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IIIe FoDIT à Paris / Ibrahima BA : « Les diasporas africaines doivent s’organiser pour soutenir les collectivités locales »

Rédigé par leral.net le Samedi 26 Avril 2025 à 18:34 | | 0 commentaire(s)|

Réunissant nombre d’élus locaux des deux rives de la Méditerranée, le IIIe FoDIT (Forum sur le dialogue international des territoires) vient de se tenir à la Mairie du XVIe arrondissement de Paris. Rencontre avec son initiateur Ibrahima BA, et reportage sur cette belle journée ouverte par la chanteuse lyrique Founé DIARRA.


IIIe FoDIT à Paris / Ibrahima BA : « Les diasporas africaines doivent s’organiser pour soutenir les collectivités locales »
Diplomate ayant fait partie pendant cinq ans de la délégation sénégalaise auprès de l’UNESCO à Paris et président de l’association Educ’Impact, Ibrahima BA a eu l’idée de créer le FoDIT (Forum sur le dialogue international des territoires) pour parer à une carence, car – comme il l’explique lui-même – « cette initiative vise à aider et soutenir les territoires et les élus locaux en Afrique », qui bien souvent manquent cruellement de moyens.

« Les diasporas africaines, poursuit-il, doivent s’organiser pour soutenir les collectivités locales et voir comment celles-ci peuvent échanger entre elles et coopérer avec les élus et collectivités locales en France comme en Europe » avec des échanges d’expertise et même de technologies. D’où la mise en place du FoDIT qui tenait ce 22 avril à Paris sa troisième édition à la Mairie du XVIe arrondissement en présence de nombre d’élus locaux d’origine africaine et bénéficiant d’une double culture dont ils veulent faire profiter leurs administrés.

Vice-Présidente chargée du Tourisme au sein du Conseil régional d’Île de France, auprès de la Présidente Valérie PÉCRESSE et adjointe au maire de Meaux, Hamida REZEG, qui prononçait le discours d’ouverture, en est un exemple vivant. Franco-tunisienne, elle a d’ailleurs proposé d’emblée d’accueillir la prochaine édition du FoDIT en Tunisie pour « créer des ponts et des passerelles utiles entre les deux rives de la Méditerranée ». Une idée qui réjouit Ibrahima BA, car cela facilitera une plus grande participation d’élus africains dont beaucoup se sont heurtés cette année, pour venir en France participer au Forum, au problème récurrent des visas.

« Cela permettra également, ajoute-t-il, de privilégier la coopération Sud-Sud et d’avoir une plus grande diversité de gens venant de partout pour partager leurs expériences au niveau local ». Car, rappelle-t-il, « le but du FoDIT est de multiplier les échanges d’expertises et d’accompagner les collectivités invitées à faire des forums d’investissement et à trouver des partenaires pour participer au développement ». « C’est d’ailleurs le premier objectif de l’association Educ’Impact, qui fut créée par des diplomates pour aider d’abord les pays africains à améliorer les programmes d’éducation, conclut-il, car l’éducation, c’est la solution pour l’Afrique ».

L’ambassadeur de la RDC, Son Excellence Émile NGOY KASONGO, a honoré de sa présence la cérémonie d’ouverture du FoDIT, ainsi que la visite des stands. Dans son allocution, le diplomate congolais a bien évidemment évoqué – actualité oblige – le « Génocost », c’est-à-dire le génocide pour des gains économiques dont son pays est victime depuis de nombreuses années de la part de son petit voisin, le Rwanda, pillant ses ressources minières.

Et l’ambassadeur d’aller jusqu’à parler de « la malédiction des ressources naturelles en RDC » puisque « ce génocide a déjà fait plus de 10 millions de morts ! ». D’où son appel pressant lancé une nouvelle fois à la communauté internationale de faire respecter la résolution 2773, votée à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU le 21 février 2025, et exigeant le retrait des troupes rwandaises de la République démocratique du Congo.

Après quoi, il est passé à la visite des stands, s’arrêtant notamment pour goûter le Champagne à la saveur de chocolat présenté à la dégustation par la jeune Ivoirienne Julie LAGUI (www.chocolate-in-a-bottle.com) ou admirer les réalisations originales de BATOU Création : de beaux sacs faits à la main avec des matériaux éco-responsables.

Le premier panel, consacré aux Collectivités locales face aux enjeux du développement économique. Les noms des intervenants sont cités dans l’article

IIIe FoDIT à Paris / Ibrahima BA : « Les diasporas africaines doivent s’organiser pour soutenir les collectivités locales »
« Un investisseur va en Afrique pour gagner de l’argent »

Après la visite des stands vint le temps des débats et des panels de qualité consacrés aux questions visant à améliorer les relations et les échanges entre les élus et représentants des différents territoires et collectivités locales.
Fondatrice de l’association Halaye, engagée dans l’inclusion numérique et la transformation digitale, Anna MBENGUE souligne avec force que « négligée depuis trop longtemps, cette diaspora a envie d’agir et d’investir, d’où l’intérêt d’inclure ses représentants dans le développement du Continent » et de « constituer un réseau entre maires, députés, élus locaux et acteurs économiques » pour permettre notamment à la jeunesse africaine de « bénéficier chez elle d’une meilleure formation ». Et d’ajouter : « Organisons-nous pour impacter » car, en Afrique, « on a les matières premières, les ressources et le savoir-faire, mais les collectivités locales manquent de moyens ».

