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Djibo Leïty KA, secrétaire général de l'Urd : ‘Macky Sall peut affaiblir la majorité présidentielle’

Djibo Leïty Ka, secrétaire général de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd) qui se réclame de la social-démocratie n’est nullement complexé d’appartenir à un gouvernement dirigé par le libéral, Abdoulaye wade. ‘Je suis à l’aise dans ce gouvernement’, clame haut et fort, le leader de l’Urd, par ailleurs, ministre d’Etat, ministre de l’Environnement et des bassins de rétention. Dans la première partie de l’entretien qu’il nous a accordé, le patron de l’Urd évoque le départ de Macky Sall, les prochaines élections locales, l’attitude de l’opposition etc. Le Parti socialiste n’a pas été épargné par les piques de Djibo Ka.


Rédigé par leral.net le Lundi 8 Décembre 2008 à 10:06 | | 0 commentaire(s)|

Djibo Leïty KA, secrétaire général de l'Urd : ‘Macky Sall peut affaiblir la majorité présidentielle’
Wal fadjri : La création d’un nouveau parti (Apr/ Yaakaar) par l’ancien président de l’Assemblée nationale Macky Sall n’est-elle pas une menace pour la majorité présidentielle à la veille des élections locales de mars 2009 ?
Djibo Leïty KA : Il faut regretter les choses comme elles se sont terminées. Je connais bien Macky Sall. Je sais ce qu’il pèse dans le Parti démocratique sénégalais (Pds) et dans le pays. Je sais ce qu’il ne peut pas faire. Mais pour répondre à votre question, il est évident que même si ce n’est pas une menace réelle, cela peut affaiblir. Lorsque vous faites une soustraction, cela ne peut être qu’un résultat négatif. Mais aussi cela peut avoir un effet inverse. Cela peut être un moment de remobilisation pleine et entière de la majorité présidentielle pour ainsi dire. En tout cas l’Union pour le renouveau démocratique (Urd), c’est comme cela qu’il a réagi par rapport à cette nouvelle avec laquelle, il faudra compter. Vous savez la politique c’est l’art de gérer le réel. Il n’y a pas de politique en dehors des réalités. La politique, c’est vraiment le terrain réel. Je la maîtrise et j’en connais toutes les facettes. Je suis très conscient du danger, c’est pourquoi, je suis optimiste. Il n’y a pas de raison que je ne le sois pas. La majorité présidentielle dans sa diversité occupe le terrain et méthodiquement. Et il ne sert à rien de s’agiter, il faut maintenir le cap. C’est une nécessité historique. Et c’est la majorité qui a l’initiative. Tous les opposants réagissent par rapport à la majorité présidentielle. Et c’est heureux comme cela.

Wal fadjri : Vous semblez dire que malgré les remous qui secouent la mouvance présidentielle, l’on est prêt à aller aux élections locales de mars 2009.

Djibo Leïty KA : Chacun dans sa formation devra se dire que cette élection-là est fondamentale pour moi. C’est une élection comme les autres, mais une élection n’est jamais facile. Vous savez bien que les élections locales, ce sont les intérêts locaux. Ce n’est pas un problème de partis. Mais les partis politiques ont un devoir d’encadrer leurs militants. En tant qu’homme de terrain, je sais ce dont je parle. Si vous prenez les différentes circonscriptions électorales du Sénégal, si vous prenez les différentes communes, les différents départements, je ne vois pas une localité où la majorité ne pourrait pas s’imposer si elle est bien organisée. Même à Thiès et à Fatick, il n’y a pas de problèmes. Si on s’organise vraiment on peut gagner là-bas. Au Nord, aussi, il n’y a pas de problèmes. Il y a juste les effets du repli ethnique. J’en sais quelque chose. Durant les premiers mois, tout le monde s’est mobilisé. Il y a eu de l’enthousiasme. L’enthousiasme, je m’en méfie. Encore une fois ce sont les réalités qui déterminent les rapports de forces. Et elles obéissent à d’autres logiques que les rapports sentimentaux.

Wal fadjri : L’Urd ira-t-elle en alliance partout avec le Pds ou va-t-elle agir au cas par cas ?

