De l’extérieur, rien ne distingue cet appartement d’un immeuble de la cité de la Grande Borne, à Grigny, des centaines d’autres qui l’entourent. Les curieux qui se risqueront à en pousser la porte ce samedi, à l’occasion du temps fort organisé par l’association DECIDER, qui loue les lieux à un tarif préférentiel au bailleur Les Résidences, y découvriront pourtant une véritable caverne d’Ali Baba.
Du plafond « tombent » des brins de blé et la reconstitution en carton d’un araire, l’ancêtre de la charrue. Sur les murs : des cartes, frises ou photos de sculptures et objets issus de fouilles archéologiques. Mais c'est près de la fenêtre que se trouve la pièce phare de l'ensemble : une copie à l’identique de la stèle du code d’Hammourabi, exposée au Louvre, et réalisée spécialement pour l’association par les ateliers du grand musée parisien.
« Elle représente le premier code de loi de l’Histoire, rédigé par le roi mésopotamien Hammourabi, en - 1750, explique Véronique Emery, salariée de l’association DECIDER. Nous la dévoilerons au public ce samedi, et en profiterons pour inviter une assyriologue membre du CNRS, pour une initiation à l’écriture cunéiforme de Mésopotamie. Et le chef d’orchestre de l’opéra de Massy viendra pour une démonstration de lyre. »
LP/M.-C. D
Si l’association DECIDER n’a lancé son musée de la Grande Borne, à Grigny, qu’il y a dix-huit mois, cela fait bien plus longtemps qu’elle œuvre à la création d’échanges entre la cité et le monde de la culture. « Dès sa mise en place, au début des années 2000, nous avons bénéficié de la mission Vivre ensemble, initiée par le Louvre, et à laquelle sont désormais associés une trentaine de musées et monuments nationaux », rappelle Martine Vincent, présidente de l’association.
« Grâce à elle, une vingtaine de nos salariés et bénévoles ont suivi des formations leur permettant d’animer des visites guidées à destination des habitants de la Grande Borne, au sein de ces établissements culturels. » L’association en organise ainsi environ trois chaque mois. « L’accès aux musées et monuments est gratuit pour tous les participants, et la Mission Vivre ensemble prend en charge la moitié du coût du transport. »
Lancée il y a quelques semaines, l’installation sur la Mésopotamie et les premières écritures n’est que la dernière d’une longue série. Cela fait en effet un an et demi que l’association DECIDER organise des expositions thématiques temporaires , dans l’un des deux appartements dont elle dispose.
« Nous l’appelons Musées en voyage, parce que les expositions sont imaginées en lien avec de grands musées nationaux, le Louvre, l’Institut du monde arabe, le musée Guimet… Et qu’après être restées chez nous quelques semaines, elles se déplacent dans les écoles et centres de formation, indique Djibril Soumaré, salarié de l’association. Avant la Mésopotamie, nous nous sommes ainsi penchés sur la Chine, la porcelaine et le papier. »
Et si ce musée est, bien sûr, ouvert à tous, son action cible avant tout les habitants du quartier. « Ils sont associés à la conception des expositions, et nous en faisons la promotion dans les écoles et dans la rue, souligne Martine Vincent, présidente de DECIDER. L’idée étant, bien sûr, d’amener la culture au cœur de la cité. »
Temps fort autour de la stèle du code d’Hammourabi : ce samedi, de 14 h 30 à 17 h 30. Au Centre de la vie sociale (1, rue de la Plaine), et à l’association DECIDER : 9-11 rue des Enclos. Gratuit.