Qui veut la peau de la lutte sénégalaise ? Ce sport national avec ses cachets à millions, symbole du «rêve sénégalais», est dans la tourmente. Les sponsors à grand portefeuille, Orange et Tigo, lèvent le pied. La saison 2013-2014 s’écrit en pointillés. Mais, elle fait toujours rêver. La lutte draine du monde et attire de plus en plus d’étrangers. Après Juan, d’autres espagnols investissent l’arène et des Camerounais pensent à gagner des millions au Sénégal.
Dans l’émission «Talents d’Afrique», ces lutteurs «simples» confessaient leur désir de venir au Sénégal pour s’enrichir. Mais, cette convoitise risque de se révéler vaine, car lutteurs et promoteurs sont confrontés à la crise du sponsoring.
Toutefois, ce débat pourrait se poser en termes de promoteurs aussi. Le recul de Gaston Mbengue et l’emprisonnement de Luc Nicolaï peuvent être l’autre raison de cette baisse de fonds. En affaires, les relations de confiance gouvernent les protocoles et contrats. Les «deux génies» en montage financier ont-il emporté la baraka avec eux ?
En tout cas, ils ont enflammé l’arène durant une décennie et lui ont donné ses lettres de noblesse. Offrant des spectacles riches en sons et lumières. Accroissant ainsi l’image et l’aura de ce sport bien de chez nous.Qui veut tuer la lutte ? Peut-être ses propres acteurs.
Auteurs de propos salaces et de comportements fort éloignés de l’éthique. Les sponsors sont peut-être rebutés par la violence, le sang qui gicle, le dopage apparent, la faible répartition du butin. En associant leur image à cette barbarie étalée à la fin du show d’Aziz Ndiaye, les sponsors peuvent pointer du doigt l’effet boomerang.
Perdre des abonnés parce que l’on accompagne le mauvais modèle social, en l’occurrence des personnes s’exprimant dans un langage aux antipodes du bon usage ! Des hommes difformes aux visages bouffis peinant à finir la soirée en beauté. Le show a fini en queue de poisson. Le tableau final n’a pas été immortalisé, Modou Lo et Eumeu Sène ont gâché la photo de famille.
Pourtant, ce sont ces Vip qui tirent profit des milliards de la lutte. Au moment où des centaines de licenciés, qui offrent pourtant le plus de spectacle, sont payés en portion congrue. Balla Gaye est assis sur 100 millions, Yawou Dial peine à franchir… le million. Et ces millionnaires ne versent aucun sou au Trésor public.
Les lutteurs en guerre contre les sponsors défaillants
Le ton est monté d’un cran. Tour à tour, Aziz Ndiaye, Mouhamed Ndao «Tyson» et « Zoss », tancent les sponsors défaillants. Zoss : «Je suis pour les sponsors qui aident la lutte». Il invite au changement d’opérateur. Son ancien se fait diplomatico-théoricien : Tyson : «Ils peuvent se retirer, mais il faut porter le débat. Il est temps que le Sénégal revoie les choses. La lutte est un sport purement sénégalais. On n’est complexé devant aucun autre sport».
Seulement, les autres sports font rayonner le Sénégal dans le monde. L’athlétisme, le football et le basket sont des disciplines où se mesurent les grandes nations et où tout est réglementé et normé. Les pensionnaires de l’équipe nationale peinent à décupler leur comptes bancaires, la lutte olympique, elle, cherche désespérément le moyen de se développer.
Pendant ce temps, la lutte avec frappe est dans une quête permanente de règle régulatrice. Le règlement est modifié au fil des saisons. Des sanctions de plus en plus drastiques font régner la loi, le respect des contrats. Le Cng, organe régulateur, fait l’effort d’assainir le milieu pour une meilleure image de la discipline.
Mais ses licenciés ont des tares congénitales presque indélébiles. Les lutteurs emportés par cette vague déferlante de fan’s club réclament plus de considération et une grande implication dans la résolution des questions cruciales. «Si l’Etat essaie de régler certains problèmes sans y associer la lutte, c’est qu’il y a problème», souffle « Tyson ». Mais, quel message peut porter un «Gouy gui» ?
Que vaut la lutte avec frappe ? Elle est le miroir de la société sénégalaise. Faite d’éloges, de paraître et de promotion de la médiocrité. C’est un centre de réinsertion d’anciens prisonniers et d’agresseurs. Beaucoup se plaisent à rabâcher cette réincarnation en se hissant au sommet de la gloire d’un soir. Mais, la violence verbale et physique a terni son image, malgré son spectacle et ses aspects culturels qui peuvent promouvoir la destination Sénégal. L’impact a été la fuite des sponsors.
Orange, le grand sponsor de ces dernières années, qui a accompagné les grandes affiches de Gaston Mbengue et récemment de Luc Nicolaï, s’éloigne de plus en plus. Magatte Diop, directrice de la communication de Sonatel à Ndamli.sn, disait : «On veut se positionner et soutenir notre image d’entreprise citoyenne par des actions qui accompagnent le développement du sport. Aujourd’hui, en apportant notre soutien au football, nous aidons à créer beaucoup d’emplois concrets, ce qui est important pour la Sonatel».
Voilà certes un modèle de communication bâtard. Sonatel sort du sponsoring et tend vers le mécénat en développant un tel argumentaire. Le football professionnel, c’est plus de 1500 emplois ; la lutte, c’est des milliers de téléspectateurs à travers le monde. Sans compter les différentes rediffusions.Maintenant, si les sponsors veulent s’orienter davantage vers le social…
Un chantier où est déjà présente la Fondation Sonatel. Ils peuvent accompagner ces lutteurs qui investissent le champ de la sensibilisation. Balla Gaye, depuis quelques années, effectue régulièrement sa Caravane de la paix en Casamance sans que l’Etat ne lui demande. Modou Lo récompense certains élèves. Idem pour Yékini, ambassadeur de l’éducation pour tous.
