"La conviction que nous avons est que les masses sont prêtes pour une unité africaine", a déclaré l’ex-chef de la diplomatie sénégalaise.
Cheikh Tidiane Gadio introduisait une conférence publique organisée par l’Institut supérieur des sciences de l’information et de la communication (ISSIC, privé) sur le thème "Le rôle de la communication dans l’intégration africaine : enjeux et perspectives".
"Je ne partage pas la théorie des dirigeants africains qui s’opposent à l’unité politique du continent car, soi-disant que c’est une préoccupation d’intellectuels et que les masses africaines ont d’autres préoccupations qu’une unité politique" a dit Cheikh Tidiane Gadio.
Le Ghanéen Kwamé Nkrumah et le Sénégal Cheikh Anta Diop, deux leaders panafricanistes, prônaient l’approche "up down", a-t-il rappelé, avant d’ajouter : "Cela veut dire que la problématique de l’intégration africaine vient du bas vers la base", a expliqué le conférencier.
"A mon avis, ceux qui ont le plus de déficit de compréhension de la nécessité de l’unité africaine ce sont les dirigeants", a soutenu l’ancien ministre des Affaires étrangères.
Il a évoqué une déclaration de Nkrumah, en 1963 à Adis Abeba (Ethiopie), selon laquelle, le fait de "faciliter le mouvement des biens et des personnes en Afrique est une forme d’intégration".
"Nous avons la chance d’avoir réalisé l’indépendance de 37 états africains. Qu’est ce qui nous empêche de lancer ici l’unité continentale ?", s’était demandé le président ghanéen de l’époque, dont les propos sont rapportés par M. Gadio.
Nkrumah avait en ce moment "sommé" les ministres des Affaires étrangères des pays concernés d’élaborer un projet visant une citoyenneté africaine, une diplomatie et une armée africaine commune, a-t-il dit.
"Tout le monde avait applaudi Nkrumah mais tout le monde s’est arrangé pour que son idée ne soit pas adoptée", a commenté Cheikh Tidiane Gadio, dénonçant l’attitude de certains responsables africains.
Selon lui, la réalité c’est que personne parmi les dirigeants africains ne veut devenir gouverneur de province ou d’un Etat "avec une multitude de ministres".
"Ce qui reste à l’Afrique c’est d’avoir des leaders qui croient en l’Afrique", a insisté Cheikh Tidiane Gadio selon qui les décisions prises en 1964 au sommet de Caire expliquent la situation que l’Afrique vit aujourd’hui. "Il s’agissait de passer par l’unité des régions avant de parler d’une unité du continent".
Ensuite, les dirigeants devaient prendre des décisions relatives à l’intangibilité des frontières, à la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, avant de créer des unités à la base dans chaque pays.
"Un autre groupe constitué de Senghor et d’Houphouët avait prôné une approche prudente de l’unité", a relevé le conférencier, non sans saluer la sagesse du dirigeant ivoirien qui s’était selon lui beaucoup investi dans ce projet d’intégration africaine.
"Avec la force de la persuasion d’un Nkrumah, la sagesse de Houphouët, l’intelligence de Senghor et d’un Cheikh Anta Diop, on aurait eu depuis longtemps, les Etats-Unis d’Afrique", a estimé l’ancien ministre des Affaires étrangères.
"L’histoire a pris un autre tournant, a-t-il regretté. Cela pouvait se faire par une suppression des barrières douanières, une libre circulation des personnes et des biens, ce qui conduirait pas à pas, à une intégration continentale".
"Pour reprendre Senghor, on pourrait bâtir une intégration à partir de cercles plus ou moins homogènes, plus ou moins cohérents qui, après, vont s’élargir", a dit l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères.
L’Afrique, pour lui, est plus divisée que jamais aujourd’hui, car cette approche n’a pas abouti. "Pourquoi Cheikh Anta, Nkrumah et autres ont pu voir ce que nous vivons aujourd’hui", s’est interrogé Cheikh Tidiane Gadio.
