Au-delà de l'homme que les sénégalais connaissent, qui est véritablement El Hadji Mansour Mbaye ?
Mon vrai nom est Mouhamadou Mansour Mbaye. Je suis né le 15 octobre 1927 à Saint-Louis du Sénégal et mon père se prénomme Ahmadou Mbaye Maodo qui était le porte-parole de Seydi El Hadji Malick Sy. En ce moment-là, il n'y avait pas encore de radio et lors des Gamou, c'est lui qui relayait les propos du Khalife. II l'accompagnait également dans les mosquées. Ma mère. Ngoné Tall Niang, quant à elle, est une Saint-louisienne. Je suis certes né à Saint-louis, mais j'ai grandi entre Thiès, Tivaouane et Dakar. Je suis entré à l'école française à Thiès, je vivais à l'époque chez un de mes oncles, El Hadji Ahmadou Abdoulaye Seck. J'y ai fait tout le cycle primaire avant de venir à Dakar pour continuer mes études jusqu'à ce que mon homonyme, El Hadji Mansour Ibn Seydi El Hadji Malick, me demande, sur recommandation de mon père de venir à ses côtés. J'ai arrêté mes études donc après l'obtention du certificat d'études primaires. C'est plus tard que je suis entré dans l'administration sénégalaise d'abord, en tant qu'employé municipal à la mairie de Dakar sous la tutelle de son maire Lamine Guèye, ensuite, en tant qu'attaché de cabinet de mon ami Amadou Babacar Sarr dit «Chopard», alors ministre du Travail.
N'avez-vous pas nourri de regret pour avoir arrêté si tôt les études ?
Le certificat d'études à l'époque était l'équivalent de bon nombre de diplômes aujourd'hui, mais j'étais très content de pouvoir rejoindre mon homonyme. Donc, je n'avais aucun regret.
Vous êtes né à Saint-Louis, mais vous avez fait des passages à Tivaouane, à Louga, Thiès, avant de venir à Dakar. Qu'est-ce qui explique votre mobilité de jeunesse ?
L'explication est simple. Saint-Louis est ma ville de naissance. A Louga, c'est Seydi Ababacar qui y avait une épouse: Sokhna Oumy Khaïry Sall qui est la maman à Seydi Djamil. Thiès, c'est la ville où vivait mon oncle. Serigne Babacar Sy, qui fut le premier khalife des Tidjanes, était toujours en compagnie de mon père. Les deux hommes mangeaient toujours ensemble. Dans tout le Sénégal, c'est mon père qui était le seul à manger avec Serigne Babacar Sy. C'est pourquoi ma famille est allée vivre à Tivaouane.
Vous connaissez alors la famille Sy de Tivaouane...
Comme les doigts de mes mains.
On dit que c'est une famille un peu en situation de conflit interne...
Non, je ne suis pas au courant de ça. Je ne sens pas la prétendue division annoncée au sein de cette famille. Pour moi, la famille Sy de Tivaouane est une et indivisible. Quand je pars chez n'importe quel membre de la famille Sy, je me sens comme chez moi. Je ne fais pas de différence entre eux. Mais, je vous signale que j'ai le même sentiment pour la famille de Khadim Rassoul. Je suis le porte-voix de la famille de Seydi Hadj Malick, mais je dois vous dire que Cheikh Mbacké GaÏndé Fatma, qui est le fils aîné de Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, était mon ami personnel. Mon père était l'ami intime de Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké. C'est une famille qui aimait beaucoup les griots pour leur descendance royale. Serigne Mbacké Sokhna Lô aussi était très attaché à moi. A chaque lendemain de son Magal, il faisait appel à nous, les communicateurs traditionnels. Lors du dernier Magal avant sa disparition, comme s'il connaissait la date, il a appelé son fils aîné pour nous le confier.
Comment êtes-vous passé d'une carrière administrative à la communication traditionnelle ? Comment s'est faite la transition ?
Non, en ce moment, j'étais dans la municipalité qui diffère de la fonction publique. Après la fusion de l'Ups (Union progressiste socialiste) et du Bds (Bloc démocratique sénégalais) en 1957-58, on avait choisi Lamine Guèye comme président de l'Assemblée nationale et Babacar Sarr dit «Chopard» comme ministre du Travail et des Affaires sociales. En ce moment, Babacar Sarr m'avait à ses côtés comme attaché de cabinet. A la suite d'un remaniement, nous sommes allés à la Santé en 1962. Mais après les évènements du 17 Décembre1962 au cours desquels Mamadou Dia fut accusé de vouloir perpétrer un coup d'Etat, «Chopard» avait quitté la fonction publique pour aller au ministère de la Jeunesse et des Sports. J'ai quitté le cabinet en même temps que lui, mais on m'a mis à la disposition de la fonction publique. J'y suis resté pendant quelque temps avant d'être affecté au département de l'information. Et lorsque mon ami, Abdoulaye Fofana, a été nommé ministre de la Communication en 1963-64, il m'a pris à ses côtés et c'est comme ça que je suis allé à la radio où il m'avait recommandé à un certain Adama Diakhaté. Je faisais des prestations à la radio tout en restant dans la fonction publique. Quand Alioune Sène, l'ancien directeur de Cabinet du Président Senghor était ministre de la Culture, il m'a demandé de démissionner de la fonction publique pour venir carrément à la radio. Je l'ai fait et c'est comme ça que je suis venu à la radio nationale où je suis resté jusque-là.
