Pendant longtemps, au cinéma, les personnages lesbiens ont été malheureux. Peu nombreuses, les héroïnes homos avaient systématiquement des histoires compliquées, voire des fins tragiques.
Jeunes filles en uniforme, 1931
Probablement le premier film avec une intrigue lesbienne. Manuela tombe amoureuse de sa prof. Mais ça ne se passe pas très bien.
Rebecca, 1940
Dans ce film d’Alfred Hitchcock, Mrs Danver, la gouvernante crypto-lesbienne, fiche sérieusement la trouille. Et ça va mal finir pour elle.
La Rumeur, 1961
L’histoire d’une passion réprimée entre Audrey Hepburn et Shirley MacLaine. Spoiler: ça ne se finit pas bien.
Les choses ont commencé à changer dans les années 80, en particulier avec Desert Heart, souvent présenté comme le premier film heureux.
Desert Hearts (1985)
Vivian tombe amoureuse de Cay et ça se termine bien. Il y a même un joli bisou sous la pluie.
Mais certains films continuent à être timides sur la question.
La Couleur pourpre, 1985
Une occasion ratée. Steven Spielberg a expliqué en 2001 qu’il regrettait d’avoir minimisé l’aspect lesbien de la relation entre Celie (Whoopi Goldberg) et Shug Avery.
Beignets de tomates vertes, 1991
L’ambiguïté est encore de mise. Pourquoi le film n’est-il jamais clair sur le fait que Ruth et Idgie sont ENSEMBLE, alors que le roman dont il est adapté est très clair sur le sujet?
Dans les années 90, des réalisatrices out se mettent à tourner des films qui mettent en scène des héroïnes homos. Résultat: des histoires authentiques, par et pour des lesbiennes.
Go Fish (1994)
Go Fish est LE film lesbien indé. En noir et blanc, avec un mini budget, mais avec des femmes out, devant et derrière la caméra. Et avec des butchs!
The Watermelon Woman, 1996
Dans The Watermelon Woman, la réalisatrice Cheryl Dunye aborde la question de l’orientation sexuelle mais aussi celle du racisme.
Dans les années 90, des films avec des personnages lesbiens arrivent donc sur les grands écrans, mais ils restent peu nombreux.
When Night Is Falling, 1995
When Night Is Falling est une des rares romances lesbiennes des années 90 à avoir droit à une sortie cinéma en France. Elle passerait peut être plus inaperçue aujourd’hui mais, à l’époque, elle marque pas mal de spectatrices.
Gazon Maudit, 1995
Bim, une butch dans une comédie française très grand public. Lors de la sortie, Josiane Balasko avait expliqué : «j’ai trouvé qu’au cinéma il y avait un véritable manque dans la représentation de l’homosexualité féminine.»
Bound, 1996
Sexy. Sexy. Sexy. Pour ce film, les Wachowski ont embauché la «sexpert» Susie Bright pour chorégraphier les scènes de sexe. Résultat: on y croit.
Ces quinze dernières années, même si les lesbiennes restent sous-représentées, le nombre de longs-métrages avec des histoires d’amour entre femmes a considérablement augmenté.
Mulholland Drive, 2001
Un réalisateur reconnu (David Lynch) met en scène une romance entre ses deux personnages principaux. A la clé, un succès critique et public et le Prix de la mise en scène à Cannes.
L’Auberge espagnole, 2002
Désormais, la bonne copine lesbienne apprend la vie au héros hétéro.
Imagine Me&You, 2006
Une comédie romantique tout ce qu’il y a de plus prévisible, un poil sirupeuse comme on les aime. Mais version lesbienne.
Homoparentalité, romance, coming out… Les films lesbiens étant plus nombreux, les sujets abordés sont plus diversifiés. Même s’il reste encore de nombreuses histoires à faire vivre sur grand écran.
Tout va bien! The Kids Are All Right, 2010
Un film acclamé par la critique, réalisé par une réalisatrice out, avec deux actrices reconnues, qui récolte le Golden Globe du meilleur film et quatre nominations aux Oscars. Mais pourquoi la scène la plus sexy du film est hétéro, hein?
Pariah, 2011
Une lesbienne butch afro-américaine en personnage principal, et un point de plus pour la visibilité.
La Vie d’Adèle: Chapitres 1 et 2, 2013
Une scène de ciseaux controversée et une Palme d’or historique.
Carol (2016)
Un grand réalisateur, deux actrices grandioses (Cate Blanchett! Rooney Mara!), un succès critique et une Queer Palm. Pas mal, non?