1 – PROBLEMATIQUE ET METHODE
Il y a un conflit de valeurs entre la communalisation du fait du décret n°2008-748 du 10 juillet 2008 et la frustration existentielle liée à une désespérance sociale à peine voilée et perceptible à Mboumba et dans d’autres communes du Sénégal.
En instituant la communalisation, les pouvoirs publics ont franchi une étape hautement positive dans la construction et la consolidation de la nation et de la République sénégalaises. L’administration d’une commune ne doit pas être que dans la simple gestion ; elle doit aussi se projeter dans la cohésion sociale et la maîtrise des évolutions de la société. Jamais distrait par des aspects secondaires, l’édile de Mboumba, qui ne doit rien à personne, s’y emploie avec une probité indispensable à l’exercice d’un mandat politique. En agissant ainsi, la commune est libérée des pulsions irrégulières de la tentation.
Le décret n°2008-748 du 10 juillet 2008 a ouvert de nouvelles portes nous questionnant sur nous-mêmes et sur les rapports à l’altérité. Nous devons inverser le regard que nous portons sur « l’autre » dans le respect de son « être » et de sa dignité. Qu’à cela ne tienne, nos communes ont besoin d’un niveau d’engagement exigeant car désintéressé.
Quels discours et représentations d’un monde et d’une société juste peut-on donner au Sénégal ?
2 – POURQUOI UN TEL ARTICLE ?
Il s’agit de conjurer les tristes effets d’une histoire tronquée en s’appuyant sur une démarche qui dégraisse l’histoire et le vécu des pesanteurs de la légende et des récits inventés car fantasmés afin de consolider « le mieux-vivre ensemble ».
On ne peut que s’agacer publiquement lorsque s’organisent et se véhiculent des discours de « surestimation de soi » au détriment des valeurs qui fondent la République. Une telle conduite tente d’opposer à ceux qui en sont exclus un constat d’impuissance qui produit, en filigrane, un sentiment de résistance.
Ma préoccupation était de rapporter le fait social discriminatoire aux logiques de domination qui le fondent. En tant que chercheur mon rôle est de restituer l’état des faits sociaux, des relations qui sont le produit de notre société dans laquelle il convient de sortir des discours oppressants, des discours complètement déconnectés des évolutions du monde et de la société postmoderne.
L’arbitraire, les humiliations, les dominations et les injustices vécus par le Peuple noir en Afrique du Sud, en Europe et aux Amériques ne peuvent être reproduits par des sénégalais contre des sénégalais, par des noirs contre des noirs. C’est de l’ordre de la démence qu’un noir s’estime supérieur à un autre noir, qu’un être humain s’estime supérieur à un autre être humain : cela frise plus que « l’inconscient ». S’agacer contre de tels discours et conduites ne suffit pas. Il faut les combattre avec véhémence car les souffrances historiques du Peuple noir sont une réalité incontestable tout comme les juifs et les arméniens.
Les tenants des discours discriminatoires incarnent des pesanteurs qui tirent le Sénégal, que dis-je et l’Afrique, vers le bas.
Dans ces travaux remarquables, John BOWLBY (1907-1990), célèbre psychanalyste anglais a donné un contenu clinique à de telles conduites qui sont liées aux carences affectives de soins maternels chez certains. Ce sont des personnes qui ont eu une enfance malheureuse, infériorisée, délaissée et qui ont évolué dans un entourage haineux.
C’est dans ce même ordre d’idées qu’il faut comprendre l’incontestable richesse des travaux de Hannah ARENDT (1906-1975), philosophe allemande naturalisée américaine qui a analysé les conditions d’émergence des totalitarismes jusque dans ses facettes génocidaires.
Qu’on ne s’y trompe pas ce sont donc des discours discriminatoires et haineux qui avaient fait pousser la petite moustache hitlérienne. En Afrique, en Europe et dans le reste du monde, les nazillons reproduisent des discours et pratiques discriminatoires. Les discours de « surestimation de soi » n’en sont qu’une étape.
En soi, notre rapport à l’histoire des relations humaines doit être différent de celui des générations qui nous ont mis à genoux par leurs discours et pratiques discriminatoires. Ce fut un des motifs de combat pour Nelson MANDELA, Martin LUTHER KING, Aimé CESAIRE, Olympe DE GOUZE, Jean JAURES.
