Le 24 février est déjà le rendez-vous de toutes les surprises. Entre des candidats sortis de l’anonymat, en moins de deux ans de l’élection, et d’autres plus expérimentés assagis par la pratique de la fonction étatique, il n’y a aucun moyen d’anticiper sur le verdict final. Ce qu’il y a lieu de faire par contre, c’est une analyse la plus objective qui soit sur les forces et faiblesses de tous les candidats qui ont surmonté le mont du parrainage.
De ces 5 noms retenus, il y en a pour qui le scrutin du 24 février est une question de survie pour ne pas dire de vie ou de mort et ceux qui, dans leurs manteaux d’outsiders, veulent secouer le cocotier et remporter la palme. Dans cette liste restreinte, il faut reconnaître que tous les candidats ont des atouts à faire valoir pour convaincre le peuple et des lacunes à corriger.
SENENEWS vous propose ici une série d’articles qui épluchent les forces et faiblesses de ces différents challengers. Une série qui s’ouvre naturellement avec le candidat Ousmane Sonko puisqu’il défraie plus que jamais la chronique.
La franchise et les révélations comme fonds de commerce
Avant sa radiation en 2016, peu de ceux qui le soutiennent et l’idolâtrent aujourd’hui (le terme n’est pas de trop), pouvaient mettre un nom sur son visage. Ousmane Sonko était un simple quidam, à l’image des autres fonctionnaires de l’Etat que la pratique de la politique n’a pas promus. Dans son manteau d’inspecteur des impôts déjà, l’homme donnait le signal en faisant des révélations sur des affaires très peu orthodoxes du régime notamment sur la question du pétrole. Cette attitude consistant à ne pas verser dans la langue de bois envers des autorités qu’il est censé servir, va contribuer à l’éclosion du génie d’abord activiste puis politique de l’homme. De lanceur d’alertes, Ousmane Sonko deviendra un politicien dont le franc-parler épate plus d’un observateur.
Avec sa radiation donc, Ousmane Sonko qui semble faire les frais de son courage patriotique, obtiendra le soutien de nombre de Sénégalais qui exigent la transparence dans les affaires. Aux yeux de beaucoup, c’est un martyr qui s’est sacrifié pour l’intérêt général. C’est ainsi que Sonko sera un produit créé de toute pièces par l’entreprise de la colère vengeresse des autorités qui désiraient en finir avec lui.
Au lieu que la machine à broyer du pouvoir réduisît au néant ce « casseur d’assiettes» comme elle le voulait à travers une radiation décriée de tous bords, elle a plutôt laissé se former une brique bien moulue. Ainsi naquit le tonitruant leader du PASTEF, qui retrouvera en compensation de sa fonction d’inspecteur, un poste de député bien plus « populaire ». Là au moins, le droit de réserve et le secret professionnel ne seront point brandis comme épée de Damoclès.
Parce qu’il tient un discours de rupture avec des idées toutes neuves sur des questions dont il a la maîtrise, le jeune chef de parti sera récompensé avec un accès à l’Assemblée nationale. Pour l’élection de février, Ousmane Sonko devra pouvoir compter en plus de son expertise sur quatre éléments essentiels : sa franchise, sa jeunesse, sa position de victime (pour ne pas dire sa victimisation) et même son appartenance à une région où le vote, comme dans toutes les autres d’ailleurs, est parfois inhérent à la fibre affective.
Le refus de la francisation du Sénégal : un atout majeur
Ousmane Sonko a fini par convaincre beaucoup de par son discours plus ou moins nationaliste. Sans être membre d’un « Front National Sénégalais » ou de « France Dégage », le leader du PASTEF s’oppose clairement à la francisation du Sénégal et de son économie. Les nébuleuses qu’il ne cesse de révéler lui ont octroyé un statut privilégié auprès de la classe intellectuelle qui en appelle de tous ses vœux à la libération du pays, à une véritable indépendance.
L’autre frange qui soutient Sonko sans faille est la jeunesse avec laquelle il partage les mêmes idéaux. En effet, la stratégie du leader de PASTEF envers cette population jeune ne peut que marcher. Car cette complicité entre les deux émane de leur dénominateur commun : la révolution. Ousmane Sonko apparaît comme un révolutionnaire dans le sens littéral du terme. N’a-t-il pas appelé d’ailleurs à fusiller tous ceux qui ont eu à diriger le pays depuis les indépendances ? Pour leur mauvaise gestion et leur manque de courage vis-à-vis de la France colonisatrice. Sonko a toujours combattu, à travers faits et gestes, les multinationales françaises telles que Total, l’hypermarché Auchan et d’autres firmes.
