Mais, pour ne point tomber dans la logique de ces théoriciens du chaos et de la facilité, qui consiste à se doter d’une vérité pour rechercher, ensuite, les faits qui la corrobore, je voudrais, observer, avec vous, les faits tels qu’ils se présentent, dans leur essence et non selon ce que nous désirons qu’ils fussent, afin, de concevoir, avec rigueur et objectivité, les vérités défendables qui soient capables de prédire l’avenir politique de notre pays. Bien que, pour ma part, je considère que l’avenir ne doit pas être le futur mais le résultat prémédité de nos actions collectives.
La première des théories, la principale d’ailleurs, consiste à croire ou à faire croire que les tenants du régime libéral pourraient voler les prochaines élections.
Or à mon humble avis, il n’y a que quatre façons de voler des élections : bourrages d’urne, bureaux fictifs, créations de résultats fictifs et intimidations des électeurs.
Or chacun de ces cas a été prévu dans le code électoral de notre pays et la possibilité donnée à chaque camp politique d’empêcher l’autre de réussir de tels procédés. Il suffit pour l’opposition d’être présente dans tous les bureaux de vote, dans tous les centres de votes, dans toutes les commissions d’inscription ou de distribution des cartes électorales et dans toutes les commissions de recensement des suffrages pour empêcher le pouvoir de mettre en pratique toute stratégie de fraude. Vous me direz, c’est aussi simple que ça ? Et je vous répondrai bien sûr que oui ! Mais cela suppose que l’opposition mobilise les ressources humaines, matérielles et financières pour ce faire. Le problème c’est que notre opposition ne recèle pas, en son sein, de leaders suffisamment imaginatifs et audacieux pour faire face à de telles exigences. C’est pourquoi, elle préfère pousser des cris d’orfraie pour masquer ses propres insuffisances. Car, disons le tout net, si demain aux USA ou en Allemagne un parti se retrouve face à des adversaires qui ne font pas le poids, il n’hésitera pas à détourner le vote des citoyens. Les politiciens, en Afrique comme en Occident, ne sont pas des enfants de cœur ; c’est dire, que je ne crois pas que la fraude électorale soit un problème insurmontable et sa stigmatisation outrancière démobilise les électeurs en leur donnant le sentiment que les tenants du pouvoir sont omnipotents. Alors que, pour peu que l’opposition s’en donne les moyens, il est possible, pour elle, de mobiliser une partie de l’administration et à défaut la confiner dans un rôle de neutralité ou de prudence.
La deuxième théorie s’articule autour des manipulations institutionnelles qui seraient de nature à fausser le jeu électoral. Dans le cas de notre pays, il s’agirait, par exemple pour les libéraux, de supprimer le deuxième tour pour accroitre leurs chances de succès. Cela s’appelle un comportement anti-jeu. Mais si l’opposition est conséquente, avec elle-même, une telle mesure ne passerait jamais car elle pourrait, en consentant de payer le prix fort, par des manifestations et des marches systématiques empêcher une telle décision de prospérer. Le président Wade, au regard du coût élevé d’une telle option ne prendrait cette résolution que contraint et forcé par la radicalité de son opposition. Celle-ci devrait, donc, s’ajuster et accepter de dialoguer, en arrêtant, par exemple, cette diabolisation grossière et inefficace du Président et de tout ce qu’il fait.
La troisième théorie est construite, elle, par des esprits rétrogrades et passéistes qui croient à l’incapacité des africains pour construire des états stables. Cette acception des choses leur permet de se donner bonne conscience sur leur mission « civilisatrice ». Ils mettent, en place, des financements conséquents pour nous « apprendre » à pratiquer la démocratie et, c’est la vraie raison, ils s’emparent de la conscience de nos élites et soumettent leurs volontés à leurs désirs les plus violents. Le moindre incident ou le moindre problème qui apparait dans le fonctionnement de nos sociétés et de nos états est grossi pour en faire un drame congénital de l’homo africanus.
