Dans un monde qui se transforme avec une accélération parfois tumultueuse, l’éducation doit être placée au centre de toutes les préoccupations. Au Sénégal, ce souci est très présent dans les discours officiels. On entend dire que 40% du budget national sont consacrés au seul secteur éducatif. Seulement, la réalité du terrain est toute autre. Droit consacré par la Constitution, l’éducation par l’école (celle dite formelle) est devenue universelle c’est-à-dire accessible à tous. Impliquant l’absolue nécessité de donner aux enfants de ce pays, sans discrimination, d’égales possibilités de développement de leurs aptitudes, l’école publique sénégalaise, laïque et démocratique, a formé depuis l’indépendance, et bien avant, des générations d’hommes et de femmes, d’origines ethniques et géographiques diverses, qui ont fait, pendant longtemps, en Afrique et dans le monde, la fierté de notre système éducatif.
Autrefois très courue par les populations du Sénégal et de la sous-région pour sa qualité, son sérieux, l’expertise et l’engagement sans faille de ses enseignants, l’école publique n’est plus aujourd’hui que l’ombre d’elle-même. Son étoile a véritablement commencé à pâlir avec la massification tous azimuts des effectifs survenue dans les années 1980-1990, peut-être même bien avant ces dates. En effet, sous la forte pression des bailleurs de fonds, mais aussi pour répondre rapidement aux énormes besoins en éducation des populations urbaines et rurales, l’Etat du Sénégal, contraint aux fameux PAS (Programmes d’ajustement structurel) du FMI et de la Banque Mondiale, a fini par « sacrifier » son système éducatif en favorisant la quantité, en matière de recrutement et de formation, au détriment de la qualité.
Cette politique du « moins d’Etat, mieux d’Etat » qui préconisait l’application de mesures d’austérité (privatisation de sociétés nationales, départs volontaires de fonctionnaires, suppression d’internats, fin programmée de la coopération franco-canadienne en matière d’enseignement, etc.) dans certains secteurs de la vie publique théorisée, en son temps, par Abdou Diouf, s’est traduite (négativement) dans nos écoles par toutes sortes de façonnages des horaires et des apprentissages: classes à double flux, classes multigrades, journées continues, rattachement d’importantes écoles spécialisées à l’UCAD, entre autres. Elle a également privilégié un type de recrutement « irrégulier » et « souterrain », parfois, politicien et clientéliste (cas du quota sécuritaire, aujourd’hui encore, par exemple) qui a consacré l’émergence d’une nouvelle catégorie d’enseignants, de braves jeunes gens, souvent sortis de l’enfer de nos universités avec de très bons parchemins, mais trainant hélas un lourd handicap: le défaut de formation psychopédagogique pour entrer dans les classes. Pour certains spécialistes de l’éducation, ces solutions de facilité ont vite fait de précipiter notre système éducatif dans la médiocrité, voire l’abîme. Pour nous parents d’élèves, il n’y a qu’une seule et dure réalité à voir et à accepter difficilement: l’enseignement public ne forme presque plus de bons élèves comme autrefois. A preuve, le concours général, baromètre d’excellence, ne s’est pas tenu cette année 2012 à cause, dit-on, de la rareté des… cracks et des perturbations scolaires.
Si le niveau politique peut être accusé d’avoir fragilisé notre système éducatif, il sera difficile de notre part (pour avoir fait, à un âge très jeune, nos armes dans l’enseignement) de ne pas souligner le comportement, parfois, malheureux et irresponsable de certains enseignants. En effet, à côté de vaillants hommes et femmes qui, chaque jour, servent l’école avec beaucoup d’abnégation, existe une race d’individus de tout âge (anciens comme nouveaux) et de toutes catégories professionnelles (fonctionnaires, contractuels, vacataires) dont les actes de tous les jours sont aux antipodes des valeurs qui régissent le travail. Chez ceux-là, on peut, modestement, et sans aucunement vouloir jeter l’opprobre sur qui que ce soit, déplorer le manque de dévouement, de sérieux et de conscience professionnelle dans l’accomplissement de leurs missions. Payés presque à ne rien faire, ces enseignants par défaut (puisqu’il faut les nommer comme cela) s’illustrent souvent d’une bien mauvaise manière: absentéisme, suffisance, routine, départs anticipés en vacances et retours tardifs, sous le regard impuissant ou la complicité coupable des chefs d’établissement et de la hiérarchie ; cours transformés en grand-place (nos enfants nous rapportent souvent à la maison du « sunu M’sieur neena… » où l’enseignant occupe son temps à commenter la dernière actualité politique, sociale ou sportive sans rapport avec son enseignement, au mépris du quantum horaire; retard dans les évaluations sous prétexte que les effectifs sont pléthoriques alors que le même enseignant qui refuse d’évaluer correctement 50 apprenants d’une classe du public rendra régulièrement, contre monnaie sonnante et trébuchante, un devoir par mois pour deux ou trois classes du privé de 60 élèves chacune. De tels comportements ne peuvent, au fil du temps, qu’altérer le niveau (ou ce qui en reste) des élèves et leur rendement.
