Fort de la promotion de qualité de l’éducation, le système sénégalais a pris la mesure de l’insuffisance de performance mise en évidence par les résultats des examens nationaux, notamment le baccalauréat et le Brevet de fin d’études moyenne (Bfem) qui ont enregistré respectivement des taux de réussite de 35% et de 52,11%. Le taux de réussite de ces deux évaluations certificatives vacille entre 30 et 50% depuis une décennie.
Le rapport du groupe de travail de la Cosydep fait état des facteurs explicatifs de l’échec scolaire observé : le manque de matériels pédagogiques, l’absence de manuels scolaires, le niveau de compétence des enseignants, le système d’encadrement et d’évaluation et « l’encyclopédisme » du programme constituent ainsi les germes de contreperformances. L’inertie de la communauté, notamment des parents, sur l’échec scolaire, a été décriée.
Hier vendredi, sur l’initiative de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep), les résultats des examens du baccalauréat (35,9%) et du Brevet de fin d’études moyenne (52,11%) ont fait l’objet d’un échange fructueux au Centre culturel Blaise Diagne, entre les acteurs de la communauté éducative. C’était à l’occasion du lancement officiel de du concept : « Nos vacances pour l’école ».
Partant de la mise en œuvre du Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet) où il a été noté des acquis non négligeables, le rapport d’analyse des résultats des examens du Bfem et du Bac est revenu sur les faiblesses notables d’un système sous les jumelles spectrales du taux d’échec des évaluations certificatives. La machine scolaire est loin d’être en bon état. Elle consomme beaucoup de carburant et ne roule pas comme il le faut, si l’on se réfère aux résultats scolaires de 2018. Le baccalauréat et le Brevet de fin d’étude moyenne (Bfem) enregistrent respectivement de taux d’échec de 65% et 48%, à l’aune de la pédagogie du 80.
En gros, il est retenu, selon le groupe de travail, dans le document de normes et standards de qualité en éducation et en formation de février 2013 par le ministère de l’Education, un objectif de 80% des enseignements apprentissages maitrisés par 80% des élèves. Dans ce cas de figure, quelles responsabilités des acteurs ?
En s’interrogeant sur la capacité du système éducatif à réaliser ses propres objectifs, la question de la responsabilité des acteurs sur l’échec scolaire demeure problématique. C’est la faute de l’autre quand il s’agit de mauvais résultats, a-t-on l’habitude de dire. L’Etat et les parents d’élèves indexeront les enseignants qui pointent du doigt le niveau bas des élèves et le non-respect des engagements pris par les autorités. Qu’à cela ne tienne ! Les résultats montrent une contre-performance notoire du système éducatif.Tenez-vous bien ! Le taux de réussite au baccalauréat n’a pas dépassé la barre de 50% depuis 2001. Malgré les milliards investis, il varie entre 30 et 40%. En 2001, quelque 35,1% des candidats ont décroché le premier diplôme universitaire contre 35,9% en 2018.
En passant du Programme décennal de l’Education et de la Formation (Pdef) au Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet), le Sénégal n’a jamais atteint la barre d’un taux de réussite de 50% au Bac. Pendant 17 ans – 2001 à 2018 – son meilleur score a été enregistré en 2006 avec 48,8% de réussite. La réussite recherchée dans les politiques publiques n’est toujours pas au rendez-vous. Quid du Bfem ? Son taux de réussite n’a pas encore atteint la barre des 60% d’admis. Les résultats engrangés ces dernières années sont loin des objectifs fixés sur les évaluations certificatives.
Il a été enregistré un taux de réussite de 43,20% en 2015 contre 42,52% en 2014, alors qu’il était de 47,5% pour tout le Sénégal en 2010. En 2018, selon le groupe de travail de la Cosydep, le taux de réussite est de 52,11%, soit un taux d’échec de 47, 89%, soit 90 077 candidats sur les 188 083 ayant composé.
Pour 2018, certaines inspections d’académie sont en-deçà de la moyenne nationale. Il s’agit de Fatick (44,35%), Pikine (44,57%), Rufisque (45,06%), Kaolack(45,5%) Thiès (46,51%) et Louga (48,49 %). Selon le rapport, c’est Diourbel (53,02%) et Dakar (52,24%) qui sont légèrement au-dessus de la moyenne nationale : 52,11%.
