Mr Samba Ndiaye, en tant que Président de la convergence des cadres libéraux pour l’enracinement du Sopi, Vous avez proposé des solutions allant dans le sens de résoudre pour de bon les problèmes de l’énergie. Vous avez préconisé le recours à l’énergie solaire. Pouvez-vous revenir sur cela d’une manière approfondie ?
Je vous remercie. Je pense que le problème de l’énergie est d’actualité en ce sens que les délestages continuent même s’ils se sont atténués mais surtout parce que de l’autre coté du monde y a des remous qui fait que le baril du pétrole peut connaître des fluctuations qui pourraient avoir des conséquences néfastes sur notre économie de façon générale et sur l’énergie de façon particulière. Donc cela m’emmène à éclairer d’avantage les sénégalais sur nos propositions qui consistent donc à réfléchir sur comment mettre en œuvre la solution solaire. Alors, je dois d’abord dire que le solaire n’est pas nouveau au sénégal. C’est un système électrique qui est là depuis des années. Moi, j’étais à Senelec, je sais que y avait des centrales solaires dans les Iles du Saloum : Niodior et Dionwar. Qui, ont été mis en place par les allemands ou les Japonais. Aujourd’hui, ce que nous proposons, en tout cas pour faire face à l’urgence, ce n’est pas de mettre en place des centrales solaires, mais c’est d’installer des kits solaires, des panneaux photovoltaïques. En France, il y a 1500 Mw d’énergie solaire distribuée. Beaucoup plus en Allemagne et aux Etats-unis. Cela veut dire que même dans les pays développés où le soleil n’est pas roi, on se rend compte qu’il y a une politique très ardue de promotion de l’énergie solaire. Alors en Afrique où nous avons cette richesse que constitue le soleil, il est normal que nous cadres fassions des propositions en ce sens. Il ne s’agit pas de recréer la roue mais il s’agit tout simplement de sensibiliser, de faire en sorte que les intellectuels, que les leaders d’opinion s’approprient cette solution pour qu’ensemble nous puissions pousser les décideurs à en tenir compte. Et de ce point de vue là, je considère que face à la situation, la solution que nous proposons peut avoir divers avantages.
Le premier avantage : c’est que d’abord techniquement, il ne pose aucun problème. Il suffit juste de répertorier les cibles, d’identifier leurs besoins, de calibrer les systèmes kits solaires. Donc une fois que tout cela est fait, ça permettra aux bénéficiaires d’avoir du courant de façon permanente. C’est le premier avantage parce que le gros problème aujourd’hui, c’est ça. C’est que nous sommes délesté la plupart du temps.
Le deuxième avantage : c’est que la mise en place de ce système solaire permettra à Senelec de baisser sa production. Parce que si il y a un certain nombre de clients qui sont déconnectés du réseau électrique et qui sont alimentés au solaire, il est clair que ça fait une baisse de production pour Senelec. Qui dit baisse de production dit baisse d’achat de combustible. Donc ça fait aussi du point de vue financier une très bonne économie en terme de trésorerie.