D’autre part, la défaillance ou l’insuffisance en nombre d’un personnel d’encadrement et de contrôle aussi pose problème. Les enseignants débutants, par exemple, sont souvent laissés à eux-mêmes. Beaucoup n’ont la chance de recevoir la visite d’un inspecteur qu’au moment de passer un examen professionnel (CAP, CAEM,…) en milieu ou fin d’année. Ce qui fait que ceux qui ne sont pas encore candidats passent, le plus clair du temps, à « massacrer » pédagogiquement nos pauvres élèves, malgré leur volonté de bien faire, jusqu’au moment où ils maitriseront pleinement et entièrement les rudiments d’un métier auquel ils n’ont jamais été préparés. Autant de manquements qui conduisent à penser que les responsabilités sont largement partagées.
L’enseignement, au Sénégal, est plein de contradictions. Imaginez-vous : pour un même système éducatif, il existe une école à deux vitesses. En effet, suivant son type (enseignement public ou privé), le calendrier scolaire sera différent. Une année normale, par exemple, pour un élève du privé signifie l’achèvement à temps des programmes, le respect strict du quantum horaire, la tenue régulière des examens, entre autres. Pour les fils de « badoolo », par contre, l’essentiel pour l’Etat est de faire passer le BAC ou le BFEM à tout le monde dans le désordre (que ceux qui le veulent fassent la première session, les autres peuvent attendre la rentrée prochaine !) et, ceci, à tout prix. On s’arrangera toujours, comme en cette année 2012 et les années passées, après de longs mois de grève, d’incessants débrayages, avec la caution de certains syndicats d’enseignants, à bricoler, aménager, réaménager ou boucher les trous béants d’un calendrier scolaire considérablement amaigri pour faire semblant de sauver une année que tout le monde sait déjà, à moitié ou totalement, perdue. Mais qu’à cela ne tienne ! On organisera tous les ans les examens avec, à la clé, des épreuves taillées sur mesure dites « abordables », on tiendra, bien sûr, compte de l’inachèvement des programmes ! Dans tous les lycées et collèges, pas de problème ! Une seule composition suffira (là où il en faut deux), on glanera comme on pourra des notes, en fonction du maigre stock disponible, ça et là pour valider une année qui n’en a pas été une ! Tout ce cirque syndicalo-gouvernemental pour jeter de la poudre aux yeux d’élèves, souvent angoissés et désireux de réussir, et de leurs parents, mais aussi et surtout, pour éviter de faire perdre à l’Etat des centaines de milliards (300 plus précisément cette année, selon les dires d’un ministre). Moralité de circonstance: les enseignants grévistes aboient, la caravane de la médiocrité et du rafistolage passe. On tourne la page et passe à la suivante qui a toutes les chances d’être identique! Mais, ne s’est-on jamais posé la question de savoir combien ces méthodes hasardeuses et dangereuses peuvent-elles coûter aux différentes générations d’élèves victimes de grèves cycliques (par leur faute ou par celle de leurs maîtres) en termes de retard scolaire, d’échec et de carrière compromise ? Toute la question est là. Quelle hypocrisie !
L’école sénégalaise est (presque) à genou. Pour se relever, elle aura besoin d’une thérapie de choc. Doit-on la laisser mourir ? Assurément non ! Car, moralement, tous lui doivent une dette colossale pour avoir, d’une manière ou d’une autre, profité, entre autres, de sa totale gratuité. Le premier souci des nouvelles autorités devra donc être de repenser notre système éducatif qui a montré ses limites.
