Depuis lors, beaucoup de transhumants se sont enhardis et, l’accueil qu’ils ont reçu n’étant pas franchement hostile, pour ne pas dire qu’ils ont été reçus à bras ouverts, le gros du troupeau a foncé tête baissée. Avec, à sa tête, l’insubmersible Me Mbaye Jacques Diop, ancien président du Conseil de la République pour les Affaires économiques et sociales (Craes), une institution dont il est devenu le président honoraire avec, à la clef, un salaire mensuel de quatre millions de francs par mois. Pas de doute, la République sait soigner ses papys ! L’honorable Mbaye Jacques Diop, qui est de toutes les aventures (de tous les pouvoirs serait plus approprié) vient donc de se déclarer disposé à signer un « partenariat » — tu parles, Jacquot ! — avec le parti du président de la République, l’APR. Une véritable girouette, ce maître Mbaye Jacques Diop dont notre collaborateur Pape Ndiaye disait dans un article retentissant publié il y a quelques mois qu’il est « un médicament périmé dont même Kër Serigne Bi ne voudrait pas ! » C’est dire… Ainsi, après avoir été porteur de pancartes (c’est du moins ce qu’il prétend) sur la place Protêt en 1958, puis Ups-Ps, notre homme a démissionné entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2000 — un « exploit » qui a fait de lui le premier transhumant de la République, bien avant même l’inénarrable Abdoulaye Mbaye Pekh ! —, et rejoint l’Alliance des Forces de Progrès (AFP) de M. Moustapha Niasse dont tout le monde savait alors qu’il serait le premier Premier ministre de l’Alternance. Niasse viré par Wade, l’honorable Maître Jacques créé son propre parti, le PPC (Parti pour le Progrès et la Citoyenneté). Un parti qui se présenta aux législatives de 1981 et n’eut en tout et pour tout qu’un seul député — Me Mbaye Jacques Diop bien sûr ! — acquis en vertu du plus fort reste. Autrement dit, sur l’ensemble du territoire national, il n’avait pas eu 9000 voix. Il n’empêche, il saborda sa formation-cabine téléphonique au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS) au pouvoir, ce qui lui permit d’obtenir en guise de récompense le poste particulièrement juteux de président du CRAES. Ayant dilapidé le budget de trois milliards de francs de cette institution — le dossier de ce détournement de deniers publics est d’ailleurs pendant devant la Justice — l’institution fut purement et simplement dissoute, « Jacquot » ayant refusé de démissionner comme le lui demandait l’ancien président de la République. Il n’empêche, notre homme continua à s’agiter et à grenouiller dans les allées du pouvoir libéral. Jusqu’au 25 mars dernier et l’élection de M. Macky Sall. Dès les premières convocations à la DIC, il entreprit de… se « désaborder » du Pds et de reconstituer le lilliputien PPC. Après quelques clignotements, appels du pied et feux de détresse, voilà notre homme qui se jette dans les bras du président Macky Sall. Auquel il propose de nouer un « partenariat » (le nouveau nom de la transhumance !) entre leurs deux formations. En attendant sans doute, si Dieu lui prête longue vie, de prêter ses services au successeur du quatrième président du Sénégal. En 2017 ou en 2022… Brave Me Mbaye Jacques Diop, quelle tortuosité et quel bel exemple pour notre jeunesse !