Et le troisième avantage : c’est que Senelec ayant baissé sa production, la conséquence c’est que Senelec aura la possibilité d’arrêter ses machines et de respecter son planning d’entretien. Maintenant, tout cela devrait se faire suivant un chronogramme réfléchi. Parce que c’est d’abord des études qui ne prendraient pas du temps. C’est ensuite, identifier, comme je l’ai dit tantôt les utilisateurs cibles. Et enfin, faire des tests sur un certain nombre de maisons mais surtout c’est dérouler le programme sur un certain nombre d’années. Mais il est clair que à court terme, on pourra dans une certaine mesure régler au moins le problème de quelques foyers. Je me refuserai à avoir un complexe de supériorité quand certains pensent que le solaire est essentiellement dédié au monde rural. Non ! J’ai donné des exemples tout à l’heure sur les pays développés qui sont orientés vers le solaire pour régler leur problème énergétique. Donc, nous devons au Sénégal prendre en compte l’aspect solaire et l’intégrer dans notre système énergétique comme étant un système qui peut régler nos problèmes. Maintenant, il y a un autre aspect qui crée peut être certains soucis au niveau des acteurs qui sont dans le secteur de l’électricité. C’est : quelle organisation mettre en place pour permettre le fonctionnement ou le déroulement de ce programme. Nous au niveau de la Convergence des cadres libéraux pour l’enracinement du Sopi (CLESOPI), notre vision est qu’il ne faut pas créer des structures parallèles inutilement. Il faut procéder à une reforme de la Senelec. Cette démarche sur le solaire doit être prise en charge par la Senelec. Comment ? Par une réforme qui sera orientée vers les pôles énergétiques. Pour produire de l’électricité, nous avons essentiellement trois pôles. C’est l’électricité produite à partir des énergies fossiles (pétrole, charbon, le gaz etc.) que Senelec utilise aujourd’hui. Qu’on importe, dont les prix fluctuent. Par conséquent ils sont sujets à des difficultés que nous vivons aujourd’hui. Le deuxième pole énergétique peut être les énergies renouvelables c'est-à-dire le soleil, les énergies propres, l’hydroélectricité. Il y a aussi le jatropha…tous ces types d’énergie qui peuvent permettre au Sénégal de varier les sources qui lui permettent de produire de l’électricité. Mais y a un troisième pole qui est l’énergie nucléaire dont le président Wade parlait il y a quelques temps. Certains l’avaient mal perçues alors que c’est une ambition qui devrait être intégrée dans les reformes qui doivent se faire au niveau de la Senelec.
Donc en définitive, au lieu d’avoir une Senelec accès sur trois entités (la production, la distribution et le transport), notre vision est que la Senelec soit reformée avec comme axes stratégiques une Senelec à énergie fossiles, une Senelec à énergie renouvelable et enfin une Senelec à énergie nucléaire. Cela permettra à Senelec de cerner l’ensemble des questions relatives à la production de l’électricité mais cela lui permettra aussi de tirer profit des ressources que vont engendrer ces nouvelles politiques. Si on prend l’exemple du solaire, l’Etat d’une certaine façon peut financer d’installation du kit solaire à travers la Senelec et que le paiement que nous avons proposé sur une durée déterminée à étudier, ça peut être cinq ans…
Le paiement qui sera de combien ?
Si vous achetez un kit solaire qui vous fait 24 heures de réfrigérateur, 12 heures de téléviseur et 12 heures d’éclairage, ça vous coûte environ 2 millions de francs.
Mais est-ce que là, vous n’allez pas emmener les populations au rationnement de l’électricité solaire à l’image de la nouvelle stratégie de la Senelec qui consiste à délester des zones au profit d’autres ?
Non, non. Ce que je suis en train de vous dire, c’est des calculs qui ont été faits sur la base des habitudes sociologiques. Quand vous allez dans une maison, le frigo s’allume 24h/24 mais le téléviseur il est quand allumé 12h/24. Il est rare que vous voyiez un téléviseur allumé 24h/24. On était pas entrain de rationner mais c’est des calculs fait sur la base des habitudes dans un foyer normal. Et ce qu’il faut dire c’est qu’au delà de toutes ces considérations, dans la crise que nous vivons où les gens restent 8 heures, 10 heures sans électricité, cela pourrait constituer un moindre mal. Les deux millions de francs étalés sur 5 ans peuvent être payés mensuellement et recouvrés par la Senelec qui va jouer un rôle primordial dans cette stratégie qui consiste à mettre en place les panneaux solaires. Pour l’énergie nucléaire, il s’agira à travers Senelec nucléaire de commencer à réfléchir sur comment faire en sorte que le Sénégal intègre le Gotha des premiers pays en Afrique qui vont faire de l’énergie nucléaire. Cheikh Anta Diop en a parlé par le passé. Malheureusement, on ne lui a pas laissé le moyen de développer ça mais aujourd’hui le Président Wade a rouvert la brèche. Qu’il y a lieu qu’on s’y engouffre et qu’on évite à tout bout de champ de considérer les ambitions du président de la République comme un rêve. D’ailleurs, c’est à partir du rêve qu’on peut réussir des choses. Telle est notre vision du programme de mise en place des panneaux solaires. Mais surtout de la réforme qui va sous-tendre ce programme. Aujourd’hui, on s’en rend compte, les citoyens de façon individuelle sont entrain de s’approvisionner en kits solaires pour régler leur problème. Ne faudrait-il pas encadrer justement cette solution à ce problème en en faisant une politique régentée par une structure que constitue la Senelec.
