chef d'Etat-major indécis - alors qu'il semble avoir toujours fait preuve de loyauté envers le président sortant -, mais conscient des enjeux sur le terrain pour la population civile, c'est lui qui a, ce mardi, demandé un cessez-le-feu.
Le 3 avril, jour de son retour dans les forces armées, Alain Toussaint lui témoignait toute sa confiance sur Facebook: "Le Général Philippe Mangou de retour à la maison. En novembre 2004, à Yamoussoukro, j'ai été le témoin privilégié de ton engagement pour ta patrie lors de l'opération "Dignité". Com' théâtre puis Cema, tu n'as jamais trahi. Merci, merci, merci Philippe." Comme si du fait de son accent hésitant, il lui fallait une deuxième conscience pour lui rappeler dans quel camp il se trouve. Car si le chef d'Etat-major des armées venait à réellement faire défection, Laurent Gbagbo perdrait au final le peu de crédibilité militaire qu'il lui reste. La débâcle militaire ne serait alors plus évitable.
Les autres soutiens de Laurent Gbagbo
Laurent Gbagbo peut compter sur des personnalités françaises, une "garde blanche" surprenante dont L'Express faisait une galerie de portrait en janvier dernier. Et sur d'autres personnalités ivoiriennes. Parmi elles, le journal Le Monde note Mamadou Ben Soumahoro, ex-journaliste et "l'un des rares fidèles encore présents à Abidjan"; et Augustin Mian, secrétaire général de la Fesci, qui veut désormais lancer un appel "à tous ceux qui sont sur les fronts à respecter la vie des civils, des étrangers, et des ressortissants français."
L'Express
Alain Toussaint, la "voix de Gbagbo"
Proche conseiller en poste à Paris, Alain Toussaint peut être considéré par les pro-Ouattara comme la "voix de la propagande" du camp Gbagbo. Aucune information sur sa biographie n'est disponible sur la Toile, mais il laisse en revanche son numéro de téléphone à qui veut bien l'entendre. [Il explique ce vendredi qu'il est un ancien journaliste, travaillant avec des universitaires notamment européens, au service de Laurent Gbagbo depuis 2001, et président d'une Fondation de Sciences Politiques à Abidjan.] Car en effet, depuis l'offensive éclair du camp Ouattara, s'il n'est pas en mesure de riposter par les armes, le camp Gbagbo réplique par les mots. La cible est toute trouvée: la France. Le 4 avril, la force française Licorne était considérée comme "une armée d'occupation en dehors de tout mandat" de l'ONU. La rébellion pro-Ouattara, c'est une "coalition de mercenaires et de soldats européens et américains (qui) bénéficient de l'appui logistique, du renseignement de la force Licorne", ajoutait-il. Le même jour, alors qu'il fustigeait ainsi les forces armées françaises, il assurait aux citoyens français sur place une totale sécurité. Le 6 avril, Alain Toussaint condamnait des "actes illégaux", "des actes de guerre". "La finalité de cette action, c'est l'assassinat du président Gbagbo", avait-il déclaré.
Ce jeudi, joint par LEXPRESS.fr, le conseiller de Laurent Gbagbo nie avoir tenté de négocier avec l'ONU et la France la reddition du président sortant: "Tout cela n'est que supputation, il n'y a d'ailleurs aucun général militaire impliqué dans une quelconque tentative de négociation", comme l'avait récemment fait entendre Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères français, indique-t-il. Il ajoute: "Les seules possibilités de dialogue que nous [le camp Gbagbo] accepterons, c'est l'arrêt immédiat et total des hostilités, ainsi qu'une discussion à propos des issues politiques de la crise, par l'intermédiaire de personnalités civiles, en présence d'Alassane Ouattara et sous l'égide de l'ONU. Rien d'autre." Réclamant il y a peu le départ de Côte d'Ivoire des Nations Unies, le camp Gbagbo aurait donc changé d'avis: "L'ONU doit aujourd'hui jouer son vrai rôle de force impartiale, et cela se fera avec le concours de la Russie, de l'Angola, de la Chine et de l'Union africaine." Et si le camp Ouattara refuse? "On avisera".
Ahoua Don Mello, le "technicien"
Originaire de Bongouanou, au nord d'Abidjan, Ahoua Don Mello est un "technicien doublé d'un politique". Selon Jeuneafrique.com, il a obtenu un diplôme d'ingénieur à l'École nationale supérieure des travaux publics (ENSTP) de Yamoussoukro en 1982, avant de poursuivre ses études à Paris, où il a milité au FPI (parti de Laurent Gbagbo). De retour au pays, et après avoir tenté de créer sa propre formation politique- La Renaissance -, il est revenu au FPI, où il a pris le poste de président du comité de contrôle, devenant l'un des promoteurs du nationalisme économique ivoirien. Directeur général du BNETD (Bureau national d'études techniques et de développement), il a entrepris, lors de son passage au sein des institutions ivoiriennes, le transfert des institutions à Yamoussoukro, le prolongement de l'autoroute du nord vers Singrobo, et la construction du quatrième pont d'Abidjan.
