Sitôt consommée la rupture avec le président Wade, M. Gadio se jette littéralement dans le combat contre son ex-mentor, au nom de la défense de la République. Son départ du gouvernement libéral serait dû à des bisbilles avec le fils du chef de l’Etat, Karim Wade, que la majorité de l’opposition décrit comme le successeur de son père suivant le processus d’’’une dévolution monarchique du pouvoir’’.
Le Mouvement politique citoyen ‘’Luy Jot Jotna (MPC/Luy Jot Jotna)’’, par lui lancé en avril 2010, dans un contexte de grande irruption des acteurs de la Société civile sur la scène médiatique, va servir comme l’instrument suprême de dénonciation des abus du régime libéral et des ‘’tares’’ des années Wade, résumées sous les vocables de ‘’monarchisation’’ et d’‘’agencisation’’. Autant de signes d’une véritable mal gouvernance, selon l’ancien ministre des Affaires étrangères et l’opposition de façon générale.
Sans préjuger de son score lors du scrutin du 26 févier, Cheikh Tidiane Gadio a toute de même de quoi se satisfaire, pour l’instant, de son bref parcours hors du pouvoir de l’alternance, lui qui est présenté par des observateurs comme le candidat de l’opposition traditionnelle le plus proche des mouvements citoyens, puisqu’étant lui-même de la société civile.
Né le 16 septembre 1956 à Saint-Louis, ce docteur en communication était coordinateur pour l’Afrique occidentale francophone du programme World (World Links for Development) domicilié à la Banque mondiale à Washington, lorsqu’il est nommé ministre des Affaires étrangères du Sénégal en avril 2000.
‘‘C’est moi qui ai demandé qu’on me le présente et je ne le regrette pas’’, a dit de lui le président sortant Abdoulaye Wade, au temps de la lune de miel entre les deux hommes dont le long compagnonnage s’expliquait surtout par leur commune adhésion aux idéaux du panafricanisme.
Quoi de plus naturel pour cet ancien disciple du savant sénégalais Cheikh Anta Diop, théoricien s’il en est de l’unité du continent, un idéal qui traverse de part en part la production intellectuelle de l’historien et politique sénégalais ?
Devenu ministre des Affaires étrangères, Gadio a reporté sur Wade sa proximité avec Cheikh Anta Diop, à tout le moins sur la question du panafricanisme.
Ce n’est pas le moindre des mérites de l’ancien patron de la diplomatie sénégalaise, si l’on en croit son ancien mentor qui n’a jamais cessé de lui signifier sa satisfaction pour le travail accompli au poste de ministre des Affaires étrangères.
‘‘C’est mon homme de confiance…chaque fois que quelque chose se passe à travers le monde, je lui demande avant tout son avis. C’est un de mes meilleurs collaborateurs. Le travail qu’il fait est difficile. Mais c’est le meilleur ministre des Affaires étrangères d’Afrique. Ce n’est pas moi qui le dit mais ce sont mes pairs’’, avait indiqué Abdoulaye Wade. D’où l’ex-chef de la diplomatie sénégalaise partira avec le sentiment du devoir accompli.
A son actif, il peut se targuer d’avoir mené à son terme le projet du Millenium Challenge Account (MCA), du nom de ce programme d’aide du gouvernement américain dirigé vers les pays qui font exemple sur le continent dans le domaine de la démocratie. De la signature de ce compact, le Sénégal a gagné au passage un pactole de 270 milliards de francs, un don bienvenu pour la réalisation de pôles de développements ciblés au nord et au sud du pays notamment.
Ce n’était pas gagné d’avance, d’autant que le Sénégal avait renoncé à une première version de ce compact au profit d’un autre projet de plateforme industrielle et commerciale dans la région de Dakar appelé JAFZA.
L’entregent de Cheikh Tidiane Gadio, qui a longtemps vécu aux Etats-Unis d’Amérique avant d’intégrer le gouvernement, n’a pas été de trop pour la conclusion de ce projet MCA avec lequel le Sénégal a finalement renoué. Il n’est pas superflu de dire qu’au passage, ce succès a apporté un éclat nouveau à la carrière de l’ancien ministre des Affaires étrangères.
Auparavant, Gadio s’était investi corps et âme pour la stabilité politique en Mauritanie, dans le cadre du Groupe de contact international dont les travaux ont permis en juin 2009 de rapprocher les hommes politiques mauritaniens dont le pays était en proie à une crise depuis le coup d’Etat opéré le 6 août 2008 par des généraux militaires, avec à leur tête le général Mohamed Ould Abdel Aziz.