La Gazette
Dans l’émission «Talents d’Afrique», ces lutteurs «simples» confessaient leur désir de venir au Sénégal pour s’enrichir. Mais, cette convoitise risque de se révéler vaine, car lutteurs et promoteurs sont confrontés à la crise du sponsoring.
Toutefois, ce débat pourrait se poser en termes de promoteurs aussi. Le recul de Gaston Mbengue et l’emprisonnement de Luc Nicolaï peuvent être l’autre raison de cette baisse de fonds. En affaires, les relations de confiance gouvernent les protocoles et contrats. Les «deux génies» en montage financier ont-il emporté la baraka avec eux ?
En tout cas, ils ont enflammé l’arène durant une décennie et lui ont donné ses lettres de noblesse. Offrant des spectacles riches en sons et lumières. Accroissant ainsi l’image et l’aura de ce sport bien de chez nous.Qui veut tuer la lutte ? Peut-être ses propres acteurs.
Auteurs de propos salaces et de comportements fort éloignés de l’éthique. Les sponsors sont peut-être rebutés par la violence, le sang qui gicle, le dopage apparent, la faible répartition du butin. En associant leur image à cette barbarie étalée à la fin du show d’Aziz Ndiaye, les sponsors peuvent pointer du doigt l’effet boomerang.
Perdre des abonnés parce que l’on accompagne le mauvais modèle social, en l’occurrence des personnes s’exprimant dans un langage aux antipodes du bon usage ! Des hommes difformes aux visages bouffis peinant à finir la soirée en beauté. Le show a fini en queue de poisson. Le tableau final n’a pas été immortalisé, Modou Lo et Eumeu Sène ont gâché la photo de famille.
Pourtant, ce sont ces Vip qui tirent profit des milliards de la lutte. Au moment où des centaines de licenciés, qui offrent pourtant le plus de spectacle, sont payés en portion congrue. Balla Gaye est assis sur 100 millions, Yawou Dial peine à franchir… le million. Et ces millionnaires ne versent aucun sou au Trésor public.
Les lutteurs en guerre contre les sponsors défaillants
Le ton est monté d’un cran. Tour à tour, Aziz Ndiaye, Mouhamed Ndao «Tyson» et « Zoss », tancent les sponsors défaillants. Zoss : «Je suis pour les sponsors qui aident la lutte». Il invite au changement d’opérateur. Son ancien se fait diplomatico-théoricien : Tyson : «Ils peuvent se retirer, mais il faut porter le débat. Il est temps que le Sénégal revoie les choses. La lutte est un sport purement sénégalais. On n’est complexé devant aucun autre sport».
Seulement, les autres sports font rayonner le Sénégal dans le monde. L’athlétisme, le football et le basket sont des disciplines où se mesurent les grandes nations et où tout est réglementé et normé. Les pensionnaires de l’équipe nationale peinent à décupler leur comptes bancaires, la lutte olympique, elle, cherche désespérément le moyen de se développer.
Pendant ce temps, la lutte avec frappe est dans une quête permanente de règle régulatrice. Le règlement est modifié au fil des saisons. Des sanctions de plus en plus drastiques font régner la loi, le respect des contrats. Le Cng, organe régulateur, fait l’effort d’assainir le milieu pour une meilleure image de la discipline.
Mais ses licenciés ont des tares congénitales presque indélébiles. Les lutteurs emportés par cette vague déferlante de fan’s club réclament plus de considération et une grande implication dans la résolution des questions cruciales. «Si l’Etat essaie de régler certains problèmes sans y associer la lutte, c’est qu’il y a problème», souffle « Tyson ». Mais, quel message peut porter un «Gouy gui» ?
Que vaut la lutte avec frappe ? Elle est le miroir de la société sénégalaise. Faite d’éloges, de paraître et de promotion de la médiocrité. C’est un centre de réinsertion d’anciens prisonniers et d’agresseurs. Beaucoup se plaisent à rabâcher cette réincarnation en se hissant au sommet de la gloire d’un soir. Mais, la violence verbale et physique a terni son image, malgré son spectacle et ses aspects culturels qui peuvent promouvoir la destination Sénégal. L’impact a été la fuite des sponsors.
Orange, le grand sponsor de ces dernières années, qui a accompagné les grandes affiches de Gaston Mbengue et récemment de Luc Nicolaï, s’éloigne de plus en plus. Magatte Diop, directrice de la communication de Sonatel à Ndamli.sn, disait : «On veut se positionner et soutenir notre image d’entreprise citoyenne par des actions qui accompagnent le développement du sport. Aujourd’hui, en apportant notre soutien au football, nous aidons à créer beaucoup d’emplois concrets, ce qui est important pour la Sonatel».
Voilà certes un modèle de communication bâtard. Sonatel sort du sponsoring et tend vers le mécénat en développant un tel argumentaire. Le football professionnel, c’est plus de 1500 emplois ; la lutte, c’est des milliers de téléspectateurs à travers le monde. Sans compter les différentes rediffusions.Maintenant, si les sponsors veulent s’orienter davantage vers le social…
Un chantier où est déjà présente la Fondation Sonatel. Ils peuvent accompagner ces lutteurs qui investissent le champ de la sensibilisation. Balla Gaye, depuis quelques années, effectue régulièrement sa Caravane de la paix en Casamance sans que l’Etat ne lui demande. Modou Lo récompense certains élèves. Idem pour Yékini, ambassadeur de l’éducation pour tous.
La Gazette