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GUEDIAWAYE - La mission de l'assemblée nationale bute sur la détermination des imams

- Iba Der amasse la tontine de huées

- L’Imam Moustapha Guèye sermonné par ses pairs

Les Imams de Guédiawaye sont restés fermes sur leurs propositions devant des députés qui étaient juste venus pour apporter leur sympathie.


Rédigé par leral.net le Vendredi 12 Décembre 2008 à 08:37 | | 0 commentaire(s)|

GUEDIAWAYE - La mission de l'assemblée nationale bute sur la détermination des imams
C’était un après-midi de sermons et un moment de dire la vérité crue aux députés. Comme sur le Minbar des mosquées. S’ils étaient donc venus pour étouffer ou calmer la colère et la grogne du Collectif des résidents des quartiers de Guédiawaye, ils ont trouvé alors sur place des Imams déterminés à aller jusqu’au bout de leur bras de fer avec la Société nationale d’électricité (Senelec) et aussi des problèmes d’eau, d’insécurité et de cimetière. En effet, l’espoir est loin d’être revenu dans les foyers de cette grande banlieue dakaroise, après la manifestation des Imams samedi dernier et le passage des représentants de l’Assemblée nationale. Les propos des Imams ont confirmé à fond la frustration qu’ils ressentent et aussi leur ras-le-bol dans une salle transie et complètement mélancolique.
Imam Youssoupha Sarr, président du Collectif des quartiers de Guédiawaye, a tenu dès le départ à déclarer que la situation sociale a touché le fond et que leur réaction est juste à la hauteur des désagréments que la Sénélec fait subir aux populations. «Notre combat est exclusivement citoyen et loin des règlements de comptes politiques. La Sénélec doit la loyauté à ses clients. Aujourd’hui, la Sénélec veut saper les fondements sociaux de l’Etat du Sénégal et veut nous ramener à l’âge de la pierre taillée en disant que nous devons limiter notre consommation d’énergie à 50 kilowatts. Le réfrigérateur, la télévision ne sont plus un luxe pour les populations», précise Imam Sarr.
Dès l’entame de la discussion, les responsables du Collectif ont évacué les considérations politiques pour montrer que leur combat est exclusivement citoyen et destiné à défendre les pauvres. Il serait même surprenant qu’ils mangent de ce pain politique et ils ont tenu même à mettre en garde les personnes qui voudraient saper leur mouvement. Imam Sarr : «Nous combattrons avec les moyens conventionnels et non conventionnels tous ceux qui tenteraient de saper notre Collectif. Nous n’accepterons aucune manœuvre de déstabilisation politique. Le chef de l’Etat est notre interlocuteur et nous espérons qu’il va régler le problème de la Sénélec dans de plus brefs délais, parce que nous ne bougerons d’un seul iota.»
La réaction de samedi dernier est, d’après eux, une illustration des conditions de vie désastreuses des populations de la banlieue, laissées à elles-mêmes et à ses innombrables problèmes. «Nous sommes au bord de la rupture et au bord de la mort. Nos dirigeants n’ont pas pitié des populations. Nous devons donc réagir pour aider notre pays parce que notre rôle n’est pas de détruire», prévient Imam Diop, chargé des relations avec les Imams. Il poursuit son sermon adressé directement à Abdoulaye Wade : «On ne doit pas minimiser les pauvres parce que ce sont eux qui font et défont les pouvoirs. Nous l’ (Me Wade) avons choisi pour qu’il règle nos problèmes et ce n’est pas le cas pour le moment. Personne n’est fort et seul Dieu détient ce pouvoir. Les autorités n’ont pas pitié de nous, c’est pour ça que nous nous sommes levés pour marcher. Nous ne devons pas rester les bras croisés devant la détresse de nos concitoyens.»
L’Imam Tall, très remonté par la conjoncture sociale très difficile, est resté dans le sillon des sermons véridiques teintés de Hadith. Il soutient sans ambages que la situation actuelle des populations est anormale et injustifiée et rappelle que les autorités rendront compte à Dieu un jour ou l’autre. «Nous nous adressons au chef de l’Etat parce que c’est lui notre interlocuteur. On lui dit que tout marche, alors que ce n’est pas vrai. On le trompe. Nous sommes fatigués et nous pensons que c’est anormal, parce que les députés, les ministres et le président continuent de vivre dans le luxe. Demain, Dieu va vous demander des comptes, s’il y a des gens qui mouraient de faim, de soif et qui souffraient d’injustice», prévient Imam Tall.