A l’heure des ruptures annoncées (mais qui tardent à prendre forme) par le nouveau gouvernement sénégalais, il semble tout à fait logique qu’à une situation nouvelle, corresponde un comportement nouveau. Pour chasser les démons de l’école publique que sont l’instabilité chronique, le laxisme et la léthargie, il est impératif de revoir un certain nombre de choses. Parmi celles-ci, il y a la revalorisation du métier d’enseignant en termes de revenus respectables, de qualité de vie et de perspectives de carrière pour sonner le glas des grèves intermittentes. Cela permettra, à coup sûr, de pacifier durablement l’espace scolaire et de freiner la ruée effrénée vers le « xar matt » dans le privé et les cours à domicile pour enfants de riches.
Le gouvernement est aussi invité à se pencher véritablement sur le mode de recrutement, aujourd’hui problématique, hors FASTEF ex.ENS, EFI ou autres, du personnel enseignant en relevant qualitativement le niveau de sélection et de formation (Bac pour le primaire, Licence pour le moyen, Maitrise/DEA/Master pour le secondaire) avec, en prime, un temps de séjour suffisant et adéquat dans les structures de formation appropriées. L’enseignement est un noble métier que l’on ne doit pas embrasser par défaut. Si l’école sénégalaise a jadis pu produire de grands intellectuels, des cadres locaux et internationaux de haut niveau, c’est parce qu’il fut un temps où l’enseignement était amour du métier. La profession d’enseignant, pour être performante, demande un travail assidu, un effort jamais relâché, une sérieuse tendance vers le mieux et une conscience professionnelle à toute épreuve.
Enfin, une paix durable, une bonne ambiance de travail dans nos écoles, un bon fonctionnement de celles-ci recommandent de revoir et de corriger le mode de désignation aux postes de responsabilité (chefs d’établissement et autres) car ne reposant actuellement que sur la seule ancienneté ; cette logique est dépassée et, objectivement, ne correspond ni à la compétence ni au mérite. Dans cet archaïsme, tout le monde peut, du jour au lendemain, devenir directeur d’école, principal ou proviseur sans justification réelle sur le terrain de la pratique et/ou des aptitudes indispensables à toute fonction managériale. Il faut donc plus de rigueur à tous les niveaux. Par exemple, en liant, à l’avenir, la promotion à l’échelon supérieur à la performance, à l’éthique et à la déontologie professionnelle. C’est à ce prix que l’école sénégalaise sortira de l’ornière pour mettre définitivement le cap sur l’excellence.
*Amadou SARR, saramadou2008@gmail.com
Autrefois très courue par les populations du Sénégal et de la sous-région pour sa qualité, son sérieux, l’expertise et l’engagement sans faille de ses enseignants, l’école publique n’est plus aujourd’hui que l’ombre d’elle-même. Son étoile a véritablement commencé à pâlir avec la massification tous azimuts des effectifs survenue dans les années 1980-1990, peut-être même bien avant ces dates. En effet, sous la forte pression des bailleurs de fonds, mais aussi pour répondre rapidement aux énormes besoins en éducation des populations urbaines et rurales, l’Etat du Sénégal, contraint aux fameux PAS (Programmes d’ajustement structurel) du FMI et de la Banque Mondiale, a fini par « sacrifier » son système éducatif en favorisant la quantité, en matière de recrutement et de formation, au détriment de la qualité.
Cette politique du « moins d’Etat, mieux d’Etat » qui préconisait l’application de mesures d’austérité (privatisation de sociétés nationales, départs volontaires de fonctionnaires, suppression d’internats, fin programmée de la coopération franco-canadienne en matière d’enseignement, etc.) dans certains secteurs de la vie publique théorisée, en son temps, par Abdou Diouf, s’est traduite (négativement) dans nos écoles par toutes sortes de façonnages des horaires et des apprentissages: classes à double flux, classes multigrades, journées continues, rattachement d’importantes écoles spécialisées à l’UCAD, entre autres. Elle a également privilégié un type de recrutement « irrégulier » et « souterrain », parfois, politicien et clientéliste (cas du quota sécuritaire, aujourd’hui encore, par exemple) qui a consacré l’émergence d’une nouvelle catégorie d’enseignants, de braves jeunes gens, souvent sortis de l’enfer de nos universités avec de très bons parchemins, mais trainant hélas un lourd handicap: le défaut de formation psychopédagogique pour entrer dans les classes. Pour certains spécialistes de l’éducation, ces solutions de facilité ont vite fait de précipiter notre système éducatif dans la médiocrité, voire l’abîme. Pour nous parents d’élèves, il n’y a qu’une seule et dure réalité à voir et à accepter difficilement: l’enseignement public ne forme presque plus de bons élèves comme autrefois. A preuve, le concours général, baromètre d’excellence, ne s’est pas tenu cette année 2012 à cause, dit-on, de la rareté des… cracks et des perturbations scolaires.
