La campagne de commercialisation de l’arachide de cette année est en train de se présenter comme la plus mauvaise que le Sénégal ait connue depuis bientôt une dizaine d’années. Le président du Conseil de concertation des producteurs d’arachide (Ccpa), M. El Hadj Ibrahima Niasse, par ailleurs producteur d’arachide dans le Saloum, ajoute : «On est en train de faire la plus mauvaise campagne de commercialisation depuis l’instauration du carreau-usine.» Approché en marge de l’atelier international organisé par le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) à Dakar, sur la crise alimentaire, M. Niasse explique que la campagne de commercialisation agricole de cette année, au-delà de l’arachide toute seule, met toute l’agriculture sénégalaise dans une situation de précarité qui pénalise fortement les paysans sénégalais.
Il indique que la situation des paysans s’est aggravée en dépit des bons résultats de la campagne agricole, réalisés particulièrement grâce à la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’alimentation (Goana). «Les producteurs ont fait ce qu’ils devaient faire, et ont produit, à la suite du programme Goana, lancé par le président. Les producteurs ont produit beaucoup, et pas seulement pour l’arachide. Le mil, le niébé, le maïs, ou le manioc, en plus de l’arachide, ont connu une forte augmentation.» Le problème est qu’il ne suffit pas de produire, il faut être en mesure d’écouler. Or, la campagne de commercialisation concerne des acteurs comme les intermédiaires qui achètent, les industriels qui triturent pour faire de l’huile, et surtout les banques, qui financent, fait comprendre le président du Ccpa.
Malheureusement, cette année, ni les opérateurs ni les industriels n’ont les moyens d’acheter la production des agriculteurs. Déjà endettés auprès des banques, en particulier de la Caisse nationale du crédit agricole du Sénégal (Cncas) pour l’achat des intrants, les opérateurs et les industriels n’ont pas été en mesure de contracter de nouveaux crédits pour la campagne de commercialisation.
Il faut indiquer que les intrants fournis aux paysans par l’Etat, par l’intermédiaire des opérateurs et des industriels, sont subventionnés, à hauteur de 50 à 80%. Le paysan ne prend en charge qu’une petite partie du montant, le reste étant payé par l’Etat. «Pour l’arachide, par exemple, la semence d’arachide est vendue au producteur à 100 francs Cfa le kilo, et facturée à l’Etat à 250 francs Cfa. Donc, l’Etat paie aux opérateurs, 150 francs par kilo de semence. Si vous multipliez cela par 71 000 tonnes de semences, qui ont été livrées cette année, cela fait près de 9 milliards de francs. Si cet argent n’est pas payé aux opérateurs, ils ne peuvent pas contracter d’autres prêts auprès des banques. Et, ce qui est valable pour l’arachide, l’est aussi pour d’autres spéculations», commente M. Niasse.
5 milliards dEbloquEs
D’autres spéculations, prises en compte dans le cadre de la Goana, sont également concernées. Le maïs, le mil, le niébé, le manioc, entre autres, ont été financés par les mêmes opérateurs, ce qui porte l’ensemble de la dette due aux opérateurs économiques de l’agriculture à 28,5 milliards de francs Cfa. Voulant, sans doute, relativiser les problèmes, le propriétaire terrien explique que «le gouvernement a commencé à faire des efforts, et a payé environ 5 milliards». Il ne manque pas, pour autant, de préciser que ce montant, qui a été débloqué cette année, est un report de créance de l’année dernière. Il n’en reste pas moins que les pouvoirs publics doivent encore près de 23 milliards aux opérateurs économiques, pour permettre à ces derniers d’éponger leurs dettes et de contracter d’autres crédits de campagne.
Les huiliers se sont engagés pour cette campagne, à acquérir 300 000 tonnes d’arachide. Cela représente environ 40 milliards de francs Cfa à trouver. Même l’huilier Sunéor qui, souvent avait plus de ressources que les plus petits partenaires, semble également affecté. Si ce stock n’est pas écoulé, il va s’ajouter aux 500 000 tonnes que les paysans devaient écouler par d’autres canaux, ou conserver pour leur consommation. Mais, plus dramatiquement, ce sera une véritable sécheresse financière que vont connaître les ménages dans le monde rural.