APS
Cheikh Tidiane Gadio introduisait une conférence publique organisée par l’Institut supérieur des sciences de l’information et de la communication (ISSIC, privé) sur le thème "Le rôle de la communication dans l’intégration africaine : enjeux et perspectives".
"Je ne partage pas la théorie des dirigeants africains qui s’opposent à l’unité politique du continent car, soi-disant que c’est une préoccupation d’intellectuels et que les masses africaines ont d’autres préoccupations qu’une unité politique" a dit Cheikh Tidiane Gadio.
Le Ghanéen Kwamé Nkrumah et le Sénégal Cheikh Anta Diop, deux leaders panafricanistes, prônaient l’approche "up down", a-t-il rappelé, avant d’ajouter : "Cela veut dire que la problématique de l’intégration africaine vient du bas vers la base", a expliqué le conférencier.
"A mon avis, ceux qui ont le plus de déficit de compréhension de la nécessité de l’unité africaine ce sont les dirigeants", a soutenu l’ancien ministre des Affaires étrangères.
Il a évoqué une déclaration de Nkrumah, en 1963 à Adis Abeba (Ethiopie), selon laquelle, le fait de "faciliter le mouvement des biens et des personnes en Afrique est une forme d’intégration".
"Nous avons la chance d’avoir réalisé l’indépendance de 37 états africains. Qu’est ce qui nous empêche de lancer ici l’unité continentale ?", s’était demandé le président ghanéen de l’époque, dont les propos sont rapportés par M. Gadio.
Nkrumah avait en ce moment "sommé" les ministres des Affaires étrangères des pays concernés d’élaborer un projet visant une citoyenneté africaine, une diplomatie et une armée africaine commune, a-t-il dit.
"Tout le monde avait applaudi Nkrumah mais tout le monde s’est arrangé pour que son idée ne soit pas adoptée", a commenté Cheikh Tidiane Gadio, dénonçant l’attitude de certains responsables africains.
Selon lui, la réalité c’est que personne parmi les dirigeants africains ne veut devenir gouverneur de province ou d’un Etat "avec une multitude de ministres".
"Ce qui reste à l’Afrique c’est d’avoir des leaders qui croient en l’Afrique", a insisté Cheikh Tidiane Gadio selon qui les décisions prises en 1964 au sommet de Caire expliquent la situation que l’Afrique vit aujourd’hui. "Il s’agissait de passer par l’unité des régions avant de parler d’une unité du continent".
Ensuite, les dirigeants devaient prendre des décisions relatives à l’intangibilité des frontières, à la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, avant de créer des unités à la base dans chaque pays.
"Un autre groupe constitué de Senghor et d’Houphouët avait prôné une approche prudente de l’unité", a relevé le conférencier, non sans saluer la sagesse du dirigeant ivoirien qui s’était selon lui beaucoup investi dans ce projet d’intégration africaine.
"Avec la force de la persuasion d’un Nkrumah, la sagesse de Houphouët, l’intelligence de Senghor et d’un Cheikh Anta Diop, on aurait eu depuis longtemps, les Etats-Unis d’Afrique", a estimé l’ancien ministre des Affaires étrangères.
"L’histoire a pris un autre tournant, a-t-il regretté. Cela pouvait se faire par une suppression des barrières douanières, une libre circulation des personnes et des biens, ce qui conduirait pas à pas, à une intégration continentale".
"Pour reprendre Senghor, on pourrait bâtir une intégration à partir de cercles plus ou moins homogènes, plus ou moins cohérents qui, après, vont s’élargir", a dit l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères.
L’Afrique, pour lui, est plus divisée que jamais aujourd’hui, car cette approche n’a pas abouti. "Pourquoi Cheikh Anta, Nkrumah et autres ont pu voir ce que nous vivons aujourd’hui", s’est interrogé Cheikh Tidiane Gadio.
APS