Assis à une table, entouré de micros et de caméras, Ezequiel Elizalde a l'air d'un enfant timide. Il est la seule des trois victimes supposées de Florence Cassez à prendre la parole, au milieu de la tourmente qui précède le vote à la Cour suprême prévu ce mercredi.
Il appelle les médias à la rescousse: «Je vous demande de nous soutenir, nous les victimes, s'il vous plaît! (…) Ne libérez pas ces gens! Ils vont continuer à séquestrer, à détruire des familles!» Sa voix tremble, il arrête de parler, on lui passe un mouchoir; il essuie ostensiblement ses yeux pourtant secs. Il fait appel à la sensibilité des journalistes présents, qui semblent perplexes. À ses côtés, le président de la Commission nationale des droits de l'homme, Raul Plascencia, et Isabel Miranda de Wallace, une pasionaria qui milite depuis plusieurs années aux côtés des victimes d'enlèvements. Après leur prise de parole, au cours de laquelle ils réclament que soit confirmée la sentence de la Française, ils coupent court à la séance de questions et s'engouffrent dans un ascenseur. Miranda de Wallace et Plascencia sont des figures publiques influentes, mais aujourd'hui isolées: avec le gouvernement mexicain, ils sont les seuls à réclamer publiquement que Florence Cassez continue de purger sa peine.
Une «formidable opportunité»
Le jour suivant, une autre conférence de presse intitulée «La vérité sur l'affaire Cassez»rassemble plusieurs pointures: l'ex-ministre des Affaires étrangères Jorge Castañeda, l'ex-ministre de la Justice Ignacio Lechuga, des juristes et des militants des droits de l'homme. Ils soutiennent la proposition de libération. Par-delà ce cas précis, ils évoquent une «formidable opportunité» pour la justice mexicaine: l'occasion de rappeler qu'un procès n'est équitable que s'il repose sur des bases solides, dans le respect de la présomption d'innocence. Et que la justice ne peut pas fermer les yeux sur la fabrication de preuves ou l'obtention de témoignages sous la torture, entorses qui ont toutes deux émaillé l'affaire.
«Si les juges décident que Florence Cassez restera en prison, le message sera clair: cela voudra dire que la police peut continuer à procéder à des détentions arbitraires, ne pas mettre immédiatement les détenus à disposition du ministère public, violer la Constitution et fabriquer ce qu'elle veut», confie en aparté Eduardo Gallo, président de l'organisme Mexique uni contre la délinquance. Et d'aller jusqu'à mettre en doute, au cours de la conférence, qu'Ezequiel Elizalde ait réellement été victime d'enlèvement - de fait, il n'y a jamais eu d'enquête sur le jeune homme.
La vapeur s'inverse
La presse mexicaine qui, depuis 2005, traitait l'affaire Cassez presque uniquement à charge, semble désorientée. L'écrivain Carlos Fuentes, sommité intellectuelle probablement la plus respectée du pays, s'est lui aussi prononcé en faveur de la libération. L'information est parue dans le plus grand quotidien national, El Universal , habitué depuis longtemps à passer sous silence les éléments du dossier qui mettent en doute la culpabilité de la Française. Dans le débat public, la vapeur s'inverse.
Mais le suspense reste entier: malgré le torrent de tribunes, éditoriaux, émissions spéciales et conférences de presse, les seules voix qui comptent sont celles des cinq juges qui décideront mercredi du sort de la jeune femme.
SOURCE:lefigaro.fr
Il appelle les médias à la rescousse: «Je vous demande de nous soutenir, nous les victimes, s'il vous plaît! (…) Ne libérez pas ces gens! Ils vont continuer à séquestrer, à détruire des familles!» Sa voix tremble, il arrête de parler, on lui passe un mouchoir; il essuie ostensiblement ses yeux pourtant secs. Il fait appel à la sensibilité des journalistes présents, qui semblent perplexes. À ses côtés, le président de la Commission nationale des droits de l'homme, Raul Plascencia, et Isabel Miranda de Wallace, une pasionaria qui milite depuis plusieurs années aux côtés des victimes d'enlèvements. Après leur prise de parole, au cours de laquelle ils réclament que soit confirmée la sentence de la Française, ils coupent court à la séance de questions et s'engouffrent dans un ascenseur. Miranda de Wallace et Plascencia sont des figures publiques influentes, mais aujourd'hui isolées: avec le gouvernement mexicain, ils sont les seuls à réclamer publiquement que Florence Cassez continue de purger sa peine.
Une «formidable opportunité»
Le jour suivant, une autre conférence de presse intitulée «La vérité sur l'affaire Cassez»rassemble plusieurs pointures: l'ex-ministre des Affaires étrangères Jorge Castañeda, l'ex-ministre de la Justice Ignacio Lechuga, des juristes et des militants des droits de l'homme. Ils soutiennent la proposition de libération. Par-delà ce cas précis, ils évoquent une «formidable opportunité» pour la justice mexicaine: l'occasion de rappeler qu'un procès n'est équitable que s'il repose sur des bases solides, dans le respect de la présomption d'innocence. Et que la justice ne peut pas fermer les yeux sur la fabrication de preuves ou l'obtention de témoignages sous la torture, entorses qui ont toutes deux émaillé l'affaire.
«Si les juges décident que Florence Cassez restera en prison, le message sera clair: cela voudra dire que la police peut continuer à procéder à des détentions arbitraires, ne pas mettre immédiatement les détenus à disposition du ministère public, violer la Constitution et fabriquer ce qu'elle veut», confie en aparté Eduardo Gallo, président de l'organisme Mexique uni contre la délinquance. Et d'aller jusqu'à mettre en doute, au cours de la conférence, qu'Ezequiel Elizalde ait réellement été victime d'enlèvement - de fait, il n'y a jamais eu d'enquête sur le jeune homme.
La vapeur s'inverse
La presse mexicaine qui, depuis 2005, traitait l'affaire Cassez presque uniquement à charge, semble désorientée. L'écrivain Carlos Fuentes, sommité intellectuelle probablement la plus respectée du pays, s'est lui aussi prononcé en faveur de la libération. L'information est parue dans le plus grand quotidien national, El Universal , habitué depuis longtemps à passer sous silence les éléments du dossier qui mettent en doute la culpabilité de la Française. Dans le débat public, la vapeur s'inverse.
Mais le suspense reste entier: malgré le torrent de tribunes, éditoriaux, émissions spéciales et conférences de presse, les seules voix qui comptent sont celles des cinq juges qui décideront mercredi du sort de la jeune femme.
SOURCE:lefigaro.fr