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Coupures d’électricité ou délestages : La productivité des entreprises en chute libre

Rédigé par leral.net le Vendredi 17 Novembre 2017 à 21:33 | | 0 commentaire(s)|

La performance économique des entreprises sénégalaises connaît une chute libre avec les délestages d’une durée moyenne de 5 heures par jour. Il a été constaté depuis quelques temps, après trois ans d’amélioration, un retour des coupures intempestives. Et, les pertes des entreprises sont évaluées à plusieurs millions de francs Cfa par jour. Enquête Leral…


Coupures d’électricité ou délestages : La productivité des entreprises en chute libre
Les coupures intempestives d’électricité ont une conséquence néfaste sur la performance économique des  petites et moyennes entreprises qui représentent 95% de l’économie du pays. S’il y a eu une amélioration durant ces trois dernières années, dans la fourniture d’électricité, les coupures ont fait surface ces deux derniers mois. Des coupures qui durent entre 1 heure et 5 heures de temps selon la zone concernée.
 
Ainsi, dans sa dernière note, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie avait relevé qu’au mois de septembre dernier, l’activité industrielle a été marquée par un recul de 0,6% des prix de production en rythme mensuel. Ladite agence a expliqué ce fléchissement par la baisse des prix dans les industries de production d’énergie de -4,4%.
 
Et, les résultats d’une autre étude, menée sur les conséquences des délestages sur les entreprises, réalisée par la Direction de la prévision et des études économiques du Ministère de l’économie et des finances révèlent que les manques à gagner consécutifs aux coupures sont évalués à 9,6 millions de francs Cfa par jour, dont 13,1 millions de francs Cfa pour les entreprises du secteur tertiaire contre 4,9 millions pour celles du secteur secondaire.
 
Auteur de plusieurs recherches sur la question, Dr Lassana Konaté, chercheur à l’université Alioune Diop de Bambey, estime que la capacité d’adaptation des entreprises au désagrément des coupures d’électricité, est tributaire de leurs capacités financières.
 
A l’en croire, l’électricité est la préoccupation majeure de de 57,6% des Pme. En plus, ajoute-t-il, 41% d’entre elles ont indiqué que la production s’arrêtait pendant les périodes de coupures d’électricité. « Une offre d’électricité fiable met les entreprises sur une trajectoire de croissance plus dynamique. Car, interférant moins avec les décisions d’investissement et d’embauche des Pme », a expliqué l’économiste.
 
Alors que les économistes du Ministère de l’économie, des finances et du plan soutiennent que le coût moyen des investissements en matériel pour faire face aux coupures d’électricité est ressorti à 147,2 millions francs Cfa par entreprise, soit en moyenne 61,2 millions francs Cfa pour le secondaire et 205,1 millions de francs pour le secteur tertiaire.
 
Tandis que les frais moyens mensuels en carburant, destiné au fonctionnement du matériel acquis pour pallier les coupures d’électricité s’élèvent à 4,6 millions francs Cfa par entreprise, soit 3,2 millions de francs Cfa pour les unités du secteur secondaire contre 5,7 millions francs Cfa pour le tertiaire. Sans compter les dépenses liées à l’entretien et au fonctionnement du matériel qui sont évaluées mensuellement, à 3,2 millions francs Cfa par entreprise.
 
Analysant la situation de la fourniture d’électricité dans le pays, Dr. Ibrahima Gassama, économiste du développement durable au gouvernement, parle d’un approvisionnement de l’électricité en dents de scie.

Tout en soulignant que pour un pays qui se veut émergent, la disponibilité de l’électricité en quantité suffisante, est un facteur incontournable. « La satisfaction de la demande en électricité est tellement importante dans le processus de développement, que plusieurs économistes pensent que son approvisionnement serait un indicateur sérieux pour mesurer le progrès économique d’un pays. La conjoncture mondiale favorable, caractérisée par le faible coût des hydrocarbures, devait être une belle occasion pour stabiliser les approvisionnements au Sénégal », a-t-il soutenu.
 
Sous ce registre, il indique que les ruptures d'approvisionnement sont tellement récurrentes qu’il faudrait davantage chercher à y trouver des solutions efficaces sur la gestion de l’offre et de la demande.
 
Sur ce, il propose d’initier des politiques incitatives d’efficacité énergétique, continuer de diversifier le mix énergétique, chercher d’autres sources d’énergie comme le biogaz et la biomasse. 
 
D’après lui, il serait difficile de faire du Sénégal un pays émergent, si ce secteur vital n’est pas stabilisé. « Selon, les déclarations du gouvernement, le secteur est désormais bien géré et serait générateur de surplus d’exploitation. Toutefois, sur le terrain, il reste encore que les approvisionnements sont loin du niveau qui satisfait la demande et qui ferait émerger le Sénégal. Les coupures régulières et intermittentes doivent faire l’objet d’une évaluation sérieuse sur la rentabilité et la compétitivité des entreprises au Sénégal. De cette manière, le pays serait plus outillé pour mesurer le chemin qui reste à parcourir pour cheminer vers l’émergence », a-t-il insisté. 
 
Ailleurs, l’étude menée par les services d’Amadou Ba, signale que des problèmes de trésorerie ont été cités par 15,4 % des entreprises du secteur informel comme la première difficulté à laquelle, elles sont confrontées, soit 96% de manière forte et 4% modérément.

 
O WADE Leral