Les régions de Sédhiou (72,43%), Matam (69,30%), Kédougou (68,95%) Ziguinchor (65,97%), Tambacounda (64,44%), Kolda (62,23%) enregistrent paradoxalement, les meilleures performances.
Les résultats des examens nationaux, notamment Bfem et Bac renseignent sur la décadence des enseignements-apprentissages. En l’espace d’une décennie académique, le taux de réussite de ces évaluations nationales varient entre 30 et 50%.
L’ABSENCE DES FONDAMENTAUX FAVORISE L’ECHEC
En plus de ces mauvais résultats qui favorisent l’abandon et le redoublement, qu’est ce qui explique ces échecs au-delà d’un quantum horaire plombé par les grèves cycliques et répétitives ?
Gorgui Sow s’interroge sur l’environnement de l’enseignement-apprentissage des élèves. Dans quelles conditions les élèves apprennent-ils ?
Les germes de mauvais résultats scolaires vont de la quasi-inexistence des outils pédagogiques dans les classes aux équipements scolaires (armoires et bibliothèques), en passant par le déficit d’enseignants. « Il faut demander aux enseignants combien de fois ont-ils rencontré un inspecteur dans l’année pour un contrôle pédagogique. Il y a aussi le défi des ressources humaines, notamment le déficit des enseignants au niveau local », explique Gorgui Sow.
L’ENCYCLOPEDISME DU PROGRAMME
Saourou Sène va plus loin en revenant sur la lourdeur des programmes scolaires et leur actualisation. Il est question d’« encyclopédisme du programme », selon le coordonnateur national de la Cosydep . « Nous avons l’impression que nos élèves de 3e et de Terminale apprennent beaucoup de choses à la fois. Le programme n’est pas actualisé. Ce système a montré ses limites », a soutenu le secrétaire général du Saemss.
Selon lui, « nos programmes scolaires n’ont pas fondamentalement évolué. Nous constatons un déphasage entre ce que vivent les enfants et les programmes scolaires ».
LE SYSTEME D’EVALUATION INDEXE
En analysant les résultats du rapport du groupe de travail, il est ressorti la problématique de la question de l’évaluation, outil de lecture des performances scolaires. Gorgui Sow s’interroge : « Peut-on évaluer de la même manière un élève dans une classe de 80 apprenants que dans une classe de 40 ? Peut-on évaluer de la même façon un élève qui a un enseignant expérimenté et averti et celui qui a un enseignant non qualifié ?"
Plus loin, l’expert en Guidance scolaire, Gorgui Sow, s’interroge : « le système d’évaluation encourage-t-il les élèves à mieux apprendre, les enseignants à mieux enseigner et les décideurs à mieux gérer ? Sa réponse est sans équivoque : je ne suis pas si sûr pour le cas du Sénégal. Les résultats des évaluations ne font pas l’objet de débat. Ils devraient permettre de prévenir le décrochage scolaire précoce. Ce qui veut dire que les erreurs soient connues, reconnues et corrigées par les acteurs».
« Beaucoup d’enseignants ne comprennent pas le système d’évaluation. Il y a un déphasage entre les outils utilisés au niveau national et ceux utilisés par les enseignants dans les classes. Il faut analyser et apporter des correctifs. Chaque système d’évaluation a ses forces et ses faiblesses », explique Gorgui Sow. Pour Saourou Sène, la façon d’évaluer des élèves mérite un autre regard. Le syndicaliste propose d’aller vers des spécificités. « Le professeur doit organiser ses évaluations en fonction d’un chapitre. L’enseignant ne doit pas dire à ses élèves de tout apprendre. La réflexion de l’enfant doit être canalisée », poursuit-il.
INERTIE DE LA COMMUNAUTE SCOLAIRE
Si l’échec scolaire est devenu un problème structurel du système d’éducation et de formation, les panélistes s’inquiètent de l’inertie de la communauté éducative face à ses mauvais résultats. Selon Gorgui Sow, « les résultats du Cfee, Bfem et du Bac doivent faire l’objet d’une évaluation sérieuse par les établissements, les inspections et les parents d’élèves ».
