Certains ne retiendront que la 92ème minute de jeu de cette rencontre. Lorsque Demba Bâ jaillit de nulle part pour placer un coup de poignard mortel dans le dos des « Lions indomptables ». A la manœuvre des opérations, un Issiar Dia, certainement frustré par son statut de remplaçant. A l’issue d’une course folle d’à peine 45 mètres, l’attaquant de Fenerbahçe, entré quelques minutes plus tôt, sert sur un plateau en or son coéquipier du banc. Un contrôle un peu manqué, mais un bon timing et le geste parfait des grands attaquants pour mettre la balle au fond des filets de Carlos Kameni, gêné, il est vrai, sur le coup par Stéphane Mbia. Mais, c’est clair aux yeux de tous qu’il aura fallu un petit coup d’éclat et une petite faille défensive des Camerounais pour changer le cours des choses et faire oublier un temps soit peu les ratés de l’entraineur. Car samedi, Amara Traoré n’avait de merveilles que ces étoiles sorties de sa botte secrète. Trois changements gagnants qui ont permis au Sénégal de prendre trois précieux points et de tenir à bonne distance le Cameroun qui compte désormais cinq points de retard, qui conduisent les « Lions indomptables » droit vers la potence. Heureusement que la baraka est faiseuse de miracle. Sinon, Amara Traoré aurait passé une soirée cauchemardesque et aurait mis sa carrière d’entraineur national dans une situation inconfortable. De fait, après ce succès à l’arraché, le technicien en chef de la « Tanière » peut se glorifier d’être gâté par les dieux qui l’ont doté de joueurs de talent exceptionnel au mental de fer. Car pour une fois, la bande à Papis Demba Cissé a terminé une rencontre tambour battant. Sans rien lâché, même dans la tornade déclenchée par le réveil des « Indomptables », ils y ont cru jusqu’au bout. Un état d’esprit qui a permis de camoufler les insuffisances du jeu sénégalais, notamment dans la construction. Il est vrai que l’attaque reste la principale force de l’équipe, mais une équipe sans meneur, c’est comme un corps sans âme. Et le Sénégal de samedi en a bien souffert. Pas de régulateur, pas d’harmonie entre les lignes et la rupture du cordon d’alimentation entre le milieu et l’attaque a plus que tué le football. Il a ressuscité le géant camerounais qui, pourtant, avait montré en début de partie des intensions claires de jouer pour ne pas encaisser. Un nul aurait suffi amplement. Amara Traoré, certainement obsédé par ses envies revanchardes, a semblé oublier que le football c’est comme la musique, une seule note discordante fausse toute la mélodie et les oreilles en prennent un sacré coup. A trop forcer les choses devant, on finit par bouleverser le système, donc, par tuer le jeu. Et samedi celui d’Amara Traoré n’avait pas d’identité connue. En tout cas, pas dans le football moderne, il faudra peut-être remonter le temps pour en trouver les traces. Car devant la stratégie de blindage du milieu de Xavier Clemente, l’entraineur du Sénégal n’a pas su trouver le cocktail qu’il fallait pour assurer une cohésion entre les lignes. En fait, c’est le 4-2-4 servi qui a compliqué la tâche aux « Lions », faisant du coup l’affaire des « Lions indomptables », très à l’aise dans l’entrejeu face au manque de cordon dans le milieu sénégalais. Trop collé à leur défense, Diamé et Guirane ne pouvaient offrir beaucoup de solutions à l’attaque, malgré le grand abattage pour meubler les erreurs techniques de la défense et notamment de Pape Malickou Diakhaté. Les écarts énormes entre les lignes ne favorisant pas le jeu en profondeur, c’est la grande errance devant et la souffrance pour le duo du milieu. Derrière, on se donne bien évidemment l’obligation de sauter un milieu inexistant pour chercher la pointe de vitesse de Moussa Sow ou de Mame Birame Diouf. Mais, comme les relances ne sont pas un point fort de Pape Malickou Diakhaté et consorts, toutes les tentatives finissent entre les bras de Kameni ou en 5,5 mètres. Amsatou Fall qui songeait à un jeu à la sénégalaise est encore loin de son rêve.
Wahany Johnson SAMBOU football.fr
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