Au regard de ce qui précède, je demeure convaincu que 2012 ne préfigure pas d’une situation catastrophique. Le Sénégal ne brulera pas.
L’opposition peut gagner les élections, au regard de l’état de l’économie actuelle et de la demande sociale insatisfaite, elle peut, d’autant mieux gagner si la candidature du Président Abdoulaye Wade se confirmait pour un troisième mandat. Mais, pour qu’elle gagne, il lui faut commencer à travailler plus et à sortir de ce rôle de « victime naturelle ». Il lui faut mobiliser ce que le pays compte de talents et de compétences. Il lui faut abandonner cette radicalité dans le ton, car le discours politique qui a l’ambition de déboucher sur un succès électoral ne s’adresse pas aux militants, ceux de son camp ou ceux du vis-à-vis, mais aux indécis, ceux qui n’ont pas de camp ; Mais ceux qui n’ont pas de camp, c’est la majorité silencieuse, ne désirent que la paix, toute radicalisation les fait quitter le champ électoral en les confinant dans l’abstention. Une telle situation déboucherait sur l’isolement des forces du changement et les rendrait, alors, plus vulnérables, à la répression et au débauchage.
A défaut de pouvoir se transformer, l’opposition pourrait perdre les prochaines élections car elle n’aura pas définie la bonne stratégie et elle ne devrait s’en prendre qu’à elle-même.
Mais au delà des stratégies, il serait bon qu’au Sénégal, nous apprenons à nous écouter, à travailler ensemble, à comprendre, que s’il est possible de gouverner les uns sans les autres, il est impossible de gagner les uns contre les autres. Si l’opposition diabolise le Président Abdoulaye Wade ; en cas de victoire, pourrait-elle compter sur ses partisans pour construire ce pays ? Si le Président ne tient, aucun compte, des opinions de ses opposants, croit-il vraiment qu’il pourra réaliser tous les beaux rêves qu’il a pour le Sénégal ? Et si ni les uns, ni les autres ne peuvent faire du Sénégal un pays où il fait bon vivre, il y a-t-il, vraiment, une raison de faire de la politique ?
Tamba Danfakha
Secrétaire général UNP
talantamba@yahoo.fr
La première des théories, la principale d’ailleurs, consiste à croire ou à faire croire que les tenants du régime libéral pourraient voler les prochaines élections.
Or à mon humble avis, il n’y a que quatre façons de voler des élections : bourrages d’urne, bureaux fictifs, créations de résultats fictifs et intimidations des électeurs.
Or chacun de ces cas a été prévu dans le code électoral de notre pays et la possibilité donnée à chaque camp politique d’empêcher l’autre de réussir de tels procédés. Il suffit pour l’opposition d’être présente dans tous les bureaux de vote, dans tous les centres de votes, dans toutes les commissions d’inscription ou de distribution des cartes électorales et dans toutes les commissions de recensement des suffrages pour empêcher le pouvoir de mettre en pratique toute stratégie de fraude. Vous me direz, c’est aussi simple que ça ? Et je vous répondrai bien sûr que oui ! Mais cela suppose que l’opposition mobilise les ressources humaines, matérielles et financières pour ce faire. Le problème c’est que notre opposition ne recèle pas, en son sein, de leaders suffisamment imaginatifs et audacieux pour faire face à de telles exigences. C’est pourquoi, elle préfère pousser des cris d’orfraie pour masquer ses propres insuffisances. Car, disons le tout net, si demain aux USA ou en Allemagne un parti se retrouve face à des adversaires qui ne font pas le poids, il n’hésitera pas à détourner le vote des citoyens. Les politiciens, en Afrique comme en Occident, ne sont pas des enfants de cœur ; c’est dire, que je ne crois pas que la fraude électorale soit un problème insurmontable et sa stigmatisation outrancière démobilise les électeurs en leur donnant le sentiment que les tenants du pouvoir sont omnipotents. Alors que, pour peu que l’opposition s’en donne les moyens, il est possible, pour elle, de mobiliser une partie de l’administration et à défaut la confiner dans un rôle de neutralité ou de prudence.
