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Émigration irrégulière : Des recruteurs insaisissables, les FDS ont décidé de changer de stratégie

Ils sont derrière chaque embarcation vers les Iles Canaries en Espagne et pourtant, c’est rare de voir un recruteur de candidats à l’émigration irrégulière, interpellé par les forces de défense et de sécurité. "EnQuête" a tenté de percer le mystère autour de ces hommes qui encaissent l’argent des infortunés, avant de se faire la malle, en cas de pépins. Dossier du quotidien "EnQuête".


Rédigé par leral.net le Vendredi 4 Août 2023 à 10:50 | | 0 commentaire(s)|

Au Sénégal, c’est connu de tous, que la période de l’été est un moment propice pour les candidats à l’émigration irrégulière vers l’Espagne, pour des lendemains meilleurs. Ces candidats souvent prennent départ les jours où les gens sont occupées par de grandes manifestations politiques, religieuses et ou sportives. Leurs lieux de départ, les plus fréquents, se trouvent à Mbour, Rufisque, Kafountine, Toubacouta, Kayar, Yarakh et Saint-Louis.

Pour cette dernière localité, beaucoup d’émigrants, pour ne pas dire la quasi-totalité, y prennent départ, à cause de sa position géographique, mais aussi sa proximité avec la Mauritanie, dont la frontière maritime n’est pas loin. Selon notre enquête, pour embarquer dans les pirogues, il faut être recruté par des agents intermédiaires ou agents recruteurs. Ces derniers jouent un rôle central pour ces voyages.

Les montants, pour participer à ces voyages, varient entre 250 000 et 500 000 FCfa , par candidat. C’est selon. Après avoir remis ce montant, les candidats sont regroupés dans des endroits discrets pour échapper aux yeux vigilants des forces de défense et de sécurité et/ou de la marine sénégalaise.

Ainsi, la nuit du départ, c’est de petites pirogues qui les prennent sous forme de ramassage, pour leur faire rejoindre la grande embarcation qui se trouve en pleine mer. D’où le rôle central de l’agent recruteur. Il est différent de celui qui encaisse l’argent des candidats.

Ce dernier, une fois l’argent récupéré des infortunés, prend sa part, avant de remettre le reste au recruteur, qui est souvent un grand patron. Ce dernier sait fondre dans la nature, à chaque que le projet échoue et qu’il y a des arrestations. Il est difficile de mettre la main sur lui.

Pourquoi c’est difficile d’alpaguer les agents recruteurs ?

Pour passer entre les mailles, selon nos investigations et les témoignages de spécialistes de la question, il cherche une personne écran qui, malheureusement, se fait coincer, lorsque la pirogue est interceptée. D’après des sources et des personnes au cœur de cette affaire, ils se trouvent souvent loin du lieu de l’embarcation. Pis, il y en qui sont à l’étranger.

Les arrêter, c’est un peu difficile. C’est des gens qui comprennent le système. Ils font tout pour passer par d’autres, souvent qui ne les connaissent pas. Du coup, on peut les traquer, mais leur mettre le grappin dessus relève presque de l’impossible. C’est rare de voir un recruteur interpellé. Beaucoup d’entre eux ne sont pas sur les lieux de l’embarcation. Quand ils sont au courant que les hommes de tenue ont mis aux arrêts des migrants, ils coupent tous les liens qu’ils avaient avec leur agent qui leur cherchait des candidats. C’est un système bien huilé.

Le plus désolant, c’est que ce sont des gens qui ne sont même plus au pays. En fait, ils font croire aux candidats que ce sont eux qui vont les récupérer, une fois sur le sol espagnol. Quand ils ont vent que la pirogue n’est pas arrivée à bon port, ils coupent tout lien. Ils n’hésitent même pas à éliminer la puce téléphonique qui leur permettait de discuter
”, renseigne un interlocuteur.

Selon nos investigations et recoupements, il s’agit de personnes qui connaissent bien le milieu. “Ils sont soit d’anciens pêcheurs ou d’anciens candidats à l’émigration irrégulière établis en Europe ou de simples chercheurs d’argent. Après avoir vendu le lieu où ils se trouvent, ils font croire aux candidats à l’eldorado. Ce qui est un avantage pour eux. Mais, pour s’en sortir, ils cherchent un point focal. Ce dernier fait le plus gros du travail, mais malheureusement, gagne le moins, à défaut d’être interpellé. A Saint-Louis, c’est difficile de mettre un visage sur le nom. C’est comme s’il s’agissait de personnes fantômes. D’ailleurs, comme partout au Sénégal, ils ne donnent pas leurs vrais noms à leurs points focaux. Ce qui rend les choses un peu complexes”, renchérissent nos interlocuteurs.

Dans la vielle ville, une enquête de terrain a montré que les recruteurs comme les candidats, habitent rarement la même zone. Les candidats viennent de tout le territoire sénégalais, mais aussi de la Gambie, des deux Guinée et de la Mauritanie. En ce qui concerne les recruteurs, le peu que l’on en sait, vient souvent des candidats, lors de leurs auditions devant les forces de défense et de sécurité.






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