Si le niveau politique peut être accusé d’avoir fragilisé notre système éducatif, il sera difficile de notre part (pour avoir fait, à un âge très jeune, nos armes dans l’enseignement) de ne pas souligner le comportement, parfois, malheureux et irresponsable de certains enseignants. En effet, à côté de vaillants hommes et femmes qui, chaque jour, servent l’école avec beaucoup d’abnégation, existe une race d’individus de tout âge (anciens comme nouveaux) et de toutes catégories professionnelles (fonctionnaires, contractuels, vacataires) dont les actes de tous les jours sont aux antipodes des valeurs qui régissent le travail. Chez ceux-là, on peut, modestement, et sans aucunement vouloir jeter l’opprobre sur qui que ce soit, déplorer le manque de dévouement, de sérieux et de conscience professionnelle dans l’accomplissement de leurs missions. Payés presque à ne rien faire, ces enseignants par défaut (puisqu’il faut les nommer comme cela) s’illustrent souvent d’une bien mauvaise manière: absentéisme, suffisance, routine, départs anticipés en vacances et retours tardifs, sous le regard impuissant ou la complicité coupable des chefs d’établissement et de la hiérarchie ; cours transformés en grand-place (nos enfants nous rapportent souvent à la maison du « sunu M’sieur neena… » où l’enseignant occupe son temps à commenter la dernière actualité politique, sociale ou sportive sans rapport avec son enseignement, au mépris du quantum horaire; retard dans les évaluations sous prétexte que les effectifs sont pléthoriques alors que le même enseignant qui refuse d’évaluer correctement 50 apprenants d’une classe du public rendra régulièrement, contre monnaie sonnante et trébuchante, un devoir par mois pour deux ou trois classes du privé de 60 élèves chacune. De tels comportements ne peuvent, au fil du temps, qu’altérer le niveau (ou ce qui en reste) des élèves et leur rendement.
D’autre part, la défaillance ou l’insuffisance en nombre d’un personnel d’encadrement et de contrôle aussi pose problème. Les enseignants débutants, par exemple, sont souvent laissés à eux-mêmes. Beaucoup n’ont la chance de recevoir la visite d’un inspecteur qu’au moment de passer un examen professionnel (CAP, CAEM,…) en milieu ou fin d’année. Ce qui fait que ceux qui ne sont pas encore candidats passent, le plus clair du temps, à « massacrer » pédagogiquement nos pauvres élèves, malgré leur volonté de bien faire, jusqu’au moment où ils maitriseront pleinement et entièrement les rudiments d’un métier auquel ils n’ont jamais été préparés. Autant de manquements qui conduisent à penser que les responsabilités sont largement partagées.
