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ENTRETIEN AVEC… John Marshal, ambassadeur de Grande Bretagne au Sénégal : «Les Jeux de Londres 2012 seront les plus verts de toute l’Histoire»

Dans un costume bleu sombre, l’ambassadeur de Grande Bretagne au Sénégal, John Marshal, est debout dans le salon de sa résidence attendant ses invités. L’homme qui s’apprête à prendre ses vacances, a l’assurance du travail bien fait.


Rédigé par leral.net le Jeudi 28 Juillet 2011 à 00:23 | | 0 commentaire(s)|

ENTRETIEN AVEC… John Marshal, ambassadeur de Grande Bretagne au Sénégal : «Les Jeux de Londres 2012 seront les plus verts de toute l’Histoire»
Et tout autour de lui, rien ne laisse entrevoir la pression à un an, jour pour jour, de l’ouverture des Jeux olympiques d’été, prévus à Londres en 2012. Des Jo que la capitale britannique organise pour la troisième fois, avec comme pari : offrir au monde de l’olympisme les plus beaux jeux de son histoire.

L’ambassadeur M. Marshal en a donné l’assurance hier. La ville de Londres a été en rude compétition avec celle de Paris pour l’organisation des Jeux olympiques de 2012. Quel a été l’élément déterminant qui a finalement fait ga­gner Londres ?

Il y avait cinq villes candidates à l’organisation des Jeux olympiques (Jo) de 2012. Mais au dernier tour, c’étaient Londres et Paris qui étaient retenues. C’était une compétition serrée, mais Londres a gagné avec 54 voix contre 50 pour Paris. Je ne saurais vous dire exactement ce qui a fait gagner la ville de Londres, mais à mon avis c’est grâce à la vision très forte que Londres a des Jeux olympiques, et qui certainement a été appréciée par les membres du Comité international olympique (Cio). Ils ont peut-être compris que cette candidature de la ville de Londres avait le soutien du peuple entier du Royaume Uni. C’était une candidature très forte et soutenue par le gouvernement britannique. Et le Premier ministre de l’époque Tony Blair, avait été le seul chef de gouvernement des cinq villes candidates à assister aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004 ; soit un an avant le vote. C’était une manière importante de montrer que le gouvernement s’intéressait aux Jo et soutenait la candidature de sa capitale. Il y a eu aussi l’influence d’autres personnalités comme Sébastien Coe qui est un athlète bien connu et très chevronné. Il est même le chef de l’équipe organisatrice des Jo et sa participation et son leadership ont été déterminants. Bien sûr, il y a eu d’autres sportifs très connus dans le monde comme David Beckham, qui ont soutenu les jeux, à côté d’autres personnalités politiques, du mon­de du commerce, de la famille royale. C’était comme on dit en Anglais grâce à un «Team effort» ou effort collectif.

A un an, jour pour jour (27 juillet 2011 – 27 juillet 2012) de la cérémonie d’ouverture, la ville de Londres est-elle prête ?

Je peux vous dire que tout est en bonne voie. La plupart des stades, les lieux de compétition sont au point. Le stade olympique, le centre aquatique, le stade pour le basket, le vélodrome, tous sont achevés. Je crois que 84% des constructions sont déjà bouclées. Cet été, il y a beaucoup de manifestations-tests qui seront organisées dans ces stades pour veiller à ce que tout fonctionne normalement. Ce sont des infrastructures nouvelles très impressionnantes. Le stade olympique par exemple est un bâtiment très éblouissant, le centre aquatique est en forme de vague et le vélodrome est un bâtiment très beau et attractif. C’est important parce qu’on veut, à travers ces Jeux, montrer que le Royaume Uni est un pays très moderne et très créatif. Il faut savoir qu’il y a 6 milliards de livres sterling de contrat qui ont été donnés et 98% de ces contrats ont été gagnés par des sociétés britanniques. Et je pense qu’au niveau de la vue de ces infrastructures, ce sera tout simplement splendide. Sur le plan de la sécurité aussi, tous les dispositifs ont été pris et il n’y aura pas de problème à ce niveau. Nous avons beaucoup d’expérience dans ce domaine et nos forces de Police vont travailler très étroitement avec les organisateurs. Sur ce, je suis confiant que tout va se passer dans le calme.