Voilà ce qui expliquerait le soutien sans faille de certains rappeurs à l’image de « NIT DOFF », qui ne s’en cachent point. Aujourd’hui, des leaders d’opinion de tous horizons se rallient à sa cause, et grâce à sa véridicité mise au premier plan, Sonko a le vent en poupe. Les primo-votants, ces jeunes qui n’ont jamais été aux urnes, pourraient ainsi porter leur dévolu sur le plus jeune des candidats par sympathie.
Visiblement, la sur-médiatisation de ses sorties et les attaques et/ou répliques du camp du pouvoir le placent au centre du débat et font de lui un pôle d’attraction. En vérité, l’acharnement des partisans du pouvoir et de certains patrons de presse très proches du chef de l’Etat, confère à l’homme un statut de « victime » et augmente sans doute sa valeur marchande. En politique, comme tous le savent, ce genre de cadeaux, de publicité gratuite, ne se refuse pas et qu’il cogne ou qu’on le cogne, Ousmane Sonko fait toujours mal.
A côté de ces « atouts », il y en a un autre non négligeable et qui demeure pourtant une constante : le vote affectif pour ne pas dire régionaliste. Le ralliement du maire de Ziguinchor Abdoulaye Baldé au camp du pouvoir ne fait que faciliter la conquête de la région Sud par Ousmane Sonko comme Macky Sall l’a fait à Matam et Idrissa Seck à Thiès. Par la force des choses, Ousmane Sonko est devenu le leader naturel de cette partie du Sénégal. Il n’y a point de doute que l’ancien inspecteur des Impôts, qui bénéficie d’un capital de sympathie déjà très important dans cette partie du pays, tentera d’en faire une chasse gardée.
Principale faiblesse : une communication excessive et l’effet de boomerang qu’elle pourrait provoquer
Les atouts dressés ne peuvent point occulter un handicap majeur qui pourrait porter préjudice au candidat Ousmane Sonko. Il s’agit notamment de sa communication tous azimuts et sa manie de tirer sur ce qui bouge. Par exemple, son engagement de sortir du franc CFA, même s’il est applaudi par ses partisans, est un pari très risqué qu’il pourra réussir difficilement. Beaucoup d’économistes en appellent à la vigilance sur cette question.
Sachant qu’une élection ne peut se gagner sans une bonne coalition, le regroupement des partis autour du leader de PASTEF ne pèsent pas assez lourd sur la scène politique pour que Sonko en dépende. Plus importante est en effet cette question de l’argent, « sacrée pièce ». Sonko qui prône la politique autrement, aura d’énormes difficultés à contrecarrer cette pratique honteuse mais qui fait gagner bien d’élections à travers le pays : l’achat de consciences.
Dans une élection où l’image est un atout fondamental, Ousmane Sonko aura du fil à retordre avec la machine de propagande du parti au pouvoir. Depuis quelques semaines déjà, de grands noms de la presse s’attaquent à ce qui fait l’image de l’homme politique, ce qui semble le singulariser des autres : sa « cleanness » (son netteté). Même s’il en est bien sorti jusque-là, le candidat de « Sonko Président » risque de faire face à d’autres « cafards » que le pouvoir tentera de sortir de ses placards.
Surtout qu’à l’heure actuelle, l’affaire des 94 milliards détournés par Mamou Diallo, d’après lui, n’a pas fini de révéler tous ses secrets. Nonobstant son expertise en matière fiscale, Ousmane Sonko apparaît comme un novice en matière de gestion des affaires de la cité. Ainsi ses adversaires qui le considèrent comme un amateur, pourraient l’attaquer sur son manque d’expérience.
L’autre faiblesse qu’on peut noter dans le discours de Sonko, est son attaque permanente au « SYSTEME ». Si certains en arrivent à l’accuser d’arrogance, c’est justement le fait que lui et ses partisans semblent prendre de haut le reste du « SYSTEME ». Et pourtant, ce système lui a permis de s’auto-réaliser et il a en retour servi le système en tant qu’inspecteur. Dans ledit système, en vérité, les impôts et leur perception occupent une place prépondérante et Ousmane Sonko était au cœur.
En tant que tel, il est relève d’une inconvenance pour ne pas dire du narcissisme que de soutenir que le système est corrompu dans son entièreté. S’il y a quelque chose qui pourrait constituer un obstacle à Sonko, à part le facteur argent, c’est bel et bien sa communication parfois en deçà de la moyenne. Sonko fera-t-il comme Macky Sall en gagnant l’élection dès sa première participation ? La réponse au 24 février.
