Le Conseil présidentiel sur le développement des régions de Kédougou, Kaolack, Kaffrine et Fatick, a déjà vu le Chef de l’état fixer un nouveau cap, dans le sens d’une prise en charge inclusive de l’épineuse question liée à l’émigration des jeunes et par ricochet, leur insertion dans le marché de l’emploi.
La temporalité d’une telle mesure, pose problème, d’une part au vu de l’ancienneté des problématiques sous-jacentes à ces phénomènes migratoires et d’autre part, sur le temps qu’il faudrait pour mettre en œuvre à minima les premières mesures conservatoires. Le temps de la réflexion stratégique n’est-elle pas derrière nous ? Depuis les premières vagues meurtrières de 2006, notre pays a systématiquement voulu passer sous le tapis de véritables problèmes et nous voilà rattrapés par l’histoire.
Le dernier rapport de l’ANSD, confirme ces tendances de fond, dont les premières harmoniques furent traitées par un mépris collectif. De lourdes tendances alors, de nature à remettre en cause les trajectoires de nos politiques publiques.
D’abord les flux migratoires internes faisant des départements de Mbacké et Rufisque (+68%) des "zones en expansion ultra-rapide" ou des "agglomérations à croissance démographique accélérée", n’ont vraisemblablement fait l’objet de prévisions sérieuses, du point de vue des infrastructures. Ensuite, le ratio jeune de la population à moins de 19 ans (+50%), avec une prédominance de la composante 15-24 ans, explique en partie toute la tension et les velléités belligérantes notées au cours de ces dernières années. Enfin, le profil du secteur agricole avec de nouvelles tendances liées au nombre de familles agricoles, caractéristiques des difficultés qu’éprouvent notre pays à provoquer l’exode urbain devant rétablir les équilibres socio-économiques entre régions.
Au bout de quelques itérations, on serait tenté de dresser une liste complémentaire de phénomènes à très haut risque que notre pays se doit de surveiller : par exemple, le degré d’addiction des jeunes à la drogue, le nombre d’enfants ayant grandi dans des familles monoparentales, conséquences directes des records de divorces constatés par les structures compétentes, la vulnérabilité des itinéraires professionnels choisis par notre jeunesse, dont il suffit tout simplement d’arpenter les ruelles de nos grandes villes, pour se rendre compte à quel point cette jeunesse, souvent non scolarisée, est en train de dévier dangereusement des cursus traditionnels de formation en mécanique, menuiserie, maçonnerie, pêche etc., pour s’improviser une carrière de « Jakarta man».
Dieu sait que quelques petites années plus tard, une fois devenus mariés et pères de familles, il leur faudra se convaincre des limites de cette profession. Il serait peut-être, trop tard pour eux d’aller apprendre un métier. Entre-temps, les impératifs de familles n’attendent plus et donc, les voilà, ces pauvres et braves jeunes frères dans un piège, face à une équation délicate, qui malencontreusement, pourrait pousser la plus part à envisager des raccourcis trop risqués !
L’état se devant ainsi d’avoir à la fois un œil et sur l’accomplissement du processus d’émergence et sur le pourrissement de ce dernier, pas sur un des deux seulement (...). Autrement dit, nos politiques publiques doivent, regarder celles et ceux d’entre nous, que personne ne regarde. Que l’Etat fasse siennes leurs souffrances, peines et douleurs, car à force de n’être pas regardés, ils deviendront des points de vulnérabilités pour notre communauté. L’Amiral Olivier Lajous disait à ce propos, « une chaîne n’a que la force de son maillon le plus faible. »
L’acuité avec laquelle l’ensemble de ces phénomènes de société, se pose à notre pays, appelle en chacun de nous, une meilleure implication depuis les cellules de base de notre société. Ils nous rappellent nos responsabilités à surveiller et combattre les racines du mal, enfin ces situations nous apprennent, toutes choses égales par ailleurs, qu’il n’y a qu’une seule voie à emprunter pour notre pays : Une stratégie de masse en faveur de la formation professionnelle assortie d’une politique d’industrialisation à grande échelle. C’est uniquement avec ces virages à gros potentiel de main d’œuvre que nous parviendrons à faire bénéficier durablement aux Sénégalais le potentiel naturel, qui est censé leur apporter un mieux-être socio-économique.