Aujourd’hui, les populations demandent et le départ du ministre de l’Energie et celui de la Senelec. Etes-vous de cet avis ?
La solution ne se situe pas au niveau du changement des hommes. Nous l’avons dit, nous le rabâchons. C’est d’abord une question d’orientation. En dix ans, il y a eu à la Senelec 12 directeurs généraux. Cela n’a pas empêché à Senelec de vivre les pires moments de son histoire (sic). Donc, pour vous dire que ce n’est pas une question d’hommes. C’est d’abord une question de politique, une question d’orientation.
Seulement les politiques sont menées par des hommes…
Justement. Mais quand on dit que c’est les politiques, c’est d’abord une volonté politique qui doit partir du sommet. Le président de la République a montré sa volonté en créant un ministère des énergies renouvelables. Volonté politique ne peut être plus claire. Maintenant, je suis d’avis que quand vous menez une politique, vous avez des contraintes de divers ordres. Des contraintes extérieures parce que le monde du pétrole constitue un lobby extrêmement puissant, je n’en disconviens pas. Justement, c’est là l’intérêt à ce que les intellectuels, les cadres de ce pays s’approprie le problème en constituant un appui pour le président de la République et pour le système en place pour que cette volonté politique du président puisse être transformée en réalités. Ce ne sont pas les seulement les hommes politiques qui sont concernés mais tous les citoyens. J’ai entendu récemment Mody Guiro (Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal), sur notre tracée, parler de l’énergie solaire. Mais tant mieux. Bacar Dia (Secrétaire général du Front populaire, mouvance présidentielle) en a parlé. Tant mieux. Ca veut dire qu’aujourd’hui nous qui y croyons, nous devons faire une synergie autour de la question pour que les populations, les politiques, s’approprient l’idée et qu’on ait une force de frappe qui puisse nous permettre d’arriver au résultat escompté.
Vous n’êtes pas de l’avis de Moustapha Niasse qui préconisait un détachement définitif du ministère de tutelle de la Senelec qui retrouverait tous ses galons pour mener sa politique à bon escient ?
C’est maintenant que Moustapha Trouve cette solution-là ? Lui qui a fait, je ne sais combien d’années dans le parti socialiste, qui était ministre d’Etat, qui a occupé toutes les fonctions. C’est maintenant qu’il se rend compte qu’il faut détacher la Senelec du ministère de tutelle. C’est quelle stratégie ça ? Si Moustapha Niasse a des problèmes avec son pétrole, il n’a qu’à aller voir ailleurs (sic). La Senelec ne peut pas être détachée. La Senelec qui est une société nationale dont l’Etat est détenteur des actions à 100 % après avoir racheté les actions qui avaient été vendues à Hélio Hydro Québec et où l’Etat avait versé plus de 40 milliards en 2001. Je pense que l’Etat ne peut pas ne pas avoir l’œil ou donner des orientations à Senelec qui lui appartient. C’est insensé !
Mais n’est-ce pas une erreur de revenir sur une privatisation ?
