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Dérapages vestimentaires des élèves : c’est au nom de la mode «diaye nekh»

Rédigé par leral.net le Jeudi 29 Octobre 2015 à 14:44 | | 0 commentaire(s)|

De nos jours, l’école n’est plus seulement un lieu d’apprentissage et de quête du Savoir. Les élèves, issus de milieux divers, sont victimes d’effets de mode et de tendance vestimentaire ô combien souvent osée.


Dérapages vestimentaires des élèves : c’est au nom de la mode «diaye nekh»
Les styles d’habillement ont véritablement chamboulé tout le système. Dans plusieurs établissements de la capitale, le code vestimentaire n’est pas respecté. Il est même bafoué, foulé aux pieds ou tout simplement négligé.

Dans le cadre de sa Série de reportages sociétaux, Actusen.com, qui s’est rendu dans quelques établissements de Dakar sur les “fashionstylers”, a recueilli les avis des élèves sur leurs ports vestimentaires de nature très souvent à faire froid dans le dos.

Et surtout, s’il vous plaît, gardez-vous de demander aux élèves pour quelles raisons ils font recours à certaines habitudes vestimentaires, car leur réponse tombe sèche : “c’est du diay nekh”, vous rétorquent-ils.

Dakar, mercredi 28 Octobre, il est 10 heures sur l’Avenue Bourguiba. C’est la récréation au Lycée Seydou Nourou Tall. Le portail est bondé d’élèves. Certains sont restés dans la cour de l’école. Ils profitent de la pause, avant de reprendre les cours. Une dizaine de jeunes discutent à côté, loin des autres, et cherchant à se mettre quelque chose sous la dent.

Ils sont tous en classe de Première, même âge presque. Jeans Slim, chemise à manches longues, polo et tee-shirt, montre de marque à la main, basket Supra, Converse Hall Star, tout a fait le style de jeunes branchés.

C’est la mode…elles font du «diaye nekh»

Aucun d’entre eux ne porte l’uniforme de l’école. En voulant connaitre les raisons pour lesquelles ils ne sont pas en uniforme comme leurs camarades, ils cherchent à se laver à grande eau. «Les nouvelles tenues ne sont pas encore disponibles», explique Abdoulaye Mbengue. Teint noir, sac au dos, il fait la L2. L’air bavard, il poursuit : «on nous interdit de retailler les bouses et de les accourcir. Mais on fait ce qu’on veut. On retaille le bas de nos pantalons et beaucoup font le check down”.

Les filles ont des jupes jusqu’en dessous des genoux, mais elles en font des mini-jupes», confie Abdoulaye Mbengue. Conséquences, selon lui, «les filles nous distraient, surtout quand elles vont au tableau. Elles sont complexées et font du “diaye nekh”. Elles veulent faire fresh, alors qu’elles ne sont pas fresh», révèle-t-il, avant de se moquer d’un de ses camarades en ces termes : «il y a des élèves comme lui (en le désignant) qui sont toujours contents. Du coup, ils suivent le cours» ajoute-t-il.

Abdoulaye Mbengue : «les filles nous distraient, surtout quand elles vont au tableau. Elles sont complexées et font du “diaye nekh”. Elles veulent faire fresh, alors qu’elles ne sont pas fresh”



Ces garçons n’approuvent pas ce style des filles. Mais ils ne sont pas seuls. Khady Diao est aussi élève ici. Avec son pantalon jeans, son haut noir en dentelle assortie d’un foulard sur la tête, de passage, elle s’arrête et déplore : «elles sont trop sexy et ne donnent pas une bonne image de l’école. Malgré tout, elles ne sont pas renvoyées. Elles attirent les garçons», lance-t-elle…

A sa suite, une de ses camarades qui a suivi la discussion, balance tout de go : «les filles attirent aussi les Professeurs». Après une vingtaine de minutes, c’est la reprise des cours. Mais les jeunes hommes restent dehors, en affirmant qu’ils ont cours plus tard.

Après le Lycée Seydou Nourou Tall, cap sur le Lycée mixte Maurice Delafosse. Sur le chemin, nous rencontrons des élèves qui s’y rendent. Une, parmi eux, attire particulièrement notre attention. Jeune fille de teint noir, joviale, de très bonne humeur à la voir, converse avec ses amies. Elle porte la chemise bleue de son Lycée, déboutonnée sur un débardeur noir bien serré qui laisse apparaitre ses formes généreuses. Au lieu du pantalon de l’uniforme, elle avait un jeans noir sur des ballerines de couleur identique.

Se déhanchant, allègrement, dans la rue, comme pas possible, des garçons lui sifflent un mot. Elle réagit en ces termes : «merci chéris» sur un ton coquin, alors qu’elle ne les connaissait même pas. Elle fait fantasmer plus d’un garçon. Et à juste titre !

Ils sont renvoyés jusqu’à avoir l’uniforme

Enfin, nous atteignons le portail du Lycée. Devant, des accolades, des bisous entre filles et garçons, des selfies pour n’en citer que ceux-là. Dans la cour, certains élèves portent l’uniforme. D’autres sont habillés à leur guise. Abdoulaye Sarr, gestionnaire de l’établissement, explique : «nous avons fixé une date pour que tous les élèves achètent leur uniforme. Après ce délai, le Règlement intérieur sera appliqué. Comme stipulé, celui-ci exige que tous les élèves doivent se présenter avec leur uniforme (pantalon ou jupe et chemise). Elles doivent être correctement boutonnées et ne doivent être ni retaillées, ni accourcies», précise-t-il.

Contrairement à d’autres écoles où il y a des surveillants sans surveillance ici, les sanctions sont réelles. «Chaque jour, le Proviseur ou le gardien seront devant la porte pour contrôler le port vestimentaire des élèves. Tous ceux qui ne respectent pas le Règlement intérieur, seront renvoyés. Alors, ils seront obligés d’acheter un nouvel uniforme ; sinon, il n’est pas question de revenir à l’école», martèle, Abdoulaye Sarr.

Le rouge à lèvres non autorisé au Lycée Delafosse

Au-delà du port obligatoire de la tenue correcte, tous les excès de maquillage, de coiffure, de tatouage, de percing etc sont formellement interdits. «Même le rouge à lèvres est interdit parce qu’ils sont venus pour apprendre, pas pour autre chose», renchérit-il. Ainsi, le Proviseur du Lycée Delafosse n’hésiterait pas à «renvoyer même pendant les cours, tout élève qui ne serait pas en règle», avertit Moustapha Faye, afin d’en finir avec ces modes d’habillement qui n’honorent pas l’école.

Aissata BATHILY (Actusen.com)