Vous avez parlé de l'affaire Dia-Senghor et certains disent que vous étiez un «Dia-iste», comment avez-vous vécu ces évènements ?
J'étais un grand «Dia-iste»,je n'ai jamais été un «Senghoriste» parce que j'étais avec Lamine Guèye et malgré la fusion des partis, je n'ai jamais changé de camp. Mamadou Dia, je l'aimais bien parce que non seulement il était un grand Tidjane, un grand musulman, mais aussi, parce que mon grand ami, Amadou Babacar Sarr«Chopard», mon maître, était avec lui. Tout le Sénégal connaissait ma sympathie pour Mamadou Dia.
Et vous, comment avez-vous vécu ces évènements ?
Je les ai vécus tristement parce que j'étais au 9e étage avec le Président Mamadou Dia. J'étais toujours à ses côtés avec mon ministre « Chopard». Le 18 décembre 1962, on devait se réunir chez le Président Mamadou Dia, mais la police et la gendarmerie sont venues barrer tous les chemins menant au domicile du Président Dia, à la Médina, à l'actuel emplacement de la maison de la culture Douta Seck. Le Président Senghor avait destitué le Général Fall et l'avait remplacé par le Général Diallo. II y avait un nommé Pereira qui avait le détachement des parachutistes et qui était basé à Rufisque. Le Président Senghor lui avait demandé de venir et c'est cela qui a changé la situation du pays à l'époque. La Sûreté était donc venue et l'on arrêta Mamadou Dia.
Vous êtes connu comme étant un fidèle militant du Ps. Qu'est-ce qui vous y retient encore ?
C'est que j'étais déjà au Ps bien avant la plupart de ceux qui y sont actuellement. Je suis un socialiste de Lamine Guèye, des années 1945. Et l'on y croyait fermement. Tous ceux qui y sont actuellement, nous y ont trouvé. II est donc difficile de se départir d'une idéologie qu'on a embrassée depuis plus de trente ans.
On dirait que vous aviez plus de relations avec Abdou Diouf ?
Vous n'avez certainement vécu que l'époque d'Abdou Diouf, mais mes relations avec le président Lamine Guèye sont légendaires. Parce que je suis né à Guet Ndar, un quartier de la ville de Saint-Louis et Lamine Guèye a des attaches familiales à Guet Ndar. Lorsque Lamine Guèye parlait dans les meetings, je prenais également la parole. Je lui disais toujours : «Membre du comité directeur du Ps, secrétaire d'Etat au gouvernement homogène de Léon Blum, Bacar Waly borom angle yi». Les gens m'ovationnaient toujours et criaient mon nom (Rire).
Mais vous étiez quand même le conseiller spécial de Diouf ?
Je n'ai jamais été le conseiller spécial d'Abdou Diouf. Seulement, je suis son proche ami. II faut que vous sachiez une chose : je suis certes né à Saint-louis, mais mon père devait avoir une épouse partout où en avait Serigne Babacar Sy, le premier Khalife de Seydi El Hadji Malick Sy. Serigne Babacar Sy avait une épouse, Sokhna Oumou Khaïry Sall, la mère de Seydi Djamil et c'est comme ça qu'on a demandé à mon père de transférer ma mère de Saint-Louis à Louga afin qu'elle y vive avec lui comme il n'avait pas d'épouse là-bas. La maison dans laquelle on vivait à Louga jouxtait celle des grands-parents d'Abdou Diouf. En ce moment-là, je ne connaissais certes pas Abdou Diouf, mais sa famille et la mienne ne faisaient presque qu'une. Quand Abdou Diouf a accédé au pouvoir, sa mère lui a fait comprendre ce qui nous liait. Lors de la première tournée du Président Abdou Diouf, ceux qui lui étaient proches, sous prétexte que j'étais ami à Babacar Bâ (ancien ministre actuellement décédé) qui était du Saloum et qui n'était pas d'accord avec lui, ne voulaient pas que je l'accompagne. Seulement, Tidjane Daly Ndiaye, à l'époque, conseiller du Président, est intervenu pour que je fasse la tournée avec lui. Ils ont hésité, mais finalement le Président a donné son accord pour que je l'accompagne. Ils se disaient que je parlerais forcément de Babacar Bâ. Diouf et moi, ne nous connaissions pas. Mais j'avais retenu une chose de la visite à Dakar du Président français qui disait à Lamine Guèye: «Hier, vous étiez au comité directeur du parti socialiste à Paris, aujourd'hui, vous êtes le maire de Dakar et député à I'Assemblée Nationale française...» Et quand Lamine a pris la parole, il lui a rétorqué : «Vous, vous êtes le gardien de la Constitution...» Alors, j'ai volé cette expression pour la «donner» au Président Abdou Diouf. C'est comme ça que je me suis approprié cette expression et lorsque Abdou Diouf faisait ses tournées, il prêtait attention à ce qui se disait. Même en voiture, il ne manquait jamais d'écouter la radio pour savoir ce qui se disait. Comme j'étais plus intelligent que la plupart de ceux qui étaient là, je disais toujours : «Bientôt, l'homme de Tai'f, le gardien de la Constitution, va venir.» A chaque fin de tournée, on se retrouvait chez le gouverneur de la région avant que chacun n'aille à son hôtel. Un jour, le Président Diouf a appelé Tidjane Daly pour lui dire: «Je ne sais pas si Mansour Mbaye est contre moi ou pas, mais j'apprécie beaucoup ce qu'il dit.» (Rire). C'est comme ça qu'ont débuté nos relations. II m'aimait beaucoup (Il se répète). II ne manquait jamais de dire dans ses discours : «Comme le dit mon ami El Hadji Mansour, je suis le gardien de la Constitution...» Cela faisait que j'avais une certaine cote de popularité et certains ne manquaient pas de dire : «Faisons attention à El Hadji Mansour, il prend le thé avec le Président Diouf, c'est son conseiller.» Vous voyez ce que ça fait. (Rire)
Paraît-il qu'en certaines occasions, quand les choses n'allaient pas comme il fallait, il faisait appel à vous pour en discuter ?
