D’abord, il y a lieu de s’interroger sur le timing de sortie du document et sa déposition auprès du Conseil constitutionnel. Si l’on en croit cet organe, la déclaration de patrimoine de Macky Sall est faite le 20 avril 2012 et le Journal officiel de la République du Sénégal en a fait un numéro spécial 6660 en date du 24 avril 2012. Alors pourquoi attendre maintenant pour que ladite déclaration tombe dans le domaine du public ? Simplement qu’entre-temps, la presse en a fait débat.
Ensuite, à la lecture des avoirs de l’actuel locataire du Palais de la République, l’on ne peut s’empêcher de se demander s’il avait vraiment dit la vérité aux Sénégalais quand nos confrères de la TFM lui avaient posé la question sur ses biens en 2011. En effet, Macky Sall avait déclaré (et nos confrères du journal Le Quotidien l’ont repris dans leur édition du week-end), après des explications sur les revenus qu’il a eus avant l’Alternance jusqu’à ce qu’il quitte les affaires publiques en 2008, disposer d’une maison à Fenêtre Mermoz, d’un appartement à Houston (Etats-Unis), de deux véhicules ‘’qui ont 5 à 6 ans d’âge’’ acquis quand il était Premier ministre. Ce qui est à des années lumière du document déposé au Conseil constitutionnel qui parle d’une villa à la Patte d’Oie (achetée en 2001 à 12 millions et évaluée aujourd’hui à 250 millions), d’une autre à Niague acquise en 2004 pour 12 millions, d’un terrain de 2000 m2 aux Almadies estimé à 200 millions (acquis, selon Libération, en 2004 sur instruction de Wade). L’appartement de Houston, les deux villas à Saly (l’une d’une valeur de 250 millions et l’autre de 50 millions), du terrain nu de Fatick et les 9 ha à Sébikhotane complètent l’inventaire des biens ‘’mobiliers directs’’ du président de la République. A cela, s’ajoutent des biens immobiliers comme des actions dans la société immobilière ‘’Bilbassy’’ dont il partage l’actionnariat avec son épouse, elle aussi propriétaire de deux villas en son nom propre.
Ainsi il reste évident, au-delà de la question de l’origine des sommes qui ont permis d'acquérir ces biens, que Macky Sall n’avait pas tout dit aux Sénégalais en 2011 sur la TFM. Il reste évident également que le silence du ''Peuple des Assises'' sur cette question est plus que troublant. Car on ne voit pas comment un débat sur l'un des principes fondamentaux de la Charte de gouvernance démocratique ne fasse pas réagir ceux qui ont fait de l'application des conclusions des Assises nationales leur thème de campagne durant la présidentielle.
Mais le débat, c’est plutôt les limites de la loi. Car si le Conseil constitutionnel est habilité à recevoir la déclaration de patrimoine du président de la République et de la rendre publique, il ne lui est pas spécifié de faire le contrôle ni des enquêtes pour déterminer l’exhaustivité ou l’exactitude du déclarant auquel il n’est lié que par sa bonne foi. D’où la nécessité de mettre en place une loi qui réglemente la déclaration de patrimoine. D’ailleurs à ce sujet, il n’est point besoin d’en faire car la Cour des comptes a déjà élaboré un projet de loi dans ce sens et Macky Sall n’a qu’à la faire voter pour poser un nouveau jalon dans sa volonté de faire de la transparence dans la gestion des affaires publiques, un axe majeur de son quinquennat.
Seulement, parler des biens de Macky Sall ne doit pas non plus occulter que le principe de la reddition incombe le plus à ceux qui ont quitté le pouvoir au soir du 25 mars 2012. A commencer par Abdoulaye Wade qui se doit de faire une déclaration de patrimoine à la fin de son mandat. Ceci serait, pour sa part, un acte de transparence ; lui qui exige un audit de tous les dirigeants sénégalais de 1960 à nos jours.
Abdou Aziz Gaye
Ensuite, à la lecture des avoirs de l’actuel locataire du Palais de la République, l’on ne peut s’empêcher de se demander s’il avait vraiment dit la vérité aux Sénégalais quand nos confrères de la TFM lui avaient posé la question sur ses biens en 2011. En effet, Macky Sall avait déclaré (et nos confrères du journal Le Quotidien l’ont repris dans leur édition du week-end), après des explications sur les revenus qu’il a eus avant l’Alternance jusqu’à ce qu’il quitte les affaires publiques en 2008, disposer d’une maison à Fenêtre Mermoz, d’un appartement à Houston (Etats-Unis), de deux véhicules ‘’qui ont 5 à 6 ans d’âge’’ acquis quand il était Premier ministre. Ce qui est à des années lumière du document déposé au Conseil constitutionnel qui parle d’une villa à la Patte d’Oie (achetée en 2001 à 12 millions et évaluée aujourd’hui à 250 millions), d’une autre à Niague acquise en 2004 pour 12 millions, d’un terrain de 2000 m2 aux Almadies estimé à 200 millions (acquis, selon Libération, en 2004 sur instruction de Wade). L’appartement de Houston, les deux villas à Saly (l’une d’une valeur de 250 millions et l’autre de 50 millions), du terrain nu de Fatick et les 9 ha à Sébikhotane complètent l’inventaire des biens ‘’mobiliers directs’’ du président de la République. A cela, s’ajoutent des biens immobiliers comme des actions dans la société immobilière ‘’Bilbassy’’ dont il partage l’actionnariat avec son épouse, elle aussi propriétaire de deux villas en son nom propre.
Ainsi il reste évident, au-delà de la question de l’origine des sommes qui ont permis d'acquérir ces biens, que Macky Sall n’avait pas tout dit aux Sénégalais en 2011 sur la TFM. Il reste évident également que le silence du ''Peuple des Assises'' sur cette question est plus que troublant. Car on ne voit pas comment un débat sur l'un des principes fondamentaux de la Charte de gouvernance démocratique ne fasse pas réagir ceux qui ont fait de l'application des conclusions des Assises nationales leur thème de campagne durant la présidentielle.
Mais le débat, c’est plutôt les limites de la loi. Car si le Conseil constitutionnel est habilité à recevoir la déclaration de patrimoine du président de la République et de la rendre publique, il ne lui est pas spécifié de faire le contrôle ni des enquêtes pour déterminer l’exhaustivité ou l’exactitude du déclarant auquel il n’est lié que par sa bonne foi. D’où la nécessité de mettre en place une loi qui réglemente la déclaration de patrimoine. D’ailleurs à ce sujet, il n’est point besoin d’en faire car la Cour des comptes a déjà élaboré un projet de loi dans ce sens et Macky Sall n’a qu’à la faire voter pour poser un nouveau jalon dans sa volonté de faire de la transparence dans la gestion des affaires publiques, un axe majeur de son quinquennat.
Seulement, parler des biens de Macky Sall ne doit pas non plus occulter que le principe de la reddition incombe le plus à ceux qui ont quitté le pouvoir au soir du 25 mars 2012. A commencer par Abdoulaye Wade qui se doit de faire une déclaration de patrimoine à la fin de son mandat. Ceci serait, pour sa part, un acte de transparence ; lui qui exige un audit de tous les dirigeants sénégalais de 1960 à nos jours.
Abdou Aziz Gaye