Les électeurs sud-africains sont allés hier aux urnes, pour des élections générales. Sans suspens. Le Congrès national africain (Anc) est crédité entre 64 et 67 % des intentions de vote. Si les sondages sont confirmés par les Sud-Africains, Zacob Zuma, qui dirige l’Anc depuis décembre 2008, deviendra le troisième président de la nation arc-en-ciel. Un personnage haut en couleurs au destin fabuleux. A 67 ans, il a prouvé qu’il est un as dans l’art de retourner, à son avantage, des situations fort compromises.
C’est un Zuma sûr de sa victoire qui s’apprête à diriger une Afrique du Sud confrontée à une pauvreté grandissante, à un taux élevé de chômage et un niveau d’infection au Vih parmi les plus importants du continent. La première puissance économique du continent est en récession actuellement, même si les économistes prédisent qu’elle pourrait renouer avec la croissance, en 2010, du fait notamment des retombées de la coupe du monde 2010. En attendant, le nouveau président élu au suffrage indirect devra également s’attaquer au récurrent problème de la violence. Une violence que d’aucuns expliquent comme la résultante de l’exclusion économique et sociale d’une bonne partie de la population. Jacob Zuma doit également rassurer ses adversaires politiques comme Helen Zille, maire du Cap, qui l’accusent de vouloir amender la Constitution en cas de large victoire de son parti. Mais, M. Zuma se veut rassurant en promettant de gouverner « avec responsabilité ». « Nous utiliserons notre majorité avec responsabilité et nous ne foulerons pas aux pieds les droits des citoyens, ni n’obligerons les autres parties à se soumettre », a dit le chef de l’Anc qui revient de loin. Lui qui, naguère, était poursuivi par la justice de son pays pour 16 chefs d’inculpation parmi lesquels des faits de corruption, de viols et de racket.
En 2003, le juge Bulelani Ngcuka déclare avoir recueilli des éléments à charge pour corruption et abus de pouvoir sans engager des poursuites judiciaires contre lui pour « insuffisances de preuves ». En dépit de ces graves soupçons qui pesaient sur sa personne, le duo Thabo Mbeki- Jacob Zuma est réélu.
A 17 ans, il intègre l’Anc
Cependant, en 2005, après un procès de sept mois qui a vu son conseiller financier, Schabir Shaik, condamné à 15 ans de prison ferme, il est limogé douze jours après par le président sud-africain. Six jours après, il est inculpé pour corruption. Une inculpation qui provoque de graves dissensions au sein de l’Anc, notamment après la perquisition effectuée à son domicile. La ligue des jeunes de l’Anc, le Parti communiste sud-africain et la Cosatu dénoncent « l’acharnement » de la justice ainsi que de la police et demandent le retrait des chefs d’inculpation contre Zuma.
A l’époque, la presse sud-africaine l’avait « tué politiquement ». « Zuma est fini », avaient titré les journaux. Son inculpation, en décembre de la même année pour le viol d’une jeune femme séropositive de 31 ans, par le tribunal de Johannesburg l’enfonce un peu plus. L’homme est connu pour ses aventures amoureuses. Il est le père de nombreux enfants. Il les aurait eus avec six femmes dont deux épouses officielles et plusieurs compagnes. Mais, dans cette période de disgrâce, Zuma a pu compter sur l’aile gauche de son parti, notamment sur le puissant syndicat la Cosatu. L’abandon des poursuites pour corruption en 2006 le relance dans la course à la présidence et sa victoire sur Thabo Mbeki pour la direction de l’Anc lui donne les coudées franches. Entre temps, les 16 chefs d’inculpation pour lesquels il était poursuivi sont abandonnés. Jacob Zuma a de la baraka que son parcours illustre à merveille.
Issu d’une famille modeste, il est né le 12 avril 1942 à Nkandla, dans la province du Natal, en Afrique du Sud. Orphelin de père à trois ans, il passe son enfance à garder les vaches alors que sa mère travaillait comme femme de ménage dans des familles blanches. Il va mener une vie « sans but » jusqu’en 1959, année au cours de laquelle il rejoint l’Anc, à 17 ans. Un an plus tard, en 1960, à la suite de l’interdiction de l’Anc par le régime de l’apartheid, il intègre la branche armée de l’Anc, « Umkhonto we Sizwe » où il se révèle par son courage et son intelligence. Bien qu’il soit de faible niveau d’instruction, il est chargé de monter dans la province du Natal un réseau d’activistes clandestins. En 1963, il est arrêté avec vingt de ses recrues près de la ville de Zeerust, dans le Transvaal, et condamné à dix ans de prison.