En déconstruisant le champ de l’objet, l’article aide à réfléchir sur la fragilité humaine et dévoile le jeu de construction des légendes improductives. Il convient de sortir de la charge émotionnelle que peut générer l’article pour entrer dans le fond du débat.
Au Fouta, toutes les dynasties ont régné. Aucune dynastie n’est plus légitime qu’une autre. Chaque famille à Mboumba est rattachée à une dynastie régnante. Certes le règne des Denyanké, a été le plus long : de Koly Aly Tenguella BA à Boubacar Fatimata en passant par l’incontournable Souley NDIAYE II, ascendant de Ciré Souley, lui-même père de Sadel Ciré.
Fief du Professeur Samba TRAORE et de Maître Demba Ciré BATHILLY, la zone de Gajaga n’a jamais été absente et a participé, comme les autres contées du pays, à ces temps forts de l’histoire du Sénégal.
Au Fouta comme ailleurs dans le Sénégal, des confrontations entre différentes dynasties ont eu lieu. Ces confrontations se sont traduites par la suite par des mariages inter-dynastiques entre peul, sérer, manding, ouolof, sarakollé etc. Une parentalisation qui s’est traduite également par la parenté à plaisanterie entre toutes les composantes de la société sénégalaise. Ce qui a permis de cimenter la NATION, « ce commun vouloir de vie commune», expression chère à Ernest RENAN.
CONCLUSION
Vous l’avez compris, il faut regarder l’histoire du Fouta et du Sénégal sans le voile des illusions. C’est en regardant le
monde en face qu’on peut agir sur lui. Dans l’intérêt du Sénégal et pour le respect des sénégalais, il ne faut avoir aucune complaisance ni connivence pour toutes les formes d’injustices : construire les ponts de la liberté et de la dignité humaine est ma préoccupation. « La liberté est incompatible avec le repos. Il faut opter » disait Jean-Jacques ROUSSEAU. En effet, c’est au prix de la lutte et de la résistance contre l’apathie que « le champ de l’histoire demeurera un champ d’honneur ». Ce qui compte aujourd’hui ce sont les valeurs de la République et c’est tant mieux !
Ibra Ciré NDIAYE
Docteur en droit
Anthropologue du droit
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Il y a un conflit de valeurs entre la communalisation du fait du décret n°2008-748 du 10 juillet 2008 et la frustration existentielle liée à une désespérance sociale à peine voilée et perceptible à Mboumba et dans d’autres communes du Sénégal.
En instituant la communalisation, les pouvoirs publics ont franchi une étape hautement positive dans la construction et la consolidation de la nation et de la République sénégalaises. L’administration d’une commune ne doit pas être que dans la simple gestion ; elle doit aussi se projeter dans la cohésion sociale et la maîtrise des évolutions de la société. Jamais distrait par des aspects secondaires, l’édile de Mboumba, qui ne doit rien à personne, s’y emploie avec une probité indispensable à l’exercice d’un mandat politique. En agissant ainsi, la commune est libérée des pulsions irrégulières de la tentation.
Le décret n°2008-748 du 10 juillet 2008 a ouvert de nouvelles portes nous questionnant sur nous-mêmes et sur les rapports à l’altérité. Nous devons inverser le regard que nous portons sur « l’autre » dans le respect de son « être » et de sa dignité. Qu’à cela ne tienne, nos communes ont besoin d’un niveau d’engagement exigeant car désintéressé.
Quels discours et représentations d’un monde et d’une société juste peut-on donner au Sénégal ?
2 – POURQUOI UN TEL ARTICLE ?
Il s’agit de conjurer les tristes effets d’une histoire tronquée en s’appuyant sur une démarche qui dégraisse l’histoire et le vécu des pesanteurs de la légende et des récits inventés car fantasmés afin de consolider « le mieux-vivre ensemble ».
On ne peut que s’agacer publiquement lorsque s’organisent et se véhiculent des discours de « surestimation de soi » au détriment des valeurs qui fondent la République. Une telle conduite tente d’opposer à ceux qui en sont exclus un constat d’impuissance qui produit, en filigrane, un sentiment de résistance.
Ma préoccupation était de rapporter le fait social discriminatoire aux logiques de domination qui le fondent. En tant que chercheur mon rôle est de restituer l’état des faits sociaux, des relations qui sont le produit de notre société dans laquelle il convient de sortir des discours oppressants, des discours complètement déconnectés des évolutions du monde et de la société postmoderne.
