En plus de faire face à une rébellion, la Casamance devra également batailler fort pour repousser la progression de la pandémie du Sida. Si le taux de la région est estimé à 1,4 %, il est inquiétant de constater que, dans certains villages frontaliers de la Gambie, des taux très élevés compris entre 6 et 11 % ont été relevés par les équipes mobiles des districts. Ces villages se situent dans la zone du Fogny et souvent à moins de 20 km de la frontière.
Toute la zone du Fogny est affectée. Et plus on avance vers la Gambie, plus les taux sont élevés, informe Penda Sonko qui s’occupe du travail santé communautaire et gère la sensibilisation contre les Ist et le Vih à la Sous-délégation du Cicr de Ziguinchor. Ce qui est plus inquiétant, selon elle, ce sont les pertes enregistrées par les infirmiers qui font les dépistages. En effet, certaines personnes dépistées ne reviennent souvent plus. Une situation doublement négative puisqu’elles vont, dans un premier temps, continuer à infecter d’autres personnes, ensuite, celles qui ont interrompu leur traitement pour beaucoup de jours pourraient créer des résistances qui rendent les médicaments inefficaces et nécessitent des traitements plus compliqués et plus coûteux.
Sur les raisons qui expliquent ces forts taux du Vih, certains brandissent la porosité des frontières. Là-dessus, Penda Sonko appelle à faire plus attention parce que lorsqu’on est dans une région comme la Casamance, on ne peut pas renvoyer la faute aux pays frontaliers. Elle reconnaît toutefois : ‘Plusieurs personnes en Casamance ont de la famille en Gambie et ces va-et-vient qui concernent tous les deux pays peuvent expliquer en partie la percée de la maladie. Mais il est difficile de situer les responsabilités en rejetant la faute sur les autres. Ce serait une analyse incomplète.’ Selon elle, il ne faut pas occulter qu’en Casamance, et plus particulièrement dans la région de Ziguinchor, nous sommes en milieu majoritairement diola et païen avec des cérémonies traditionnelles ‘extraordinaires’. Et à chaque fois que ces cérémonies se déroulent en Casamance, en Gambie et en Guinée-Bissau, presque tout le monde se déplace.
Parmi ces cérémonies, il y a les Boucoutt qui sont de grandes cérémonies d'initiation. Il y a également les Ebounay qui ne se passent que dans le Fogny, au nord. Avec une telle cérémonie, Penda Sonko explique que personne n’a le droit de porter des jugements sur les autres pays. Cette cérémonie qui se passe chaque année dans le Fogny, vise à favoriser la fertilité. Pour les couples qui ne parviennent pas à faire des enfants, une saison d’un mois leur est ouverte. Pendant cette période, les femmes ont le droit d’avoir d’autres partenaires, tout comme leurs maris d’ailleurs. Elles peuvent avoir une dizaine de partenaires et les rapports sexuels ne sont pas protégés. ‘Cette pratique est bien réelle même si certains fils de la région la nient souvent. L’année dernière, nous nous sommes rendus dans ces zones et avons même eu des problèmes à convaincre les habitants de mettre des préservatifs parce que, simplement, pour eux, l’objectif est de faire des enfants’, confie Penda Sonko.
Si le Ebounay est destiné aux couples sans enfants, une autre pratique nommée la ‘Case’ s’adresse, elle, à des jeunes garçons et filles âgés de 15 à 20 ans. Ces derniers sont enfermés pendant 40 jours et ils ont le droit d’avoir plusieurs partenaires. A la sortie de cette période, les filles enceintes sont fêtées et on les donne en mariage parce qu’avant d’entrer dans la case, elles sont fiancées. L’idéal étant donc qu’elles aient un enfant avant le mariage pour rassurer les belles familles de leur fertilité. Il n’y a pas de problème par rapport à la paternité des enfants qui naissent de ces pratiques parce que la société a officiellement décidé que quoiqu’il en soit, le père de l’enfant reste le fiancé ou le mari. Le bébé sera donc reconnu comme le premier enfant du couple. La cérémonie de la ‘Case’ se passe vers le Niassia, sur la route du Cap Skiring, mais également vers la Guinée-Bissau, dans les villages de Toubacouta, Bouroufay etc. Ces pratiques favorisent une propagation rapide du Vih/Sida et sont en contradiction avec les messages de sensibilisation délivrés par les relais communautaires.
Les Diolas et les Mandingues qui constituent les deux ethnies majoritaires en Casamance disposent d’un nom traditionnel pour désigner le Sida et les infections sexuellement transmissibles. Les Diolas les appellent ‘Koudiamack’ et les Mandingues ‘Noor’. Ils expliquent le Sida et les Ist par le mysticisme, en soutenant que les malades ont raté tel ou tel aspect d’une initiation. Pour soigner la maladie, certains vont dans le bois sacré, d’autres se rendent en Gambie pour se faire soigner par le président gambien. Ils en reviennent souvent complètement affaiblis et meurent dans les jours qui suivent, confient plusieurs sources médicales contactées.