Mais le premier coup diplomatique de Cheikh Tidiane Gadio a été le cessez-le-feu obtenu en octobre 2002 à Bouaké, après le déclenchement d’une rébellion dans le nord de la Côte d’Ivoire. Une référence majeure pour le parcours diplomatique du futur leader de ‘’Luy Jot Jotna’’, même si son action n’a pas empêché ce pays de connaître une crise profonde qui ne trouvera son dénouement qu’en 2012.
Cheikh Tidiane Gadio, sous l’inspiration du président Wade, s’était également employé, à la même période et pour le même succès, à Madagascar qui a retrouvé sa stabilité grâce à une médiation entreprise par la diplomatie sénégalaise.
Il en fut de même de la Guinée-Bissau où la réalité géopolitique et les bons voisinages ont amené le Sénégal à intervenir en 2005, avec à la clef un accord entre la classe politique qui préserve également la Casamance, la région sud du pays, de dégâts collatéraux liés à la rébellion du Mouvement des forces démocratiques de Casamance.
Des success story diplomatiques parmi bien d’autres encore, qui ont imposé en quelque sorte Gadio sur la scène internationale. Des engagements qui ont réussi à lui donner une stature internationale, à parfaire sa dimension d’homme d’Etat, à affiner sa vision et sa lecture des enjeux géopolitiques dans un monde globalisé comme jamais. Autant d’atout et de points pour un candidat à la présidentielle.
Cela fait que le candidat Cheikh Tidiane Gadio peut se prévaloir aujourd’hui d’un programme décliné suivant un slogan simple, mais plein de perspective : ‘’Nourrir, éduquer, soigner et libérer les énergies’’. Autant dire la mère des batailles pour un Sénégal considéré en crise depuis les crises alimentaire et financière de 2008. C’est là aussi un programme synthétique, notamment inspiré par la grande mesure des problèmes basiques, naturels pour un pays en développement. Mais pas seulement.
En prônant une libération des énergies, pour, à terme, amener les citoyens à profiter de leurs talents dans tous les domaines, Cheikh Tidiane Gadio retrouve comme qui dirait la somme de ses expériences ayant fait de lui un ministre longtemps indéboulonnable du gouvernement libéral du président Wade et un fonctionnaire d’une institution de développement comme la Banque mondiale.
De sa carrière au sein de l’attelage gouvernemental sénégalais comme de son expérience aux Etats-Unis, La Mecque du libéralisme autant que du capitalisme, Cheikh Tidiane Gadio n’aura donc rien perdu. Pour une ultime ambition en faveur de son pays et de son peuple qu’il est décidé à incarner après l’avoir si bien représenté.
P.-S.
Le Mouvement politique citoyen ‘’Luy Jot Jotna (MPC/Luy Jot Jotna)’’, par lui lancé en avril 2010, dans un contexte de grande irruption des acteurs de la Société civile sur la scène médiatique, va servir comme l’instrument suprême de dénonciation des abus du régime libéral et des ‘’tares’’ des années Wade, résumées sous les vocables de ‘’monarchisation’’ et d’‘’agencisation’’. Autant de signes d’une véritable mal gouvernance, selon l’ancien ministre des Affaires étrangères et l’opposition de façon générale.
Sans préjuger de son score lors du scrutin du 26 févier, Cheikh Tidiane Gadio a toute de même de quoi se satisfaire, pour l’instant, de son bref parcours hors du pouvoir de l’alternance, lui qui est présenté par des observateurs comme le candidat de l’opposition traditionnelle le plus proche des mouvements citoyens, puisqu’étant lui-même de la société civile.
Né le 16 septembre 1956 à Saint-Louis, ce docteur en communication était coordinateur pour l’Afrique occidentale francophone du programme World (World Links for Development) domicilié à la Banque mondiale à Washington, lorsqu’il est nommé ministre des Affaires étrangères du Sénégal en avril 2000.
‘‘C’est moi qui ai demandé qu’on me le présente et je ne le regrette pas’’, a dit de lui le président sortant Abdoulaye Wade, au temps de la lune de miel entre les deux hommes dont le long compagnonnage s’expliquait surtout par leur commune adhésion aux idéaux du panafricanisme.
Quoi de plus naturel pour cet ancien disciple du savant sénégalais Cheikh Anta Diop, théoricien s’il en est de l’unité du continent, un idéal qui traverse de part en part la production intellectuelle de l’historien et politique sénégalais ?
Devenu ministre des Affaires étrangères, Gadio a reporté sur Wade sa proximité avec Cheikh Anta Diop, à tout le moins sur la question du panafricanisme.
Ce n’est pas le moindre des mérites de l’ancien patron de la diplomatie sénégalaise, si l’on en croit son ancien mentor qui n’a jamais cessé de lui signifier sa satisfaction pour le travail accompli au poste de ministre des Affaires étrangères.
