Ainsi, le Brésil forme avec la Russie, l'Inde et la Chine, les pays du BRIC, ce concept crée en 2001 par l'économiste en chef de Goldman Sachs, Jim O'Neill, pour parler de ces « nouveaux pôles du monde » qui hébergent à eux quatre, la moitié de la population mondiale qui est de 6 milliards de personnes et le tiers des ressources mondiales.
Par où le Brésil est-il passé pour nous laisser, nous autres pays d'Afrique, surtout au Sud du Sahara, sur le carreau ? Qu'à réussi le Brésil que nous (Etats africains) n'avions pas tenté ? Faut -il pour l'Afrique, s'inspirer du modèle BRIC de développement, qui est une entité quadrangulaire sans contenu politique où l'Economie est au cœur du débat ? Ou alors, continuer à coopérer dans des cadres institutionnels où la Politique est au début et à la fin de Tout ? L'Afrique (s') est-elle condamnée à construire son développement économique et son progrès social sur les préceptes de l'idéologie libérale occidentale et de son éthique protestante?
S'il y a un modèle à s'inspirer pour l'Afrique, il peut bien être celui du Brésil, qui a su combiner ses choix macroéconomiques avec des politiques publiques de promotion de l'égalité sociale et de justice économique. Et pour cause Juscelino Kubitschek de Oliveira, Président de la République du Brésil du 31 janvier 1956 au 31 janvier 1961 avait assuré aux brésiliens "50 ans de progrès en 5 ans", en construisant de nulle part, la nouvelle capitale Brasilia, dont le but était d'attirer vers l'intérieur des terres, la population et l'activité économique, alors essentiellement concentrée dans les grandes villes côtières. Comme au Sénégal. En Afrique de l'Ouest, le président ivoirien Houphouët osa et la Côte d'Ivoire eut Yamoussoukro. Au Sénégal, le président Wade y pensa (La Nouvelle capitale) mais laissera dormir le projet. Sinon, presque partout en Afrique, nos Etats vivent sur une sorte de rente infrastructurelle. Là- bas (Brésil), on a pensé aux prochaines générations. Ici (Afrique), on pense aux prochaines élections.
Pour la seconde année consécutive, le Brésil est désigné champion de la lutte contre la pauvreté par l'ONG ActionAid, grâce notamment à son programme «Bourse -Famille», des aides mensuelles de 61 réais par mois (environ 16 000francs Cfa), qui a permis aujourd'hui à 11 millions de familles, soit plus de 40 millions de personnes sur les 192 759 333 brésiliens, de sortir de l'extrême pauvreté. Cette aide a permis de faire reculer la malnutrition de 73% entre 2003 et 2008. En dix années (2002-2010), le Gouvernement de Lula Da Silva, au prix de réformes fortes, a permis aujourd'hui au Brésil, de quitter le stade de pays émergeant pour devenir un pays émergé. En quoi faisant ? En s'appuyant sur une pression fiscale représentant 36,5% du PIB contre 26,5 en 1995 (la plus forte dans la région) ; une politique interventionniste réfléchie de l'Etat dans le secteur marchand avec à titre d'exemple, la recapitalisation de Petrobras « 2éme mondial derrière Exxon » (la plus grande recapitalisation jamais réalisée de par le monde) à hauteur de 70 milliards de dollars Us, entre autres mesures , ont permis à l'Etat brésilien, dans une logique de croissance distributive, vers le bas (trickle down), de faire quitter 28 millions de brésiliens, de la classe pauvre pour la classe moyenne ( en accédant au travail salarié, en devenant propriétaire foncier, en disposant d'équipements électroménagers et de commodités pratiques «véhicules, ordinateurs »). A l'opposé, dans l'espace Uemoa, on assiste à une mauvaise répartition des richesses de la Nation, à une croissance vers le haut (trickle up) qui fait que les riches (partisans d'un quelconque système en place), deviennent de plus en plus riches, la classe moyenne bascule dans la pauvreté et les pauvres deviennent on ne peut plus pauvres, exclus et marginalisés.
