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Covid-19 en Afrique: la CAOPA toujours dans la mobilisation pour combattre la pandémie


Rédigé par leral.net le Vendredi 14 Août 2020 à 14:38 | | 0 commentaire(s)|

La Confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (CAOPA) est toujours engagée dans la mobilisation pour combattre, voire éradiquer la maladie à la Covid-19 , qui continuant de faire des ravages en Afrique et dans le reste du monde, est en train de mettre à genoux l’économie mondiale, affectant ainsi le secteur des pêches, surtout celui du sous-secteur de la pêche artisanale.
Covid-19 en Afrique: la CAOPA toujours dans la mobilisation pour combattre la pandémie
Depuis que la pandémie du Covid-19 a touché les côtes africaines, la   CAOPA et ses membres se mobilisent. Début avril, dans une lettre adressée à l’Union africaine (UA) et aux gouvernements africains des 25 pays où cette organisation faitière compte des membres, ses responsables ont appelé les décideurs à prendre des mesures urgentes en consultation avec le secteur afin que les pêcheurs, mareyeurs et femmes transformatrices puissent poursuivre leurs activités.
 
En effet, le secteur des pêches est ‘’essentiel’’ pour la sécurité alimentaire de la population, et fournit, selon la FAO (Fonds des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture), ‘’plus de 10 millions d’emplois’’ aux hommes et aux femmes des communautés côtières africaines, rapporte la CAOPA qui en veut pour exemple, ‘’une pirogue pêchant les petits pélagiques au Sénégal peut employer une centaine de personnes de la capture jusqu’à l’assiette du consommateur’’.
 
‘’Les mesures prises pour lutter contre la pandémie s'avèrent de plus en plus difficiles pour les hommes et les femmes qui travaillent dans la pêche artisanale africaine’’, ont, pour la plupart, relevé les membres de la CAOPA, jeudi dernier, dans une rencontre virtuelle sur Zoom avec la Conférence ministérielle sur la coopération halieutique entre les Etats africains riverains de l'océan atlantique (COMHAFAT).
 
‘’Les restrictions imposées dans la plupart des pays africains aux rassemblements, à la circulation des personnes et des biens ainsi qu’à la fermeture des marchés traditionnels des produits issus de la pêche artisanale, rendent l'accès au poisson difficile pour les plus démunis’’, a-t-on signalé au cours de cette discussion virtuelle imposée par cette maladie jugée ‘’mystérieuse’’.
 
En raison du manque d'installations et d'équipements adéquats, le maintien de l'hygiène et les mesures sanitaires pour lutter contre l'épidémie est également compliqué à bord des embarcations, dans les sites de débarquement, les sites de transformation et autres marchés destinés à la commercialisation des produits issus de la pêche.
 
Par ailleurs, les discussions virtuelles ont fait ressortir que les femmes de la pêche artisanale africaine sont ‘’particulièrement touchées’’, car elles gagnent leur vie au jour le jour.
 
‘’Comment peuvent-elles mettre de la nourriture sur la table pour les personnes à leur charge lorsque leur activité de transformation est réduite par un couvre-feu ? Ou lorsque le confinement strict à la maison entrave leur accès aux matières premières ?’’, se sont interrogés les acteurs de la pêche artisanale membres des différentes structures qui composent la CAOPA.
 
A les en croire, les organisations professionnelles de la pêche artisanale ont pris des mesures. Et, dans de nombreux endroits du continent, elles sensibilisent sur les mesures d'hygiène et d'éloignement nécessaires que les travailleurs de la pêche doivent respecter. Dans certains cas, elles ont fourni des kits sanitaires préventifs à tous ceux qui sont actifs dans la chaîne de valeur de la pêche artisanale.
 
Les organisations professionnelles appellent ainsi les décideurs à trouver des moyens qui permettront à la pêche artisanale de poursuivre ses activités essentielles : ‘’soutien à la trésorerie, circuits de distribution du poisson, etc.’’.
 
Toutefois, il a été noté que la vétusté des installations et des outils tout au long de la chaîne de valeur, le manque d'installations sanitaires et de kits de prévention dans de nombreuses communautés de pêche artisanale reste un défi.
 
Pour la CAOPA, la crise de la COVID-19 doit être l’occasion de répondre aux défis existant depuis de longue date dans la pêche artisanale et d’améliorer, à long terme, les conditions d’hygiène et de travail des hommes et des femmes de la filière pêche.
 
Ainsi, pour améliorer les conditions de travail dans la filière pêche artisanale africaine, elle a fait savoir qu’il existe des instruments internationaux pour améliorer les conditions de travail du secteur de la pêche artisanale.
 
La rencontre virtuelle a évoqué les Directives volontaires de la FAO pour une pêche artisanale durable et le guide de cette institution onusienne (en développement) pour la durabilité sociale dans les chaînes de valeur pêche et aquaculture.
 