Pour que les erreurs soient identifiées au niveau de l’apprentissage, Gorgui salue l’initiative du panel qui constitue un espace de dialogue sur la question de performances du système éducatif. En plus de faire des parents des acteurs actifs, Saourou pense qu’il faut aller vers une « réflexion profonde et sereine sur le contenu enseignement-apprentissage au regard de l’environnement social, culturel et de l’évolution des technologies ». (Sudonline)
Le rapport du groupe de travail de la Cosydep fait état des facteurs explicatifs de l’échec scolaire observé : le manque de matériels pédagogiques, l’absence de manuels scolaires, le niveau de compétence des enseignants, le système d’encadrement et d’évaluation et « l’encyclopédisme » du programme constituent ainsi les germes de contreperformances. L’inertie de la communauté, notamment des parents, sur l’échec scolaire, a été décriée.
Hier vendredi, sur l’initiative de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep), les résultats des examens du baccalauréat (35,9%) et du Brevet de fin d’études moyenne (52,11%) ont fait l’objet d’un échange fructueux au Centre culturel Blaise Diagne, entre les acteurs de la communauté éducative. C’était à l’occasion du lancement officiel de du concept : « Nos vacances pour l’école ».
Partant de la mise en œuvre du Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet) où il a été noté des acquis non négligeables, le rapport d’analyse des résultats des examens du Bfem et du Bac est revenu sur les faiblesses notables d’un système sous les jumelles spectrales du taux d’échec des évaluations certificatives. La machine scolaire est loin d’être en bon état. Elle consomme beaucoup de carburant et ne roule pas comme il le faut, si l’on se réfère aux résultats scolaires de 2018. Le baccalauréat et le Brevet de fin d’étude moyenne (Bfem) enregistrent respectivement de taux d’échec de 65% et 48%, à l’aune de la pédagogie du 80.
En gros, il est retenu, selon le groupe de travail, dans le document de normes et standards de qualité en éducation et en formation de février 2013 par le ministère de l’Education, un objectif de 80% des enseignements apprentissages maitrisés par 80% des élèves. Dans ce cas de figure, quelles responsabilités des acteurs ?
En s’interrogeant sur la capacité du système éducatif à réaliser ses propres objectifs, la question de la responsabilité des acteurs sur l’échec scolaire demeure problématique. C’est la faute de l’autre quand il s’agit de mauvais résultats, a-t-on l’habitude de dire. L’Etat et les parents d’élèves indexeront les enseignants qui pointent du doigt le niveau bas des élèves et le non-respect des engagements pris par les autorités. Qu’à cela ne tienne ! Les résultats montrent une contre-performance notoire du système éducatif.Tenez-vous bien ! Le taux de réussite au baccalauréat n’a pas dépassé la barre de 50% depuis 2001. Malgré les milliards investis, il varie entre 30 et 40%. En 2001, quelque 35,1% des candidats ont décroché le premier diplôme universitaire contre 35,9% en 2018.
En passant du Programme décennal de l’Education et de la Formation (Pdef) au Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet), le Sénégal n’a jamais atteint la barre d’un taux de réussite de 50% au Bac. Pendant 17 ans – 2001 à 2018 – son meilleur score a été enregistré en 2006 avec 48,8% de réussite. La réussite recherchée dans les politiques publiques n’est toujours pas au rendez-vous. Quid du Bfem ? Son taux de réussite n’a pas encore atteint la barre des 60% d’admis. Les résultats engrangés ces dernières années sont loin des objectifs fixés sur les évaluations certificatives.
Il a été enregistré un taux de réussite de 43,20% en 2015 contre 42,52% en 2014, alors qu’il était de 47,5% pour tout le Sénégal en 2010. En 2018, selon le groupe de travail de la Cosydep, le taux de réussite est de 52,11%, soit un taux d’échec de 47, 89%, soit 90 077 candidats sur les 188 083 ayant composé.
Pour 2018, certaines inspections d’académie sont en-deçà de la moyenne nationale. Il s’agit de Fatick (44,35%), Pikine (44,57%), Rufisque (45,06%), Kaolack(45,5%) Thiès (46,51%) et Louga (48,49 %). Selon le rapport, c’est Diourbel (53,02%) et Dakar (52,24%) qui sont légèrement au-dessus de la moyenne nationale : 52,11%.
Les régions de Sédhiou (72,43%), Matam (69,30%), Kédougou (68,95%) Ziguinchor (65,97%), Tambacounda (64,44%), Kolda (62,23%) enregistrent paradoxalement, les meilleures performances.