Je rappelle que quand l’Etat faisait cela, Mr Abdoulaye Bathily était le ministre de l’Energie, Mr Moustapha Niasse était le Premier ministre. Pour vous dire que c’est ceux-là qui aujourd’hui qui sont en train de dénoncer de l’Etat sur la question, qui, étaient aux affaires. C’est la première chose. La deuxième, c’est pourquoi avaient-ils adhéré à cette idée là ? C’est parce que le président de la République s’était rendu compte que le contrat prévoyait simplement une possibilité pour les capitaux étrangers de louer des groupes et non d’investir à terme pour que le Sénégal puisse posséder un patrimoine en terme de production d’électricité.
Vous voulez dire qu’à l’époque, la Senelec a été bradée…
(Il coupe) Non seulement bradée mais quand vous faites en sorte que des capitaux étrangers viennent ou que des investisseurs étrangers s’installent, c’est pour booster l’investissement. C’est pour permettre à ce que le secteur que vous sentez faible puisse être renforcé en terme d’investissement. Mais ce qu’on avait vu quand Hélio Hydroquebec était là, c’est qu’ils avaient mis l’accent sur la location de groupes au lieu de mettre l’accent sur l’investissement viable pour le sénégal. Et c’est ça que le président Wade a eu à dénoncer. Des que le contrat a été dénoncé, le Président a commencé a montrer la bonne voie en donnant les moyens à ceux qui géraient le secteur pour qu’ils mettent l’accent sur la construction de centrales appartenant au Sénégal. C’est ce qui amené à la construction de la centrale C6 de Belair qui a été mise en gestion. Il y a eu ensuite la centrale de Kounoune qui est une centrale privée. Il y aussi la centrale de Kahone qui fait partie du patrimoine de la Senelec. Mais malheureusement, il y a eu des effets endogènes liés au choix même des types de centrales diesel qui ne sont plus utilisées dans bien des pays même si leur mise en place est très rapide. Mais il faut tenir compte du coup du pétrole. Pour les facteurs exogènes, c’est qu’il y a d’autres considérations qui ont poussé les gens à faire ces centrales. Je ne sais pas ! Mais toujours est-il qu’il y avait d’autres choix à faire.
A suivre…
Propos recueillis par Sékou D. Diatta (Politicosn.com) et Abdou K. Cissé (Leral.net)
Je vous remercie. Je pense que le problème de l’énergie est d’actualité en ce sens que les délestages continuent même s’ils se sont atténués mais surtout parce que de l’autre coté du monde y a des remous qui fait que le baril du pétrole peut connaître des fluctuations qui pourraient avoir des conséquences néfastes sur notre économie de façon générale et sur l’énergie de façon particulière. Donc cela m’emmène à éclairer d’avantage les sénégalais sur nos propositions qui consistent donc à réfléchir sur comment mettre en œuvre la solution solaire. Alors, je dois d’abord dire que le solaire n’est pas nouveau au sénégal. C’est un système électrique qui est là depuis des années. Moi, j’étais à Senelec, je sais que y avait des centrales solaires dans les Iles du Saloum : Niodior et Dionwar. Qui, ont été mis en place par les allemands ou les Japonais. Aujourd’hui, ce que nous proposons, en tout cas pour faire face à l’urgence, ce n’est pas de mettre en place des centrales solaires, mais c’est d’installer des kits solaires, des panneaux photovoltaïques. En France, il y a 1500 Mw d’énergie solaire distribuée. Beaucoup plus en Allemagne et aux Etats-unis. Cela veut dire que même dans les pays développés où le soleil n’est pas roi, on se rend compte qu’il y a une politique très ardue de promotion de l’énergie solaire. Alors en Afrique où nous avons cette richesse que constitue le soleil, il est normal que nous cadres fassions des propositions en ce sens. Il ne s’agit pas de recréer la roue mais il s’agit tout simplement de sensibiliser, de faire en sorte que les intellectuels, que les leaders d’opinion s’approprient cette solution pour qu’ensemble nous puissions pousser les décideurs à en tenir compte. Et de ce point de vue là, je considère que face à la situation, la solution que nous proposons peut avoir divers avantages.