SENENEWS
ababacarguaye@yahoo.fr
De ces 5 noms retenus, il y en a pour qui le scrutin du 24 février est une question de survie pour ne pas dire de vie ou de mort et ceux qui, dans leurs manteaux d’outsiders, veulent secouer le cocotier et remporter la palme. Dans cette liste restreinte, il faut reconnaître que tous les candidats ont des atouts à faire valoir pour convaincre le peuple et des lacunes à corriger.
SENENEWS vous propose ici une série d’articles qui épluchent les forces et faiblesses de ces différents challengers. Une série qui s’ouvre naturellement avec le candidat Ousmane Sonko puisqu’il défraie plus que jamais la chronique.
La franchise et les révélations comme fonds de commerce
Avant sa radiation en 2016, peu de ceux qui le soutiennent et l’idolâtrent aujourd’hui (le terme n’est pas de trop), pouvaient mettre un nom sur son visage. Ousmane Sonko était un simple quidam, à l’image des autres fonctionnaires de l’Etat que la pratique de la politique n’a pas promus. Dans son manteau d’inspecteur des impôts déjà, l’homme donnait le signal en faisant des révélations sur des affaires très peu orthodoxes du régime notamment sur la question du pétrole. Cette attitude consistant à ne pas verser dans la langue de bois envers des autorités qu’il est censé servir, va contribuer à l’éclosion du génie d’abord activiste puis politique de l’homme. De lanceur d’alertes, Ousmane Sonko deviendra un politicien dont le franc-parler épate plus d’un observateur.
Avec sa radiation donc, Ousmane Sonko qui semble faire les frais de son courage patriotique, obtiendra le soutien de nombre de Sénégalais qui exigent la transparence dans les affaires. Aux yeux de beaucoup, c’est un martyr qui s’est sacrifié pour l’intérêt général. C’est ainsi que Sonko sera un produit créé de toute pièces par l’entreprise de la colère vengeresse des autorités qui désiraient en finir avec lui.
Au lieu que la machine à broyer du pouvoir réduisît au néant ce « casseur d’assiettes» comme elle le voulait à travers une radiation décriée de tous bords, elle a plutôt laissé se former une brique bien moulue. Ainsi naquit le tonitruant leader du PASTEF, qui retrouvera en compensation de sa fonction d’inspecteur, un poste de député bien plus « populaire ». Là au moins, le droit de réserve et le secret professionnel ne seront point brandis comme épée de Damoclès.
Parce qu’il tient un discours de rupture avec des idées toutes neuves sur des questions dont il a la maîtrise, le jeune chef de parti sera récompensé avec un accès à l’Assemblée nationale. Pour l’élection de février, Ousmane Sonko devra pouvoir compter en plus de son expertise sur quatre éléments essentiels : sa franchise, sa jeunesse, sa position de victime (pour ne pas dire sa victimisation) et même son appartenance à une région où le vote, comme dans toutes les autres d’ailleurs, est parfois inhérent à la fibre affective.
Le refus de la francisation du Sénégal : un atout majeur
Ousmane Sonko a fini par convaincre beaucoup de par son discours plus ou moins nationaliste. Sans être membre d’un « Front National Sénégalais » ou de « France Dégage », le leader du PASTEF s’oppose clairement à la francisation du Sénégal et de son économie. Les nébuleuses qu’il ne cesse de révéler lui ont octroyé un statut privilégié auprès de la classe intellectuelle qui en appelle de tous ses vœux à la libération du pays, à une véritable indépendance.
L’autre frange qui soutient Sonko sans faille est la jeunesse avec laquelle il partage les mêmes idéaux. En effet, la stratégie du leader de PASTEF envers cette population jeune ne peut que marcher. Car cette complicité entre les deux émane de leur dénominateur commun : la révolution. Ousmane Sonko apparaît comme un révolutionnaire dans le sens littéral du terme. N’a-t-il pas appelé d’ailleurs à fusiller tous ceux qui ont eu à diriger le pays depuis les indépendances ? Pour leur mauvaise gestion et leur manque de courage vis-à-vis de la France colonisatrice. Sonko a toujours combattu, à travers faits et gestes, les multinationales françaises telles que Total, l’hypermarché Auchan et d’autres firmes.
