Vous êtes l’un des avocats de Béthio Thioune. Qu’est-ce qui vous lie au Cheikh ?
C’est Serigne Saliou Mbacké qui est mon marabout qui m’a mis en rapport avec Cheikh Béthio, il y a de cela plus de 20 ans. Depuis lors, on se fréquente. Cheikh Béthio me considère comme son avocat et quand il a des affaires pendantes devant la justice, il me les confiait. Il a spécialement organisé, il y a 3 ans, un grand thiant auquel il m’avait invité et a dit publiquement à tous les talibés que j’étais son avocat. Il avait demandé aux Thiantacounes de se référer à moi en tant qu’avocat quand ils avaient affaire avec la justice. Si aujourd’hui Cheikh Béthio a eu maille avec la justice, c’est mon devoir de me lever et de le défendre.
Comment va le Cheikh, 3 mois après son arrestation ?
Moralement, Béthio va bien parce que c’est un homme qui croit en Dieu et à son guide Serigne Saliou Mbacké. Mais médicalement, il va mal parce que moi-même j’avais demandé la désignation d’un expert médical pour voir son état de santé. L’expert a fait un rapport dans lequel il a diagnostiqué plusieurs maladies. Sa conclusion est que l’état de santé de Béthio est difficilement compatible avec l’incarcération. Donc, la place du Cheikh n’est pas en prison mais chez lui.
Votre demande de mise en liberté provisoire de votre client a été rejetée par le juge du tribunal de Thiès qui explique sa décision par la gravité
des faits qui sont reprochés au Cheikh…
(Il coupe) Ce rejet n’est fondé ni en droit ni en faits. Ce n’est pas la gravité des faits ou l’innocence qui doivent motiver sa liberté provisoire. C’est le tribunal qui est saisi pour juger le prévenu qui statue sur la gravité ou sur la non gravité des faits qui lui sont reprochés. En matière de liberté provisoire, la loi exige simplement des garanties de représentation pour que la personne ne se soustraie pas à la justice. Et tout le monde sait que Béthio Thioune a assez de garanties de représentation. C’est un marabout notoirement connu même sur le plan international. Il ne va jamais fuir le Sénégal où il possède plusieurs maisons dans plusieurs villes du pays. Il ne va pas se soustraire à la justice et va déférer à toute convocation. Aujourd’hui si on applique strictement la loi, rien que la loi, Cheikh Béthio doit être libéré provisoirement. Ce qui n’empêchera pas la procédure judiciaire de suivre son cours et éventuellement un tribunal d’être saisi pour statuer sur le fond.
Mais vous gardez quand même espoir qu’il puisse sortir de prison prochainement…
Nous sommes dans un pays de droit où il y a des magistrats professionnels et compétents. C’est pourquoi d’ailleurs nous avons fait appel de cette ordonnance devant la chambre d’accusation de la Cour d’appel. Nous avons confiance en ces magistrats aguerris et professionnels qui ne font qu’appliquer la loi. Je doute que dans cette affaire la loi ait été appliquée parce qu’il y a des fuites partout. Une note d’un substitut du procureur adressée à sa hiérarchie a été reprise par une certaine presse. Un journal a même publié des faits tronqués pris dans des procès-verbaux. Le substitut du procureur dont la note a été publiée dans la presse ne réagit pas, sa hiérarchie qui est le ministre de Justice ne réagit pas, tout le monde se tait, cela montre qu’il y a une omerta coupable dans cette affaire. Ce qui n’honore pas la justice. Cette violation flagrante de l’instruction, de l’enquête préliminaire, c’est un précédent dangereux pour ce pays. Il n’y aura pas que l’affaire Béthio Thioune dans ce Sénégal, il y aura d’autres affaires. Et demain s’il y aura des fuites dans la presse, s’il y a une violation flagrante de l’enquête préliminaire, je crois que les autorités judiciaires ne diront rien dans la mesure où dans l’affaire Béthio elles sont restées bouche cousue. Nous avions décidé de porter plainte mais rien ne vaut la leçon de l’histoire. Nous avons décidé de regarder faire et de laisser l’histoire juger.
Est-ce que vous pensez que l’affaire Béthio Thioune est une affaire politique ?
Monsieur Béthio Thioune, avant d’être arrêté, a participé à une campagne électorale en tant que citoyen mais avec une option politique claire. Le procureur de Thiès a violé le principe de la présomption d’innocence en faisant une conférence de presse où il a mis en cause Béthio alors que ce dernier n’avait pas encore été entendu. Et le ministre de la Justice n’est pas étranger à cette conférence de presse parce que le procureur de la République ne peut pas faire une telle sortie sans l’autorisation du ministère. Le refus de la mise en liberté provisoire de Béthio malgré sa maladie et malgré ses garanties de représentation ne repose pas sur le droit. Mais nous allons faire rétablir la justice parce que c’est notre droit en tant qu’avocats. Nous allons chasser la politique de la justice.