Mais je n'étais pas pour autant son conseiller. On discutait et je lui donnais mon point de vue sur la question.
Qu'est-ce que vous lui disiez ?
Lorsqu'il y avait une crise, je lui disais qu'il fallait privilégier la communication avec tout le monde, qu'il devait impérativement dialoguer.
Pourtant, on lui reprochait d'être très éloigné du peuple...
Non, il a toujours été proche du peuple. II m'a dit toutefois qu'il regrette de n'avoir pas fait assez de tournées au Sénégal et de n'avoir pas été entouré d'hommes qui étaient en mesure de lui dire certaines choses qui se passaient dans le pays. Mais il n'a jamais été loin du peuple sénégalais.
Mais l'attitude qu'il avait en 2000 illustre ce qui se dit parce qu'entre les deux tours, il disait ne pas être au courant des complaintes des populations...
C'est ce que je vous disais. S'il avait fait les tournées qu'il devait faire dans les régions, il serait au courant de tout cela. Ce n'est que ça.
Qu'est-ce qui vous retient vraiment le plus au Ps après l'Alternance ?
L'idéologie en laquelle j'ai toujours cru. Je me contredirais si je pose d'autres actes allant dans le sens d'un changement politique. Je continue à croire en ce que j'ai toujours cru.
Vous avez trouvé l'expression «gardien de la Constitution» pour Diouf, vous êtes également proche de Wade, vous l'accompagnez...
(Il coupe) Abdou Diouf, je l'appelais «Gardien de la Constitution», Abdoulaye Wade, je l'appelle «Président de tous les Sénégalais». Beaucoup de choses me lient au Président Wade. Son grand-frère Adama Wade (père de Doudou Wade, président du groupe parlementaire libéral et démocratique) fut la première personne à qui j'ai été confié. II venait souvent me rendre visite, ici, chez moi. Ensuite, quand Wade a accédé au pouvoir, il m'a reçu et nous avons discuté. Quand je le trouve dans une cérémonie, il me demande de relayer ses propos.
Aviez-vous ces mêmes relations alors qu'il était dans l'opposition ?
Non, on n'avait pas de relations particulières, mais il disait à qui voulait l'entendre: «Mansour Mbaye, on ne l'entend jamais dire du mal des autres» et l'on me l'a souvent rapporté. Par contre, j'ai toujours eu des relations poussées avec Pape Diop (actuel président libéral du sénat).
Apparemment, vous n'avez jamais occupé de poste politique. On se rappelle qu'en 2001, vous étiez sur la liste du parti socialiste, mais ça n'avait pas marché finalement...
Si, j'ai déjà eu un poste politique parce que j'ai été employé municipal de la ville de Dakar. J'étais sur la liste socialiste comme vous dites, mais ça n'a pas abouti. Et lorsqu'on choisissait les sénateurs, j'étais en voyage, sinon j'allais demander au Président Wade de me coopter.
Donc, vous étiez prêt à devenir sénateur ?
Si j'étais à Dakar, j'irais demander ça à Wade...
Mais vous êtes du Ps qui avait boycotté...
Même si le Ps n'en fait pas partie ...(Rire) Si j'étais là, je serais allé voir Wade pour lui dire de me trouver un poste de sénateur puisque je suis vieux maintenant. Et il l'aurait fait.
Est-ce à dire alors que vous auriez quitté le Ps pour le Pds ?
Non, je ne quitterai jamais de ma vie le Ps.
Mais vous seriez alors sénateur de quel parti ?
Sénateur de la République... (il se répète)
Est-ce que le fait d'être proche de Wade tout en étant socialiste ne vous crée pas de problèmes ?
Ça ne me crée aucun problème ...
Vous mettez en avant votre rôle de communicateur traditionnel...
Un homme comme moi ne doit pas avoir d'ennemi et si ça ne tenait qu'à moi, je n'en aurais jamais.
Vous voulez profiter le maximum de tout le monde alors ?
Non, ce n'est pas ça, mais en tant que griot, on doit toujours arrondir les angles et je suis le président national des communicateurs traditionnels. Si ça ne tenait qu'à moi, tous les partis parleraient le même langage, chacun gardant toutefois son opinion.
A quand remonte votre dernière rencontre avec Wade ?
Dernièrement, on a voyagé ensemble pour la Martinique. C'est le Président Wade qui avait demandé à ce qu'on ajoute mon nom sur la liste de la délégation.
Vous vous en mettez plein les poches en exploitant toutes les pistes alors ?
(Rire) Non, ce n'est pas une question de s'en mettre plein les poches. Seulement, mon père était en quelque sorte, chargé de mission entre les différents guides religieux et c'est la même mission qui m'est impartie.
II y a différence entre religion et politique. Par exemple, le Ps et le Pds ne convergeront jamais...
(il coupe) Mais je suis resté le même au Ps. Seulement Wade, c'est mon Président. Même si je n'ai pas voté pour lui, je suis obligé de me soumettre au suffrage universel.
Pourtant vos camarades socialistes contestent la victoire de Wade en 2007...
Je ne fais pas partie des socialistes qui contestent l'élection de Wade en 2007.
Dans ce cas, vous n'avez pas respecté la discipline de parti...
Si, si, parce que le parti n'a jamais dit que Wade n'était pas reconnu comme Président. II y a juste certains qui l'ont dit.
Quand on parle du parti, c'est dans le cadre global. La direction du Ps conteste les élections de 2007...
Oui, mais, cela ne me marginalise pas, parce que les socialistes savent que je suis avec eux. Seulement, j'ai mes opinions personnelles qui n'ont rien à voir avec le parti.
En reconnaissant Wade comme Président, n'est-ce pas votre côté griot qui parle plus que la fibre socialiste ?
Ce sont les deux fibres qui parlent.
Wade ne vous donne-t-il pas de l'argent pour que vous soyez à ses côtés ?
(Rire)II ne m'en a pas donné. Si un président de la République, pour qui on n'a pas voté, mais, qui, dès qu'il vous voit quelque part, vous donne ce qui vous revient de droit, vous ne pouvez faire autrement que l'aimer, le respecter.
N'avez-vous pas également bénéficié de prières pour être aussi populaire ?
On a prié pour moi et rien que le fait que vous soyez là peut vous le prouver.
Qui a prié pour vous ?
Mon homonyme, El Hadji Mansour, qui m'avait fait savoir que chaque année à venir serait meilleure que la précédente pour moi. La prière a été exaucée. Un exemple, il y a un commerçant dénommé Massamba Amar qui est établi à Cotonou au Bénin, on ne s'est jamais vus et tous les trois mois, il m'envoie 250 mille francs. II y en a que je vois et qui me donnent de quoi rester des jours sans sortir.
Est-ce que le fait que certains griots soient plus connus que d'autres ne crée pas de jalousie?
Pour mon cas, non, parce que tous les communicateurs me vouent un respect. Quand je les retrouve quelque part, ils me le témoignent.
Vous êtes ami à tout le monde, est-ce que cela a des retombées matérielles et financières pour vous ?
Je ne me plains pas. Connaître les gens m'a beaucoup rendu service. Hier (l'interview a eu lieu mardi 26 août), quelqu'un est venu me voir pour me remettre une enveloppe de la part de Serigne Moustafa ibn Cheikh Abdou Khadre Mbacké, parce qu'il m'aime. Et Serigne Bara a dernièrement dit à Madické Niang de me faire savoir qu'il m'a donné un billet et des devises pour aller à La Mecque, au prochain pèlerinage.
Vous avez des biens?
J'ai trois maisons : deux à Dakar et une autre à Tivaouane. J'ai deux voitures.
Combien de femmes et d'enfants ?
Deux femmes et cinq enfants... (Il fait exprès de ne pas dire le nombre exact).
En général, dans les grandes familles griottes, le patriarche ...
(il coupe) Moi, je n'en suis pas un et je n'ai pas quatre femmes. Je n'en ai que deux.
On dit que vous avez épousé dernièrement une jeune fille ?
(Rire)Je n'ai que deux femmes. Ne me créez surtout pas de problèmes (Rire).Heureusement que ma femme qui était là tout à l'heure, ne vous a pas entendus.
On voit sur la photo accrochée au mur qu'étant jeune homme vous étiez élégant. Quels étaient vos rapports avec les jeunes filles ?
Quand je m'habillais, on m'épiait tout le temps parce que j'étais très élégant. Lorsque je me déplaçais quelque part avec mes amis, on nous regardait tout le temps parce qu'on était très bien habillés.
Comment viviez-vous cela par rapport aux jeunes filles ?
Elles m'aimaient beaucoup, mais il ne faut pas oublier le cadre religieux dans lequel je baignais. Elles m'aimaient, mais on n'allait pas plus loin. Je les évitais en me limitant à accueillir leur déclaration de sympathie. Rien d'autre. Ça s'arrêtait là. (Rire). Je ne peux pas être discourtois avec quelqu'un et quand je vois quelqu'un, je l'appelle mon amie.