Les résultats des examens nationaux, notamment Bfem et Bac renseignent sur la décadence des enseignements-apprentissages. En l’espace d’une décennie académique, le taux de réussite de ces évaluations nationales varient entre 30 et 50%.
L’ABSENCE DES FONDAMENTAUX FAVORISE L’ECHEC
En plus de ces mauvais résultats qui favorisent l’abandon et le redoublement, qu’est ce qui explique ces échecs au-delà d’un quantum horaire plombé par les grèves cycliques et répétitives ?
Gorgui Sow s’interroge sur l’environnement de l’enseignement-apprentissage des élèves. Dans quelles conditions les élèves apprennent-ils ?
Les germes de mauvais résultats scolaires vont de la quasi-inexistence des outils pédagogiques dans les classes aux équipements scolaires (armoires et bibliothèques), en passant par le déficit d’enseignants. « Il faut demander aux enseignants combien de fois ont-ils rencontré un inspecteur dans l’année pour un contrôle pédagogique. Il y a aussi le défi des ressources humaines, notamment le déficit des enseignants au niveau local », explique Gorgui Sow.
L’ENCYCLOPEDISME DU PROGRAMME
Saourou Sène va plus loin en revenant sur la lourdeur des programmes scolaires et leur actualisation. Il est question d’« encyclopédisme du programme », selon le coordonnateur national de la Cosydep . « Nous avons l’impression que nos élèves de 3e et de Terminale apprennent beaucoup de choses à la fois. Le programme n’est pas actualisé. Ce système a montré ses limites », a soutenu le secrétaire général du Saemss.
Selon lui, « nos programmes scolaires n’ont pas fondamentalement évolué. Nous constatons un déphasage entre ce que vivent les enfants et les programmes scolaires ».
LE SYSTEME D’EVALUATION INDEXE
En analysant les résultats du rapport du groupe de travail, il est ressorti la problématique de la question de l’évaluation, outil de lecture des performances scolaires. Gorgui Sow s’interroge : « Peut-on évaluer de la même manière un élève dans une classe de 80 apprenants que dans une classe de 40 ? Peut-on évaluer de la même façon un élève qui a un enseignant expérimenté et averti et celui qui a un enseignant non qualifié ?"
Plus loin, l’expert en Guidance scolaire, Gorgui Sow, s’interroge : « le système d’évaluation encourage-t-il les élèves à mieux apprendre, les enseignants à mieux enseigner et les décideurs à mieux gérer ? Sa réponse est sans équivoque : je ne suis pas si sûr pour le cas du Sénégal. Les résultats des évaluations ne font pas l’objet de débat. Ils devraient permettre de prévenir le décrochage scolaire précoce. Ce qui veut dire que les erreurs soient connues, reconnues et corrigées par les acteurs».
« Beaucoup d’enseignants ne comprennent pas le système d’évaluation. Il y a un déphasage entre les outils utilisés au niveau national et ceux utilisés par les enseignants dans les classes. Il faut analyser et apporter des correctifs. Chaque système d’évaluation a ses forces et ses faiblesses », explique Gorgui Sow. Pour Saourou Sène, la façon d’évaluer des élèves mérite un autre regard. Le syndicaliste propose d’aller vers des spécificités. « Le professeur doit organiser ses évaluations en fonction d’un chapitre. L’enseignant ne doit pas dire à ses élèves de tout apprendre. La réflexion de l’enfant doit être canalisée », poursuit-il.
INERTIE DE LA COMMUNAUTE SCOLAIRE
Si l’échec scolaire est devenu un problème structurel du système d’éducation et de formation, les panélistes s’inquiètent de l’inertie de la communauté éducative face à ses mauvais résultats. Selon Gorgui Sow, « les résultats du Cfee, Bfem et du Bac doivent faire l’objet d’une évaluation sérieuse par les établissements, les inspections et les parents d’élèves ».
Pour que les erreurs soient identifiées au niveau de l’apprentissage, Gorgui salue l’initiative du panel qui constitue un espace de dialogue sur la question de performances du système éducatif. En plus de faire des parents des acteurs actifs, Saourou pense qu’il faut aller vers une « réflexion profonde et sereine sur le contenu enseignement-apprentissage au regard de l’environnement social, culturel et de l’évolution des technologies ». (Sudonline)
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