Entretien réalisé par la rédaction de Leral.
C’est Serigne Saliou Mbacké qui est mon marabout qui m’a mis en rapport avec Cheikh Béthio, il y a de cela plus de 20 ans. Depuis lors, on se fréquente. Cheikh Béthio me considère comme son avocat et quand il a des affaires pendantes devant la justice, il me les confiait. Il a spécialement organisé, il y a 3 ans, un grand thiant auquel il m’avait invité et a dit publiquement à tous les talibés que j’étais son avocat. Il avait demandé aux Thiantacounes de se référer à moi en tant qu’avocat quand ils avaient affaire avec la justice. Si aujourd’hui Cheikh Béthio a eu maille avec la justice, c’est mon devoir de me lever et de le défendre.
Comment va le Cheikh, 3 mois après son arrestation ?
Moralement, Béthio va bien parce que c’est un homme qui croit en Dieu et à son guide Serigne Saliou Mbacké. Mais médicalement, il va mal parce que moi-même j’avais demandé la désignation d’un expert médical pour voir son état de santé. L’expert a fait un rapport dans lequel il a diagnostiqué plusieurs maladies. Sa conclusion est que l’état de santé de Béthio est difficilement compatible avec l’incarcération. Donc, la place du Cheikh n’est pas en prison mais chez lui.
Votre demande de mise en liberté provisoire de votre client a été rejetée par le juge du tribunal de Thiès qui explique sa décision par la gravité
des faits qui sont reprochés au Cheikh…
(Il coupe) Ce rejet n’est fondé ni en droit ni en faits. Ce n’est pas la gravité des faits ou l’innocence qui doivent motiver sa liberté provisoire. C’est le tribunal qui est saisi pour juger le prévenu qui statue sur la gravité ou sur la non gravité des faits qui lui sont reprochés. En matière de liberté provisoire, la loi exige simplement des garanties de représentation pour que la personne ne se soustraie pas à la justice. Et tout le monde sait que Béthio Thioune a assez de garanties de représentation. C’est un marabout notoirement connu même sur le plan international. Il ne va jamais fuir le Sénégal où il possède plusieurs maisons dans plusieurs villes du pays. Il ne va pas se soustraire à la justice et va déférer à toute convocation. Aujourd’hui si on applique strictement la loi, rien que la loi, Cheikh Béthio doit être libéré provisoirement. Ce qui n’empêchera pas la procédure judiciaire de suivre son cours et éventuellement un tribunal d’être saisi pour statuer sur le fond.
Mais vous gardez quand même espoir qu’il puisse sortir de prison prochainement…
Nous sommes dans un pays de droit où il y a des magistrats professionnels et compétents. C’est pourquoi d’ailleurs nous avons fait appel de cette ordonnance devant la chambre d’accusation de la Cour d’appel. Nous avons confiance en ces magistrats aguerris et professionnels qui ne font qu’appliquer la loi. Je doute que dans cette affaire la loi ait été appliquée parce qu’il y a des fuites partout. Une note d’un substitut du procureur adressée à sa hiérarchie a été reprise par une certaine presse. Un journal a même publié des faits tronqués pris dans des procès-verbaux. Le substitut du procureur dont la note a été publiée dans la presse ne réagit pas, sa hiérarchie qui est le ministre de Justice ne réagit pas, tout le monde se tait, cela montre qu’il y a une omerta coupable dans cette affaire. Ce qui n’honore pas la justice. Cette violation flagrante de l’instruction, de l’enquête préliminaire, c’est un précédent dangereux pour ce pays. Il n’y aura pas que l’affaire Béthio Thioune dans ce Sénégal, il y aura d’autres affaires. Et demain s’il y aura des fuites dans la presse, s’il y a une violation flagrante de l’enquête préliminaire, je crois que les autorités judiciaires ne diront rien dans la mesure où dans l’affaire Béthio elles sont restées bouche cousue. Nous avions décidé de porter plainte mais rien ne vaut la leçon de l’histoire. Nous avons décidé de regarder faire et de laisser l’histoire juger.
Est-ce que vous pensez que l’affaire Béthio Thioune est une affaire politique ?
Monsieur Béthio Thioune, avant d’être arrêté, a participé à une campagne électorale en tant que citoyen mais avec une option politique claire. Le procureur de Thiès a violé le principe de la présomption d’innocence en faisant une conférence de presse où il a mis en cause Béthio alors que ce dernier n’avait pas encore été entendu. Et le ministre de la Justice n’est pas étranger à cette conférence de presse parce que le procureur de la République ne peut pas faire une telle sortie sans l’autorisation du ministère. Le refus de la mise en liberté provisoire de Béthio malgré sa maladie et malgré ses garanties de représentation ne repose pas sur le droit. Mais nous allons faire rétablir la justice parce que c’est notre droit en tant qu’avocats. Nous allons chasser la politique de la justice.
Entretien réalisé par la rédaction de Leral.