Djibo Leïty KA : Toutes les formules sont possibles : au cas par cas ou globalement, ou bien alors chacun n’a qu’ à aller sous sa propre bannière et après on verra. Dans l’intérêt de la démocratie, on prendra la bonne décision. L’Urd, pour ce qui la concerne, est prête pour toutes les formules pour avoir le maximum d’élus locaux partout. Nous ne sommes pas un parti provincial. Nous sommes un parti national. Donc, nous serons présents partout.

Wal fadjri : A l’issue des élections locales, un certain nombre d’élus locaux ne devrait pas être exigé aux candidats à la présidentielle de 2012 pour diminuer l’inflation de partis politiques qui est de cent quarante-cinq actuellement ?

Djibo Leïty KA : Je ne suis pas pour des bornes. Je pense que chacun doit aller aux élections comme il l’entend. C’est aux Sénégalais de trancher. C’est aux Sénégalais de déterminer le poids de chacun. Je pense qu’il ne sert à rien de mettre des garde-fous si on opte pour la démocratie intégrale comme c’est le cas actuellement. Il n y a pas de raison qu’on ne puisse pas faire confiance au peuple sénégalais. Moi je suis pour l’ouverture totale pour que le meilleur gagne. C’est cela qui est sain. Mais le fait de mettre des garde-fous, il y aura des protestations, des discussions inutiles. C’est pour cela que je suis pour qu’on laisse le choix aux Sénégalais de déterminer le poids de chaque parti ou de coalition de partis.

Wal fadjri : Est-ce que vous diriez non à un report des élections locales de mars 2009 ?

Djibo Leïty KA : Cela dépend. Au Sénégal, le problème c’est que dès que vous réfléchissez, on vous traite de tous les noms d’oiseaux. On n’est plus normal. Vous êtes un phénomène étonnant. On doit réfléchir sur ce qui est bon, mais sur ce qui est faisable. Est-ce qu’il est possible de faire des élections coûte que coûte, tout en étant persuadé qu’on n’est pas prêt ? Je ne parle pas sur le plan matériel ou administratif. Mais comme le découpage récent a des implications sur la carte électorale, je fais confiance au ministère de l’Intérieur. Mais les partis politiques, est-ce qu’ils sont prêts ? Est-ce que les gens savent que ceux qui ont changé de région ou de département même s’il ne changent pas de lieu de vote, doivent changer de carte d’électeur ? Moi, je ne suis pas concerné, mais beaucoup de mes militants sont concernés. Et que je n’ai pas pour le moment de position arrêtée. Je fais confiance aux acteurs politiques, à leurs capacités de négocier entre eux-mêmes d’une part, et d’autre part je fais confiance à l’administration, surtout celle chargée de gérer les élections. Je pense qu’il faut prendre la bonne décision, c’est celle qui va dans le sens de l’approfondissement de la démocratie.

‘Cela ne me dérange pas que l’opposition critique le gouvernement. Mais il y a des critiques totalement infondées. Il y a des critiques d’ordre purement politiciennes. Donc j’appelle l’opposition à être républicaine’

Wal fadjri : Comment appréciez-vous les récentes critiques acerbes de l’opposition contre le régime de Wade ?

Djibo Leïty KA : C’est leur rôle. Le contraire m’aurait étonné. J’ai l’impression que plus nous nous approchons des élections, plus cela va crescendo. J’ai l’impression qu’il y a un concours pour dire que c’est moi qui me suis le plus opposé au pouvoir. J’ai l’impression qu’il y a une compétition. C’est au pouvoir de s’expliquer. Toute décision prise doit avoir une explication. Mon sentiment est que toute décision qui n’est pas expliquée est une mauvaise décision. Moi, cela ne me dérange pas que l’opposition critique le gouvernement. Mais, il y a des critiques totalement infondées. Il y a des critiques d’ordre purement politiciennes. Mais comme je l’ai dit, tout ce qui est excessif est insignifiant. Moi, je suis un homme d’équilibre, je suis modéré, je suis républicain et c’est connu. Donc, j’appelle les frères de l’opposition à être vraiment des Républicains. La République est au-dessus de tout. Elle est l’intérêt général. Elle n’est pas partisane. Elle sert l’intérêt général en rendant des arbitrages justes. Sur cette base, on ne doit pas être excessif.