L’arbitraire, les humiliations, les dominations et les injustices vécus par le Peuple noir en Afrique du Sud, en Europe et aux Amériques ne peuvent être reproduits par des sénégalais contre des sénégalais, par des noirs contre des noirs. C’est de l’ordre de la démence qu’un noir s’estime supérieur à un autre noir, qu’un être humain s’estime supérieur à un autre être humain : cela frise plus que « l’inconscient ». S’agacer contre de tels discours et conduites ne suffit pas. Il faut les combattre avec véhémence car les souffrances historiques du Peuple noir sont une réalité incontestable tout comme les juifs et les arméniens.
Les tenants des discours discriminatoires incarnent des pesanteurs qui tirent le Sénégal, que dis-je et l’Afrique, vers le bas.
Dans ces travaux remarquables, John BOWLBY (1907-1990), célèbre psychanalyste anglais a donné un contenu clinique à de telles conduites qui sont liées aux carences affectives de soins maternels chez certains. Ce sont des personnes qui ont eu une enfance malheureuse, infériorisée, délaissée et qui ont évolué dans un entourage haineux.
C’est dans ce même ordre d’idées qu’il faut comprendre l’incontestable richesse des travaux de Hannah ARENDT (1906-1975), philosophe allemande naturalisée américaine qui a analysé les conditions d’émergence des totalitarismes jusque dans ses facettes génocidaires.
Qu’on ne s’y trompe pas ce sont donc des discours discriminatoires et haineux qui avaient fait pousser la petite moustache hitlérienne. En Afrique, en Europe et dans le reste du monde, les nazillons reproduisent des discours et pratiques discriminatoires. Les discours de « surestimation de soi » n’en sont qu’une étape.
En soi, notre rapport à l’histoire des relations humaines doit être différent de celui des générations qui nous ont mis à genoux par leurs discours et pratiques discriminatoires. Ce fut un des motifs de combat pour Nelson MANDELA, Martin LUTHER KING, Aimé CESAIRE, Olympe DE GOUZE, Jean JAURES.
En déconstruisant le champ de l’objet, l’article aide à réfléchir sur la fragilité humaine et dévoile le jeu de construction des légendes improductives. Il convient de sortir de la charge émotionnelle que peut générer l’article pour entrer dans le fond du débat.
Au Fouta, toutes les dynasties ont régné. Aucune dynastie n’est plus légitime qu’une autre. Chaque famille à Mboumba est rattachée à une dynastie régnante. Certes le règne des Denyanké, a été le plus long : de Koly Aly Tenguella BA à Boubacar Fatimata en passant par l’incontournable Souley NDIAYE II, ascendant de Ciré Souley, lui-même père de Sadel Ciré.
Fief du Professeur Samba TRAORE et de Maître Demba Ciré BATHILLY, la zone de Gajaga n’a jamais été absente et a participé, comme les autres contées du pays, à ces temps forts de l’histoire du Sénégal.
Au Fouta comme ailleurs dans le Sénégal, des confrontations entre différentes dynasties ont eu lieu. Ces confrontations se sont traduites par la suite par des mariages inter-dynastiques entre peul, sérer, manding, ouolof, sarakollé etc. Une parentalisation qui s’est traduite également par la parenté à plaisanterie entre toutes les composantes de la société sénégalaise. Ce qui a permis de cimenter la NATION, « ce commun vouloir de vie commune», expression chère à Ernest RENAN.
CONCLUSION
Vous l’avez compris, il faut regarder l’histoire du Fouta et du Sénégal sans le voile des illusions. C’est en regardant le
monde en face qu’on peut agir sur lui. Dans l’intérêt du Sénégal et pour le respect des sénégalais, il ne faut avoir aucune complaisance ni connivence pour toutes les formes d’injustices : construire les ponts de la liberté et de la dignité humaine est ma préoccupation. « La liberté est incompatible avec le repos. Il faut opter » disait Jean-Jacques ROUSSEAU. En effet, c’est au prix de la lutte et de la résistance contre l’apathie que « le champ de l’histoire demeurera un champ d’honneur ». Ce qui compte aujourd’hui ce sont les valeurs de la République et c’est tant mieux !
Ibra Ciré NDIAYE
Docteur en droit
Anthropologue du droit
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne