Lors de sa conférence à l’université d’Assas (Paris) en 2007, Père WADE n’avait-il pas subtilement fustigé la main mise politico-économique de l’Europe en général et de la France en particulier sur les anciennes colonies en mettant en avant son énième vision matérialisée par « les Accords de Partenariat Economique APE» ?
S’il avait osé remettre en question les rapports historiques entre la France et ses ex colonies caractérisés par la Françafrique, c’est qu’il se sentait toujours légitimer d’une part par un peuple qui l’avait fièrement porté au pouvoir 7 ans avant, et d’autre part par ses alliés de l’époque que furent l’Iran, la Lybie, l’Arabie Saoudite…
Pensant avoir le vent en poupe et par sa boulimie du pouvoir et de l’autorité, WADE Père a dilapidé un héritage diplomatique que d’éminents fils du Sénégal (le professeur Ibrahima FALL, le docteur Cheikh Tidiane GADIO dans un passé récent…) bâtirent avec beaucoup de diplomatie (excusez de la redondance).
Tous les esprits avertis savent qu’en politique les ennemis d’hier peuvent être les amis d’aujourd’hui car qui veut arriver à bon quai saurait choisir le wagon de ses intérêts du moment. L’entêtement de WADE Fils à succéder à son père au sommet de l’Etat amena ce dernier à réactiver les réseaux de la Françafrique par le canal d’un certain entremetteur nommé R. BOURGI dans le seul but de parachever son projet de dévolution monarchique.
Ce nouveau deal bien orchestré par la cellule Afrique de l’Elysée (GUEANT Claude Mr Afrique de l’Elysée serait un ami commun de BOURGI et WADE Fils) se matérialisa par le départ de Monsieur RUFFIN l’ex ambassadeur de France au Sénégal, hostile au projet des WADE et fut remplacé par N. NORMAND.(encore proche de R. BOURGI) qui s’est récemment illustré par son absence à la rencontre des ambassadeurs au Palais pour tenter de faire retirer le projet de loi sur le ticket présidentiel du fait de sa proximité relationnelle avec WADE Fils.
Fort de ses nouveaux rapports avec la France et atteint de cécité intellectuelle par cette volonté d’asseoir la légitimité internationale de WADE Fils, WADE Père scella ce que j’appellerais « le deal de BENGHAZI » (visite du 09/06/2011 contre vents et marées) qui consistait à désavouer KHADAFFI son ami et allié politique de toujours en échange de l’introduction du fils dans le cercle restreint des décideurs mondiaux (fameuse poignée de main entre WADE Fils et The BIG OBAMA lors de la journée du 27/05/2011 au sommet du G8 à Deauville).
S’en suivit le passage en force de la loi sur le ticket présidentiel sans se soucier de la réaction de l’opinion internationale du fait de l’implicite complicité de la France (compter les chaînes publiques et stations radios françaises qui ont couvert les évènements du 23 juin).
La chronologie des faits montre bien que la feuille de route a été savamment agencée. Voilà la Françafrique : « je te tiens, tu me tiens par la barbichette ».
Hélas, c’était sans compter sur la détermination du digne peuple sénégalais
Est-il nécessaire de rappeler qu’en politique la vérité d’hier n’est pas forcément celle d’aujourd’hui. Entre « le deal de BENGHAZI » et la fatidique journée du 23 juin, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et que rien ne peut retenir un Tsunami populaire.
En France, la redistribution des cartes politiques a ébranlé la cellule Afrique de l’Elysée avec l’arrivée d’Alain JUPPE au Ministère des Affaires Etrangères et Européennes (MAEE) qui avait exigé comme condition préalable à sa nomination les pleins pouvoirs sur la politique étrangère de la France. Cela a entrainé le départ de Claude GUEANT au Ministère de l’Intérieur. Que devient BOURGI l’entremetteur ? Quand on perd ses alliés, on perd aussi son pouvoir. Relève t-il du pur hasard si le lâchage « bourgien » est intervenu après les déclarations d’Alain JUPPE sur les ondes de RFI en ces termes « ce n'était pas une bonne idée de : «Rester au pouvoir par tous les moyens y compris en bricolant la loi électorale, se faire élire avec 25% des voix, ne pas engager un certain nombre de réformes fondamentales pour tenir compte des aspirations de la population».
Au Sénégal, par son travail de conscientisation, le mouvement citoyen Y’EN A MARRE a montré que seul le peuple est souverain et qu’il ne faut pas confondre soumission et patience.
Je ne saurai terminer mon analyse en ne rappelant pas aux WADE que l’extraversion des Etats noirs francophones qui consiste à faire appel à la Françafrique pour rester au pouvoir illégitimement ne saurait marcher au Sénégal car à l’image de son peuple, il s’est toujours illustré par sa singularité.
BERGSON n’avait t-il pas dit que «le fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance serait un devoir ».
YALLAA AYE SI FAUTOUME BUR NDA NGAYE WEERR BA MOU FENDI MOU TAW SI KAWAM
Saloum Saloum
Maître en Coopération et Solidarités Internationales et intervenant en Méthodologie de projet à l’IRTS de Montrouge (France)
FRANCAFRIQUE QUAND TU NOUS TIENSRédigé par leral.net le Mardi 12 Juillet 2011 à 21:16 | | 1 commentaire(s)|
Que doit-on comprendre de l’appel au secours de Fils WADE aux autorités politiques françaises pour une intervention de leur armée à la nuit des émeutes du 27 juin ?
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