Maire de la commune de Latmingue (43 000 habitants), dans la région de Kaolack au Sénégal, le Dr Macoumba DIOUF en porte témoignage, soulignant « les problèmes de personnels de ces collectivités locales » qui doivent bien souvent se débrouiller sans connexion Internet et ont donc un grand mal à se faire mieux connaître à l’international, malgré l’attrait touristique incontestable du Pays de la Teranga. « On connaît ma commune à travers ma modeste personne », souligne-t-il avec humour en invitant toutes les bonnes volontés, y compris de la diaspora sénégalaise, à « retourner chez elles régulièrement dans leurs communes » pour apporter leurs pierres au développement local.

Représentant de Carousel Finance SA, un cabinet de conseil et d’accompagnement travaillant pour d’importants projets dans plusieurs pays d’Afrique, dont la RDC « qui représente un potentiel économique énorme », Marius ESPOSITO souligne quant à lui que « le continent africain est aujourd’hui un territoire de compétition » où sont très actifs la Chine depuis longtemps et désormais la Turquie, l’Inde, les Émirats Arabes Unis, etc. On l’aura vite compris, la Continent noir n’est plus une « chasse gardée » ni un « pré carré » pour la France et nos entreprises souhaitant encore y investir. Il convient donc que celles-ci s’adaptent au plus vite en bénéficiant précisément de l’expertise des éléments les plus dynamiques des diasporas africaines.

Entrepreneur dans l’immobilier dans ce premier panel, Cheikh CISSE est assurément l’un d’entre eux.
« L’Afrique, c’est une chance, une opportunité », observe-t-il, en rappelant une évidence trop souvent oubliée : « Un investisseur va en Afrique pour gagner de l’argent. Personne n’y va par charité pour aider. Personne là-bas ne nous aidera et ne nous attend ». C’est la loi des affaires.

La chanteuse lyrique Founé DIARRA interprète la Marseillaise

IIIe FoDIT à Paris / Ibrahima BA : « Les diasporas africaines doivent s’organiser pour soutenir les collectivités locales »
« Trouver des solutions pour faire évoluer le Continent »

« La diaspora est une force économique, sociale et même politique », soulignera dans un autre panel Maître Léa N’GUESSAN, avocate franco-ivoirienne, en faisant état de deux démarches positives pour l’associer au développement du Continent. « Nous avons reçu récemment de Côte d’Ivoire plusieurs courriels pour candidater à des postes et des missions disponibles dans ce pays, et qui peuvent intéresser nombre d’entre nous », se réjouit-elle.

Avant d’annoncer, en sens inverse, le venue d’une délégation du CEPICI (Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire) en France, pour une tournée de la diaspora ivoirienne dans grandes trois villes, dont Paris, à la fin du mois de mai pour venir à la rencontre de toutes les personnes souhaitant investir au pays des Éléphants.

Fondatrice de l’entreprise SO’PARKS et éducatrice spécialisée, Aminata N’DIAYE n’a pas la langue dans sa poche. « Il faut arrêter de faire croire aux Africains que la France ou la Belgique sont un eldorado » pour éviter que des milliers d’entre eux risquent leur vie en traversant la Méditerranée, ne trouvent pas de travail et « finissent ici comme des clochards », affirme-t-elle.

« L’Afrique n’attend pas de pays sauveur », ajoute-t-elle, en soulignant la nécessité de « redonner à nos compatriotes cet amour de la patrie » et l’urgence que la diaspora se mobilise sur les questions d’éducation et d’accompagnement qui sont vraiment prioritaires. Cette journée riche en débats constructifs fut agrémentée par la belle prestation de la chanteuse lyrique Founé DIARRA interprétant lors de la cérémonie d’ouverture la Marseillaise et l’hymne national du Sénégal, et faisant entendre à nouveau sa superbe voix lors du dîner de gala.

« C’est un honneur de chanter ces hymnes nationaux pour souhaiter la bienvenue aux participants, confie-t-elle. Artiste française d’origine malienne et partenaire du FoDIT 2025, je soutiens toutes les initiatives d’Ibrahima BA depuis notre rencontre. Comme j’ai aussi une casquette d’entrepreneure, je suis ici – comme nous tous – afin de conclure des partenariats gagnant/gagnant et de trouver des solutions pour faire évoluer le Continent ».

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