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Entretien - Doudou Wade fixe les priorités de l’Assemblée nationale : «Macky d’abord, le reste après

Le président du groupe parlementaire majoritaire, Doudou Wade revient, dans cet entretien téléphonique, sur la procédure de liquidation de Macky Sall, l’encore président de l’Assemblée nationale. Il explique qu’à la fin de cet épisode prévu dimanche prochain, l’institution va fonctionner avec son vice-président, en attendant…


Rédigé par leral.net le Vendredi 7 Novembre 2008 à 08:24 | | 0 commentaire(s)|

Entretien - Doudou Wade fixe les priorités de l’Assemblée nationale : «Macky d’abord, le reste après
Vous êtes le président du groupe parlementaire, «Libéral et démocratique». Où en êtes vous avec le dossier Macky Sall ?
Nous avons, en application des dispositions de la loi modifiant l’Article 15 de la Constitution, engagé une procédure de résolution pour changer un membre du bureau, en l’occurrence M. Macky Sall. La presse est la première à nous informer qu’il avait déménagé de son bureau. Elle nous a informés qu’il a déménagé de son domicile et elle nous apprend qu’il habite quelque part dans la cité Fann-Résidence. Cela veut dire que, de fait, le président de l’Assemblée n’est plus là. Cela fait plus dImagee deux mois que nous vivons comme ça ; il dirige l’Assemblée par procuration. Cela ne pouvant pas continuer, nous avons décidé, par conséquent, de préparer une résolution pour mettre fin à ses fonctions.
Mais pour cela, il y a la Loi qui nous demande de présenter la résolution avec 38 députés afin qu’elle soit recevable et transmise à la Commission des lois qui est compétente avant d’aller en plénière. A partir de ce moment, les députés peuvent mettre fin aux fonctions du président de l’Assemblée nationale à la majorité simple. Maintenant, nous avons déposé la résolution ; la conférence des présidents a prévu son examen le vendredi (Ndlr : aujourd’hui) à onze heures et la plénière le dimanche à onze heures.


Est-ce que votre groupe parlementaire pense déjà à la personne qui va remplacer Macky Sall à la présidence de l’Assemblée ?
Notre groupe n’est pas pressé. Le problème du président de l’Assemblée nationale n’est pas, pour nous, un point focal. Le point focal sur lequel nous travaillons aujourd’hui, c’est le budget de l’Etat, la loi des Finances 2009. C’est notre priorité. Cette affaire-là (Ndlr : le remplacement de Macky Sall) n’a pas son importance pour nous ; il s’agit simplement de met-tre fin à ses fonctions pour pouvoir au moins travailler avec le vice-président. Dans un premier temps, notre objectif, c’est de mettre fin à ses fonctions, un point final. Après, on verra d’autres objectifs.


Est-ce à dire que c’est le vice-président qui va diriger les travaux du vote du budget ?
Je ne sais pas jusqu’à quand. Je préfère vous dire que, jusqu’à présent, on fonctionne comme cela ; nous continueront de fonctionner comme cela, le temps que nous voulons. Mais, présentement notre priorité, c’est de mettre fin à ses fonctions. Il y a un proverbe malien qui dit que «plus pressé que la musique, on danse mal.» On n’est pas pressés.


Le budget de l’Etat est une priorité, mais l’Assemblée nationale a, quand même, besoin d’un président…
Vous connaissez les besoins de votre journal, mais vous ne connaissez pas les besoins de l’Assemblée nationale. Exprimez les besoins de votre journal, mais il nous appartient, à nous députés, d’exprimer les besoins de l’Assemblée nationale.


Justement, on a besoin de savoir qui à l’Assemblée nationale va remplacer Macky Sall ?
Le besoin chez nous, ce n’est pas cela ; c’est de le sortir d’abord.


Mis à part le vote du budget, quelles sont les perspectives du groupe parlementaire majoritaire après l’évincement de Macky Sall ?
Les perspectives immédiates, ce sont les discussions plénières sur la loi des Finances à partir de lundi. Les lois qui sont sur la table de l’Assemblée nationale qu’il faut voter. Prendre en charge les besoins des populations dans le budget actuel, discuter avec les ministres, regarder le travail qui a été fait et proposer des améliorations, voilà notre priorité.


J’insiste sur cette question parce qu’on sait que les éléments du dossier Farba Senghor ont été déposés sur la table de l’Assemblée nationale et vous tardez à diligenter…
L’Assemblée nationale a une procédure. La première chose, c’est que cette affaire n’est pas dirigée par l’Assemblée, mais par la Haute cour de justice.


Mais, il faut la mise en accusation de l’Assemblée nationale pour permettre à la Haute cour de justice de siéger…
Laissez-moi vous expliquer au lieu d’avancer sur des choses dont vous ne comprenez rien. La Haute cour de justice a été votée, mais nous sommes dans une situation où aujourd’hui, les membres de la Haute cour dont la composition ne correspond plus à la réalité actuelle. Nous n’avons plus une Assemblée, mais un Parlement. L’institution compétente, c’est le Parlement. Avant, c’était seule l’Assemblée nationale, aujourd’hui c’est l’Assemblée et le Sénat. Donc, les effectifs de la Haute cour de justice ne sont plus ce qu’ils étaient quand on votait la mise en accusation d’Idrissa Seck. Par conséquent, il y a des membres élus par l’Assemblée et des membres élus le Sénat. On va aller d’abord à cette étape, ensuite il y aura la résolution d’accusation en fonction du dossier qui a été mis sur la table du Parlement. Il appartiendra à la Haute cour de justice dont le Parlement n’est pas le président, mais un magistrat, de faire son travail.


N’empêche, la mise en accusation passera par l’Assemblée nationale.
Je vais être précis : c’est le Parlement, composée par l’Assemblée nationale et le Sénat.


N’est-ce pas que la procédure commence par l’Assemblée nationale ?
Oui !


Alors, où en êtes-vous dans cette affaire Farba Senghor ?
Vous avez frappé à la mauvaise porte. Allez poser la question à Macky Sall qui est aujourd’hui le président de l’Assemblée nationale ! C’est de sa compétence, lui, qui dirige par procuration.


Pourtant, vous continuez à travailler à l’Assemblée même si le président le «dirige par procuration». Par exemple vous travaillez suffisamment pour remplacer le président de l’Assemblée à son poste.
On lui envoie des notes et il nous écrit des lettres pour nous donner des autorisations.


Est-ce que concernant l’affaire Farba Senghor, vous lui avez écrit une note ?
Mais, c’est lui-même qui a reçu cette affaire.


Vous confirmez donc que l’Assemblée a reçu le dossier ?
On l’a dit depuis très longtemps. Posez la question à Macky Sall, l’autorité compétente. Moi, je suis un chef politique.


A ce titre, en tant que président de groupe parlementaire, est-ce que votre groupe votera la mise en accusation ?
Notre groupe est là en tant que représentant du peuple. Nous serons de toutes les choses qui serons dans l’intérêt du peuple. Et nous sommes en démocratie ; nous ne protégerons personne et nous ne sommes contre personne.

Abdou Aziz Gaye

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