La célébrité ne vous a-t-elle pas fait regretter certaines choses ?
Je dis parfois que si je savais celui qui m'avait soufflé la baraka pour être aussi célèbre, je lui demanderais de revoir cela.
Est-ce qu'il vous arrive de vous déplacer pour aller voir un noble afin qu'il vous donne de l'argent ?
Non, je ne le fais pas.
On dit qu'on ne peut donner 10 mille ou 5 mille francs Cfa aux griots célèbres comme vous parce qu'ils en voudront toujours plus ?
Moi, je ne minimise jamais ce qu'on me donne, mais heureusement pour moi, on ne me donne jamais 5 ou 10 mille francs (Rire).
Ne vous est-il jamais pas arrivé que quelqu'un vous donne de l'argent et que mécontent de la somme, vous faites tout pour qu'il vous rappelle et vous remette plus ?
Ça ne m'est jamais arrivé.
Pourtant, ce sont des choses qui se racontent sur vous.
Ça ne m'est jamais arrivé parce que les gens qui viennent vers moi m'aiment beaucoup...
Il paraît que vous gagnez beaucoup d'argent avec le drapeau que vous fait parrainer le promoteur Gaston Mbengue ?
Non. Posez-lui la question. II n'y a rien en retour. En plaisantant même, je lui dis que je ne veux plus parrainer de combat parce que cela me coûte très cher. Je dépense beaucoup. Des communicateurs viennent de Kaffrine, de Médina Sabbakh, de nombreux chanteurs venant de partout viennent passer la journée chez moi avant qu'on aille voir les combats. Gaston, c'est mon ami, mais il ne me donne rien en retour.
Les lutteurs vous donnent-ils de l'argent ?
Depuis que j'ai commencé à assister aux combats de lutte, c'est-à-dire depuis 1950 jusqu'à nos jours, il n'y a qu'un seul lutteur à qui je dois quelque chose. C'est Mbaye Guèye (ancien Tigre de Fass) qui a donné mon nom à sa dibiterie. Mais il ne m'a pas remis d'argent. Les lutteurs d'hier diffèrent de ceux d'aujourd'hui. Ce que vous dites là n'existe plus. Un lutteur comme Abdourakhmane Ndiaye Falang remettait tout ce qu'il avait sur lui quand son batteur Bouna Bass assurait son spectacle.
Pourtant, les lutteurs actuels sont plus nantis ?
Je ne le sens pas.
Parmi les communicateurs traditionnels n'y en a-t-il pas qui courent les marabouts pour avoir leur part du gâteau ?
Je n'en connais pas. Palpez-moi et vous ne trouverez pas de gris-gris sur moi. Je prie sur le Coran et j'invoque Seydi El Hadji Malick. J'ai appris le Coran et mon père, qui est un érudit de Seydi El Hadji Malick ainsi que ma mère, m'ont donné leur bénédiction. Quand je suis à côté de quelqu'un, je ne peux m'empêcher de lui passer le bras sur l'épaule. Certains disent que c'est un marabout qui m'a demandé de le faire, ce qui est archi-faux.
Il semble qu'El Hadji Mansour Mbaye n'a affaire qu'aux personnalités, aux personnes nanties...
C'est dommage que l'heure du déjeuner ne vous ait pas trouvé chez moi. Sinon, vous verrez que chaque jour que Dieu fait, il y a un bol de nourriture réservé à des démunis, à des gens que je ne connais même pas.
Vos relations avec l'actuel secrétaire général du Ps Ousmane Tanor Dieng sont-elles au beau fixe comme c'était le cas avec Abdou Diouf ?
Ah oui, Ousmane Tanor Dieng et moi, nous avons de très, très bonnes relations. C'est un grand ami à moi parce qu'il est quelqu'un qui respecte sa parole...
Grand ami à Ousmane Tanor Dieng, grand ami à Abdoulaye Wade, deux adversaires politiques farouches. Cela ne vous fait pas peur une personne sans position fixe...
Mais, c'est ça notre rôle. Comme je vous ai dit tantôt, c'est comme ça que nous devons être. C'est cela notre credo.
Vous mettez en avant votre statut de griot...
Vous savez, je respecte beaucoup mon appartenance politique, mais ce que je respecte le plus, c'est mon appartenance à la famille griotte.
Si vous aviez à faire la comparaison entre Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, qui ont respectivement dirigé le Sénégal indépendant, qu'auriez-vous dit ?
(Petit silence) Senghor est un homme de culture. Lui s'intéressait plus aux diplômes, au savoir. Abdou Diouf est reconnu pour son penchant vers la démocratie. C'est lui qui disait: «Jaaka jaa ngui noonu, ku man na nodd» (Que chacun affiche son ambition politique et s'y adonne d'une manière démocratique). .Quand Abdoulaye Wade est venu, il a mis aux oubliettes tout ce qu'on pouvait reprocher à ses prédécesseurs. II n'a pas encore atteint son objectif de rassembler tout le monde, mais je suis sûr que c'est son ambition.
