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Complémentarité entre l’école française et les Daara : Imam Kanté propose une réorganisation du système

Pour une complémentarité entre l’école française et les Daara, il faut réorganiser le système. C’est l’avis de l’Imam Ahmadou Kanté, qui animait la conférence religieuse de la Cosydep qui se tient chaque dernier vendredi du mois de Ramadan.


Rédigé par leral.net le Mercredi 4 Mai 2022 à 10:35 | | 0 commentaire(s)|

L’imam Ahmadou Makhtar Kanté qui prenait part à une conférence organisée par la Cosydep, a fait le diagnostic de l’éducation au Sénégal. Il a conseillé ainsi pour trouver une solution aux problèmes de l’école française et celle coranique, à travailler dans la complémentarité.

« La Daara a des choses à apprendre de l’école moderne et l’école moderne a des chose à apprendre de la Daara. C’est important pour l’avenir du Sénégal de travailler sur cette complémentarité mais pas sur une exclusion », a-t-il préconisé

Répondant à une question sur l’absence de l’éducation religieuse dans l’école classique, l’imam reconnaît que « c’est compliqué parce qu’on a un État qui se dit laïc ». Selon lui, c’est une laïcité « pointue et pas ouverte sur l’éducation religieuse, parce que c’est le modèle de laïcité française alors que nous n’avons pas besoin de ça ». Poursuivant sa réflexion, M. Kanté soutient que « nous avons notre propre histoire et on n’a pas besoin de copier le modèle français ou américain ».

Vu sous cet aspect, il estime que « nous devons trouver une école sénégalaise qui ne soit pas une école en autarcie, qui soit ouverte au savoir et au monde entier et aux bonnes pratiques partout dans le monde, comme le dit l’islam, la recherche de la perfection».

Toutefois, M. Kanté précise qu’il faut reconnaître « qu’aussi bien que l’Etat a des problèmes pour intégrer l’enseignement religieux, il y a aussi de la résistance dans la sphère religieuse ». Et d’expliquer: « II y a par exemple beaucoup de « Serigne Daara » qui disent que l’Etat n’a rien à faire dans notre secteur et qui réclament des ressources de l’Etat. Je suis favorable à qu’on fasse tout pour que la loi sur le statut des Daara soit votée, pour que l’offre de l’enseignement coranique soit bien formalisée ».

L’imam Kanté a aussi dans la même dynamique, appelé à revoir le modèle classique de l’enseignement coranique au Sénégal. Sur ce point il souligne: « Je suis contre un enseignement coranique qui se limite juste à réciter le Coran. Ces enfants peuvent connaître le Coran par cœur par étape et acquérir d’autres compétences de vie, beaucoup de pays le font. Il faut arrêter avec des gens qui ont 18 ans 20 ans, qui ne savent que lire le Coran et vendre à la sauvette. Le modèle classique est à revoir », a-t-il regretté.

De même, il a déploré la mendicité à laquelle s’adonnent les enfants des Daara et qui est devenu « un créneau de trafic d’enfants, avec tous les scandales et tous les drames ». Le conférencier appelle ainsi à une réorganisation des Daara. « Une Daara, ça n’appartient pas au Serigne, c’est le parent qui y amène son enfant, c’est toute la société qui doit voir si ces enfants sont pris en charge correctement », a-t-il préconisé.

Ahmadou Makhtar Kanté s’est aussi prononcé sur les violences dans le milieu scolaire. D’après lui, « c’est un des échecs de l’école française ». Selon lui, tout n’est pas mauvais dans le système mais « on a introduit tellement de choses qui ont affaibli l’autorité morale de l’enseignant ».

Et Imam Kanté de poursuivre: « On a tellement parlé des droits des enfants qu’on ne parle plus de leurs devoirs et des droits de l’enseignant à être respecté. Quand on fait des déséquilibres comme ça, on se retrouve avec des drames. La Daara avait réglé tout ça. Dans une Daara, vous ne pouvez pas imaginer un enfant tenir son marabout par le boubou, parce que dès le départ, il y avait des valeurs qui sont là qui font que l’enfant respecte l’autorité morale et spirituelle de son marabout. S’il fait une entorse, c’est toute la communauté qui lui met la pression, pour lui dire qu’on n’accepte pas que tu remettes en cause l’autorité morale de ton Serigne.» Ce qui, regrette-t-il, n’est pas le cas dans l’école classique.







Le Quotidien