Ce que ce peuple latino a aspiré, le Président Lula l'a senti, compris et déroulé et le Brésil l'a réussi. Pour qu'un Etat puisse passer d'une étape ( économique) à une autre sans brûler le feu et sans prendre de dangereux raccourcis (crise civilo-politico-militaire), il doit favoriser et promouvoir les conditions d'élargissement et de consolidation d'une classe moyenne (nationale), qui est appelée à jouer un rôle de tampon entre la classe des riches et celle des pauvres, en tirant ceux d'en bas vers le haut. Et ce que la plupart des pouvoirs publics en Afrique de l'Ouest francophone n'ont pas encore réussi. Ceci, depuis les Programmes d'ajustements structurels.
Résultat des courses, au moment où au Brésil, le sujet « La Politique » et la matière Electorale ne sont qu'un (simple) temps fort de la vie de la Nation, chez nous (Sénégal, Côte d'Ivoire, Niger, Guinée Conakry, Togo, Bénin etc..….), la chose Politique (la course à la conquête du pouvoir politique et étatique) devient une sinécure et non plus un sacerdoce. La Politique (politicienne) infecte tout le corps du débat et est au cœur de tout enjeu. Devenant du coup, une question de vie ou de mort de part et d'autres des acteurs devenus protagonistes, à la limite ennemis. Là bas, Lula transmet le pouvoir politique en dansant la Samba et le Tango. Ici en Afrique, le pouvoir est au bout des fusils ou des invectives, des calomnies et des diatribes. Ah Afrique, Pauvre de nous ! Si par exemple aux Etats-unis, la Politique précède l'Economie, qu'en Asie, la Chine a su acheter le serpent dans son trou sans qu'il le morde ( en adoptant l'économie libérale mais en maintenant son appareil d'Etat communiste), en Afrique et en Amérique latine, cela reste et demeure l'Economie d'abord, la Politique ensuite. Le Brésil l'a accepté. L'Afrique le refuse toujours.
Mohamadou SY « Siré»
Journaliste-économiste / siresy@gmail.com
Par où le Brésil est-il passé pour nous laisser, nous autres pays d'Afrique, surtout au Sud du Sahara, sur le carreau ? Qu'à réussi le Brésil que nous (Etats africains) n'avions pas tenté ? Faut -il pour l'Afrique, s'inspirer du modèle BRIC de développement, qui est une entité quadrangulaire sans contenu politique où l'Economie est au cœur du débat ? Ou alors, continuer à coopérer dans des cadres institutionnels où la Politique est au début et à la fin de Tout ? L'Afrique (s') est-elle condamnée à construire son développement économique et son progrès social sur les préceptes de l'idéologie libérale occidentale et de son éthique protestante?
S'il y a un modèle à s'inspirer pour l'Afrique, il peut bien être celui du Brésil, qui a su combiner ses choix macroéconomiques avec des politiques publiques de promotion de l'égalité sociale et de justice économique. Et pour cause Juscelino Kubitschek de Oliveira, Président de la République du Brésil du 31 janvier 1956 au 31 janvier 1961 avait assuré aux brésiliens "50 ans de progrès en 5 ans", en construisant de nulle part, la nouvelle capitale Brasilia, dont le but était d'attirer vers l'intérieur des terres, la population et l'activité économique, alors essentiellement concentrée dans les grandes villes côtières. Comme au Sénégal. En Afrique de l'Ouest, le président ivoirien Houphouët osa et la Côte d'Ivoire eut Yamoussoukro. Au Sénégal, le président Wade y pensa (La Nouvelle capitale) mais laissera dormir le projet. Sinon, presque partout en Afrique, nos Etats vivent sur une sorte de rente infrastructurelle. Là- bas (Brésil), on a pensé aux prochaines générations. Ici (Afrique), on pense aux prochaines élections.
