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Espace public culturel au Sénégal: Felwine Sarr déplore un rétrécissement

L’universitaire sénégalais Felwine Sarr a déploré jeudi, à Dakar, un rétrécissement de l’espace public culturel au Sénégal. Il a évoqué une certaine censure dans la production de sens et de signification.


Rédigé par leral.net le Jeudi 31 Mars 2022 à 22:35 | | 0 commentaire(s)|

Espace public culturel au Sénégal: Felwine Sarr déplore un rétrécissement
’’Le Sénégal a toujours été un carrefour multiculturel, à la croisée des bibliothèques négro-africaine, arabo-musulmane et occidentale. Mais depuis quelques temps, nous assistons à une sorte de rétrécissement de cet espace public culturel’’, a-t-il constaté.

Felwine Sarr s’exprimait lors d’une discussion littéraire autour du dernier roman de l’écrivain sénégalais Mouhamed Mbougar Sarr, qui a remporté en novembre 2021 le prix Goncourt, avec son oeuvre intitulé ’’La plus secrète mémoire des hommes’’ (448 pages).

Il devient avec cette distinction, à 31 ans, le premier Africain au sud du Sahara, à se faire attribuer ce prix et le deuxième noir à l’obtenir, cent ans après René Maran, qui avait été distingué pour son roman ‘’Batouala’’ (208 pages).

D'après l'Aps, l’ouvrage co-édité par Philippe Rey (France) et Jimsaan (Sénégal), raconte l’histoire de Diégane Latyr Faye, un jeune écrivain sénégalais qui, en 2018, découvre à Paris un livre mythique, ’’Le Labyrinthe de l’inhumain’’, paru en 1938.

Une vive polémique s’en est suivie, qui concerne, pas le livre pour lequel Sarr a été récompensé, mais le troisième de ses quatre romans, ‘’De purs hommes’’ (191 pages), paru chez Philippe Rey et Jimsaan en 2018 : l’auteur est accusé de faire l’apologie de l’homosexualité, ce dont il se défend.

’’La plus secrète mémoire des hommes’’, son quatrième roman, est ’’un chant d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel’’. ’’Un roman étourdissant, dominé par l’exigence du choix entre l’écriture et la vie, par le désir de dépasser la question du face-à-face entre l’Afrique et l’Occident’’, a jugé l’auteur.

Outre Felwine Sarr, cette discussion élargie à la vie culturelle au Sénégal, a enregistré la présence du philosophe et ancien ministre de la Culture, Abdoulaye Elimane Kane.

Définissant la culture comme étant ’’un espace de production de sens et de signification’’, Felwine Sarr soutient que cet environnement multiculturel avait l’avantage d’encourager une pluralité des discours dans l’espace public sénégalais. Il a cependant déploré un ’’rétrécissement’’ de ce même espace depuis quelques années.

Dans la même dynamique, Mouhamed Mbougar Sarr s’est plaint de la vision ’’réductrice’’ que les gens ont du mot culture au Sénégal. Laquelle réduction fait que beaucoup considère la culture comme quelque chose qui ne règle pas nos problèmes financiers ou autres, a-t-il estimé.

Selon lui la culture est cet espace où doit ’’s’affirmer les consensus et les dissensus au plan intellectuel’’.

Il a rappelé, à ce propos, les polémiques qui avaient suivi la parution en 2014 de l’ouvrage ’’Le Coran et la culture grecque” de l’agrégé en grammaire, le professeur Oumar Sankharé. Cette publication qui mettait en exergue les ’’similitudes’’ entre le Coran et la culture grecque, avait valu à son auteur de nombreuses critiques.


Ousmane Wade