Qu'est-ce qui l'empêche d'atteindre cet objectif à votre avis ? Où se trouve le blocage ?
Les gens n'ont pas la même ambition. Ils n'ont pas le même état d'esprit.
Vous avez une proposition de solution ?
Oui, il faut que les personnes respectées de ce pays s'y mettent, instaurent le dialogue pour que tout le monde soit d'accord sur l'essentiel.
Ça commence à durer. Depuis 2000, le dialogue n'est pas instauré au Sénégal...
II fera jour. II y a des gens qui sont en train de s'activer discrètement pour faire asseoir tout le monde autour d'une table.
On a l'impression que le pays manque actuellement de personnes comme Serigne Abdou Aziz Sy «Dabakh» qui jouait toujours le rôle de sapeur-pompier de la nation...
(II se redresse) Ah, mais El Hadji Abdou Aziz Sy Dabakh n'a pas d'égal. C'était une personne rare. Un jour que je lui demandais d'intervenir pour régler un problème qui m'est cher, il me dit : « Tu sais, Mansour, je suis un arbitre. Et un arbitre n a pas le droit d'avoir un parti pris » (rire). II était unique.
Que pensez-vous de la cherté de la vie constatée ces derniers temps au Sénégal ?
Tout cela est dû à la hausse du prix du baril de pétrole (petit rire un peu moqueur).
Vous n'avez pas donc senti la cherté de la vie...
Non, je ne l'ai pas du tout senti. Dieu merci...
Parce que peut-être vous êtes à l'abri du besoin comme vous êtes proche des gens du pouvoir.
Non, arrêtez de parler de mes liens avec les gens du pouvoir. Je suis plutôt avec de généreuses personnes qui s'occupent de moi.
Et vos parents ?
Mes parents aussi sont à l'aise, ils n'ont pas de problème de survie. Allez demander à mes parents qui sont à Tivaouane, ils sont bien à l'aise.
Avez-vous une idée de celui ou celle qui pourrait succéder à Wade ?
Oui, j'en ai une idée, mais le moment n'est pas encore venu. Quand on y arrivera, tout le monde saura qui c'est. Mais laissons le temps au temps, il ne faut pas anticiper sur les évènements. Nous sommes des croyants quand même.
On a l'impression que vous ne voulez pas parler de certains sujets de peur de vexer certains...
D'accord, parce que moi, je ne dois vexer personne. Je suis là pour faire de telle sorte que tout le monde soit content. Toutes les personnalités de ce pays sont mes amies. Elles sont toutes très gentilles avec moi. A commencer par le Président Wade qui est un homme très généreux...
Qu'est-ce qu'il a fait pour vous ?
Mais il a beaucoup fait pour moi comme d'autres ont aussi beaucoup fait pour moi.
Qu'est-ce qu'on peut retenir comme étant ce que vous avez gagné dans vos relations avec ces personnalités dont vous parlez ?
Ce sont elles qui m'ont donné tout ce que j'ai. Je ne peux pas citer tous ceux qui ont fait que je sois devenu ce que je suis, mais ils sont nombreux.
Quelle appréciation faites-vous des relations tendues entre la presse et le pouvoir ?
II faut régler ce problème le plus rapidement possible. Nous allons nous atteler à chercher un dépassement de cette situation qui n'arrange personne. Alors, je vous dis ce que nous, les communicateurs traditionnels, avons envisagé de faire. Nous devions avoir une réunion, ici, chez moi, dimanche dernier. II y a une télévision qui était venue ici pour transmettre l'évènement, mais malheureusement Dieu a fait que la réunion n'a finalement pas eu lieu. Aziz Mbaye, qui est le coordonnateur des communicateurs traditionnels, a perdu son père. Notre rencontre devait avoir comme ordre du jour: les démarches à entreprendre par les communicateurs traditionnels pour apaiser les conflits entre les différents acteurs de la société sénégalaise ; le problème entre les acteurs politiques, celui entre la presse et le pouvoir, etc.. Parce que nous sommes conscients que c'est à nous, les communicateurs traditionnels, de toujours chercher à recoller les morceaux, pour la concorde nationale. Vous avez vu que quand Youssou Ndour a eu un problème avec Karim Wade, c'est nous qui sommes allés voir Moustapha Wade, grand-frère du Président Wade et Iba Der Thiam, pour que les deux hommes enterrent la hache de guerre. Si nous restons sans rien faire pour régler les conflits dans ce pays, cela voudrait dire que nous n'avons pas accompli notre mission.
On a brutalisé des journalistes, saccagé leurs lieux de travail...
(Il coupe) Même si je n'étais pas acteur de la communication, je ne peux apprécier que l'on maltraite une personne. Chaque personne mérite du respect. En plus, ceux qui sont dans le milieu de la presse sont tous mes enfants. II faut que les gens, quel que soit leur rang, arrêtent de s'adonner à la violence pour régler les problèmes.
On voit que tous les artistes vous prennent comme référence...