Et comme si elle n’attendait que cela, voilà qu’une autre girouette politique, spécialiste de la danse du ventre aux tenants de tous les pouvoirs, se jette goulument elle aussi sur l’herbe beige-marron de l’Alliance Pour la République. Ce transhumant professionnel, un vrai émule de Me Mbaye Jacques Diop, n’est autre que le « marabout » El Hadj Malick Guèye, ex-député libéral de Latmingué, dans la région de Kaolack. Notre charlatan vient de tenir un meeting de ralliement à l’APR dans sa localité, au milieu des récriminations des militants de la formation professionnelle qui disent ne pas vouloir de lui dans leur parti. Il en faudrait naturellement beaucoup plus pour chasser ce transhumant de prairies aussi herbeuses. Car en matière de transhumance, notre homme est un expert. Du temps des socialistes, il avait créé un mouvement dit de soutien appelé « Doolel Abdou Diouf ». Après la chute de ce dernier, il avait, comme Me Mbaye Jacques Diop, adhéré à l’Afp. Quand ce parti a rejoint l’opposition, il a adhéré au Pds où il s’est signalé par ses piques incendiaires décochées contre certains responsables du régime libéral. Un vrai trublion qui jurait d’être non seulement le dernier des Mohicans libéral mais encore de mourir les armes à la main. Et voilà qu’il jette aux orties sa carte de « wadiste » inconditionnel pour s’inviter par effraction dans le parti du président Macky Sall qu’il prétend vouloir aider. Ces deux girouettes que sont Me Mbaye Jacques Diop et le « marabout » El Hadj Malick Guèye nous rappellent un célèbre homme politique français de la Quatrième République, Edgar Faure, connu lui aussi pour ses multiples changements de vestes. A ses adversaires qui le traitaient de « girouette », il répondait, imperturbable : « Ce n’est pas moi qui tourne, c’est le vent ! »
Pour en revenir à la transhumance au Sénégal, ce n’est bien sûr pas fini puisque d’autres responsables libéraux tapent avec insistance à la porte des « apéristes ». Au risque de transformer l’APR en PDS-bis et de détourner les Sénégalais du parti du Président. Que voulez-vous qu’ils fassent d’autre ? En effet, si les gens qu’ils avaient chassés du pouvoir le 25 mars dernier migrent tous vers la nouvelle majorité présidentielle, nos compatriotes finiront forcément par se détourner de cette dernière. Les mêmes symptômes qui avaient fait perdre le pouvoir au Pds sont en effet déjà visibles au sein de l’APR, un parti qui, voulant se « massifier », ne peut guère se payer le luxe de vouloir séparer le bon grain de l’ivraie. Et dire que le candidat Macky Sall nous promettait la rupture !
Mamadou Oumar NDIAYE
« Le Témoin » N° 1108 –Hebdomadaire Sénégalais ( DECEMBRE 2012)
Et comme si elle n’attendait que cela, voilà qu’une autre girouette politique, spécialiste de la danse du ventre aux tenants de tous les pouvoirs, se jette goulument elle aussi sur l’herbe beige-marron de l’Alliance Pour la République. Ce transhumant professionnel, un vrai émule de Me Mbaye Jacques Diop, n’est autre que le « marabout » El Hadj Malick Guèye, ex-député libéral de Latmingué, dans la région de Kaolack. Notre charlatan vient de tenir un meeting de ralliement à l’APR dans sa localité, au milieu des récriminations des militants de la formation professionnelle qui disent ne pas vouloir de lui dans leur parti. Il en faudrait naturellement beaucoup plus pour chasser ce transhumant de prairies aussi herbeuses. Car en matière de transhumance, notre homme est un expert. Du temps des socialistes, il avait créé un mouvement dit de soutien appelé « Doolel Abdou Diouf ». Après la chute de ce dernier, il avait, comme Me Mbaye Jacques Diop, adhéré à l’Afp. Quand ce parti a rejoint l’opposition, il a adhéré au Pds où il s’est signalé par ses piques incendiaires décochées contre certains responsables du régime libéral. Un vrai trublion qui jurait d’être non seulement le dernier des Mohicans libéral mais encore de mourir les armes à la main. Et voilà qu’il jette aux orties sa carte de « wadiste » inconditionnel pour s’inviter par effraction dans le parti du président Macky Sall qu’il prétend vouloir aider. Ces deux girouettes que sont Me Mbaye Jacques Diop et le « marabout » El Hadj Malick Guèye nous rappellent un célèbre homme politique français de la Quatrième République, Edgar Faure, connu lui aussi pour ses multiples changements de vestes. A ses adversaires qui le traitaient de « girouette », il répondait, imperturbable : « Ce n’est pas moi qui tourne, c’est le vent ! »
Pour en revenir à la transhumance au Sénégal, ce n’est bien sûr pas fini puisque d’autres responsables libéraux tapent avec insistance à la porte des « apéristes ». Au risque de transformer l’APR en PDS-bis et de détourner les Sénégalais du parti du Président. Que voulez-vous qu’ils fassent d’autre ? En effet, si les gens qu’ils avaient chassés du pouvoir le 25 mars dernier migrent tous vers la nouvelle majorité présidentielle, nos compatriotes finiront forcément par se détourner de cette dernière. Les mêmes symptômes qui avaient fait perdre le pouvoir au Pds sont en effet déjà visibles au sein de l’APR, un parti qui, voulant se « massifier », ne peut guère se payer le luxe de vouloir séparer le bon grain de l’ivraie. Et dire que le candidat Macky Sall nous promettait la rupture !
Mamadou Oumar NDIAYE
« Le Témoin » N° 1108 –Hebdomadaire Sénégalais ( DECEMBRE 2012)