L’exil au Mozambique
Une peine qu’il purge à la célèbre prison de Robben Island, au côté notamment de Nelson Mandela. Il met à profit son séjour carcéral pour se mettre aux études et apprendre en même temps l’art de débattre. Le père de Thabo Mbeki, Govan Mbeki, faisait partie de ses formateurs. Libéré en 1973, il s’efforce de réactiver l’Anc dans la province du Natal. Sachant qu’il est à nouveau dans le collimateur de la police, il s’expatrie en 1975 au Swaziland et s’installe, deux ans plus tard, au Mozambique. La même année, il intègre le Comité national exécutif de l’Anc et devient vice-président de la représentation de l’Anc dans son pays d’exil jusqu’en 1984.
Du Mozambique, il organise le soutien aux exilés après les émeutes de Soweto, en 1976. Contraint de quitter le Mozambique après les accords de Nkomati entre le Mozambique et le gouvernent sud-africain, Jacob Zuma s’exile en Zambie où il prend la tête des services de renseignements et participe à l’organisation de la branche armée de l’Anc. Il est à la fois membre du conseil politique et du conseil militaire de son parti. En 1990, après la légalisation de l’Anc par Frederik de Klerk, il rentre au bercail et fait partie de la délégation qui négocie avec le gouvernement de De Klerk.
A la demande de Nelson Mandela, il est élu vice-secrétaire général de l’Anc. En 1994, il réussit un coup de maître en mettant fin aux affrontements ethniques fratricides entre l’Anc et les Zoulous de l’Inkatha Freedom Party de Mangosuthu Buthelezi. Une prouesse dont il récolte les dividendes politiques puisqu’il est élu, en décembre de la même année, chef de la direction nationale de l’Anc, devenant ainsi le troisième personnage du parti derrière Nelson Mandela et Thabo Mbeki. Après la retraite politique de Mandela, il devient le vice-président de Thabo Mbeki. C’est cet homme, formé par son parti, aguerri dans la lutte contre l’apartheid, fin politicien qui sera probablement le troisième président de l’Afrique du Sud. Une belle revanche pour cet autodidacte.
le soleil
C’est un Zuma sûr de sa victoire qui s’apprête à diriger une Afrique du Sud confrontée à une pauvreté grandissante, à un taux élevé de chômage et un niveau d’infection au Vih parmi les plus importants du continent. La première puissance économique du continent est en récession actuellement, même si les économistes prédisent qu’elle pourrait renouer avec la croissance, en 2010, du fait notamment des retombées de la coupe du monde 2010. En attendant, le nouveau président élu au suffrage indirect devra également s’attaquer au récurrent problème de la violence. Une violence que d’aucuns expliquent comme la résultante de l’exclusion économique et sociale d’une bonne partie de la population. Jacob Zuma doit également rassurer ses adversaires politiques comme Helen Zille, maire du Cap, qui l’accusent de vouloir amender la Constitution en cas de large victoire de son parti. Mais, M. Zuma se veut rassurant en promettant de gouverner « avec responsabilité ». « Nous utiliserons notre majorité avec responsabilité et nous ne foulerons pas aux pieds les droits des citoyens, ni n’obligerons les autres parties à se soumettre », a dit le chef de l’Anc qui revient de loin. Lui qui, naguère, était poursuivi par la justice de son pays pour 16 chefs d’inculpation parmi lesquels des faits de corruption, de viols et de racket.
En 2003, le juge Bulelani Ngcuka déclare avoir recueilli des éléments à charge pour corruption et abus de pouvoir sans engager des poursuites judiciaires contre lui pour « insuffisances de preuves ». En dépit de ces graves soupçons qui pesaient sur sa personne, le duo Thabo Mbeki- Jacob Zuma est réélu.