Dans un horizon très proche nos pays devront s’engager dans la perspective des industries naissantes (exemple des FinTech ou des véhicules électriques ), à l’image du Maroc (4,8%), pays d’Afrique à avoir le mieux réussi à faire reculer la pauvreté, sans pétrole, ni gaz. Tout simplement parce que le Maroc a vite fait de s’investir dans la valorisation de ses ressources en minéraux précieux, à travers un processus de transformation local du Phosphate en engrais, ou du lithium/ cobalt pour les batteries véhicules. En revanche, du fait d’un très faible niveau d’industrialisation, la RDC avec 63,8% d’indice de pauvreté, se fait tristement distinguer malgré des ressources prisées par les grandes puissances du monde.
Au crible de tous ces phénomènes de société et enjeux de développement qui semblent aujourd’hui, dominer notre capacité collective à agir, en « Un Seul Peuple, Un But Unique et d’une Seule Foi en l’avenir », il est plus que jamais crucial de préserver le cadre partagé, jusque-là garant des équilibres de notre modèle social. Outre mesure, nous envoyons directement à la poudrières, les couches vulnérables de notre structure sociale. Et si nous n’en prenons pas garde, cet unanimisme béant, voulant faire de nous une nation fataliste, dont les enfants finiront par baisser les bras, car se disant ne plus être en capacité d’agir sur le cours actuel des choses, finira par avoir raison sur notre histoire de pays conquérant. Notre jeunesse, oubliant son héritage guerrier, ne trouverait d’autre alternative que de s’abandonner dans un hasardeux pacte, avec les démons de l’Océan Atlantique.
Hélas ! Ce n’est ni plus ni moins qu’une idée désespérante.. C’est une nouvelle crise de l’initiative (après celle de l’autorité) et il ne peut rien arriver de pire à la jeunesse de notre pays. C’est pourquoi, il est devenu urgent et important à la fois, que nous nous arrêtions un instant pour se dire du blanc des yeux : « C’est maintenant qu’il nous faut TOUS agir, demain il serait tard ».
Ö vous , leaders d’opinion et jeunes intellectuels, il se pourrait que vous nourrissiez des réserves par rapport à cette «option du désespoir » parfois réelle, parfois fantasmée par les plus jeunes, toujours est-il que le moment est venu pour vous de prendre la parole. Admettant d’emblée, qu’il faille aujourd’hui plus que jamais, leur accorder du temps et de l’écoute, ne méprisons pas toute la pertinence qu’ils seraient tentés de trouver à cet aventure. Il s’agit de respecter les espoirs que tant de Sénégalais ont pu d’une manière ou d’une autre, trouver dans ce que vous pourriez certainement qualifier d’illusion migratoire.
En revanche, il sera de notre responsabilité, après les avoir bien écoutés, de trouver les mots justes pour bien leur parler, leur parler avec beaucoup d’assurance et de responsabilité. Poussons-les vers la pente de l’illumination, aidons les à rallumer la flamme de l’espérance en perspective du plateau de la durabilité.
Engageons-les à ne plus jamais céder face aux complexités de la vie, invitons-les à se coucher chaque soir, avec le doute, mais surtout, se réveiller chaque matin, avec une foi terrible et une confiance en soi. Soyons critique mais bienveillant envers cette jeunesse, une majorité à qui nous devons une meilleure attention, il nous faudra d’ailleurs en renforcer les maillons faibles, en leur faisant apprendre que leur présence dans la communauté compte. Par la qualité du regard ou du geste, faisons passer toutes celles et ceux qui vivent les complexes de nos banlieues et localités reculées, d’une présence subie à une présence engagée dans la communauté.
Pour terminer, faisons nôtre cette phrase magique du professeur Souleymane Bachir Diagne : « Si le choix devait se poser entre l’optimisme ou une forme de naïveté et le cynisme-pessimiste, il faut bien choisir la naïveté».