Wal fadjri : Ne pensez-vous pas que l’opposition ne fait qu’adopter des méthodes de l’opposant Abdoulaye Wade ?

Djibo Leïty KA : Ils (les partis de l’opposition, ndlr) se trompent de contexte historique. Le président Wade dans l’opposition, c’est totalement différent de l’actuel. Le contexte actuel dans le monde a d’ailleurs changé. Les gens n’aiment plus l’opposition radicale et les extrémismes. Tous les extrémismes sont négatifs. Et tous les conflits sont contre-productifs. Ce qui est productif, ce sont les négociations. Le monde est à la négociation. C’est cela la vérité historique. C’est l’étape qui le demande. Qui eut cru que l’Amérique ferait une irruption aussi massive de l’Etat dans l’économie ? Les Usa sont le pays du libéralisme intégral et pourtant quand il a fallu négocier, ils ont négocié. Lorsque l’intérêt national est en jeu, il faut quelque chose qui prenne les choses en main et rende les arbitrages. Et c’est cela l’Etat.

Wal fadjri : Il y a eu des passes d’armes par presse interposée entre vous et le patron du parti socialiste Ousmane Tanor Dieng. Est-ce que les hostilités sont bien finies ?

Djibo Leïty KA : Ce que j’ai voulu dire, c’est qu’à l’occasion de leur soixantième anniversaire, ils (les socialistes, ndlr) ont été excessifs. Ils se sont permis de donner des leçons de morale en matière de gestion. Ils n’ont aucune raison d’êtres aussi arrogants. Pour moi, la page est tournée. Je regarde l’avenir.

Wal fadjri : Au moment où vous tendez la main aux sociaux-démocrates issus du Ps, vous êtes dans un gouvernement libéral. N y a-t-il pas un paradoxal ?

Djibo Leïty KA : Le monde aujourd’hui est à l’ouverture. Sarkozy gouverne avec des socialistes, le président Wade gouverne avec des sociaux-démocrates, mêmes avec des gens plus à gauche comme mes frères de And Jëf. Barack Obama a fait une politique d’ouverture remarquable. Moi, je suis profondément un homme du centre, même si je suis social-démocrate et je crois à l’ouverture. Je crois au compromis, je crois à la négociation. Et nous avons la responsabilité historique de recomposer la famille social-démocrate. Le Sénégal a besoin de tous ces démocrates solides. Et les libéraux font du libéralisme social. Moi je suis à l’aise dans ce gouvernement. Par ce qu’aucune décision ne heurte mes options fondamentales que cela soit sur : la justice sociale, l’habitat avec le plan Jaaxay, les salaires qui ont été augmentés trois fois, la généralisation des bourses. Le président Wade, personne n’est plus social que lui. Je fais seulement appel à mes anciens camarades qui sont dans la social-démocratie : c’est le parti de Robert Sagna, c’est le Parti de la réforme de Abdourahim Agne, le Parti socialiste authentique de Souty Touré, c’est le Bloc démocratique et socialiste de Mamadou Dioop. Je leur lance un appel pour qu’on se retrouve pour jouer un rôle décisif dans l’avenir du Sénégal. Nous avons une responsabilité historique telle que, nous n’avons pas le droit de laisser faire. Nos formations politiques sont issues d’une même famille, eh bien je pense que historiquement nous devons nous retrouver, politiquement nous devons peser et sociologiquement nous représentons quelque chose. J’espère que dans quelque temps nous allons arriver à quelque chose. On peut avoir un regroupement de partis sociaux-démocrates, en alliance avec le Pds, pourquoi pas ?

Wal fadjri : Cela préfigure une recomposition du Landerneau politique ?

Djibo Leïty KA : Le Landerneau politique va se recomposer. Qu’on le veuille ou non. Donc, il faut s’y préparer. Moi, j’estime qu’on ne peut pas rester les bras croisés à ne rien faire. Je pense que l’avenir du Sénégal devra intéresser chacun d’entre nous.
source walfadjri

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