Le premier avantage : c’est que d’abord techniquement, il ne pose aucun problème. Il suffit juste de répertorier les cibles, d’identifier leurs besoins, de calibrer les systèmes kits solaires. Donc une fois que tout cela est fait, ça permettra aux bénéficiaires d’avoir du courant de façon permanente. C’est le premier avantage parce que le gros problème aujourd’hui, c’est ça. C’est que nous sommes délesté la plupart du temps.
Le deuxième avantage : c’est que la mise en place de ce système solaire permettra à Senelec de baisser sa production. Parce que si il y a un certain nombre de clients qui sont déconnectés du réseau électrique et qui sont alimentés au solaire, il est clair que ça fait une baisse de production pour Senelec. Qui dit baisse de production dit baisse d’achat de combustible. Donc ça fait aussi du point de vue financier une très bonne économie en terme de trésorerie.
Et le troisième avantage : c’est que Senelec ayant baissé sa production, la conséquence c’est que Senelec aura la possibilité d’arrêter ses machines et de respecter son planning d’entretien. Maintenant, tout cela devrait se faire suivant un chronogramme réfléchi. Parce que c’est d’abord des études qui ne prendraient pas du temps. C’est ensuite, identifier, comme je l’ai dit tantôt les utilisateurs cibles. Et enfin, faire des tests sur un certain nombre de maisons mais surtout c’est dérouler le programme sur un certain nombre d’années. Mais il est clair que à court terme, on pourra dans une certaine mesure régler au moins le problème de quelques foyers. Je me refuserai à avoir un complexe de supériorité quand certains pensent que le solaire est essentiellement dédié au monde rural. Non ! J’ai donné des exemples tout à l’heure sur les pays développés qui sont orientés vers le solaire pour régler leur problème énergétique. Donc, nous devons au Sénégal prendre en compte l’aspect solaire et l’intégrer dans notre système énergétique comme étant un système qui peut régler nos problèmes. Maintenant, il y a un autre aspect qui crée peut être certains soucis au niveau des acteurs qui sont dans le secteur de l’électricité. C’est : quelle organisation mettre en place pour permettre le fonctionnement ou le déroulement de ce programme. Nous au niveau de la Convergence des cadres libéraux pour l’enracinement du Sopi (CLESOPI), notre vision est qu’il ne faut pas créer des structures parallèles inutilement. Il faut procéder à une reforme de la Senelec. Cette démarche sur le solaire doit être prise en charge par la Senelec. Comment ? Par une réforme qui sera orientée vers les pôles énergétiques. Pour produire de l’électricité, nous avons essentiellement trois pôles. C’est l’électricité produite à partir des énergies fossiles (pétrole, charbon, le gaz etc.) que Senelec utilise aujourd’hui. Qu’on importe, dont les prix fluctuent. Par conséquent ils sont sujets à des difficultés que nous vivons aujourd’hui. Le deuxième pole énergétique peut être les énergies renouvelables c'est-à-dire le soleil, les énergies propres, l’hydroélectricité. Il y a aussi le jatropha…tous ces types d’énergie qui peuvent permettre au Sénégal de varier les sources qui lui permettent de produire de l’électricité. Mais y a un troisième pole qui est l’énergie nucléaire dont le président Wade parlait il y a quelques temps. Certains l’avaient mal perçues alors que c’est une ambition qui devrait être intégrée dans les reformes qui doivent se faire au niveau de la Senelec.
Donc en définitive, au lieu d’avoir une Senelec accès sur trois entités (la production, la distribution et le transport), notre vision est que la Senelec soit reformée avec comme axes stratégiques une Senelec à énergie fossiles, une Senelec à énergie renouvelable et enfin une Senelec à énergie nucléaire. Cela permettra à Senelec de cerner l’ensemble des questions relatives à la production de l’électricité mais cela lui permettra aussi de tirer profit des ressources que vont engendrer ces nouvelles politiques. Si on prend l’exemple du solaire, l’Etat d’une certaine façon peut financer d’installation du kit solaire à travers la Senelec et que le paiement que nous avons proposé sur une durée déterminée à étudier, ça peut être cinq ans…
Le paiement qui sera de combien ?