Abdou Lahad Diakhaté
Leader d’opinion, acteur communautaire
La temporalité d’une telle mesure, pose problème, d’une part au vu de l’ancienneté des problématiques sous-jacentes à ces phénomènes migratoires et d’autre part, sur le temps qu’il faudrait pour mettre en œuvre à minima les premières mesures conservatoires. Le temps de la réflexion stratégique n’est-elle pas derrière nous ? Depuis les premières vagues meurtrières de 2006, notre pays a systématiquement voulu passer sous le tapis de véritables problèmes et nous voilà rattrapés par l’histoire.
Le dernier rapport de l’ANSD, confirme ces tendances de fond, dont les premières harmoniques furent traitées par un mépris collectif. De lourdes tendances alors, de nature à remettre en cause les trajectoires de nos politiques publiques.
D’abord les flux migratoires internes faisant des départements de Mbacké et Rufisque (+68%) des "zones en expansion ultra-rapide" ou des "agglomérations à croissance démographique accélérée", n’ont vraisemblablement fait l’objet de prévisions sérieuses, du point de vue des infrastructures. Ensuite, le ratio jeune de la population à moins de 19 ans (+50%), avec une prédominance de la composante 15-24 ans, explique en partie toute la tension et les velléités belligérantes notées au cours de ces dernières années. Enfin, le profil du secteur agricole avec de nouvelles tendances liées au nombre de familles agricoles, caractéristiques des difficultés qu’éprouvent notre pays à provoquer l’exode urbain devant rétablir les équilibres socio-économiques entre régions.
Au bout de quelques itérations, on serait tenté de dresser une liste complémentaire de phénomènes à très haut risque que notre pays se doit de surveiller : par exemple, le degré d’addiction des jeunes à la drogue, le nombre d’enfants ayant grandi dans des familles monoparentales, conséquences directes des records de divorces constatés par les structures compétentes, la vulnérabilité des itinéraires professionnels choisis par notre jeunesse, dont il suffit tout simplement d’arpenter les ruelles de nos grandes villes, pour se rendre compte à quel point cette jeunesse, souvent non scolarisée, est en train de dévier dangereusement des cursus traditionnels de formation en mécanique, menuiserie, maçonnerie, pêche etc., pour s’improviser une carrière de « Jakarta man».
Dieu sait que quelques petites années plus tard, une fois devenus mariés et pères de familles, il leur faudra se convaincre des limites de cette profession. Il serait peut-être, trop tard pour eux d’aller apprendre un métier. Entre-temps, les impératifs de familles n’attendent plus et donc, les voilà, ces pauvres et braves jeunes frères dans un piège, face à une équation délicate, qui malencontreusement, pourrait pousser la plus part à envisager des raccourcis trop risqués !
L’état se devant ainsi d’avoir à la fois un œil et sur l’accomplissement du processus d’émergence et sur le pourrissement de ce dernier, pas sur un des deux seulement (...). Autrement dit, nos politiques publiques doivent, regarder celles et ceux d’entre nous, que personne ne regarde. Que l’Etat fasse siennes leurs souffrances, peines et douleurs, car à force de n’être pas regardés, ils deviendront des points de vulnérabilités pour notre communauté. L’Amiral Olivier Lajous disait à ce propos, « une chaîne n’a que la force de son maillon le plus faible. »
L’acuité avec laquelle l’ensemble de ces phénomènes de société, se pose à notre pays, appelle en chacun de nous, une meilleure implication depuis les cellules de base de notre société. Ils nous rappellent nos responsabilités à surveiller et combattre les racines du mal, enfin ces situations nous apprennent, toutes choses égales par ailleurs, qu’il n’y a qu’une seule voie à emprunter pour notre pays : Une stratégie de masse en faveur de la formation professionnelle assortie d’une politique d’industrialisation à grande échelle. C’est uniquement avec ces virages à gros potentiel de main d’œuvre que nous parviendrons à faire bénéficier durablement aux Sénégalais le potentiel naturel, qui est censé leur apporter un mieux-être socio-économique.