               La Convention 188 de l’OIT sur le travail dans la pêche
 
La Convention sur le travail dans la pêche, adoptée en 2007 par les représentants des gouvernements, des travailleurs et des employeurs au niveau de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a pour objectif d’’’assurer’’ que les pêcheurs bénéficient de ‘’conditions décentes’’ pour travailler à bord des navires de pêche en ce qui concerne les ‘’conditions minimales requises’’ pour le travail à bord, les conditions de service, le logement et l’alimentation, la protection de la sécurité et de la santé au travail, les soins médicaux et la sécurité sociale.
 
‘’Par rapport aux autres instruments de l’OIT portant sur la pêche, c’est la première fois qu’une convention englobe aussi bien la pêche artisanale continentale que maritime. La Convention inclut, dans son champ d’application, les grands et les petits bateaux, pontés ou non, et les pêcheurs à bord’’, explique-t-on au cours des débats virtuels.



Selon les débateurs de la CAOPA et leurs partenaires les pays qui ratifient la Convention de l’OIT devront élaborer des lois, règlements ou autres textes portant sur une série de points qui sont essentiels pour promouvoir des conditions de travail sûres et décentes dans la pêche artisanale, y compris, la ‘’Fixation d’un âge minimum’’, l’’Organisation d’un examen médical’’, l’’Elaboration de la liste d’équipage’’, les ‘’Conditions de rapatriement des pêcheurs’’, les ‘’Conditions de recrutement, de logement’’, les ‘’Conditions sanitaires à bord’’, la ‘’Fourniture d’alimentation et d’eau potable à bord’’, la ‘’Formation de membres d’équipage pour donner les premiers soins à bord’’, entre autres mesures.
 
La Convention prévoit une mise en œuvre progressive afin de donner à certains pays la possibilité de prendre plus de temps pour appliquer certaines dispositions pour certains types de bateaux. Cette disposition sera utile pour la pêche artisanale où beaucoup d’activités sont encore informelles.
 
‘’Cette approche de mise en œuvre progressive devrait faciliter la ratification de ce texte par les pays africains car elle prend en compte leurs difficultés à remplir toutes les obligations de la Convention du fait des insuffisances de leurs infrastructures et de leurs institutions’’, a-t-on retenu, entre autres, des panélistes de cette réunion virtuelle.
 
Pour que les pouvoirs publics soient ‘’vraiment capables’’ de faire respecter lois et règlements, il sera ‘’nécessaire’’, selon eux, de procéder à une ’’réorientation majeure’’ ou une ‘’rationalisation’’ des administrations chargées de la pêche, des affaires maritimes, de la sécurité des bateaux, du travail. Une telle évolution s’avère ‘’indispensable’’ pour aider les pays africains à adopter des mesures législatives pertinentes.
 
Quatre pays africains ont ratifié la Convention 188 de l’OIT sur le travail dans la pêche: le Congo (2014), l’Angola (2016), la Namibie (2018), le Sénégal (2018), nous a-t-on rappelé au cours de la rencontre électronique durant laquelle il a été fait les Directives volontaires de la FAO pour une pêche artisanale durable et le guide de la FAO pour la durabilité sociale dans les chaînes de valeur pêche et aquaculture.
 
Toutefois, il a été précisé que toute la chaîne de valeur de la pêche artisanale n’est pas couverte par la Convention 188 de l’OIT, en particulier les femmes du secteur.
 
En effet, les femmes de la pêche artisanale africaine, bien que présentes tout au long de la filière, sont en particulier ‘’actives’’ dans des activités à terre non couvertes par la Convention : le secteur de la transformation et de la commercialisation.
 
‘’Or, Aujourd’hui, on ne peut que constater, dans la plupart des pays africains, que les conditions de travail de ces femmes ne sont pas décentes : les transformatrices travaillent toute la journée dans la fumée, parfois au milieu des immondices, sans accès aux sanitaires, à l’eau potable ou à l’électricité. Souvent, leurs enfants en bas âge les accompagnent et vivent dans ces mêmes conditions inhumaines’’, regrettent les membres de la CAOPA pour qui l’amélioration des conditions de travail est une des ’préoccupations principales des femmes dans la pêche artisanale africaine’’.
 
Cette préoccupation a été prise en compte par les Directives volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l'éradication de la pauvreté, notamment dans les chapitres qui suivent.
 
             Développement social, emploi et travail décent
 
Dans ce chapitre du développement social et de l’emploi et du travail décent dans le secteur des pêches, les Directives volontaires de la FAO contiennent des indications concernant la situation socioéconomique des travailleurs et travailleuses du secteur de la pêche artisanale et de leurs communautés.
 
‘’Les États se doivent de promouvoir la protection des travailleurs du secteur de la pêche artisanale. Les États doivent soutenir la mise en place de services et d’accès aux services comme les systèmes d’épargne, de crédit et d’assurance, en veillant particulièrement à garantir l’accès des femmes à ces services. Il faut que les États prennent des mesures en vue de concrétiser progressivement le droit de travailler dans des conditions conformes aux normes internationales et nationales relatives aux droits humains’’, poursuit la CAOPA.
 