Si vous achetez un kit solaire qui vous fait 24 heures de réfrigérateur, 12 heures de téléviseur et 12 heures d’éclairage, ça vous coûte environ 2 millions de francs.
Mais est-ce que là, vous n’allez pas emmener les populations au rationnement de l’électricité solaire à l’image de la nouvelle stratégie de la Senelec qui consiste à délester des zones au profit d’autres ?
Non, non. Ce que je suis en train de vous dire, c’est des calculs qui ont été faits sur la base des habitudes sociologiques. Quand vous allez dans une maison, le frigo s’allume 24h/24 mais le téléviseur il est quand allumé 12h/24. Il est rare que vous voyiez un téléviseur allumé 24h/24. On était pas entrain de rationner mais c’est des calculs fait sur la base des habitudes dans un foyer normal. Et ce qu’il faut dire c’est qu’au delà de toutes ces considérations, dans la crise que nous vivons où les gens restent 8 heures, 10 heures sans électricité, cela pourrait constituer un moindre mal. Les deux millions de francs étalés sur 5 ans peuvent être payés mensuellement et recouvrés par la Senelec qui va jouer un rôle primordial dans cette stratégie qui consiste à mettre en place les panneaux solaires. Pour l’énergie nucléaire, il s’agira à travers Senelec nucléaire de commencer à réfléchir sur comment faire en sorte que le Sénégal intègre le Gotha des premiers pays en Afrique qui vont faire de l’énergie nucléaire. Cheikh Anta Diop en a parlé par le passé. Malheureusement, on ne lui a pas laissé le moyen de développer ça mais aujourd’hui le Président Wade a rouvert la brèche. Qu’il y a lieu qu’on s’y engouffre et qu’on évite à tout bout de champ de considérer les ambitions du président de la République comme un rêve. D’ailleurs, c’est à partir du rêve qu’on peut réussir des choses. Telle est notre vision du programme de mise en place des panneaux solaires. Mais surtout de la réforme qui va sous-tendre ce programme. Aujourd’hui, on s’en rend compte, les citoyens de façon individuelle sont entrain de s’approvisionner en kits solaires pour régler leur problème. Ne faudrait-il pas encadrer justement cette solution à ce problème en en faisant une politique régentée par une structure que constitue la Senelec.
Aujourd’hui, les populations demandent et le départ du ministre de l’Energie et celui de la Senelec. Etes-vous de cet avis ?
La solution ne se situe pas au niveau du changement des hommes. Nous l’avons dit, nous le rabâchons. C’est d’abord une question d’orientation. En dix ans, il y a eu à la Senelec 12 directeurs généraux. Cela n’a pas empêché à Senelec de vivre les pires moments de son histoire (sic). Donc, pour vous dire que ce n’est pas une question d’hommes. C’est d’abord une question de politique, une question d’orientation.
Seulement les politiques sont menées par des hommes…
Justement. Mais quand on dit que c’est les politiques, c’est d’abord une volonté politique qui doit partir du sommet. Le président de la République a montré sa volonté en créant un ministère des énergies renouvelables. Volonté politique ne peut être plus claire. Maintenant, je suis d’avis que quand vous menez une politique, vous avez des contraintes de divers ordres. Des contraintes extérieures parce que le monde du pétrole constitue un lobby extrêmement puissant, je n’en disconviens pas. Justement, c’est là l’intérêt à ce que les intellectuels, les cadres de ce pays s’approprie le problème en constituant un appui pour le président de la République et pour le système en place pour que cette volonté politique du président puisse être transformée en réalités. Ce ne sont pas les seulement les hommes politiques qui sont concernés mais tous les citoyens. J’ai entendu récemment Mody Guiro (Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal), sur notre tracée, parler de l’énergie solaire. Mais tant mieux. Bacar Dia (Secrétaire général du Front populaire, mouvance présidentielle) en a parlé. Tant mieux. Ca veut dire qu’aujourd’hui nous qui y croyons, nous devons faire une synergie autour de la question pour que les populations, les politiques, s’approprient l’idée et qu’on ait une force de frappe qui puisse nous permettre d’arriver au résultat escompté.
