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Des réfugiés relatent les rafles d'enfants par les rebelles ougandais

D'abord, les rebelles ougandais ont enfermé les enfants dans l'école. Ils ont exécuté les récalcitrants, attaché les autres. Puis ils ont mis le village à sac et sont repartis avec un butin précieux: une centaine d'enfants, enrôlés de force dans la guérilla.


Rédigé par leral.net le Lundi 20 Octobre 2008 à 14:36 | | 0 commentaire(s)|

Des réfugiés relatent les rafles d'enfants par les rebelles ougandais
La scène s'est déroulée fin septembre à Dungu, une localité agricole de la Province orientale, en République démocratique du Congo (RDC), où sévissent les rebelles ougandais de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA).

Les huttes de chaume du village ont été incendiées, les réserves à grain détruites.

"Ils les ont tous emmenés dans la brousse", raconte Mary doucement, enlaçant son bébé d'un an. "C'est à ce moment-là que je me suis enfuie au Soudan."

Après une fuite de plus 50 kilomètres dans la jungle, Mary est finalement arrivée avec de nombreux autres adultes de son village à Gangura, une localité de l'État soudanais d'Equatoria-Ouest situé à une dizaine de kilomètres de la frontière avec la RDC.

A Gangura, les réfugiés attendent à l'ombre de manguiers que les représentants du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) recueillent leurs témoignages.

"Ce que les rebelles ont fait subir à ces gens est inhumain", s'insurge Lexson Wali Amozai, directeur de la Commission de réhabilitation et de secours du Sud-Soudan dans l'Etat d'Equatoria-Ouest, chargée de la coordination des organisations humanitaires aidant les réfugiés.

L'ONU a récemment accusé la LRA de "graves violations des droits de l'homme" contre les villages de la région. Si 5.000 réfugiés sont arrivés dans le sud du Soudan, selon l'ONU, les attaques menées par la LRA ont fait un nombre de déplacés encore plus grand à l'intérieur de la RDC.

Pour beaucoup, ces violences sonnent le glas de trois ans de négociations de paix sur l'une des plus longues guerres d'Afrique.

"Les dirigeants de la LRA se moquent de nous. Vous ne pouvez pas entreprendre des négociations de paix alors que vos troupes attaquent des civils innocents", s'élève M. Amozai.

Joseph Kony, le chef de la LRA, a pris les armes il y a 20 ans pour sortir de l'oubli les populations du nord de l'Ouganda, avait-il dit. Mais ce sont les civils, et non les militaires, qui ont payé le prix fort des méthodes brutales de rebelles habitués à couper les bras et les lèvres de leurs victimes.

Chassés d'Ouganda en 2005, ils se sont installés dans les jungles du nord-est de la RDC, d'où ils ont peuvent facilement entrer au Sud-Soudan, une région semi-autonome du Soudan, voire en République centrafricaine.

Les négociations de paix sont au point mort depuis avril, quand Joseph Kony, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, a refusé de signer un accord de paix avec Kampala, de crainte d'être arrêté.

Selon l'ONU, près d'un millier de rebelles ougandais se trouvent en RDC. Très mobiles, ils opèrent par petits groupes de cinq.

Les civils se sont habitués aux raids dans leurs villages, où les rebelles viennent chercher toute sorte de produits de base, du savon aux batteries de voiture. Mais ces raids sont depuis peu beaucoup plus brutaux, laissant penser que la LRA pourrait chercher à recruter en vue d'une nouvelle offensive.

Les rebelles ont aussi provoqué des déplacements de population au Sud-Soudan, en y faisant des incursions, allant même jusqu'à attaquer une base militaire.

L'armée sud-soudanaise a bien déployé des troupes à la frontière mais les civils redoutent le danger qui pourrait surgir à tout moment de la forêt.

"Les gens demandent: pourquoi la LRA veut-elle nous tuer? Nous ne sommes pas Ougandais, nous ne faisons pas partie de ce conflit", explique Jemma Nunu Kumba, gouverneur de l'État d'Equatoria-Ouest.

"Mais personne ne peut répondre à ces questions."

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