Les combattants favorables au président reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara ont rapidement progressé mardi et mercredi vers le Sud et l'est ivoirien, arrivant jusqu'à Yamoussoukro, la capitale administrative.
"On voit les Forces républicaines circuler dans des 4X4 à travers la ville. Depuis un moment, on ne voit plus les FDS", les Forces de défense et de sécurité fidèles au président sortant Laurent Gbagbo, a déclaré une habitante de Yamoussokro jointe au téléphone. "J'ai vu plusieurs FDS abandonner leur véhicule et prendre la fuite après avoir retiré le haut de leur treillis", a ajouté un autre habitant.
Des tirs de kalachnikov ont toutefois été entendus en début d'après-midi et il n'est pas clair pour le moment si les combattants pro-Ouattara ont pris le contrôle de la totalité de la capitale, qui ne compte que 150.000 habitants mais est relativement étendue.
Le point sur les combats
Deux jours après le lancement de la vaste offensive des Forces républicaines favorables à Alassane Ouattara, et avant leur arrivée à Yamoussoukro, la capitale, plusieurs grandes villes sont tombées sous le contrôle des adversaires de Laurent Gbagbo, au fil des journées de mardi et mercredi.
Il s'agit deTiébissou, à 40 km plus au nord, et Soubré, à 130 km au nord de San Pedro (sud-ouest). ,Bondoukou (est), près de la frontière ghanéenne, Abengourou (sud-est) --une ville située à seulement 220 km au nord-est d'Abidjan--, Daloa (centre-ouest) et Duékoué (ouest), important carrefour stratégique menant à San Pedro, le plus important port d'exportation du cacao au monde, situé 300 km plus au sud.
C'est à Duékoué que les Forces républicaines, qui regroupent essentiellement l'ex-rébellion pro-Ouattara tenant le Nord depuis 2002, ont rencontré la plus vive résistance, les combats - à l'arme lourde notamment - ayant duré toute la journée de lundi et plusieurs heures mardi. L'organisation Amnesty International a fait état de 10 000 nouveaux réfugiés dans la mission catholique de Duékoué, qui avaient fui les combats. Dans la capitale économique ivoirienne Abidjan, la situation restait très tendue.
Le camp Ouattara a clairement choisi la force pour tenter de clore une crise post-électorale qui a fait plus de 460 morts selon l'ONU, et menace de faire basculer le premier exportateur mondial de cacao dans la guerre civile.
L'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France nommé par Alassane Ouattara, Ali Coulibaly, avait assuré mercredi matin sur France Inter que les forces du président ivoirien reconnu par la communauté internationale contrôlaient "les trois quarts" du pays et qu'elles feraient tout pour éviter la guerre civile.
Gbagbo demande un cessez-le-feu
"Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat et à l'ouverture du dialogue sous la médiation du haut représentant de l'Union africaine (UA)", a déclaré mardi soir à l'AFP le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello.
"Nous avons reçu un courrier de l'UA nous invitant à une négociation dans le cadre de l'UA, du 4 au 6 avril à Addis Abeba. On n'a pas encore répondu mais il n'y a pas de raison de refuser une occasion de dialoguer", a-t-il ajouté.
Mais avant même cette demande de fin des hostilités, Alassane Ouattara et ses alliés ont donné le ton: "Toutes les voies pacifiques pour amener Laurent Gbagbo à reconnaître sa défaite (à la présidentielle de novembre 2010) sont épuisées", ont-ils dit dans un communiqué.
Le camp Gbagbo toujours dénoncé par les Etats-Unis et l'Onuci
Le président américain Barack Obama a accusé mardi Laurent Gbagbo de se servir de "voyous" pour se maintenir indûment au pouvoir, dans un entretien à la télévision américaine NBC. L'Onuci a de son côté accusé "des forces loyales" au président sortant d'avoir "tiré sur des civils innocents" lundi dans le quartier de Williamsville, "faisant une dizaine de morts".
En outre, "un groupe de jeunes pro-Gbagbo ont imposé le supplice du pneu à un jeune homme brûlé vif dans le quartier de la Riviera. Un autre groupe a sauvagement agressé deux fonctionnaires de l'Onuci qui vaquaient à leurs occupations", a affirmé la force onusienne. Par ailleurs, un diplomate de l'ambassade de France à Abidjan a été pris à partie ce mardi à Abidjan, dans un quartier favorable au président sortant Laurent Gbagbo.
Le porte-parole du gouvernement Gbagbo a démenti ces informations, estimant qu'il s'agissait d'une "diversion" de l'Onuci. En parallèle, l'armée du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, confrontée à la rapide progression des forces de son rival Alassane Ouattara, va enrôler mercredi les nouvelles recrues inscrites la semaine dernière, selon un communiqué officiel lu sur la télévision d'Etat mardi soir.
L'EXPRESS