Amadou NDIAYE (Envoyé spécial)
source Walfadjri
Toute la zone du Fogny est affectée. Et plus on avance vers la Gambie, plus les taux sont élevés, informe Penda Sonko qui s’occupe du travail santé communautaire et gère la sensibilisation contre les Ist et le Vih à la Sous-délégation du Cicr de Ziguinchor. Ce qui est plus inquiétant, selon elle, ce sont les pertes enregistrées par les infirmiers qui font les dépistages. En effet, certaines personnes dépistées ne reviennent souvent plus. Une situation doublement négative puisqu’elles vont, dans un premier temps, continuer à infecter d’autres personnes, ensuite, celles qui ont interrompu leur traitement pour beaucoup de jours pourraient créer des résistances qui rendent les médicaments inefficaces et nécessitent des traitements plus compliqués et plus coûteux.
Sur les raisons qui expliquent ces forts taux du Vih, certains brandissent la porosité des frontières. Là-dessus, Penda Sonko appelle à faire plus attention parce que lorsqu’on est dans une région comme la Casamance, on ne peut pas renvoyer la faute aux pays frontaliers. Elle reconnaît toutefois : ‘Plusieurs personnes en Casamance ont de la famille en Gambie et ces va-et-vient qui concernent tous les deux pays peuvent expliquer en partie la percée de la maladie. Mais il est difficile de situer les responsabilités en rejetant la faute sur les autres. Ce serait une analyse incomplète.’ Selon elle, il ne faut pas occulter qu’en Casamance, et plus particulièrement dans la région de Ziguinchor, nous sommes en milieu majoritairement diola et païen avec des cérémonies traditionnelles ‘extraordinaires’. Et à chaque fois que ces cérémonies se déroulent en Casamance, en Gambie et en Guinée-Bissau, presque tout le monde se déplace.
Parmi ces cérémonies, il y a les Boucoutt qui sont de grandes cérémonies d'initiation. Il y a également les Ebounay qui ne se passent que dans le Fogny, au nord. Avec une telle cérémonie, Penda Sonko explique que personne n’a le droit de porter des jugements sur les autres pays. Cette cérémonie qui se passe chaque année dans le Fogny, vise à favoriser la fertilité. Pour les couples qui ne parviennent pas à faire des enfants, une saison d’un mois leur est ouverte. Pendant cette période, les femmes ont le droit d’avoir d’autres partenaires, tout comme leurs maris d’ailleurs. Elles peuvent avoir une dizaine de partenaires et les rapports sexuels ne sont pas protégés. ‘Cette pratique est bien réelle même si certains fils de la région la nient souvent. L’année dernière, nous nous sommes rendus dans ces zones et avons même eu des problèmes à convaincre les habitants de mettre des préservatifs parce que, simplement, pour eux, l’objectif est de faire des enfants’, confie Penda Sonko.
Si le Ebounay est destiné aux couples sans enfants, une autre pratique nommée la ‘Case’ s’adresse, elle, à des jeunes garçons et filles âgés de 15 à 20 ans. Ces derniers sont enfermés pendant 40 jours et ils ont le droit d’avoir plusieurs partenaires. A la sortie de cette période, les filles enceintes sont fêtées et on les donne en mariage parce qu’avant d’entrer dans la case, elles sont fiancées. L’idéal étant donc qu’elles aient un enfant avant le mariage pour rassurer les belles familles de leur fertilité. Il n’y a pas de problème par rapport à la paternité des enfants qui naissent de ces pratiques parce que la société a officiellement décidé que quoiqu’il en soit, le père de l’enfant reste le fiancé ou le mari. Le bébé sera donc reconnu comme le premier enfant du couple. La cérémonie de la ‘Case’ se passe vers le Niassia, sur la route du Cap Skiring, mais également vers la Guinée-Bissau, dans les villages de Toubacouta, Bouroufay etc. Ces pratiques favorisent une propagation rapide du Vih/Sida et sont en contradiction avec les messages de sensibilisation délivrés par les relais communautaires.
Les Diolas et les Mandingues qui constituent les deux ethnies majoritaires en Casamance disposent d’un nom traditionnel pour désigner le Sida et les infections sexuellement transmissibles. Les Diolas les appellent ‘Koudiamack’ et les Mandingues ‘Noor’. Ils expliquent le Sida et les Ist par le mysticisme, en soutenant que les malades ont raté tel ou tel aspect d’une initiation. Pour soigner la maladie, certains vont dans le bois sacré, d’autres se rendent en Gambie pour se faire soigner par le président gambien. Ils en reviennent souvent complètement affaiblis et meurent dans les jours qui suivent, confient plusieurs sources médicales contactées.
Amadou NDIAYE (Envoyé spécial)
source Walfadjri