(Il coupe) Ils sont tous mes enfants. Plusieurs d'entre eux sont montés sur scène pour la première fois à mon émission ou sous ma supervision, surtout les femmes. Les Sénégalais se souviennent de mon émission à la télé, dénommée Super Ndadjé, qui était devenue presque un passage obligé pour tous les artistes qui voulaient se faire connaître du grand public. Cette émission a participé au rayonnement de plusieurs voix féminines de la musique sénégalaise telles qu'Adja Khar Mbaye, Kiné Lam, Maty Thiam Dogo, Dial MBaaye, Athia Wélé, Fatou Guéwel Diouf, pour ne citer que celles-là. Des musiciens tels que Youssou Ndour, Ismaël Lô, Thione Seck, Baba Maal, Omar Pène, reconnaissent mes qualités de figure emblématique de la musique sénégalaise grâce à mon influence sur leur carrière. Surtout Youssou Ndour qui est mon neveu. Sa grand-mère Mame Marie Sène était ma voisine à Tivaouane.
Certains font cette remarque : les griots d'antan collaboraient avec les nobles, mais les griots actuels cherchent plus à collaborer avec les fortunés. Que répondez-vous à cette remarque ?
Non, ça c'est une remarque de personnes mal inspirées et impertinentes. Les griots d'aujourd'hui sont encore en étroite collaboration avec les nobles.
Cela peut vouloir dire que les nobles d'aujourd'hui sont ceux qui ont de l'argent...
C'est votre opinion. Nous avons encore des gens avec qui nous avons des relations fondées sur l'honneur, la dignité, l'amitié sincère.
Le griot était aussi reconnu comme étant un homme discret, fidèle et digne de confiance. On a l'impression que tel n'est plus le cas, avec des griots qui s'adonnent au déballage...
(Il coupe) Ah non, un griot, un vrai griot ne s'adonne jamais au déballage. Qu'il pleuve, qu'il neige, le couteau sous la gorge, il garderait toujours ses secrets. Oh, si je disais tout ce que je sais dans ce pays-là... (Il ne termine pas la phrase).
Vous avez des secrets sensibles ?
Non laissez comme ça, mais dites-vous bien que tout individu qui met des secrets sur la place publique, n'est pas griot. Un griot ne déballe jamais (il se répète).
Mais il y en a qui ont perdu aussi la tradition orale. Ils ne parlent plus des lignées, mais des biens que possèdent les autres...
Cela est possible, mais, comme je l'ai dit tantôt, un griot digne de ce nom, doit pouvoir chanter les louanges des nobles.
Vous avez beaucoup voyagé?
Oui, surtout à La Mecque et en Europe.
Par vos propres moyens ?
Non, ce sont les généreux nobles qui me donnent à chaque fois le billet.
Quels sont les motifs de vos nombreux voyages?
A La Mecque, c'est pour le pèlerinage, mais pour les autres destinations, ce sont des voyages d'affaires. J'ai aussi des enfants qui sont en Amérique, en Europe. Des fois, je pars pour voir comment ils vivent là-bas. Je ne veux pas qu'ils s'adonnent à des choses non conformes aux valeurs que je leur ai inculquées, à savoir le travail, la persévérance, la dignité...
Ils ont certainement profité de votre aura pour percer...
Ah oui, bien sûr. II suffit que mon enfant se présente comme étant le fils d'El Hadji Mansour Mbaye pour qu'on lui ouvre les portes.
Vous parlez de vos différents enfants alors que vous avez déclaré un peu avant en avoir seulement cinq...
Oui, je me suis arrêté à cinq seulement, mais j'en ai plus (rire).
Vos enfants sont plus orientés dans les études ou les affaires. Y a-t-il au moins un parmi eux qui suit vos traces ?
Vous savez, la vie fait son bonhomme de chemin. Quand j'étais encore jeune, c'est ce que je suis en train de faire actuellement qui était en vogue. Aujourd'hui, la vie est autre. Mes enfants ne font que ce qui est conforme à leur époque.
La danseuse Ndèye Guèye vous aurait un jour heurté par son accoutrement lors de la signature de contrat du combat «Yékini-Baboye»*...
(Il coupe) Cette scène m'avait frappé, choqué. Je ne pouvais pas supporter que devant 100 à 200 personnes, des personnalités surtout, une telle scène puisse se passer. Je pense qu'il n'est pas respectueux pour une jeune fille de montrer ses parties intimes devant un public composé de personnalités, de personnes âgées, sans aucune gêne. Ce n'est pas décent. Certaines filles d'aujourd'hui ont tout simplement dévoilé les secrets de la femme. Un jour, Abdou Aziz Sy Dabakh m'a dit: «Mansour, il faut parler de l'accoutrement des jeunes filles. Il faut leur dire qu'elles n'ont pas besoin de s'exhiber pour avoir un bon mari.» Vous voyez? Est-ce à dire qu'une fille perd sa beauté quand elle porte des habits longs, assez amples pour ne pas se coller à son corps ? Non !
Qu'est-ce que cela vous fait d'être imité par des humoristes comme Kouthia ?