L’enseignement, au Sénégal, est plein de contradictions. Imaginez-vous : pour un même système éducatif, il existe une école à deux vitesses. En effet, suivant son type (enseignement public ou privé), le calendrier scolaire sera différent. Une année normale, par exemple, pour un élève du privé signifie l’achèvement à temps des programmes, le respect strict du quantum horaire, la tenue régulière des examens, entre autres. Pour les fils de « badoolo », par contre, l’essentiel pour l’Etat est de faire passer le BAC ou le BFEM à tout le monde dans le désordre (que ceux qui le veulent fassent la première session, les autres peuvent attendre la rentrée prochaine !) et, ceci, à tout prix. On s’arrangera toujours, comme en cette année 2012 et les années passées, après de longs mois de grève, d’incessants débrayages, avec la caution de certains syndicats d’enseignants, à bricoler, aménager, réaménager ou boucher les trous béants d’un calendrier scolaire considérablement amaigri pour faire semblant de sauver une année que tout le monde sait déjà, à moitié ou totalement, perdue. Mais qu’à cela ne tienne ! On organisera tous les ans les examens avec, à la clé, des épreuves taillées sur mesure dites « abordables », on tiendra, bien sûr, compte de l’inachèvement des programmes ! Dans tous les lycées et collèges, pas de problème ! Une seule composition suffira (là où il en faut deux), on glanera comme on pourra des notes, en fonction du maigre stock disponible, ça et là pour valider une année qui n’en a pas été une ! Tout ce cirque syndicalo-gouvernemental pour jeter de la poudre aux yeux d’élèves, souvent angoissés et désireux de réussir, et de leurs parents, mais aussi et surtout, pour éviter de faire perdre à l’Etat des centaines de milliards (300 plus précisément cette année, selon les dires d’un ministre). Moralité de circonstance: les enseignants grévistes aboient, la caravane de la médiocrité et du rafistolage passe. On tourne la page et passe à la suivante qui a toutes les chances d’être identique! Mais, ne s’est-on jamais posé la question de savoir combien ces méthodes hasardeuses et dangereuses peuvent-elles coûter aux différentes générations d’élèves victimes de grèves cycliques (par leur faute ou par celle de leurs maîtres) en termes de retard scolaire, d’échec et de carrière compromise ? Toute la question est là. Quelle hypocrisie !
L’école sénégalaise est (presque) à genou. Pour se relever, elle aura besoin d’une thérapie de choc. Doit-on la laisser mourir ? Assurément non ! Car, moralement, tous lui doivent une dette colossale pour avoir, d’une manière ou d’une autre, profité, entre autres, de sa totale gratuité. Le premier souci des nouvelles autorités devra donc être de repenser notre système éducatif qui a montré ses limites.
A l’heure des ruptures annoncées (mais qui tardent à prendre forme) par le nouveau gouvernement sénégalais, il semble tout à fait logique qu’à une situation nouvelle, corresponde un comportement nouveau. Pour chasser les démons de l’école publique que sont l’instabilité chronique, le laxisme et la léthargie, il est impératif de revoir un certain nombre de choses. Parmi celles-ci, il y a la revalorisation du métier d’enseignant en termes de revenus respectables, de qualité de vie et de perspectives de carrière pour sonner le glas des grèves intermittentes. Cela permettra, à coup sûr, de pacifier durablement l’espace scolaire et de freiner la ruée effrénée vers le « xar matt » dans le privé et les cours à domicile pour enfants de riches.
Le gouvernement est aussi invité à se pencher véritablement sur le mode de recrutement, aujourd’hui problématique, hors FASTEF ex.ENS, EFI ou autres, du personnel enseignant en relevant qualitativement le niveau de sélection et de formation (Bac pour le primaire, Licence pour le moyen, Maitrise/DEA/Master pour le secondaire) avec, en prime, un temps de séjour suffisant et adéquat dans les structures de formation appropriées. L’enseignement est un noble métier que l’on ne doit pas embrasser par défaut. Si l’école sénégalaise a jadis pu produire de grands intellectuels, des cadres locaux et internationaux de haut niveau, c’est parce qu’il fut un temps où l’enseignement était amour du métier. La profession d’enseignant, pour être performante, demande un travail assidu, un effort jamais relâché, une sérieuse tendance vers le mieux et une conscience professionnelle à toute épreuve.
Enfin, une paix durable, une bonne ambiance de travail dans nos écoles, un bon fonctionnement de celles-ci recommandent de revoir et de corriger le mode de désignation aux postes de responsabilité (chefs d’établissement et autres) car ne reposant actuellement que sur la seule ancienneté ; cette logique est dépassée et, objectivement, ne correspond ni à la compétence ni au mérite. Dans cet archaïsme, tout le monde peut, du jour au lendemain, devenir directeur d’école, principal ou proviseur sans justification réelle sur le terrain de la pratique et/ou des aptitudes indispensables à toute fonction managériale. Il faut donc plus de rigueur à tous les niveaux. Par exemple, en liant, à l’avenir, la promotion à l’échelon supérieur à la performance, à l’éthique et à la déontologie professionnelle. C’est à ce prix que l’école sénégalaise sortira de l’ornière pour mettre définitivement le cap sur l’excellence.
*Amadou SARR, saramadou2008@gmail.com