En début de semaine, en marge de la signature de la Convention de financement de 33 milliards et demi de francs, signée avec la Bei et l’Afd, le ministre d’Etat, en charge de l’Economie et des finances, avait assuré que la dette intérieure était payée, et que tous les créanciers enregistrés au mois d’octobre de l’année dernière seraient désintéressés au plus tard à la fin de ce mois, comme promis par le président de la République. Malheureusement, pour les producteurs agricoles, ce décompte ne les a pas enregistrés, et il est certain qu’ils devront attendre encore. Mais, les conséquences de ce choix seront rapidement perceptibles, on peut s’en convaincre.
source le quotidien
Il indique que la situation des paysans s’est aggravée en dépit des bons résultats de la campagne agricole, réalisés particulièrement grâce à la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’alimentation (Goana). «Les producteurs ont fait ce qu’ils devaient faire, et ont produit, à la suite du programme Goana, lancé par le président. Les producteurs ont produit beaucoup, et pas seulement pour l’arachide. Le mil, le niébé, le maïs, ou le manioc, en plus de l’arachide, ont connu une forte augmentation.» Le problème est qu’il ne suffit pas de produire, il faut être en mesure d’écouler. Or, la campagne de commercialisation concerne des acteurs comme les intermédiaires qui achètent, les industriels qui triturent pour faire de l’huile, et surtout les banques, qui financent, fait comprendre le président du Ccpa.
Malheureusement, cette année, ni les opérateurs ni les industriels n’ont les moyens d’acheter la production des agriculteurs. Déjà endettés auprès des banques, en particulier de la Caisse nationale du crédit agricole du Sénégal (Cncas) pour l’achat des intrants, les opérateurs et les industriels n’ont pas été en mesure de contracter de nouveaux crédits pour la campagne de commercialisation.
Il faut indiquer que les intrants fournis aux paysans par l’Etat, par l’intermédiaire des opérateurs et des industriels, sont subventionnés, à hauteur de 50 à 80%. Le paysan ne prend en charge qu’une petite partie du montant, le reste étant payé par l’Etat. «Pour l’arachide, par exemple, la semence d’arachide est vendue au producteur à 100 francs Cfa le kilo, et facturée à l’Etat à 250 francs Cfa. Donc, l’Etat paie aux opérateurs, 150 francs par kilo de semence. Si vous multipliez cela par 71 000 tonnes de semences, qui ont été livrées cette année, cela fait près de 9 milliards de francs. Si cet argent n’est pas payé aux opérateurs, ils ne peuvent pas contracter d’autres prêts auprès des banques. Et, ce qui est valable pour l’arachide, l’est aussi pour d’autres spéculations», commente M. Niasse.
5 milliards dEbloquEs
D’autres spéculations, prises en compte dans le cadre de la Goana, sont également concernées. Le maïs, le mil, le niébé, le manioc, entre autres, ont été financés par les mêmes opérateurs, ce qui porte l’ensemble de la dette due aux opérateurs économiques de l’agriculture à 28,5 milliards de francs Cfa. Voulant, sans doute, relativiser les problèmes, le propriétaire terrien explique que «le gouvernement a commencé à faire des efforts, et a payé environ 5 milliards». Il ne manque pas, pour autant, de préciser que ce montant, qui a été débloqué cette année, est un report de créance de l’année dernière. Il n’en reste pas moins que les pouvoirs publics doivent encore près de 23 milliards aux opérateurs économiques, pour permettre à ces derniers d’éponger leurs dettes et de contracter d’autres crédits de campagne.
Les huiliers se sont engagés pour cette campagne, à acquérir 300 000 tonnes d’arachide. Cela représente environ 40 milliards de francs Cfa à trouver. Même l’huilier Sunéor qui, souvent avait plus de ressources que les plus petits partenaires, semble également affecté. Si ce stock n’est pas écoulé, il va s’ajouter aux 500 000 tonnes que les paysans devaient écouler par d’autres canaux, ou conserver pour leur consommation. Mais, plus dramatiquement, ce sera une véritable sécheresse financière que vont connaître les ménages dans le monde rural.
En début de semaine, en marge de la signature de la Convention de financement de 33 milliards et demi de francs, signée avec la Bei et l’Afd, le ministre d’Etat, en charge de l’Economie et des finances, avait assuré que la dette intérieure était payée, et que tous les créanciers enregistrés au mois d’octobre de l’année dernière seraient désintéressés au plus tard à la fin de ce mois, comme promis par le président de la République. Malheureusement, pour les producteurs agricoles, ce décompte ne les a pas enregistrés, et il est certain qu’ils devront attendre encore. Mais, les conséquences de ce choix seront rapidement perceptibles, on peut s’en convaincre.
source le quotidien