La deuxième théorie s’articule autour des manipulations institutionnelles qui seraient de nature à fausser le jeu électoral. Dans le cas de notre pays, il s’agirait, par exemple pour les libéraux, de supprimer le deuxième tour pour accroitre leurs chances de succès. Cela s’appelle un comportement anti-jeu. Mais si l’opposition est conséquente, avec elle-même, une telle mesure ne passerait jamais car elle pourrait, en consentant de payer le prix fort, par des manifestations et des marches systématiques empêcher une telle décision de prospérer. Le président Wade, au regard du coût élevé d’une telle option ne prendrait cette résolution que contraint et forcé par la radicalité de son opposition. Celle-ci devrait, donc, s’ajuster et accepter de dialoguer, en arrêtant, par exemple, cette diabolisation grossière et inefficace du Président et de tout ce qu’il fait.
La troisième théorie est construite, elle, par des esprits rétrogrades et passéistes qui croient à l’incapacité des africains pour construire des états stables. Cette acception des choses leur permet de se donner bonne conscience sur leur mission « civilisatrice ». Ils mettent, en place, des financements conséquents pour nous « apprendre » à pratiquer la démocratie et, c’est la vraie raison, ils s’emparent de la conscience de nos élites et soumettent leurs volontés à leurs désirs les plus violents. Le moindre incident ou le moindre problème qui apparait dans le fonctionnement de nos sociétés et de nos états est grossi pour en faire un drame congénital de l’homo africanus.
Au regard de ce qui précède, je demeure convaincu que 2012 ne préfigure pas d’une situation catastrophique. Le Sénégal ne brulera pas.
L’opposition peut gagner les élections, au regard de l’état de l’économie actuelle et de la demande sociale insatisfaite, elle peut, d’autant mieux gagner si la candidature du Président Abdoulaye Wade se confirmait pour un troisième mandat. Mais, pour qu’elle gagne, il lui faut commencer à travailler plus et à sortir de ce rôle de « victime naturelle ». Il lui faut mobiliser ce que le pays compte de talents et de compétences. Il lui faut abandonner cette radicalité dans le ton, car le discours politique qui a l’ambition de déboucher sur un succès électoral ne s’adresse pas aux militants, ceux de son camp ou ceux du vis-à-vis, mais aux indécis, ceux qui n’ont pas de camp ; Mais ceux qui n’ont pas de camp, c’est la majorité silencieuse, ne désirent que la paix, toute radicalisation les fait quitter le champ électoral en les confinant dans l’abstention. Une telle situation déboucherait sur l’isolement des forces du changement et les rendrait, alors, plus vulnérables, à la répression et au débauchage.
A défaut de pouvoir se transformer, l’opposition pourrait perdre les prochaines élections car elle n’aura pas définie la bonne stratégie et elle ne devrait s’en prendre qu’à elle-même.
Mais au delà des stratégies, il serait bon qu’au Sénégal, nous apprenons à nous écouter, à travailler ensemble, à comprendre, que s’il est possible de gouverner les uns sans les autres, il est impossible de gagner les uns contre les autres. Si l’opposition diabolise le Président Abdoulaye Wade ; en cas de victoire, pourrait-elle compter sur ses partisans pour construire ce pays ? Si le Président ne tient, aucun compte, des opinions de ses opposants, croit-il vraiment qu’il pourra réaliser tous les beaux rêves qu’il a pour le Sénégal ? Et si ni les uns, ni les autres ne peuvent faire du Sénégal un pays où il fait bon vivre, il y a-t-il, vraiment, une raison de faire de la politique ?
Tamba Danfakha
Secrétaire général UNP
talantamba@yahoo.fr