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Daaka de Médina Gounass : Histoire d’une retraite spirituelle unique au Sénégal

Rédigé par leral.net le Dimanche 27 Avril 2025 à 13:43 | | 0 commentaire(s)|

Dans quelques heures, Médina Gounass, située dans l’arrondissement de Bonconto …

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Dans quelques heures, Médina Gounass, située dans l’arrondissement de Bonconto (département de Vélingara, région de Kolda), vibrera au rythme du Daaka. Ce rendez-vous annuel est bien plus qu’un simple rassemblement. Il transforme une brousse paisible en un village éphémère où des milliers de pèlerins, unis dans leur quête spirituelle, s’éloignent du tumulte du monde pour se consacrer à la prière et à la méditation. Dans ce sanctuaire temporaire, l’âme se purifie et se rapproche de son créateur, guidée par les principes ancestraux du soufisme.

Un parcours spirituel d’exception

Né en 1900 à Thikité, dans la région de Podor, Thierno Mouhamadou Seydou Bâ (également connu sous le nom de Thierno Siradji Diin ou Thierno Mawdo) débute sa quête du savoir religieux dès son plus jeune âge. Formé auprès des plus grands érudits de son époque, tels que Thierno Moussa Camara à Ganngel et Thierno Yéro Baal Anne à Nguidjilone, il se forge une vision spirituelle qui le guidera tout au long de sa vie. À Kolda, il approfondit ses enseignements auprès de Seydi Aladji Thiam et Thierno Ahmed Barro, renforçant ainsi sa stature de guide spirituel et de maître de sagesse.

Ce parcours rappelle les paroles du Prophète Muhammad (PBUH) :

> “La recherche du savoir est une obligation pour chaque musulman.”
[Hadith rapporté par Ibn Majah]

Inspiré par cette quête de savoir, Thierno Mouhamadou Seydou Bâ fonde en 1935 Médina Gounass, un lieu de lumière, un sanctuaire dédié à la prière, à la méditation, et à la propagation des enseignements islamiques. Dans cet espace béni, les enseignements soufis se mêlent à l’esprit de la confrérie Tidjane, incarnée par le saint patron Cheikh Ahmad Tidiane.

La naissance du Daaka : entre spiritualité et survie

En 1942, Thierno Mouhamadou Seydou Bâ initie le Daaka, un rituel de retraite spirituelle inspiré de la khalwa soufie, cette pratique d’isolement pour se rapprocher de Dieu. Le Daaka, dans sa première forme, est réservé à un cercle restreint de disciples, mais il va rapidement se répandre, attirant de plus en plus de fidèles, tous désireux de se déconnecter du monde matériel pour se concentrer sur l’essentiel : leur relation avec Dieu.

Selon Hamidou Abdoul dit Daye Niang, chroniqueur du Dental, Thierno Mouhamadou Seydou Bâ s’inspire du modèle de El Hadji Thierno Aly Thiam, qui voyait dans l’alliance de la prière et du travail de la terre une voie vers l’autosuffisance spirituelle et matérielle. Le mot même “Daaka” provient de la notion de campement spirituel, où l’on se retire pour adorer et travailler la terre. Comme le souligne Cheikh Ahmadou Bamba :

> “Le travail est une forme d’adoration, si l’intention qui l’anime est pure.”
[Extrait de “Mufth al-Malâmât”]

Ainsi, le Daaka ne se contente pas de nourrir les âmes, mais aussi les corps, en permettant aux habitants de Médina Gounass de subvenir à leurs besoins tout en cultivant leur foi.

De la discrétion à l’ouverture publique

Entre 1942 et 1960, le Daaka reste un événement discret, organisé de manière irrégulière. Cependant, en 1960, Thierno Mouhamadou Seydou Bâ, mû par une inspiration profonde, décide d’ouvrir les portes du Daaka à tous ceux qui souhaitent y participer. Cet acte d’ouverture est un écho aux paroles du Prophète Muhammad (PBUH) :

> “Quiconque cherche une voie vers Dieu, qu’il la cherche dans le groupe des croyants.”
[Hadith rapporté par Muslim]

En 1962, lors d’un Daaka entre Médina Pakkaan et Médina Gounass, l’enthousiasme des disciples est tel qu’ils demandent à leur guide de rendre l’événement annuel. Thierno, sensible à cette demande, accède à cette prière collective, instituant le Daaka comme un pilier annuel de la vie religieuse sénégalaise.

Les sages de La Tijaniyya rappellent souvent :

> “L’essentiel réside dans l’union de l’esprit et du corps dans l’adoration.”
[Cheikh Ibrahima Niasse]

Un site choisi avec sagesse

Le site actuel du Daaka est choisi au début des années 1970, dans une vallée majestueuse, bordée par deux collines, à dix kilomètres de Médina Gounass. Ce choix fait écho à la symbolique des lieux sacrés, rappelant les plaines de Mina et Mouṣdalifa, étapes du pèlerinage à La Mecque. Comme le souligne le Coran :

> “Et nous avons consacré à chaque communauté un lieu d’adoration.”
[Coran 22:67]

Thierno baptise ce site “Abi Sama’oun”, un hommage à la ville fondée par Cheikh Ahmad Tidiane lors de son exil au Maroc, et un symbole profond de l’ancrage spirituel du Daaka dans la tradition soufie et tidjanite. Cette dénomination est également un appel à l’humilité et à la quête incessante de la proximité divine.

Une transmission vivante de l’héritage

À la mort de Thierno Mouhamadou Seydou Bâ en 1980, son fils Thierno Amadou Tidiane Bâ prend la relève. Guidé par la sagesse de son père et l’enseignement des marabouts sénégalais, il préserve l’essence du Daaka tout en l’adaptant aux besoins spirituels des nouvelles générations. Sous son leadership éclairé, le Daaka prend une ampleur nouvelle, attirant des pèlerins venus de tout le continent africain et au-delà.

Ainsi, le Cheikh Ibrahima Niasse enseignait :

> “Celui qui a connu son Seigneur ne peut que le servir avec toute la ferveur du cœur.”
[Extrait de “Al-Majmu’ al-‘Afaq”]

Un rendez-vous avec la foi et l’éternité

À l’aube de l’édition 2025, les tentes se dressent, et les pèlerins arrivent, portés par la ferveur et la spiritualité. C’est un retour à l’essentiel, un renouvellement spirituel, un moment d’introspection profonde où chaque âme cherche à se purifier et à se rapprocher de Dieu. L’édition 2025 du Daaka ne sera pas simplement un événement annuel, mais un appel intemporel à la purification et à la contemplation divine.

Comme l’écrivait Cheikh El Hadj Malick Sy :

> “Le cœur humain, lorsqu’il se trouve en présence de Dieu, oublie tout ce qu’il y a autour de lui, car Dieu est sa finalité.”
[Citation extraite de son discours sur la purification de l’âme]

À travers le Daaka, l’héritage spirituel se vit, se transmet, et se renouvelle chaque année, comme un fil lumineux tissé dans l’invisible.

Imam chroniqueur Babacar Diop

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Source : https://letemoin.sn/2025/04/27/daaka-de-medina-gou...