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Décès de Marie Guèye à Ngor : Le Procureur évoque une pancréatite aiguë : L'urgentiste Dr. Babacar Niang parle d'une insulte aux médecins et à leur profession

Le procureur de la République, dans un communiqué publié hier, a déchargé les gendarmes dans le décès survenu à Ngor de la dame Marie Guèye. Selon le maître des poursuites, qui parle de mort naturelle, c’est une «pancréatite aiguë avec absence de signe de traumatisme» qui serait responsable du décès. Une insulte aux médecins, selon l’urgentiste Dr. Babacar Niang, la place d’une patiente atteinte de pancréatite aiguë est en réanimation.


Rédigé par leral.net le Samedi 23 Septembre 2023 à 11:25 | | 0 commentaire(s)|

Un patient souffrant de pancréatite aiguë ne peut ni se promener dans la rue encore moins à la plage ! Sa place, c’est en «réanimation», selon le médecin urgentiste Dr. Babacar Niang, qui réagit ainsi au communiqué du procureur de la République pour expliquer la mort de la jeune dame Marie Guèye.

Une patiente atteinte de pancréatite, soutient le médecin spécialiste et propriétaire de la clinique « Sumassistance », «ne peut pas se promener ni se disputer et être arrêtée par des gendarmes. Une pancréatite aiguë, sa place, c’est en réanimation. Ce sont des douleurs très importantes? nécessitant des antidouleurs comme la morphine. Parce que le patient qui souffre de cette affection, est dans un état de choc avec une tension très basse», explique Dr. Babacar Niang.

Pourtant dans le document écrit par les services du ministère de l’Intérieur, il est dit que le certificat de genre de mort indique une «absence de signe de traumatisme». Et que la cause du décès serait due à une lésion de «pancréatite aiguë hémorragique»? sans aucun signe traumatique.

Du moment que le ministère de l’Intérieur ne nous parle pas de « décès provoqué par l’hélice du moteur d’une pirogue » comme lors des affrontements survenus dans le même village de Ngor, il y a quelques mois !

«Le 19 septembre 2023, des éléments du poste de gendarmerie de Ngor, appuyés par un peloton de l’ESI, en patrouille au niveau des plages de Ngor, dans le cadre de la lutte contre la prostitution grandissante dans cette localité, ont interpelé sept filles, dont Marie Samb dite Marie Guèye. Cette dernière, alors même que les mises en cause étaient sur le point d’être embarquées dans le véhicule des gendarmes pour être conduites au poste de Ngor, aurait eu un malaise et décédera quelques instants après. L’autopsie, qui a été aussitôt ordonnée pour déterminer les causes de son décès, a conclu à une mort suite à une pancréatite aiguë hémorragique et une absence de signe traumatique

Des observations de «l’homme de l’art» — ce sont les termes du procureur —, «accréditent la thèse de la mort naturelle dont a fait état le chef de poste de la gendarmerie de Ngor. Lequel a soutenu que la victime avait eu une crise juste après son interpellation. Elle serait même sujette à des crises répétitives qui seraient liées à des considérations purement traditionnelles (Rab), d’après les renseignements recueillis auprès du frère de la victime et un certain Khérou Ngor, sans autres précisions». Un communiqué très nuancé.

Une pancréatite aiguë, c’est des soins intensifs aux urgences Une pancréatite aiguë, c’est des douleurs brutales et très violente, qui demandent une assistance médicale d’urgence en réanimation, une consultation aux urgences, en soins, avec sonde. «Le pancréas est un organe qui secrète l’insuline pour la digestion. C’est un organe qui fait partie de la digestion. La pancréatite, c’est une inflammation du pancréas qui devient phénoménique en phase aiguë, c’est des étapes jusqu’à la phase aiguë avec des douleurs brutales et très violentes. C’est une maladie grave et mortelle.

La pancréatite aiguë est fréquente chez les grands alcooliques parce que l’alcool attaque leur pancréas, elle peut aussi être causée par l’exposition à des produits toxiques ou leur inhalation


"Les patients qui en sont atteints, sont admis en urgence et mis sous morphine. C’est comme des souris qui, dès que libérées, s’attaquent aux autres organes du corps comme le foie, les gros intestins et même le cerveau. Comme des souris qui se promènent en masse cherchant quelque chose à manger". D’une manière imagée, c’est ainsi que le célèbre urgentiste Dr. Babacar Niang démonte la thèse de la pancréatite aiguë avancée par le procureur de la République? pour expliquer la mort de la dame Marie Guèye.

«C’est impossible de se promener à la plage pour quelqu’un qui souffre de pancréatite aiguë», insiste Dr. Babacar Niang. «Quand tu es atteint de cette affection, tu ne peux pas te promener, tu ne meurs pas rapidement. Avant, à 90%, ceux qui avaient la pancréatite aiguë, mouraient. Aujourd’hui, on récupère des malades jusqu’à 50% du nombre des admis aux urgences », ajoute-t-il.

Dr. Niang de la Clinique Suma Assistance? compare la pancréatite à «des oeufs de souris éclos puis en liberté. Tu es dans un état de choc, provoquant souvent une hypotension (baisse de tension) et une douleur indescriptible».

D’après les explications de Dr. Niang, «la douleur seule peut te tuer. De grâce, cherchez une autre cause de la mort de Marie Guèye», s’exclame-t-il, très furieux après les explications fournies par le procureur de la République et qui tendent visiblement à dédouaner les gendarmes dans la mort de la jeune Ngoroise.

"Dans une autopsie sérieuse, le médecin tape et donne des explications claires et nettes. Celle dont fait état le communiqué du procureur, n’est pas une autopsie sérieuse, vu la description des circonstances de la mort de la jeune dame. Déjà, le rapport médical d’une pancréatite demande la description de tous les organes concernés, un à un. Tu vas parler du pancréas, du foie, des intestins, du cerveau...

En relevant ces petits détails, Dr.s Babacar Niang souligne qu’ «il arrive parfois qu’on mette de côté un rapport original établissant les conclusions d’une autopsie, pour en donner un autre». S’agissant de celui produit pour expliquer la mort de marie Guèye, «ça a été bâclé. La thèse de la pancréatite aiguë est une insulte aux médecins et à la profession», martèle en conclusion, Dr. Babacar Niang, éminent médecin urgentiste.






Le Témoin