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DE LA PERTINENCE DE LA CANDIDATURE PLURIELLE LIMITEE

Le débat politique actuel au sein de l’opposition Sénégalaise est largement dominé par la stratégie à adopter pour aller aux élections et battre Abdoulaye WADE. Pendant que certains préconisent d’aller en rang serré et présenter une candidature de l’unité à défaut d’un candidat unique de l’opposition, d’autres militent plutôt pour plusieurs candidats incarnant les différentes sensibilités de l’opposition. C’est qui est communément appelé la stratégie de candidature plurielle pour mobiliser tout l’électorat au premier tour pour, ensuite, éventuellement voir les ajournés au premier tour se ranger derrière le candidat de l’opposition qualifié au second tour.


Rédigé par leral.net le Mardi 7 Juin 2011 à 12:26 | | 0 commentaire(s)|

DE LA PERTINENCE DE LA CANDIDATURE PLURIELLE LIMITEE

Lors de cette analyse, nous allons tenter de voir les vices et vertus de chacune de ces stratégies en rapport avec l’attitude du camp d’en face qui grâce à sa position de pouvoir, est capable, nous allons le voir, de changer l’ordre institutionnel pour fausser les hypothèses de cette opposition.
Du mode de scrutin et des candidatures dans le passé récent.

Le mode de scrutin est à deux tours et chaque candidat dans sa quête du suffrage des Sénégalais, va à la rencontre des populations pour exposer son programme et ses idées. Bien que l’élection présidentielle soit une négociation entre un homme et un électorat, il faut reconnaître que dans le passé, il n’ya presque jamais eu un candidat n’ayant le soutien d’aucun autre parti ou d’aucun leader d’opinion. C’est dire que les élections au Sénégal ont toujours mis en en compétition les candidats d’un groupe de leaders réunis par affinité. Cela montre que la candidature de l’unité n’est pas une chose nouvelle ; ce qui peut être nouveau, c’est l’amplitude de l’unité qui soutien le candidat.
De 1988 à nos jours en passant par 1993, 2000 et 2007, les coalitions de l’opposition (SOPI, Alternance 2000 (CA 200) puis Front pour l’alternance (FAL), BENNO etc.) comme le pouvoir (COSAPAD, CONAGRISAPAD, CAP 21, AST etc.) ont toujours constitué des coalitions de partis ou d’organisations partisanes. C’est toujours à la veille des élections que l’opposition se scindait pour se regrouper par affinités et aller à la quête des voix.

Ainsi, en 2000 les différents Candidats significatifs de l’opposition sont allés au premier tour. Au second tour, à l’exception de Mr Djibo KA, ils se sont tous rangés derrière le candidat de l’opposition le mieux placé, l’actuel Président, sans aucun marchandage ; il a gagné haut la main car sa candidature fut crédibilisée par le regroupement de tous les ténors. Il est donc évident qu’un candidat qui regroupe plusieurs ténors derrière lui gagne du coup en CREDIBILITE et peut passer au second tour si second tour il y’a. On peut cependant se poser la question si cela est valable au premier tour. Pour cela nous devons convoquer et essayer d’analyser le schéma de raisonnement de l’électeur Sénégalais.
Du déterminisme du vote massif des électeurs vers un candidat pour un changement de régime.

Dans le mécanisme de pensée de l’électeur, il est très important de prendre en compte le moment où la perception de la possibilité de changement, du « CA PEUT CHANGER » de l’électeur, commence à apparaître et s’imposer de plus en plus au subconscient. L’instant où il apparaît est difficilement perceptible lors de la campagne mais, il est possible de faire une analyse rétrospective et de le situer après chaque consultation; en général il coïncide avec le moment où l’opposition arrive à résister et faire face, sur le terrain, aux manœuvres du camp au pouvoir ; c’est un rapport de force sans concession sur le plan de la communication et de l’intimidation. Le programme politique et la profession de foi concoctés dans les officines interviennent le plus souvent très rarement. Le marketing politique par la communication et la détermination des partisans sont les éléments les plus cruciaux à cette étape. L’électorat à besoin d’élire des personnes responsables, courageux avec du culot à revendre ; les sénégalais ne voteront jamais pour les adeptes des reculades et pour les lâches mais pour ceux qui relèvent les défis, y compris les plus arrogants ; c’est sur le terrain que cela se passera. Ce qui reste tout de même constant est que le sentiment du « ca peut changer » est plus perceptible au second tour qu’au premier tour. Cela est d’autant moins perceptible cette fois-ci que le Président actuel a gagné les élections de 2007 dès le premier tour. La perception de cette possibilité de changement fait que les électeurs se mobilisent plus le plus souvent au second tour qu’au premier.

En outre, la présentation d’un candidat unique de l’opposition au premier tour dépouille le second tour de l’élection de son sens.
De la segmentation historique de l’électorat Sénégalais.