‘‘C’est mon homme de confiance…chaque fois que quelque chose se passe à travers le monde, je lui demande avant tout son avis. C’est un de mes meilleurs collaborateurs. Le travail qu’il fait est difficile. Mais c’est le meilleur ministre des Affaires étrangères d’Afrique. Ce n’est pas moi qui le dit mais ce sont mes pairs’’, avait indiqué Abdoulaye Wade. D’où l’ex-chef de la diplomatie sénégalaise partira avec le sentiment du devoir accompli.
A son actif, il peut se targuer d’avoir mené à son terme le projet du Millenium Challenge Account (MCA), du nom de ce programme d’aide du gouvernement américain dirigé vers les pays qui font exemple sur le continent dans le domaine de la démocratie. De la signature de ce compact, le Sénégal a gagné au passage un pactole de 270 milliards de francs, un don bienvenu pour la réalisation de pôles de développements ciblés au nord et au sud du pays notamment.
Ce n’était pas gagné d’avance, d’autant que le Sénégal avait renoncé à une première version de ce compact au profit d’un autre projet de plateforme industrielle et commerciale dans la région de Dakar appelé JAFZA.
L’entregent de Cheikh Tidiane Gadio, qui a longtemps vécu aux Etats-Unis d’Amérique avant d’intégrer le gouvernement, n’a pas été de trop pour la conclusion de ce projet MCA avec lequel le Sénégal a finalement renoué. Il n’est pas superflu de dire qu’au passage, ce succès a apporté un éclat nouveau à la carrière de l’ancien ministre des Affaires étrangères.
Auparavant, Gadio s’était investi corps et âme pour la stabilité politique en Mauritanie, dans le cadre du Groupe de contact international dont les travaux ont permis en juin 2009 de rapprocher les hommes politiques mauritaniens dont le pays était en proie à une crise depuis le coup d’Etat opéré le 6 août 2008 par des généraux militaires, avec à leur tête le général Mohamed Ould Abdel Aziz.
Mais le premier coup diplomatique de Cheikh Tidiane Gadio a été le cessez-le-feu obtenu en octobre 2002 à Bouaké, après le déclenchement d’une rébellion dans le nord de la Côte d’Ivoire. Une référence majeure pour le parcours diplomatique du futur leader de ‘’Luy Jot Jotna’’, même si son action n’a pas empêché ce pays de connaître une crise profonde qui ne trouvera son dénouement qu’en 2012.
Cheikh Tidiane Gadio, sous l’inspiration du président Wade, s’était également employé, à la même période et pour le même succès, à Madagascar qui a retrouvé sa stabilité grâce à une médiation entreprise par la diplomatie sénégalaise.
Il en fut de même de la Guinée-Bissau où la réalité géopolitique et les bons voisinages ont amené le Sénégal à intervenir en 2005, avec à la clef un accord entre la classe politique qui préserve également la Casamance, la région sud du pays, de dégâts collatéraux liés à la rébellion du Mouvement des forces démocratiques de Casamance.
Des success story diplomatiques parmi bien d’autres encore, qui ont imposé en quelque sorte Gadio sur la scène internationale. Des engagements qui ont réussi à lui donner une stature internationale, à parfaire sa dimension d’homme d’Etat, à affiner sa vision et sa lecture des enjeux géopolitiques dans un monde globalisé comme jamais. Autant d’atout et de points pour un candidat à la présidentielle.
Cela fait que le candidat Cheikh Tidiane Gadio peut se prévaloir aujourd’hui d’un programme décliné suivant un slogan simple, mais plein de perspective : ‘’Nourrir, éduquer, soigner et libérer les énergies’’. Autant dire la mère des batailles pour un Sénégal considéré en crise depuis les crises alimentaire et financière de 2008. C’est là aussi un programme synthétique, notamment inspiré par la grande mesure des problèmes basiques, naturels pour un pays en développement. Mais pas seulement.
En prônant une libération des énergies, pour, à terme, amener les citoyens à profiter de leurs talents dans tous les domaines, Cheikh Tidiane Gadio retrouve comme qui dirait la somme de ses expériences ayant fait de lui un ministre longtemps indéboulonnable du gouvernement libéral du président Wade et un fonctionnaire d’une institution de développement comme la Banque mondiale.
De sa carrière au sein de l’attelage gouvernemental sénégalais comme de son expérience aux Etats-Unis, La Mecque du libéralisme autant que du capitalisme, Cheikh Tidiane Gadio n’aura donc rien perdu. Pour une ultime ambition en faveur de son pays et de son peuple qu’il est décidé à incarner après l’avoir si bien représenté.
P.-S.