DES DEPUTES EN SAPEURS POMPIERS
Dans le camp des députés, composés d’Iba Der Thiam, Doudou Wade, Fatou Younouss Aidara, Chérif El Walid Diop, Kalidou Niass et de Bocar Sadikh Kane, on essaie de comprendre la portée de la marche et partager les peines des populations. Iba Der Thiam, 1er vice-président de l’Assemblée était contraint de montrer ses deux factures salées d’électricité pour montrer sa sympathie et sa compréhension. «C’est une vieille revendication et nous vivons tous les mêmes problèmes. Mes deux factures font 346.700 francs Cfa. C’est pour vous dire que j’ai reçu deux factures très chères dans un contexte de délestage», tente de dissuader M. Thiam. Après les mots de solidarité, le député libéral a sorti de son chapeau les questions orales et d’actualité au président de l’Assemblée nationale de l’époque Macky Sall. C’était une façon de montrer qu’il n’a jamais été inactif devant les peines des populations. «J’ai envoyé à Macky Sall une question orale le 25 juillet 2007, le 25 août 2008 et le 10 octobre 2008. Mais, nous étions trop pris par l’actualité pour régler la question. Le chef de l’Etat comprend votre frustration et il dit que vous devez protester, si vous estimez que votre facture est chère. Nous sommes en contact avec la Sénélec pour trouver une solution et changer les factures, arrêter les coupures et alléger les paiements», explique Iba Der.
Pour l’instant, la question orale sur la situation de la Sénélec va passer à l’hémicycle ce mercredi pour tenter de trouver des solutions à ce problème et tirer des explications au ministre de l’Energie. Et une rencontre a été annoncée entre le Collectif des quartiers de Guédiawaye et le président de la Commission de régulation des services de l’énergie (Ibrahima Thiam) ce lundi. Iba Der Thiam n’a pas voulu, cependant, verser dans l’euphorie en limitant son champ de compétence : «on ne peut rien régler parce que nous sommes le Législatif. C’est l’Exécutif qui doit régler vos problèmes. Notre mission est juste d’aplanir les différends». Et ces différends sont loin d’avoir été aplanis, hier.
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Huées et répliques à Guédiawaye : Sale temps pour Iba Der et Moustapha Guèye



La banlieue n’a pas failli à sa réputation de rebelle. L’Imam Badiane a eu l’outrecuidance de prononcer le vocable «député du peuple» dans une salle archi-comble complètement hostile aux hommes politiques. En essayant de rappeler, comme au bon vieux temps, les initiatives populaires du député Iba Der Thiam du temps de l’opposition, les huées ont interrompus son discours. L’Imam était contraint d’abandonner le micro devant l’insistance des jeunes qui ne voulaient pas de discours politique durant cette rencontre.
Iba Der Thiam est tombé dans les mêmes travers en essayant de défendre les réalisations de Wade. «Il a aidé les paysans, les jeunes…» Il ne terminera jamais la phrase. C’est à ce moment que les jeunes l’ont conspué pour recentrer le discours du professeur sur l’électricité.
La rencontre était, également, l’occasion de régler les comptes à Moustapha Guèye, conseiller religieux de l’Assemblée nationale et président des Imams et des Oulémas du Sénégal, qui a publiquement dénoncé la marche de ses collègues de Guédiawaye. Les Imams, pendant toutes les interventions ponctuées de Hadith et de versets du Coran, ont démontré qu’ils doivent être au service des populations pauvres. «Un Imam a effectivement le droit de marcher et de soutenir ses concitoyens. C’est Dieu qui le dit dans le Coran et le Prophète l’a enseigné», enseigne Imam Tall. Après avoir lavé l’affront fait aux Imams, les jeunes avaient également promis de montrer leur désaccord suite à la déclaration de Moustapha Guèye en le huant à sa sortie de la rencontre. Il s’est alors, en compagnie des députés, réfugié dans le bureau du maire de la ville de Guédiawaye jusqu’à la lassitude des jeunes qui ont finalement levé le camp. Et la délégation pouvait sortir tranquillement.
source le quotidien

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