Il faut également noter que dans son uniformité relative, l’électorat sénégalais est caractérisé par une certaine segmentation qui trouve son origine dans l’histoire politique de notre pays. On note un certain automatisme du vote surtout chez la frange la moins jeune de l’électorat qui a un militantisme évoluant à la limite de l’animosité. Elle a été abreuvée à l’idéologie UPS/PS depuis de longues années. Le gros de cette frange, qui se rétrécit, franchit rarement le rubicon pour aller voter pour un autre candidat non issu du régime ancien. D’un autre côté, l’électorat jeune le lui rend parfaitement bien en tentant d’éviter tout retour en arrière par un vote pour les tenants de l’ordre ancien ; il en de même des irréductibles vieillissants du SOPI. Les nouveaux succès en demi-teinte des héritiers du système UPS/PS sont dus aux pratiques calamiteuses de mal gouvernance du Président Abdoulaye WADE et de son régime. Les succès de BENNO sont largement tributaires de la volonté de dévolution monarchique du pouvoir et de la gestion opaque et solitaire d’Abdoulaye WADE. Ainsi, l’opposition gagnerait à présenter une autre alternative différente du camp de l’ancien pouvoir ; ainsi elle ne mettrait pas tous ses œufs dans le même panier. La seconde place de Mr Idrissa SECK, malgré les audiences de midi aux élections Présidentielles passées doit être analysée de manière rigoureuse.

La segmentation de l’électorat est plus forte que ce qu’il laisse transparaître. Cette assertion est corroborée par la stabilité récurrente de l’électorat du candidat Abdoulaye Wade autour de 20% avant son accession au pouvoir et celui des partis de gauche qui l’ont soutenu (mois de 7%). Il faut signaler qu’en 2000 l’union de ces deux entités n’a réalisé que la sommation de ces deux pourcentages (27%) au premier tour et n’a généré aucune valeur ajoutée et que c’est la division du vivier électoral du groupe UPS/PS qui a permis le second tour. Il a fallu ensuite le ralliement du candidat Moustapha NIASSE (17% au premier tour) et la perception du « CA PEUT CHANGER » pour que l’alliance produise une valeur ajoutée et dépasse les 50%.

Cette hostilité au retour de l’ordre ancien de l’électorat est encore plus forte au niveau de la frange victorieuse de 2000 exclue du pouvoir actuellement (PIT, LD, AJ, RND, REWMI, APR/YAKAAR etc.). Entendons nous bien, nous ne parlons pas des dirigeants qui vont obéir à des logiques d’appareils mais de l’électorat de base qui va se poser beaucoup de questions avant de se décider.
La candidature plurielle limitée permet de mobiliser toutes les franges de l’électorat et les ressources des différents candidats pour pousser au second tour.

A notre avis trois pôles de candidatures peuvent être pertinents ; le premier pôle regrouperait la famille originelle de l’UPS/PS (PS, AFP etc.), la seconde réunira les exclus du PDS (Macky SALL, Aminata TALL, Idrissa SECK) et la troisième, le Pôle de Gauche et son prolongement naturel des ténors de la société civile. Le deuxième pôle peut se tenir sans Idrissa SECK (au cas où il négocierait avec le PDS) car son électorat choisira alors le camp des Macky. En réalité, l’électorat est fortement en avance sur la classe politique au Sénégal.
Du schéma de candidature du Président sortant.

D’après les recoupements de tous les interviews de l’actuel président, il ressort qu’il a le désir d’effectuer un passage en force pour se présenter malgré l’illégalité et l’illégitimité de sa 3ème candidature ; il a la volonté d’entamer un mandat qu’il ne va pas terminer. Il apparaît aussi clairement qu’il n’a pas encore renoncé à sa volonté de placer son fils au pouvoir.

Pour cela, il a besoin d’un homme lige qui va exécuter sa volonté même s’il arrivait qu’il s’efface du pouvoir par sa propre volonté ou par les lois de la biologie. N’oublions jamais qu’il a déjà fait voter un poste de vice président non encore occupé.

Nous voyons donc trois schémas pour les élections à venir ; (i) Abdoulaye WADE se présente avec un homme lige par un ticket à l’américaine (Président /vice président tous élus) ; (ii) Abdoulaye WADE va seul et remet son projet de dévolution monarchique du pouvoir en selle après les élections ; (iii) Abdoulaye WADE ne se présente pas aux élections et cherche un colistier à son fils et organise des élections à l’américaine en utilisant un homme comme Idrissa SECK.

Nous devons donc retenir que des deux stratégies qui s’offrent à l’opposition, celle à même de faire battre le candidat de l’alliance AST est l’option de la candidature plurielle limitée en se sens qu’elle permet de mobiliser toutes les franges de l’électorat et toutes les ressources matérielles et humaines des différents candidats. Il ne faut cependant pas dormir sur ses lauriers et se faire atteindre par le syndrome JOSPIN qui a été éliminé dès le premier tour par manque de mobilisation de l’électorat de gauche à cause des fausses certitudes; il s’est fait coiffer au poteau par l’extrême droite. Il ne faut surtout pas oublier que cela se passe sur le terrain et que quelque soit la pertinence d’un programme, il faut d’abord être au pouvoir pour l’appliquer autrement dit « BALLA NGA NE NAAM, NE FA »

Dr Massirin SAVANE
3ème adjoint au maire
KOLDA