C'est toute une fierté pour moi que des animateurs de radio, de jeunes artistes, m'imitent pour faire valoir leur talent et gagner leur vie. Un jour, le Président Diouf m'a dit : «Mansour, tu sais tu as deux faveurs que je n ai pas.» Je lui réponds: «Non, président, vous, le président de la République, Gardien de la constitution. Ah, non Président je n'ai rien que vous n'ayez pas.» II me dit: «Si, si, parce que moi, il y a des gens qui zappent leur télévision dès mon apparition pour ne même pas voir ma tronche, mais, toi, tu parviens à les faire rire et à leur faire oublier les soucis. Les gens disent toujours : «Ecoutons El Hadji Mansour Mbaye pour savoir ce qu'il va dire encore aujourd'hui.» Il y a aussi des gens qui t'imitent, cela veut dire d'abord, qu'ils vous aiment énormément. Ensuite, vous avez la chance de permettre à des gens de gagner leur vie sans le moindre effort.» Je lui dis : «Ah d'accord Président, si c'est de ça que vous parlez, c'est vrai que j'ai quelque chose qu'aucun Sénégalais n'a. Vous devez être content de ça.» Je suis très fier quand j'écoute les animateurs de radio, comme Khadim Samb, Bécaye Mbaye, Mamadou Mbaye Garmi ou autres Ibra Ndiaye Niokhobaye. Parfois, quand je suis seul, je me dis que tous ces animateurs parlent comme moi, c'est-à-dire, ils m'imitent. Je me plais aussi à écouter des humoristes comme Kouthia, Mor Bâ, qui m'imitent pour gagner leur vie.
Combien s'élèvent souvent vos cachets pour animer une cérémonie ?
En tout cas, pas moins de 150 mille francs (rire). Bon, mais, disons que cela dépend de la grandeur de l'évènement. Parfois, on m'annonce un évènement en me disant que c'est le président de la République, le Premier ministre, le président de l Assemblée nationale ou celui du Sénat qui la préside. Alors, là, je comprends que c'est un grand évènement et j'élève un peu le cachet. A 300 mille par exemple. Mais, je précise que, parfois, je m'en vais sans, au préalable, demander quelque chose en retour...
Tout en sachant que vous allez rencontrer vos amis bienfaiteurs...
Ah oui, il y a des gens qui se montrent généreux partout où on se rencontre.
II semble que parfois vous avez des problèmes entre communicateurs traditionnels pour le partage de vos recettes...
Mais ça ce sont les autres griots qui reçoivent une somme à partager entre eux. Moi, Mansour Mbaye, on ne me met pas en rapport avec qui que ce soit. Ma part, je la reçois en main. Je n'ai jamais eu ce genre de problème.
Pouvez-vous nous faire le portrait-robot de l'homme qu'il faut à la tête du Sénégal pour qu'il redevienne un pays de dialogue, de concorde, de paix...
(Silence) Ah, seulement, comme Abdoulaye Wade est!!
...Parce que c'est Abdoulaye Wade qui est là présentement...
Non, mais, je le dis parce qu'il est aussi un homme de dialogue, un homme de paix. Même s'il n'a pas encore atteint son objectif de réunir tout le monde...
Oui, mais, disons, après Wade...
Un jour, un grand érudit m'a dit: «Mansour, c'est Dieu qui t'a créé ?». Je lui dis : «Oui». II ajoute : «C'est Dieu qui m'a créé aussi ?» Je réponds : «Oui». II me dit: «Tu sais, si Dieu était descendu sur terre, il y aurait des gens qui auraient un bâton entre les mains en demandant où est passé Dieu» II y a des choses qui sont imprévisibles, parce qu'étant du ressort de Dieu. Seulement, je dois dire qu'il doit être un rassembleur, un homme de paix et de concorde. II doit être ouvert au dialogue et laisser la démocratie sénégalaise continuer son chemin.
Vous fréquentez souvent des milieux à forte présence féminine. Ne subissez-vous pas des appels du pied de la gent féminine ?
Ah si ! Sincèrement, il est fréquent qu'une femme me témoigne de son affection et me dise qu'elle souhaiterait une union avec moi. Un jour que je suis arrivé chez Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh, il m'a dit: «II y a une femme qui est venue me voir. Elle a dit qu'elle a sa maison, elle ne te demande ni dépense quotidienne, ni paiement de ses factures d'eau et d'électricité. Elle souhaiterait seulement de t'avoir comme époux, par la grâce de Dieu. Mais elle ne te connaît pas.» J'ai dit : «Alhamdoulilah parce que j'imaginais comment j'allais faire si la dame disait qu'elle me connaissait. Comment le khalife allait interpréter ça.» Des gens m'apprécient sans me connaître de près. Comme des gens parlent de moi sans me connaître ou sans que je les connaisse.
Comment faites-vous pour échapper aux griffes de ces femmes qui vous courent après ?
Mais je suis devenu vieux quand même. II y a des choses que je ne peux plus faire. Quand j'étais plus jeune, j'ai choisi comme épouses, les deux femmes de ma vie et j'ai fermé la porte (rire).
M.S.D/ B.B.F
*En dansant ce jour-là, la célèbre danseuse avait laissé apparaître son string en public, ce qui avait choqué Hadj Mansour qui s'en était ému publiquement.
Source: Weekend Magazine avec Xibar
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