Quels sont les résultats sportifs attendus de ces Jeux pour les quatre pays que regroupe le Royaume Uni ?

Pour ce qui est de ces Jeux, tous les pays du Royaume Uni sont regroupés. Nous n’avons qu’une seule équipe. Ce n’est pas la même chose que les Jeux du Common­wealth où chaque pays présente une équipe. Cela dit, nous souhaitons que le Royaume Uni ait beaucoup de succès à l’issue de ces Jeux. A Beijing, il y a quatre ans, nous avions fini à la quatrième place sur la liste des médaillés. C’était notre plus grand succès depuis 1908, date des premiers Jeux olympiques organisés par Londres où nous avions fini premier sur la liste des médaillés. Pour les Jo de 2012, nous ciblons un meilleur classement et ce serait bien d’être sur le podium.

Combien d’athlètes sont attendus aux Jeux olympiques de Londres en 2012 et quel est le budget prévu pour l’organisation ?

Pour les Jeux olympiques, on attend près de 10 000 athlètes, et pour ce qui est des Jeux para-olympiques, ils seront 3 000. En ce qui concerne le budget prévu par le gouvernement du Royaume Uni, il est estimé à 9,3 milliards de livres sterling (10 milliards d’euros ou 6 550 mille milliards F Cfa). Il y a deux organisations qui s’occupent de ces fonds. Il y a ce qu’on appelle «The olympic development authority», qui est une organisation du secteur public qui est chargée de construire les infrastructures sportives avec l’argent de l’Etat. Ensuite, il y a le Comité d’organisation des Jeux olympiques de Londres (Coljo), qui gère les jeux. Ce comité a un budget de 2 milliards dont une partie vient du gouvernement. Mais la plus grande part vient des partenaires, des parrains nationaux et autres sponsors. Ce qui fait que le coût entier des jeux sera donc constitué des 9,3 milliards du gouvernement et 1,5 à 2 milliards des sponsors et du secteur privé.

Comment se passe votre partenariat avec le Cnoss (Comité national olympique et sportif sénégalais) ?

Nous avons fait un bon contact avec le Cnoss qui est responsable de la participation sénégalaise aux Jo. J’ai l’impression que les préparatifs avancent bien. Ils ont déjà visité Londres plusieurs fois pour voir ce qui s’y passe. Ils ont visité le Parc olympique et choisi un camp de base et d’entraînement dans la ville de Medway qui n’est pas loin de Londres. En plus, le Comité d’organisation des Jo a donné une contribution de 25 000 livres sterling au Cnoss pour la préparation des équipes sénégalaises. Il y a des athlètes sénégalais qui sont déjà qualifiés et d’autres comme l’équipe de football sont sur le point d’y parvenir. C’est là où nous en sommes pour le moment avec le Cnoss, mais nous allons continuer de travailler avec eux pour leur faciliter l’entrée à Londres par les formalités de visa.

Vous aviez dit lors d’une conférence de presse, que vous seriez l’étranger le plus heureux si le Sénégal rentrait des Jo avec une médaille. Qu’est-ce qui vous lie à ce point à ce pays où vous ne servez que depuis trois mois ?

Je suis à Dakar depuis 3 mois et je vais y rester pour 4 ans. Je partage avec les Sénégalais l’amour pour le sport. J’ai constaté lorsque je fais de la course sur la corniche, que les jeunes, les étudiants et les autres s’entraînent tous sur les plages. Ce qui montre que c’est un peuple qui aime beaucoup le sport. Les Jo sont la manifestation sportive la plus importante. C’est l’endroit où les athlètes peuvent gagner une médaille. Alors j’aimerais bien que le Sénégal puisse ajouter une médaille ou plusieurs à celle de Amadou Dia Bâ, remportée en 1988 à Séoul. Sans doute en 2012, je serai encore là au Sénégal et si les athlètes sénégalais font une bonne performance, je crois que ça va chauffer (rire), car on va fêter leur succès.

Que deviendra le village olympique à la fin des jeux ?