Aujourd'hui, il est le ministre de l'Equipement et porte-parole du gouvernement Gbagbo. Ce mercredi, alors que des négociations entre la France et le camp Gbagbo étaient engagées selon l'ONU, Ahoua Don Mello affirmait que le président sortant n'en était pas "pour le moment" à envisager une reddition. Il a ajouté que Laurent Gbagbo "s'interroge: pourquoi cette attaque alors qu'il attendait le haut représentant de l'Union africaine pour des négociations" qui avaient été proposées du 4 au 6 avril à Addis Abeba. Le lendemain, il annoncait que l'assaut lancé par les combattants pro-Ouattara "est une tentative d'assassinat du président Gbagbo". Il a accusé la force française Licorne d'avoir fourni "un appui aérien et terrestre", ce qu'a démenti Paris.
Charles Blé Goudé, le "ministre de la rue"
Charles Blé Goudé est le chef des des Jeunes Patriotes armés par le camp de Laurent Gbagbo. C'est lui qui est en charge de mobiliser la jeunesse quand le président sortant sent qu'il perd la main sur le terrain. Le 21 mars dernier, il mobilisait une foule de jeunes Ivoiriens, venus s'enroler dans les forces pro-Gbagbo. "Ministre de la rue ", de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l'Emploi, Charles Blé Goudé organise, depuis l'offensive éclair des pro-Ouattara, la résistance dans les rues d'Abidjan. Souvent, c'est à ses forces que sont imputés les tirs isolés que l'on peut entendre en fin de journée, lorsque les tirs à l'arme lourde cessent. Le journal Le Monde soupçonne ces Jeunes Patriotes d'être également à l'origine de pillages.
"Il n'y aura pas de guerre civile", avait-il martelé le 27 mars devant une foule de sympathisants. Voyant que ses paroles sont restées veines, il n'était plus apparu sur la chaîne de la RTI depuis le début de la semaine. Mais ce dimanche, il a redonné de la voix: "Non, je ne suis pas un fuyard. Charles Blé Goudé est bel et bien là où il doit être." Présent, Charles Blé Goudé l'a toujours été, et ce depuis le début de la crise ivoirienne en 2002, année où il rentre en Côte d'Ivoire, après des études en Angleterre. Ancien de la Fesci (syndicat nationaliste étudiant), il organise en 2004 plusieurs actions violentes contre la présence française sur le sol ivoirien. Il est condamné par l'ONU en 2006, interdit de voyager, et ses avoirs sont gelés.
"Devenu depuis quelques années, selon des diplomates américains, un homme d'affaires très prospère, avec des intérêts conséquents dans des hôtels et des boîtes de nuit en Côte d'Ivoire", Charles Blé Goudé faisait profil bas avant novembre 2010. Aujourd'hui, il fait parti des derniers soutiens de Laurent Gbagbo à Abidjan.
Philippe Mangou, "l'hésitant"
Philippe Mangou est, parmi les soutiens de Laurent Gbagbo, le plus fragile de tous. Approché par Guillaume Soro le 25 mars, il a évité de peu le blâme, et a refusé de mettre l'armée à la disposition d'Alassane Ouattara, comme le demandait son Premier ministre. Le 30 mars, sa résidence étant la cible de tirs, il s'est réfugié à l'ambassade d'Afrique du Sud, donnant à penser qu'il faisait défection. Quelques jours plus tard, il réintégrait le commandemant des armées de Laurent Gabgbo. Donnant l'image d'un chef d'Etat-major indécis - alors qu'il semble avoir toujours fait preuve de loyauté envers le président sortant -, mais conscient des enjeux sur le terrain pour la population civile, c'est lui qui a, ce mardi, demandé un cessez-le-feu.
Le 3 avril, jour de son retour dans les forces armées, Alain Toussaint lui témoignait toute sa confiance sur Facebook: "Le Général Philippe Mangou de retour à la maison. En novembre 2004, à Yamoussoukro, j'ai été le témoin privilégié de ton engagement pour ta patrie lors de l'opération "Dignité". Com' théâtre puis Cema, tu n'as jamais trahi. Merci, merci, merci Philippe." Comme si du fait de son accent hésitant, il lui fallait une deuxième conscience pour lui rappeler dans quel camp il se trouve. Car si le chef d'Etat-major des armées venait à réellement faire défection, Laurent Gbagbo perdrait au final le peu de crédibilité militaire qu'il lui reste. La débâcle militaire ne serait alors plus évitable.
Les autres soutiens de Laurent Gbagbo
Laurent Gbagbo peut compter sur des personnalités françaises, une "garde blanche" surprenante dont L'Express faisait une galerie de portrait en janvier dernier. Et sur d'autres personnalités ivoiriennes. Parmi elles, le journal Le Monde note Mamadou Ben Soumahoro, ex-journaliste et "l'un des rares fidèles encore présents à Abidjan"; et Augustin Mian, secrétaire général de la Fesci, qui veut désormais lancer un appel "à tous ceux qui sont sur les fronts à respecter la vie des civils, des étrangers, et des ressortissants français."
L'Express