Vous n’êtes pas de l’avis de Moustapha Niasse qui préconisait un détachement définitif du ministère de tutelle de la Senelec qui retrouverait tous ses galons pour mener sa politique à bon escient ?
C’est maintenant que Moustapha Trouve cette solution-là ? Lui qui a fait, je ne sais combien d’années dans le parti socialiste, qui était ministre d’Etat, qui a occupé toutes les fonctions. C’est maintenant qu’il se rend compte qu’il faut détacher la Senelec du ministère de tutelle. C’est quelle stratégie ça ? Si Moustapha Niasse a des problèmes avec son pétrole, il n’a qu’à aller voir ailleurs (sic). La Senelec ne peut pas être détachée. La Senelec qui est une société nationale dont l’Etat est détenteur des actions à 100 % après avoir racheté les actions qui avaient été vendues à Hélio Hydro Québec et où l’Etat avait versé plus de 40 milliards en 2001. Je pense que l’Etat ne peut pas ne pas avoir l’œil ou donner des orientations à Senelec qui lui appartient. C’est insensé !
Mais n’est-ce pas une erreur de revenir sur une privatisation ?
Je rappelle que quand l’Etat faisait cela, Mr Abdoulaye Bathily était le ministre de l’Energie, Mr Moustapha Niasse était le Premier ministre. Pour vous dire que c’est ceux-là qui aujourd’hui qui sont en train de dénoncer de l’Etat sur la question, qui, étaient aux affaires. C’est la première chose. La deuxième, c’est pourquoi avaient-ils adhéré à cette idée là ? C’est parce que le président de la République s’était rendu compte que le contrat prévoyait simplement une possibilité pour les capitaux étrangers de louer des groupes et non d’investir à terme pour que le Sénégal puisse posséder un patrimoine en terme de production d’électricité.
Vous voulez dire qu’à l’époque, la Senelec a été bradée…
(Il coupe) Non seulement bradée mais quand vous faites en sorte que des capitaux étrangers viennent ou que des investisseurs étrangers s’installent, c’est pour booster l’investissement. C’est pour permettre à ce que le secteur que vous sentez faible puisse être renforcé en terme d’investissement. Mais ce qu’on avait vu quand Hélio Hydroquebec était là, c’est qu’ils avaient mis l’accent sur la location de groupes au lieu de mettre l’accent sur l’investissement viable pour le sénégal. Et c’est ça que le président Wade a eu à dénoncer. Des que le contrat a été dénoncé, le Président a commencé a montrer la bonne voie en donnant les moyens à ceux qui géraient le secteur pour qu’ils mettent l’accent sur la construction de centrales appartenant au Sénégal. C’est ce qui amené à la construction de la centrale C6 de Belair qui a été mise en gestion. Il y a eu ensuite la centrale de Kounoune qui est une centrale privée. Il y aussi la centrale de Kahone qui fait partie du patrimoine de la Senelec. Mais malheureusement, il y a eu des effets endogènes liés au choix même des types de centrales diesel qui ne sont plus utilisées dans bien des pays même si leur mise en place est très rapide. Mais il faut tenir compte du coup du pétrole. Pour les facteurs exogènes, c’est qu’il y a d’autres considérations qui ont poussé les gens à faire ces centrales. Je ne sais pas ! Mais toujours est-il qu’il y avait d’autres choix à faire.
A suivre…
Propos recueillis par Sékou D. Diatta (Politicosn.com) et Abdou K. Cissé (Leral.net)