Voilà ce qui expliquerait le soutien sans faille de certains rappeurs à l’image de « NIT DOFF », qui ne s’en cachent point. Aujourd’hui, des leaders d’opinion de tous horizons se rallient à sa cause, et grâce à sa véridicité mise au premier plan, Sonko a le vent en poupe. Les primo-votants, ces jeunes qui n’ont jamais été aux urnes, pourraient ainsi porter leur dévolu sur le plus jeune des candidats par sympathie.
Visiblement, la sur-médiatisation de ses sorties et les attaques et/ou répliques du camp du pouvoir le placent au centre du débat et font de lui un pôle d’attraction. En vérité, l’acharnement des partisans du pouvoir et de certains patrons de presse très proches du chef de l’Etat, confère à l’homme un statut de « victime » et augmente sans doute sa valeur marchande. En politique, comme tous le savent, ce genre de cadeaux, de publicité gratuite, ne se refuse pas et qu’il cogne ou qu’on le cogne, Ousmane Sonko fait toujours mal.
A côté de ces « atouts », il y en a un autre non négligeable et qui demeure pourtant une constante : le vote affectif pour ne pas dire régionaliste. Le ralliement du maire de Ziguinchor Abdoulaye Baldé au camp du pouvoir ne fait que faciliter la conquête de la région Sud par Ousmane Sonko comme Macky Sall l’a fait à Matam et Idrissa Seck à Thiès. Par la force des choses, Ousmane Sonko est devenu le leader naturel de cette partie du Sénégal. Il n’y a point de doute que l’ancien inspecteur des Impôts, qui bénéficie d’un capital de sympathie déjà très important dans cette partie du pays, tentera d’en faire une chasse gardée.
Principale faiblesse : une communication excessive et l’effet de boomerang qu’elle pourrait provoquer
Les atouts dressés ne peuvent point occulter un handicap majeur qui pourrait porter préjudice au candidat Ousmane Sonko. Il s’agit notamment de sa communication tous azimuts et sa manie de tirer sur ce qui bouge. Par exemple, son engagement de sortir du franc CFA, même s’il est applaudi par ses partisans, est un pari très risqué qu’il pourra réussir difficilement. Beaucoup d’économistes en appellent à la vigilance sur cette question.
Sachant qu’une élection ne peut se gagner sans une bonne coalition, le regroupement des partis autour du leader de PASTEF ne pèsent pas assez lourd sur la scène politique pour que Sonko en dépende. Plus importante est en effet cette question de l’argent, « sacrée pièce ». Sonko qui prône la politique autrement, aura d’énormes difficultés à contrecarrer cette pratique honteuse mais qui fait gagner bien d’élections à travers le pays : l’achat de consciences.
Dans une élection où l’image est un atout fondamental, Ousmane Sonko aura du fil à retordre avec la machine de propagande du parti au pouvoir. Depuis quelques semaines déjà, de grands noms de la presse s’attaquent à ce qui fait l’image de l’homme politique, ce qui semble le singulariser des autres : sa « cleanness » (son netteté). Même s’il en est bien sorti jusque-là, le candidat de « Sonko Président » risque de faire face à d’autres « cafards » que le pouvoir tentera de sortir de ses placards.
Surtout qu’à l’heure actuelle, l’affaire des 94 milliards détournés par Mamou Diallo, d’après lui, n’a pas fini de révéler tous ses secrets. Nonobstant son expertise en matière fiscale, Ousmane Sonko apparaît comme un novice en matière de gestion des affaires de la cité. Ainsi ses adversaires qui le considèrent comme un amateur, pourraient l’attaquer sur son manque d’expérience.
L’autre faiblesse qu’on peut noter dans le discours de Sonko, est son attaque permanente au « SYSTEME ». Si certains en arrivent à l’accuser d’arrogance, c’est justement le fait que lui et ses partisans semblent prendre de haut le reste du « SYSTEME ». Et pourtant, ce système lui a permis de s’auto-réaliser et il a en retour servi le système en tant qu’inspecteur. Dans ledit système, en vérité, les impôts et leur perception occupent une place prépondérante et Ousmane Sonko était au cœur.
En tant que tel, il est relève d’une inconvenance pour ne pas dire du narcissisme que de soutenir que le système est corrompu dans son entièreté. S’il y a quelque chose qui pourrait constituer un obstacle à Sonko, à part le facteur argent, c’est bel et bien sa communication parfois en deçà de la moyenne. Sonko fera-t-il comme Macky Sall en gagnant l’élection dès sa première participation ? La réponse au 24 février.
SENENEWS
ababacarguaye@yahoo.fr