Pour la seconde année consécutive, le Brésil est désigné champion de la lutte contre la pauvreté par l'ONG ActionAid, grâce notamment à son programme «Bourse -Famille», des aides mensuelles de 61 réais par mois (environ 16 000francs Cfa), qui a permis aujourd'hui à 11 millions de familles, soit plus de 40 millions de personnes sur les 192 759 333 brésiliens, de sortir de l'extrême pauvreté. Cette aide a permis de faire reculer la malnutrition de 73% entre 2003 et 2008. En dix années (2002-2010), le Gouvernement de Lula Da Silva, au prix de réformes fortes, a permis aujourd'hui au Brésil, de quitter le stade de pays émergeant pour devenir un pays émergé. En quoi faisant ? En s'appuyant sur une pression fiscale représentant 36,5% du PIB contre 26,5 en 1995 (la plus forte dans la région) ; une politique interventionniste réfléchie de l'Etat dans le secteur marchand avec à titre d'exemple, la recapitalisation de Petrobras « 2éme mondial derrière Exxon » (la plus grande recapitalisation jamais réalisée de par le monde) à hauteur de 70 milliards de dollars Us, entre autres mesures , ont permis à l'Etat brésilien, dans une logique de croissance distributive, vers le bas (trickle down), de faire quitter 28 millions de brésiliens, de la classe pauvre pour la classe moyenne ( en accédant au travail salarié, en devenant propriétaire foncier, en disposant d'équipements électroménagers et de commodités pratiques «véhicules, ordinateurs »). A l'opposé, dans l'espace Uemoa, on assiste à une mauvaise répartition des richesses de la Nation, à une croissance vers le haut (trickle up) qui fait que les riches (partisans d'un quelconque système en place), deviennent de plus en plus riches, la classe moyenne bascule dans la pauvreté et les pauvres deviennent on ne peut plus pauvres, exclus et marginalisés.
Ce que ce peuple latino a aspiré, le Président Lula l'a senti, compris et déroulé et le Brésil l'a réussi. Pour qu'un Etat puisse passer d'une étape ( économique) à une autre sans brûler le feu et sans prendre de dangereux raccourcis (crise civilo-politico-militaire), il doit favoriser et promouvoir les conditions d'élargissement et de consolidation d'une classe moyenne (nationale), qui est appelée à jouer un rôle de tampon entre la classe des riches et celle des pauvres, en tirant ceux d'en bas vers le haut. Et ce que la plupart des pouvoirs publics en Afrique de l'Ouest francophone n'ont pas encore réussi. Ceci, depuis les Programmes d'ajustements structurels.
Résultat des courses, au moment où au Brésil, le sujet « La Politique » et la matière Electorale ne sont qu'un (simple) temps fort de la vie de la Nation, chez nous (Sénégal, Côte d'Ivoire, Niger, Guinée Conakry, Togo, Bénin etc..….), la chose Politique (la course à la conquête du pouvoir politique et étatique) devient une sinécure et non plus un sacerdoce. La Politique (politicienne) infecte tout le corps du débat et est au cœur de tout enjeu. Devenant du coup, une question de vie ou de mort de part et d'autres des acteurs devenus protagonistes, à la limite ennemis. Là bas, Lula transmet le pouvoir politique en dansant la Samba et le Tango. Ici en Afrique, le pouvoir est au bout des fusils ou des invectives, des calomnies et des diatribes. Ah Afrique, Pauvre de nous ! Si par exemple aux Etats-unis, la Politique précède l'Economie, qu'en Asie, la Chine a su acheter le serpent dans son trou sans qu'il le morde ( en adoptant l'économie libérale mais en maintenant son appareil d'Etat communiste), en Afrique et en Amérique latine, cela reste et demeure l'Economie d'abord, la Politique ensuite. Le Brésil l'a accepté. L'Afrique le refuse toujours.
Mohamadou SY « Siré»
Journaliste-économiste / siresy@gmail.com