Dans un horizon très proche nos pays devront s’engager dans la perspective des industries naissantes (exemple des FinTech ou des véhicules électriques ), à l’image du Maroc (4,8%), pays d’Afrique à avoir le mieux réussi à faire reculer la pauvreté, sans pétrole, ni gaz. Tout simplement parce que le Maroc a vite fait de s’investir dans la valorisation de ses ressources en minéraux précieux, à travers un processus de transformation local du Phosphate en engrais, ou du lithium/ cobalt pour les batteries véhicules. En revanche, du fait d’un très faible niveau d’industrialisation, la RDC avec 63,8% d’indice de pauvreté, se fait tristement distinguer malgré des ressources prisées par les grandes puissances du monde.
Au crible de tous ces phénomènes de société et enjeux de développement qui semblent aujourd’hui, dominer notre capacité collective à agir, en « Un Seul Peuple, Un But Unique et d’une Seule Foi en l’avenir », il est plus que jamais crucial de préserver le cadre partagé, jusque-là garant des équilibres de notre modèle social. Outre mesure, nous envoyons directement à la poudrières, les couches vulnérables de notre structure sociale. Et si nous n’en prenons pas garde, cet unanimisme béant, voulant faire de nous une nation fataliste, dont les enfants finiront par baisser les bras, car se disant ne plus être en capacité d’agir sur le cours actuel des choses, finira par avoir raison sur notre histoire de pays conquérant. Notre jeunesse, oubliant son héritage guerrier, ne trouverait d’autre alternative que de s’abandonner dans un hasardeux pacte, avec les démons de l’Océan Atlantique.
Hélas ! Ce n’est ni plus ni moins qu’une idée désespérante.. C’est une nouvelle crise de l’initiative (après celle de l’autorité) et il ne peut rien arriver de pire à la jeunesse de notre pays. C’est pourquoi, il est devenu urgent et important à la fois, que nous nous arrêtions un instant pour se dire du blanc des yeux : « C’est maintenant qu’il nous faut TOUS agir, demain il serait tard ».
Ö vous , leaders d’opinion et jeunes intellectuels, il se pourrait que vous nourrissiez des réserves par rapport à cette «option du désespoir » parfois réelle, parfois fantasmée par les plus jeunes, toujours est-il que le moment est venu pour vous de prendre la parole. Admettant d’emblée, qu’il faille aujourd’hui plus que jamais, leur accorder du temps et de l’écoute, ne méprisons pas toute la pertinence qu’ils seraient tentés de trouver à cet aventure. Il s’agit de respecter les espoirs que tant de Sénégalais ont pu d’une manière ou d’une autre, trouver dans ce que vous pourriez certainement qualifier d’illusion migratoire.
En revanche, il sera de notre responsabilité, après les avoir bien écoutés, de trouver les mots justes pour bien leur parler, leur parler avec beaucoup d’assurance et de responsabilité. Poussons-les vers la pente de l’illumination, aidons les à rallumer la flamme de l’espérance en perspective du plateau de la durabilité.
Engageons-les à ne plus jamais céder face aux complexités de la vie, invitons-les à se coucher chaque soir, avec le doute, mais surtout, se réveiller chaque matin, avec une foi terrible et une confiance en soi. Soyons critique mais bienveillant envers cette jeunesse, une majorité à qui nous devons une meilleure attention, il nous faudra d’ailleurs en renforcer les maillons faibles, en leur faisant apprendre que leur présence dans la communauté compte. Par la qualité du regard ou du geste, faisons passer toutes celles et ceux qui vivent les complexes de nos banlieues et localités reculées, d’une présence subie à une présence engagée dans la communauté.
Pour terminer, faisons nôtre cette phrase magique du professeur Souleymane Bachir Diagne : « Si le choix devait se poser entre l’optimisme ou une forme de naïveté et le cynisme-pessimiste, il faut bien choisir la naïveté».
Abdou Lahad Diakhaté
Leader d’opinion, acteur communautaire