La Direction des Parcs Nationaux (Dpn) a accueilli ce mercredi 10 juin à Bandia une réunion consistant à réfléchir sur la gestion des parcs, réserves et aires maritimes protégées du Sénégal. La rencontre présidée par le ministre d’État, ministre de l’environnement, de la protection de la nature, des Bassins de rétention et des lacs artificiels a été le théâtre d’un débat que Djibo Kâ lui-même a qualifié de "vif" sur l’opportunité de privatiser la gestion des parcs nationaux.
D’emblée le ministre d’État s’est dit convaincu qu’ « il est dans l’intérêt du Sénégal de confier l’exploitation touristique des parcs nationaux au secteur privé national ou international, comme cela s’est fait avec succès dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Kenya... ». Intégrer les parcs dans le circuit touristique est une façon de les valoriser davantage, soutient-il.
Djibo Kâ de préciser toutefois que « les fonctions de gestion régalienne de l’État ne seront pas touchées ». Une façon de rassurer les agents de la Dpn qui n’ont pas caché leurs inquiètudes face à ce projet de privatisation. Mais, explique Mandiaye Ndiaye, directeur adjoint des Parcs Nationaux : « nous sommes frileux parce qu’on ignore pour l’instant les tenants et les aboutissants de cette privatisation ».
En tout cas toute décision finale tiendra compte des intérêts des agents de la Dpn, note le ministre en charge de la protection de la nature qui souligne que le dernier mot revient de droit au chef de l’État.
A l’endroit de la presse, Djibo Kâ demandera au début et à la fin de son propos "aux journalistes de ne pas semer la zizanie sur cette affaire qui du reste peut paraître sensible".
"Ne me faites pas dire de grâce que l’État veut vendre les parcs nationaux", implore Djibo Kâ qui ajoute qu’ "il ne s’agit pas d’une vente mais d’un transfert de la valorisation". Il met en garde ensuite certains hommes politiques de l’opposition qui, de son avis, "sont capables de profiter de cette affaire pour véhiculer de fausses informations en vue de manipuler les populations".
La décision du ministre d’appeler le secteur privé à la rescousse participe d’une volonté de changer la donne au niveau des six parcs nationaux du Sénégal qui traversent une situation très difficile, comme l’ont relevé les experts et les partenaires lors de la rencontre.
Deux de ces parcs nationaux, Niokolo Koba (913 000 ha) et Djoudj, ont été classés sites du patrimoine mondial par l’Unesco depuis 1981. Seulement, depuis juillet 2007, le parc national de Niokolo Koba a été inscrit sur la liste des sites du patrimoine mondial en péril suite notamment à un rapport dit alarmiste de l’Ong African Parks.
Pour que Niokolo Koba soit retiré de cette "liste rouge", il lui faut entre autres solutions, le soutien de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (Uicn) dont le chef de mission Racine Kane ne demande qu’à être convaincu d’une remontée des effectifs sur place.
L’Usaid suggère aux autorités sénégalaises d’avoir le courage de prendre une nouvelle direction afin d’être assistées davantage par ledit organisme.
- Par Jaraaf S. -