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Et vous Monsieur, de quel Wade êtes-vous de nom ? Par Mamoudou Ibra Kane


Rédigé par leral.net le Samedi 28 Février 2015 à 10:06 | | 0 commentaire(s)|

Et vous Monsieur, de quel Wade êtes-vous de nom ?  Par Mamoudou Ibra Kane
Avions-nous été de pauvres naïfs en nous imaginant que Me Abdoulaye Wade, ancien président de la République, battu démocratiquement le 25 mars d’il y a trois ans, était capable -c’est son devoir- de contenir ses humeurs et de ravaler sa bile même si nous avions été habitués à son agitation et son désir atavique d’être l’actualité qui sont connus de tous.

Depuis un certain moment, Maître Wade va crescendo dans ses propos et ses pensées de sang refluent. Elles viennent nourrir un profond et immense désir de vengeance. L’incontinence langagière dont il a fait montre en début de semaine relève de la psychologie qui pourra nous édifier sur cet acharnement de Me Wade à rapetisser le Président Macky Sall et les Sénégalais qui l’ont élu. L’exhibition de cette ivresse de soi («Vous pouvez accepter, vous les Sénégalais, qu’il [Macky Sall] soit au-dessus de vous. Jamais mon fils Karim n’acceptera que Macky soit au-dessus de lui») révèle sa vindicte personnelle. En faisant cette déclaration, Me Wade, aveuglé par la colère, réarmait son âme de reclus, et son «élévation» n’a pas dépassé le rez-de-chaussée des remugles passionnels et paternels. Qu’est-ce qu’on y peut si son fils connaît aujourd’hui les déboires que l’on sait ?

Mises à part les réserves objectives qu’on peut avoir sur la CREI, la vérité est que Wade-père et Wade-fils se sont entre-détruits. Si le premier peut être accusé d’infanticide, le second est coupable alors de parricide. Ces meurtres en famille prémédités entre eux nous confortent dans les alertes encore fraîches dans les mémoires de l’irréparable que nous voyions tous venir. Mais, c’est connu, aucun k(c)rim(e) n’est parfait.

«Professeur Abdoulaye Wade», haut perché sur sa chair «d’Anthropophagie», pointant un doigt menaçant, s’est fait généalogiste le temps d’une rencontre avec les représentants d’un mouvement de soutien à son fils et des membres de son parti, et s’en est vivement pris à la naissance de son successeur, le Président Macky Sall. La plaidoirie à laquelle il s’est livré, devant des témoins interloqués, en faveur de son fils emprisonné, relève d’une insipidité nauséeuse. Si la plaidoirie des avocats de l’Etat devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite a parfois été rude, et le réquisitoire implacable du Procureur spécial contre l’ancien ministre d’Etat Karim Wade sévère, il y a lieu de dire, ici et sans ambages, que la sortie de l’ancien président de la République bat tous les records d’indécence.

Traiter d’anthropophages et d’esclaves les ascendants du Président Sall est pire qu’une diffamation. C’est une infamie, une folie que même les fous se garderaient de prononcer. Mais que voulez-vous ? La bouche qui saigne, nous enseigne le proverbe bien de chez nous, ne profère pas de bonnes paroles.

La noblesse dont se prévaut Me Wade ne saurait tenir de sa seule naissance. Celle qu’il conteste à son ancien Premier ministre devenu, ne lui en déplaise, son Président, non plus. Il n’existe pas de noblesse faite homme. «Ndimaagu neddo koy gollé et ballé», a dit Baaba Maal. La noblesse de l’homme, dit le chantre de la culture Pulaagu, est dans ses faits et gestes de tous les jours. Quelles valeurs peuvent avoir aujourd’hui ces références à la naissance ? Partir du bas de l’échelle sociale pour se hisser au sommet de la pyramide ne fait qu’ajouter au mérite de celui que les Sénégalais ont installé à la crête de l’Olympe. Qu’on dise, aujourd’hui, que le Président Macky Sall est parti de rien, parce qu’issu d’une famille modeste, ne fait que grandir les Sénégalais, la République et la démocratie sénégalaise.

La trajectoire du Président Sall, partie du «Sénégal d’en bas» pour atteindre les cimes du «Sénégal d’en haut», est la preuve parfaite que rien n’est impossible à personne dans ce pays dont la devise est «Un Peuple, Un But, Une Foi». Le cas Macky Sall donne de l’espoir à tous ceux qui n’avaient pas la foi ou qui étaient habités par le doute et la peur de ne pouvoir jamais y arriver.

Nous pouvons emprunter «la route vers le sommet» de notre réalisation personnelle et de notre patrie, en empruntant l’escalier social, cette pyramide de Maslow que constitue l’école publique. Quoique chahutée à longueur d’année depuis des décennies et par l’Etat et par la famille des enseignants, des enseignés et de leurs parents, cette Ecole de la République, une fois restaurée dans ses fondements et fondamentaux et positivement trempée dans l’école de la rue publique, est la voie royale pour réussir sa vie.

Que dire de plus de Me Wade si ce n’est lui rappeler ce proverbe : «Quand tu montes à l’échelle, souris à tous ceux que tu dépasses, car tu croiseras les mêmes en redescendant.» En effet, lui qui s’était autoproclamé «l’homme le plus diplômé du Cap au Caire», vient de chuter d’une dégringolade dont il se relèvera difficilement. Sa condamnation, à la quasi-unanimité du peuple sénégalais et sans doute de la communauté internationale, est sans appel. Faudrait-il «l’arrêter» ou le mettre en «résidence surveillée», comme le réclament certains proches du chef de l’Etat ? Pour dire quoi après ? «Il m’a accusé d’anthropophage (deumeu) et d’esclave» ? Ce serait la meilleure façon de se parer de ridicule. Il y a de ces injures dont le bruit impose le silence et l’indifférence.

Le rayonnement du Sénégal a toujours été fonction de sa capacité à porter une parole forte, indépendante et digne de foi. Ce sont nos idées et leurs mots qui nous valurent, à certains moments de l’histoire, le respect et cela avait une autre allure que cette piteuse sortie dont les plus friands, ses partisans en premier lieu, ont même pointé la vulgarité. Aujourd’hui, Maître Wade a perdu la force des idées pour ne représenter que lui-même.

Mamoudou Ibra KANE