Gestion de l’hôtel King Fahd palace : Le plan élaboré par la Présidence pour guillotiner Racine Sy transmis à Youssou Ndour

Qui en veut à Mamadou Racine Sy ? C’est la question que se posent nombre de Sénégalais depuis qu’une vaste offensive, pilotée depuis la Présidence de la République, a été lancée sur le King Fahd Palace pour le chasser des lieux par des artifices administratifs et juridiques. Comme dans le cadre de l’abrogation des nombreux décrets présidentiels signés par l’ancien Président de la République, Me Abdoulaye Wade, avant de quitter le pouvoir, pour justifier la pression exercée sur le PDG de SHA, concessionnaire de la gestion de l’hôtel King Fahd Palace, les plus hautes autorités du pays allèguent le déséquilibre des intérêts entre les deux parties. Il n’y a rien de surprenant dès lors que le contrat de concession liant l’Etat du Sénégal à l’homme d’affaire Racine Sy est qualifié de léonin. Les carottes sont cuites pour lui. Car, dès son accession à la magistrature suprême, le chef de l’Etat Macky Sall s’était engagé en personne à combattre les hommes d’affaires, qu’ils soient nationaux ou étrangers, qui en ont eu droit.



Les RBE, cette pomme de discorde



«Si je suis élu, les entreprises engagées dans des contrats léonins seront perdantes», avait-il déclaré en mars passé. Quid de ce que la Présidence de la République entend par « Léonin » dans le cas d’espèce ? Pour comprendre pourquoi, les nouveaux tenants du pouvoir en veulent à Racine Sy, il faut saisir la manière dont les concessionnaires sont payés dans ce genre de contrat. Ils perçoivent d’abord un pourcentage allant jusqu’à 3% des recettes pour le compte de la marque internationale utilisée. Ce fut le cas avec la Compagnie Starwood Hôtel qui a trôné sur le Méridien Président jusqu’en décembre 2011. Sur un autre registre, le détenteur de la concession perçoit un pourcentage sur les Résultats Bruts d'Exploitation (RBE). Les nouveaux faucons du Palais ont, selon nos sources, mené des investigations sur la gestion de Racine Sy pour révéler au maître des lieux que « la société concessionnaire dans l’affaire du King Fahd Palace a été créée en juillet 2011 pour commencer à prendre en mains les affaires de l’hôtel cinq mois plus tard, en décembre 2011.» Une démarche qui montre que ces derniers sont décidés à avoir la peau du PDG de SHA.



« Clauses bétonnées »



Mieux ou pis, c'est selon, il est reproché à l’adjudicataire de ladite concession « d’avoir perçu un pourcentage de 2% de rémunération de la marque qui devait l’accompagner dans cette gestion, alors que cette dernière n’existait pas. Elle devait être créée plus tard.» Il s’y ajoute, révèlent les mêmes sources, que « les détracteurs de Racine Sy, prêts à recourir à l’expertise étrangère, lui reprochent d’avoir abusé de la rémunération qu’il a jusqu’ici récoltée sur les RBE jusqu’à concurrence de 50%, alors que la norme internationale se situe entre 10 et 15% des RBE.» Toutes choses qui font qu’aujourd’hui, la tutelle, Youssou Ndour, dispose de ces arguments pour faire passer, devant l’opinion et au besoin devant les juridictions compétentes, la concession faite à Racine Sy comme un « contrat léonin ». Pour sauvegarder son business, Racine Sy devra accepter « l’inacceptable », c’est-à-dire « renoncer à 35% des ressources qu’il tire des RBE. Histoire de respecter la norme des 15%.» Seulement, l’opération consistant à faire quitter le PDG de SHA ne sera pas si facile parce qu’il détient un contrat dont la rupture unilatérale entrainerait un long feuilleton judiciaire préjudiciable aux bonnes affaires de l’hôtel. Mieux, certaines sources font état de « clauses bétonnées » qui permettraient à M. Sy de se faire payer à la mesure du préjudice subi.



ABDOUL AZIZ SECK

Le Pays au Quotidien