Toutes les parties s’efforcent de ‘’garantir’’ la prise en compte de la question de la santé et de la sécurité au travail comme faisant partie intégrante de la gestion des pêches et des initiatives de développement du secteur.
 
‘’Il faut que les États fassent le nécessaire, pour que, progressivement, les membres des communautés d’artisans pêcheurs aient accès à des conditions abordables à des services publics essentiels notamment des services d’assainissement indispensables sûrs et hygiéniques, eau potable pour des usages personnels et domestiques, sources d’énergie, etc.’’, lancent ls organisations membres de la CAOPA.
 
Il convient, selon eux, que toutes les parties créent des conditions propres à permettre aux hommes et aux femmes des communautés d’artisans pêcheurs de pêcher et de mener des activités en rapport avec la pêche dans un cadre bannissant toutes les formes de délinquance et de criminalité: violence, criminalité organisée, piraterie, vol, sévices sexuels, corruption et abus de pouvoir. Il est important que toutes les parties s’attachent à prendre des mesures visant à éradiquer la violence et à protéger les femmes qui y sont exposées dans les communautés de pêcheurs artisanaux.
 
‘’Il convient aussi que les acteurs du secteur de la pêche artisanale reconnaissent l’importance du bien-être et de l’éducation des enfants pour l’avenir des enfants eux-mêmes, mais aussi de la société tout entière. Les enfants doivent aller à l’école et être protégés contre toute forme de maltraitance. Tous leurs droits doivent être respectés, conformément à la Convention relative aux droits de l’enfant, insiste la CAOPA citant un extrait du chapitre 6 desdites Directives.
 
              Chaînes de valeur, activités après capture et commerce
 
Les Directives volontaires de la CAOPA ne reconnaissent que les activités après capture ainsi que d'autres activités de la chaîne de valeur sont des éléments essentiels d'une pêche artisanale durable, mais, pour les initiateurs de la réunion virtuelle, il importe que toutes les parties ‘’favorisent’’ les ‘’améliorations susceptibles’’ de faciliter la participation des femmes aux activités après capture.
 
Ils estiment encore que les États se doivent de ‘’veiller’’ à ce que des équipements et des services adaptés aux femmes soient disponibles, afin que celles-ci puissent continuer à gagner leur vie et améliorent leurs moyens d’existence dans ce sous-secteur.
 
‘’Il faut que les États encouragent, assurent et facilitent les investissements dans des infrastructures et des structures organisationnelles adaptées, ainsi que dans le renforcement des capacités, pour permettre au sous-secteur, après capture de la pêche artisanale, de produire, de manière responsable et durable, du poisson et d’autres produits de la pêche qui soient salubres et de bonne qualité, aussi bien pour l’exportation que pour les marchés intérieurs’’, ont-ils proposé.
 
Les Etats sont ainsi appelés à prêter leur concours à la création de coopératives, d’organisations professionnelles du secteur de la pêche artisanale et d’autres structures organisationnelles, ainsi que de mécanismes de commercialisation, par exemple les criées, l’utilisation de technologies numériques, etc.
 
Il faut aussi que toutes les parties évitent les pertes et déchets après capture et cherchent des moyens de créer une valeur ajoutée, notamment en misant sur des technologies traditionnelles et locales à la fois efficaces et peu coûteuses, sur les innovations locales et sur des transferts de technologie adaptés au contexte culturel.
 
Et, à les en croire, il convient de ‘’promouvoir des pratiques viables’’ sur le plan environnemental dans une ‘’optique écosystémique’’ et d’’’inciter’’ à éviter, par exemple, le gaspillage des moyens de production (eau, bois de feu, etc.) lors de la manipulation et du traitement artisanal du poisson.
 
‘’Il est nécessaire que les États facilitent l’accès aux marchés locaux, nationaux, régionaux et internationaux et encouragent le commerce équitable et non discriminatoire des produits de la pêche artisanale’’, selon la CAOAPA et ses partenaires, invitant les États à faciliter l’accès des parties prenantes de la chaîne de valeur de la pêche artisanale à toutes les informations pertinentes sur les marchés et les échanges.
 
Sur la base de ces Directives, la CAOPA a également dit avoir participé, avec ses partenaires, à la consultation de la FAO, en 2019, sur l’élaboration d’un guide pour la durabilité sociale dans les chaînes de valeur de la pêche, en suggérant la création d'un ‘’document d'orientation spécifique pour la pêche artisanale’’ avec des références aux aspects sociaux et aux exigences minimales tirées desdites Directives visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale (Directives VG-SSF) et de la Convention OIT C188 sur le travail dans le secteur de la pêche.
 
Serigne Makhtar Fall
 



Source : https://www.lejecos.com/Covid-19-en-Afrique-la-CAO...

La rédaction