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Hôpital régional de la Paix de Ziguinchor-Service de néonatologie : Des progrès notés, mais de lourds défis à relever

La néonatologie avance à petits pas à Ziguinchor, mais reste freinée par un manque criant de moyens humains et matériels. Le constat a été fait lors d’une caravane de presse organisée par l’Association des journalistes en santé, population et développement(AJSPD), en partenariat avec la Direction de la santé mère enfant (DSME), dans la région de Ziguinchor. Le Quotidien


Rédigé par leral.net le Samedi 26 Avril 2025 à 17:10 | | 0 commentaire(s)|

A l’hôpital de la Paix, les équipes redoublent d’efforts pour sauver les nouveau-nés les plus fragiles. Malgré l’appui de partenaires comme le programme Ismea, les défis logistiques, sanitaires et structurels persistent dans cette région enclavée du Sud du Sénégal. Dans cet établissement de santé, le Service de néonatologie s’efforce de prendre en charge les bébés prématurés dans des conditions souvent difficiles. Mais les besoins restent criants.

«Aujourd’hui, nous disposons d’une salle de réanimation néonatale de 12 lits, répartis entre huit tables de réanimation et trois couveuses fonctionnelles», explique le Pr Lamine Thiam, professeur agrégé en pédiatrie à l’université Assane Seck de Ziguinchor et chef du Service pédiatrique de l’hôpital.

Il précise que cette capacité permet d’accueillir aussi bien les nouveau-nés de la maternité interne que ceux référés depuis des zones comme Goudomp, en raison de la proximité géographique. Le service compte également une salle post-natale de 4 à 5 lits pour les bébés stabilisés, ainsi qu’une unité mère-enfant dédiée aux soins kangourou, méthode de contact peau à peau essentielle pour les prématurés.

Malgré ces avancées, le personnel est confronté à des obstacles majeurs. «Le défi majeur, c’est la distance avec Dakar. Evacuer un enfant vers la capitale reste très compliqué», déplore le Pr Thiam. A cela s’ajoute la position frontalière avec la Gambie, la Guinée-Bissau et la Guinée Conakry, qui accentue la pression sur les structures locales. L’équipement, bien que partiellement rénové, reste insuffisant.

«Nous manquons d’un respirateur pédiatrique, indispensable pour les nouveaunés en détresse respiratoire. On improvise, mais cela ne remplace pas un appareil adapté», alerte-t-il. En matière de traitement des ictères néonatals, seule la photothérapie par lampe est disponible.

«Nous n’avons pas encore les tunnels de photothérapie, qui sont plus efficaces pour prévenir les séquelles neurologiques», ajoute-t-il. Les pathologies les plus fréquentes restent la prématurité, les infections néonatales et l’asphyxie périnatale. «La prématurité est la première cause d’hospitalisation. Les bébés de moins de 2, 5 kg ont souvent besoin d’une couveuse ou d’une table de réanimation avant d’être transférés dans l’Unité kangourou», détaille-t-il.

Le mois dernier, 91 nouveau-nés ont été hospitalisés, un pic dû à un transfert temporaire de l’activité obstétrique. «Nous avons six pédiatres en poste. Ce n’est pas mal, mais je préfère avoir plus d’infirmiers bien formés. Ce sont eux qui assurent les soins au quotidien», souligne le chef de service.

Concernant les infections, le Pr Thiam distingue deux origines : «Certaines infections sont d’origine maternelle, comme celles dues au streptocoque B. D’autres sont nosocomiales, contractées ici à l’hôpital, faute de bonnes conditions de travail ou d’hygiène.»

Malgré tout, l’équipe reste mobilisée. «Nous faisons avec les moyens du bord, mais avec un meilleur équipement et plus de personnel qualifié, on éviterait bien des drames», a garanti le professeur Thiam.