A 17 ans, il intègre l’Anc
Cependant, en 2005, après un procès de sept mois qui a vu son conseiller financier, Schabir Shaik, condamné à 15 ans de prison ferme, il est limogé douze jours après par le président sud-africain. Six jours après, il est inculpé pour corruption. Une inculpation qui provoque de graves dissensions au sein de l’Anc, notamment après la perquisition effectuée à son domicile. La ligue des jeunes de l’Anc, le Parti communiste sud-africain et la Cosatu dénoncent « l’acharnement » de la justice ainsi que de la police et demandent le retrait des chefs d’inculpation contre Zuma.
A l’époque, la presse sud-africaine l’avait « tué politiquement ». « Zuma est fini », avaient titré les journaux. Son inculpation, en décembre de la même année pour le viol d’une jeune femme séropositive de 31 ans, par le tribunal de Johannesburg l’enfonce un peu plus. L’homme est connu pour ses aventures amoureuses. Il est le père de nombreux enfants. Il les aurait eus avec six femmes dont deux épouses officielles et plusieurs compagnes. Mais, dans cette période de disgrâce, Zuma a pu compter sur l’aile gauche de son parti, notamment sur le puissant syndicat la Cosatu. L’abandon des poursuites pour corruption en 2006 le relance dans la course à la présidence et sa victoire sur Thabo Mbeki pour la direction de l’Anc lui donne les coudées franches. Entre temps, les 16 chefs d’inculpation pour lesquels il était poursuivi sont abandonnés. Jacob Zuma a de la baraka que son parcours illustre à merveille.
Issu d’une famille modeste, il est né le 12 avril 1942 à Nkandla, dans la province du Natal, en Afrique du Sud. Orphelin de père à trois ans, il passe son enfance à garder les vaches alors que sa mère travaillait comme femme de ménage dans des familles blanches. Il va mener une vie « sans but » jusqu’en 1959, année au cours de laquelle il rejoint l’Anc, à 17 ans. Un an plus tard, en 1960, à la suite de l’interdiction de l’Anc par le régime de l’apartheid, il intègre la branche armée de l’Anc, « Umkhonto we Sizwe » où il se révèle par son courage et son intelligence. Bien qu’il soit de faible niveau d’instruction, il est chargé de monter dans la province du Natal un réseau d’activistes clandestins. En 1963, il est arrêté avec vingt de ses recrues près de la ville de Zeerust, dans le Transvaal, et condamné à dix ans de prison.
L’exil au Mozambique
Une peine qu’il purge à la célèbre prison de Robben Island, au côté notamment de Nelson Mandela. Il met à profit son séjour carcéral pour se mettre aux études et apprendre en même temps l’art de débattre. Le père de Thabo Mbeki, Govan Mbeki, faisait partie de ses formateurs. Libéré en 1973, il s’efforce de réactiver l’Anc dans la province du Natal. Sachant qu’il est à nouveau dans le collimateur de la police, il s’expatrie en 1975 au Swaziland et s’installe, deux ans plus tard, au Mozambique. La même année, il intègre le Comité national exécutif de l’Anc et devient vice-président de la représentation de l’Anc dans son pays d’exil jusqu’en 1984.
Du Mozambique, il organise le soutien aux exilés après les émeutes de Soweto, en 1976. Contraint de quitter le Mozambique après les accords de Nkomati entre le Mozambique et le gouvernent sud-africain, Jacob Zuma s’exile en Zambie où il prend la tête des services de renseignements et participe à l’organisation de la branche armée de l’Anc. Il est à la fois membre du conseil politique et du conseil militaire de son parti. En 1990, après la légalisation de l’Anc par Frederik de Klerk, il rentre au bercail et fait partie de la délégation qui négocie avec le gouvernement de De Klerk.
A la demande de Nelson Mandela, il est élu vice-secrétaire général de l’Anc. En 1994, il réussit un coup de maître en mettant fin aux affrontements ethniques fratricides entre l’Anc et les Zoulous de l’Inkatha Freedom Party de Mangosuthu Buthelezi. Une prouesse dont il récolte les dividendes politiques puisqu’il est élu, en décembre de la même année, chef de la direction nationale de l’Anc, devenant ainsi le troisième personnage du parti derrière Nelson Mandela et Thabo Mbeki. Après la retraite politique de Mandela, il devient le vice-président de Thabo Mbeki. C’est cet homme, formé par son parti, aguerri dans la lutte contre l’apartheid, fin politicien qui sera probablement le troisième président de l’Afrique du Sud. Une belle revanche pour cet autodidacte.
le soleil