Le village olympique, comme vous le savez, est le lieu qui sert d’hébergement aux athlètes et certains invités. Il fait partie du Parc olympique. Mais il faut d’abord faire remarquer que le Parc olympique était une zone industrielle très polluée. On l’a nettoyé et on a créé une toile de fond verte dans cette partie Est de Londres qui était un peu négligée. Comme je l’avais dit auparavant, nous comptons laisser un héritage aussi bien économique, social et environnemental. Sur le plan environnemental, ce Parc va être un espace récréatif pour les gens qui habitent dans cette localité. Pour ce qui est du village olympique, il va être reconverti en maisons mixtes pour les enseignants, les infirmiers et autres travailleurs-clés. Comme vous le savez, Londres est une ville assez chère. Mais on va réaménager le village olympique, en des maisons à coût moyen. Ce qui sera une bonne chose du point de vue social.

Quels sont les innovations que Londres compte apporter lors de ces Jeux olympiques de 2012 ?

Ces Jeux seront les plus verts de toute l’histoire des Jeux olympiques. Ce qui est une initiative pionnière dans ce domaine. Nous avons mis l’accent sur le recyclage, la biodiversité, l’utilisation efficace de l’eau, le nettoyage du sol pollué. En détruisant le vieux site industriel, on a réutilisé les déchets à 96%. On y a créé un parc énorme et planté beaucoup d’arbres et il ya même des tritons dans le parc. Il y a dans le Royaume Uni des secteurs de commerce très avancés en ce qui concerne la construction écologique durable et qui associe les facteurs économiques, sociaux et environnementaux. On pense au futur de tout ce que l’on construit, aussi on compte réduire au maximum l’émission de gaz polluant. Ce sera l’héritage qu’on compte laisser.

Vous comptez offrir au monde les Jeux les plus verts de toute l’histoire, mais quelles sont en retour les opportunités que peut tirer votre pays à travers ces Jo ?

Londres gagne à plusieurs niveaux avec d’abord la régénération d’une partie de la ville longtemps négligée. Elle va aussi gagner en ce qui concerne le tourisme, avec une estimation de 2 milliards de livres sterling. L’industrie et l’économie de Londres se verront renforcées, parce que la plupart des contrats ont été gagnés par des entreprises britanniques ; ce qui va aider notre économique et projeter le talent des entreprises britanniques à travers le monde. Ces Jeux seront une opportunité pour le Royaume Uni en général, d’autant qu’ils mettront en exergue tout ce que nous représentons. C’est-à-dire une société cultivée, dynamique, tolérante et moderne. Notre sport aussi en sortira plus fort grâce aux investissements qui y ont été consacrés. Comme je l’ai dit, il faut investir sur les athlètes les plus talentueux pour qu’ils nous vaillent des médailles, mais aussi inciter les jeunes à aimer le sport en promouvant la base.

Londres peut aujourd’hui se glorifier d’être la seule ville à organiser trois fois les Jo, alors que l’Afrique n’a jamais eu l’occasion d’accueillir ces jeux. Aujourd’hui, le Royaume Uni serait-il prêt à soutenir une candidature africaine aux Jo ?

C’est vrai que c’est la troisième fois qu’on accueille les Jo (1908, 1948 et 2012), mais c’est la première fois que nous avons eu le temps de bien organiser ces jeux. En 1908, pour la première fois, nous n’avions que 10 mois, en 1948, c’était juste après la deuxième Guerre mondiale, ce qui fait que nous avions tout juste deux ans. Bon, j’espère que dans le futur, les Jeux olympiques auront lieu en Afrique. Nous avons vu avec l’organisation de la Coupe du monde de 2010 qui s’est tenue en Afrique du Sud. C’était la première fois que le continent africain organisait un Mondial de foot et c’était une belle réussite, avec un spectacle formidable. J’ima­gine que dans le futur il y aura un pays africain qui aura l’occasion d’organiser des Jeux olympiques.

Pensez-vous au Sénégal ?

(Rire). J’espère bien, mais je pense qu’en ce moment-là, je ne serai malheureusement plus là. Car je suis au Sénégal pour quatre ans, et les prochains Jo, après Londres, sont déjà calés, ils auront lieu au Brésil (rire).

Le Quotidien

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